CATASTROPHE À LALLE

Inondations, 140 mineurs coincés dans une mine près de Bessèges en 1861.

extrait de l'Histoire de Nîmes, 1886, par Adolphe Pieyre, TII, pages 318 à 319.

 


 

Une catastrophe épouvantable, qui a laissé dans le pays les plus tristes souvenirs, se produisit le 11 octobre dans une des houillères du département. Ce fut à Lalle, sur la rive gauche de la Cèze. A la suite d’un épouvantable orage qui occasionna d'ailleurs des dégâts considérables sur tous les points du département, la Cèze, démesurément grossie, ainsi que les ruisseaux ses tributaires, se précipita et s'accumula entre les communes de Lalle et du Travers de Bessèges. En peu de temps, de larges fissures s'ouvrirent par lesquelles les eaux entrèrent dans l'intérieur de la mine, avec une telle violence que dans dix ou quinze minutes tout était envahi.

 

A ce moment travaillaient dans les galeries 140 mineurs, entrés le matin même, pour lesquels toutes les issues étaient fermées sans rémis­sion. La situation était horrible. Le pays était tout entier écrasé; par l'immensité du désastre, sans trouver l'énergie nécessaire pour lutter et cherchera en diminuer les conséquences.

 

Heureusement un ingénieur, M. Parran, d'écoutant que son dévouement, fit face aux exigences d'une situation terrible. A ses côtes vint se ranger un de nos compatriotes.

 

M. Chalmeton, qui, avec les ouvriers de la mine de Bessèges, se mit résolument à l’œuvre. Pendant 78 heures M. Chalmeton ne quitta pas le chantier, se faisant tour à tour chef de poste, ouvrier terrassier ou ferblantier.

 

Grâce à ces courageux et intelligents travailleurs, on put arriver à sauver quelques ouvriers qui, surpris par l'inondation avaient eu le temps de trouver un refuge dans une des anciennes remontées de la mine. Mais ceux que l'on retrouva dans ces conditions étaient exténués et dans le plus pitoyable état. Ils avaient été réduits pour vivre jusqu'au moment de leur délivrance, à manger leurs souliers et leurs ceintures de cuir durant quatorze jours qu'avait duré leur captivité. MM. Parran et Chalmeton furent décorés de la Légion d'honneur à la suite de leur belle conduite et la population tout entière sut prouver combien elle comprenait que cette distinction était hautement méritée.

 

Si loin que se passât ce triste événement, il n'en excita pas moins à Nîmes une profonde et douloureuse impression et immédiatement, presque sans concert commun, la pensée d'une souscription destinée a soulager les victimes de ce désastre vint à tout le monde. Nîmes peut s'honorer d'avoir donné ce bel exemple de la solidarité humaine.

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