BERNARD ATON VI dernier vicomte de Nismes, (1159-1214+) Extrait de l'Histoire Générale de Languedoc de Dom Joseph Vaissette, 1745
1163 Mort de Bernard-Aton V, vicomte de Nismes et d'Agde frère de Trencavel. Bernard-Aton Vl. son fils posthume lui succède.
La promesse que Raymond V. comte de Toulouse fit à Trencavel au mois de .Juin de l'an 1163 et dans laquelle il excepte Bernard- Aton neveu de ce vicomte, nous fait comprendre que Bernard-Aton vicomte de Nismes et d'Agde, frere de Trencavel, étoit alors décédé, car il est faux qu'il ne soit mort que le 24 de septembre de l'an 1166 ainsi qu'un moderne l'a avancé.
II donna en fief en 1154 le château de Bernis à Elzear de Sauve, en présence d’Aldebert évêque de Nismes, et de Raymond évêque d’Usez, frère de ce prélat. Il fit un échange la même année avec Raymond de Vézenobre, et vivoit encore en 1156, mais plus rien de lui après cette année.
Il fut le V vicomte de Nismes de son nom et de sa maison, et ne laissa de Guillemette, soeur de Guillaume VII seigneur de Montpellier, sa femme, qu'un fils appelé Bernard-Aton comme lui, qui lui succéda dans les vicomtez de Nismes et d’Agde, et dont elle accoucha après sa mort.
C'est ce que nous apprenons par le, serment de, fidelilé qu’Elzear de Sauve, étant aux Arènes de Nismes, prêta pour le château de Bernis, à la vicomtesse Guillemette, femme de feu Bernard-Aton, tant qu'elle possederoit la seigneurie du château des Arènes, et à l'héritier quelle auroit du même Bernard-Aton, dont elle étoit grosse.
Cet acte, qui fait voir que le château des Arènes étoit chef-lieu de la vicomté de Nismes, n'est pas daté, mais il ne sçauroit être postérieur à l'an 1159, puisque Guillemette étoit alors veuve de Bernard-Aton, comme il paroit par une donation faite cette année à Aybiline abbesse du monastere de Saint. Sauveur de la Font de Nismes, en présence d’Aldebert évêque de cette ville, et de la vicomtesse Guillemette.
Nous voyons d'ailleurs par un grand nombre de titres, que le jeune Bernard-Aton, vicomte de Nismes, ne fut majeur que vers l'an 1172 et que Guillemette sa mère eut jusqu’alors la tutelle de sa personne et l'administration de ses domaines, qu'elle partagea, ce semble, avec Bermond de Vézenobre baile de Montpellier.
Bernard-Aton qui fut le VI vicomte de Nismes de son nom, naquit donc posthume vers l’an.1159. Il s'éleva quelques troubles dans cette vicomté durant sa minorité. Pons de Vézenobre se révolta contre lui avec plusieurs autres chevaliers, et contre la vicomtesse Guillemette sa mère; mais ils rentrèrent bientôt après dans leur devoir.
Il y eut vers le même tems une grande dispute entre les chevaliers et les bourgeois de Nismes, qui fut terminée par un accord en 1166, Elzear de Sauve, et Rostaing son frère, renouvelèrent leur serment de, fidélité à ce vicomte vers l’an 1168 pour le château de Bernis.
1163 Le comte de Toulouse prend le jeune. vicomte de Nismes sous sa protection. II promet en mariage Alberic, son fils puîné, à Béatrix héritière du Dauphiné dont il prend possession.
Le comte Raymond avoit déjà pris le jeune Bernard-Aton son vassal sous sa protection, lorsqu'il conclut la paix avec Trencavel oncle paternel de ce vicomte. Nous avons en effet un acte de serment prêté, à Raymond le 1er de Juin de l'an 1163. par les chevaliers des Arènes,
« qui lui promettent de vivre en pais avec lui, et de ne pas lui faire, la guerre avec leur vicomte, depuis ce jour, jusqu'à ce que ce vicomte eût atteint l'âge, de quatorze ans; et supposé qu'il s'élevât quelque guerre dans le païs, de l'aider à la défense de son domaine depuis la rivière de Vidourle jusqu'au Rhône.»
Le comte leur promit de son côté de les protéger, et leur donner six de ses vassaux, du nombre desquels étoient Guillaume de Sabran, Géraud Amici, et Elzear d’Usez, pour cautions de sa promesse.
Le comté de Toulouse reçut ce serment à Nismes, et assigna alors à Pierre Gérard chevalier des Arènes, le remboursement de la somme de 5500 sols Melgoriens qu'il lui devoit, sur le domaine de Saint Gilles, et sur Bermond d'Usez.
Ce prince après avoir conclu la paix avec Trencavel, retourna du côté dit Rhône, et s'étant rendu à Saint Gilles accorda le 1er d’Août de l'an 1163, une exemption de péage dans toutes ses terres à l'abbaye de Fontfroide. Il écrivit vers le même tems au roi Louis le Jeune son beau-frère, pour lui rendre compte de la paix qu'il avoit conclue avec le vicomte Raymond Trencavel.
« Dès qu'un accord amiable nous a uni avec Trencavel, marque-t-il au roi dans cette lettre, et qu'un serment réciproque a rétabli parmi nous n une pais éternelle, notre dessein a été de prier votre Excellence en faveur des otages de Montaigu, c'est pourquoi je vous supplie de les faire mettre en liberté, et d'exhorter Trancavel par vos lettres à une fidélité inviolable.
Je ferai part en même tems à votre Altesse de la promesse de mariage que je viens de conclure, après avoir pris toutes les sûretés nécessaires, entre mon fils votre neveu, et la fille du comte Dauphin, en sorte que j'ai déjà cette princesse en mon pouvoir, avec la plus grande partie de son domaine.
Comme mon agrandissement rejaillit sur la gloire de votre règne, je prie votre Excellence d'approuver ce mariage, de le protéger dans le besoin, soit par vos paroles, soit par vos actions, et d'écrire là-dessus à la comtesse mère du Dauphin, et aux principaux du païs.
Quoique le comté du feu comte Dauphin appartienne à la juridiction de l'empereur, cela ne laisse pas d'accroître votre autorité, et de lui ouvrir une porte pour l'étendre. Dieu vous conserve pendant longtems, mon seigneur et mon roi, afin que vous puissiez continuer de me protéger, comme vous avez déjà commencé dans l'affaire du roi d'Angleterre. »
On voit par celte lettre que Raymond V comte de Toulouse promit en mariage vers la fin de l'an 1163. Alberic Taillefer son fils puîné, à Beatrix fille et héritière de Guigues IV ou V comte d'Albon, de Viennois et de Graisivaudan, alors déjà décédé, et qu'il s'assura de la plus grande partie de ses domaines, ce qui augmenta considérablement son pouvoir.
Ce mariage s'accomplit en effet dans la suite , mais non pas sitôt; car le fils du comte de Toulouse n'avoit alors que cinq à six ans, et Beatrix n'étoit guères plus âgée.
Pendant leur minorité Raymond confia le gouvernement de Dauphiné à Alfonse son frère, qui eut à soutenir, contre Humbert comte de Savoye, une longue guerre.
1174 Bernard Aton VI vicomte de Nismes prend l'administration de ses domaines. Roger II. vicomte de Carcassonne, s'occupe du gouvernement des siens.
Durant le séjour du comte de Toulouse à Saint Gilles, Bernard Aton vicomte de Nismes et d'Agde se rendit à sa cour, et ils se promirent par un serment réciproque de s'entr'aider. Ce vicomte avait atteint alors l'âge de majorité , et il gouverna depuis ses domaines par lui-même, comme il paroit par l'hommage qu'il reçût au mois de Septembre de la même année, du seigneur de Pouls dans le diocèse de Nismes.
Il donna en fief deux ans après le droit de criée de la ville de Nismes, par un acte qui fut confirmé d'abord par la vicomtesse Garsinde , et ensuite par la vicomtesse Guillelmette. Celle-ci, qui étoit de la maison de Montpellier, étoit sa mère. L'autre, dont nous ignorons la maison, étoit sa femme.
La première prenoit encore quelque part en 1179. au gouvernement des domaines de Bernard-Aton son fils; car ce vicomte confirma alors, du conseil de Guillelmette sa mère, l'abbave de Valmagne au diocèse d'Agde, dans la possession de ce qu'elle avoit au lieu de Tortoirera, où elle avoit été fondée.
Roger vicomte de Carcassonne et de Béziers, s'appliqua de son côté au gouvernement de ses domaines. Il accorda au mois d'Août de l'an 1174 en présence d'Ermengarde vicomtesse de Narbonne, à Isarn Jourdain et Bernard de Saissac, ses vassaux, une colline pour y construire un château qui seroit appellé Mont-Revel. Ce château pourroit bien avoir donné l’origine à la petite ville de Revel en Lauraguais.
Il y avoit une autre branche de la maison de Saissac, dont étoit Bertrand fils de Hugues de Saissac, qui en 1168. donna une partie du bois de Bolbonne à l'abbaye de ce nom. Le même Roger, qui se qualifie par la grâce de Dieu proconsul (ou vicomte) de Béziers, vendit le 16. de Novembre de l'an 1174 à Sicard abbé de Montolieu et à ses religieux, la moitié des lots et ventes (Forcapiorum) qu'il avoit au château et au bourg de Montolieu
Guillaume de Miraval lui céda au mois de Décembre suivant les domaines qu'il possedoit à Castres et aux environs, en dédommagement de la guerre qu'il lui avoit faite, et des brigandages qu'il avoit exercez.
Enfin Roger reçut l'année suivante (1175) l'hommage pour les châteaux de Rieux et de la Liviniere dans le Minervois.
1177 Les vicomtes de Nismes et de Carcassonne la comtesse de Narbonne, et les seigneurs de Montpellier, se liguent avec le roi d'Aragon contre le comte de Toulouse.
Ce vicomte, Guy Guerrejat de Montpellier son oncle (maternel) Guillaume VIII seigneur de Montpellier et Burgundion son frère, neveux du même Guy, se liguèrent; l'année suivante (1117) contre le comte de Toulouse, et attirèrent dans leur ligue Roger vicomte de Béziers et de Carcassonne. Ils promirent tous cinq par serment :
1 - De s'entraider de tout leur pouvoir contre le comte de Toulouse et ses fils, durant la guerre qu'ils leur feroient.
2 - De ne conclure aucune paix sans le consentement les uns des autres.
3 - De ne pas permettre que le comte de Toulouse et ses fils acquissent la ville de Narbonne et les domaines de la vicomtesse Ermengarde, et supposé que ce comte et son fils se rendissent maîtres de cette ville, de leur faire la guerre, jusqu'à ce que quelque parent d'Aymeri de Narbonne, ou le roi d'.Aragon l'eussent recouvrée avec ses dépendances. Le vicomte de Carcassonne donna au vicomte de Nismes son cousin et aux seigneurs de Montpellier, Raymond de Tarrassone et son fils , Pierre-Raymond de Haut-Poul, et Guillaume de Saint Paul, pour garants de sa promesse.
Nous inférons de-là que le comte de Toulouse vouloit s'assurer alors de Narbonne, qu’Ermengarde vicomtesse de cette ville pour l'en empêcher , eut recours à la protection du roi d'Aragon, des vicomtes de Carcassonne et de Nismes , et des seigneurs de Montpellier, et que ce fut le principal motif de leur ligue contre ce prince. Quant au motif qui peut avoir engagé le comte de Toulouse à faire quelque entreprise sur Narbonne, voici ce qui nous paroit de plus vraisemblable.
On a remarqué que la vicomtesse Ermengarde se voyant sans espérance de laisser postérité, avoit attiré à sa cour dès l'an 1168. Aymeri de Lara son neveu, fils de sa sueur Ermessinde, et qu'elle l'avoit adopté. Aymeri avoit en effet quitté le nom de sa maison, pour prendre celui de Narbonne, et il administroit en 1176. les domaines d'Ermengarde comme s’il en eut été le maître. C'est ce, qu'on voit par un acte du 25 Janvier de cette année, suivant lequel il se donne pendant sa vie et après sa mort à l’abbaye de Fontfroide, s'engage d'y embrasser l'état religieux, supposé qu'il renonce au monde, choisit sa sépulture dans ce monastère, le confirme dans la possession en franc-alleu de tous les biens qui lui avoient été donnez dans la vicomte de Narbonne , et se déclare son défenseur.
On voit encore que le même Aymeri jouissoit en 1177 du guidage et du péage sur le chemin de Salses dans la même vicomté, et qu'il donna alors ces droits en engagement. Or comme Aymeri mourut la même année sans enfants, c'est sans doute ce qui porta le comte de Toulouse à prendre des mesures pour s'assurer de la vicomté de Narbonne, en qualité de suzerain, afin d'empêcher Ermengarde d'en disposer en faveur de quelque autre de ses neveux sans son consentement.
Nous ignorons le succès et les suites de celle ligue ; il paroit seulement que le comte de Toulouse étoit maître de Narbonne à la fin de l'année, et qu'Ermengarde avoit appelé auprès d'elle dès l'an 1179. le comte Pierre de Lara son autre neveu, frère puinée d'Aymeri.
Quant aux vicomtes de Nismes et de Carcassonne, voici ce que les monuments nous apprennent d'eux pendant l'année 1117. Le premier étant à Nismes au mois de May de cette année, accorda divers privilèges à l'abbaye de Fanquevaux, lui permit de posséder en alleu les biens qu'elle avoir acquis dans ses domaines, où il lui accorda le droit de pacage, s'en déclara le protecteur et y choisit sa sépulture. Il étoit encore dans cette ville au mois de Juin suivant, et il y vendit alors au prévôt et aux chanoines de la cathédrale du conseil de Guy son oncle, deux sols de cens qu’ils lui devoient, et ratifia un accord que la vicomtesse Guillelmette sa mère avoir fait auparavant avec eux, de l'avis de Guillaume de Montpellier son tuteur. Guillelmette approuva cette ratification.
Roger vicomte de Béziers et de Carcassonne, reçut de son côté au mois d'Avril de l'an 1178 l'hommage pour le château vieux d'Albi, et les forteresses de Tarsac, Abirac et Marsac. Il engagea au mois d'Août suivant à Roger de Durfort, l’albergue qu'il avoir à Malvers, et à Hugues de lde Romégous son viguier de Carcassonne, pour vingt-huit mille sols Melgoriens, ses domaines de Couffoulens, Campendu, etc…
Il reçut enfin au mois de Décembre suivant, et au commencement de l'an 1118. l'hommage pour le faubourg du château de Lombers en Albigeois, et pour les châteaux de Pepieux et de Clermont.
1179 Le comte de Toulouse se ligue avec divers seigneurs. Evêques de Nismes et d'Usez. Maison d'Usez.
Cependant Raymond comte de Toulouse, pour se mettre en état de résister au roi d'Aragon, aux vicomtes de Béziers et de Nismes, et à la vicomtesse de Narbonne, qui s'étoient liguez contre lui, s'unit avec divers seigneurs du bas Languedoc et il conclut avec eux un traité le 28. d'Avril de l'an 1179.
Suivant cet acte Raymond d'Usez, Pons-Gaucelin de Lunel , et Pierre de Bernis, reçurent en fief de Raymond tous les domaines qu'ils possédoient dans la vicomté de Nismes; sçavoir, Raymond d'Usez, le château d'Aymargues Pons-Gaucelin celui de Calvisson, et Pierre de Bernis le château de ce nom, avec promesse de l'aider contre le vicomte de Nismes, soit durant la guerre présente, soit dans toutes celles qu'il auroit dans la suite contre ce vicomte, et de ne faire ni paix ni trêve avec lui que d'un consentement mutuel.
Raymond donna de plus en fief à Pierre de Bernis, tout le domaine que le vicomte de Nismes avoit dans le château de Bernis, qu'il avoit par conséquent confisqué sur lui en qualité de suzerain. Il lui donna aussi en fief le château de Beauvoisin à condition de le rebâtir. Aldebert évêque de Nismes, et Raymond évêque d'Usez, l'un et l'autre de la maison d'Usez, et oncles du comte Raymond, furent présents à cet acte.
Le nom d'Aldebert n'y est marqué à la vérité que par la lettre initiale de ce nom : mais nous apprenons d'ailleurs que ce prélat vivoit encore en 1180. Ainsi ceux qui mettent en 1177 sur le siège épiscopal de Nismes un prétendu Aynard de Montredon, se trompent. Aldebert fut présent à une donation faite en 1175 à l'abbaye de la Font de Nismes soumise à sa jurisdiction, dans laquelle le pape Eugène Ill. et le roi Louis Jeune le confirmèrent, de même que dans l'abbaye de Cendras. Le pape Innocent II lui avoit donné l'inspection sur cette dernière lorsqu'il l'avoit confirmé à Rome ; en sorte qu'il posséda du moins pendant trente-neuf ans l'évêché de Nismes. Guillaume d’Uzès qui étoit vraisemblablement son neveu, lui avoit déjà succédé dès l'an 1183.
Quant Raymond évêque d’Usez frère d'Aldebert, Bertrand lui avoit succédé en 1183. et un autre Raymond à celui-ci en 1188.
Le dernier Raymond fonda pour des filles une abbaye de l'ordre de Cîteaux dans son diocèse, au lieu dit aux Augustins. Au reste, Raymond seigneur d'Usez, qui fit le traité dont on vient de parler avec le comte de 'Toulouse, prit le surnom de Rascas, il étoit fils de Bermond, seigneur d'Usez, et de Posquières, qui, à ce qu'il paroit, vivoit encore alors, et dont il hérita de la moitié de la seigneurie d'Usez.
1179 Le roi d'Aragon vient dans la province. Le vicomte Nismes se soumet à sa suzeraineté.
Nous ignorons les circonstances de la guerre que le comte de Toulouse eut à soutenir contre Alfonse roi d'Aragon, et ses alliez. Nous apprenons seulement de divers monuments, que ce roi et Raymond-Berenger comte de Provence son frère, vinrent cette année en personne dans le païs, que le premier étoit à Béziers au mois d'Octobre, et que le vicomte Bernard Aton lui donna alors la ville de Nismes avec ses dépendances, la forteresse des Arènes, située auprès de la même ville, le château nommé la Tourmagne, ceux de Marguerites, Caissargues, Bernis, Beauvoisin, Candiac, Posquières, du Caylar, d'Aymargues, Aubays, Aujargues, Calvisson, et Clarensac, et les reprit ensuite de lui cri fief, avec promesse de les remettre en paix et en guerre (iratus et pacatus) aux comtes de Barcelone ses successeurs, toutes les fois que lui et les siens en seroient requis; de le servir envers tous et contre tous, de même que Raymond Bérenger comte de Provence son frère, et tous ceux qui tiendroient le comté de Provence des comtes de Barcelone, de tenir ces domaines en fief des comtes de Provence , et en arrière fief des comtes de Barcelone, tant que le comté de Provence demeureroit dans leur maison, et enfin de lui faire prêter serment de fidélité par tous les habitants de Nismes et des châteaux ci-dessus nommez.
Bérenger archevêque de Tarragone, Arnaud et Raymond de Villa-de-Muls, Pons de Mataplane, Guy de Séverac, et plusieurs autres barons de la cour du roi d'Aragon, furent présents à cet acte, et à l’hommage que le vicomte de Nismes fit en conséquence à ce prince.
Un historien d'Aragon, qui rapporte mal à propos cet accord à l'an 1180 prétend que Bernard Aton vicomte de Nismes, étoit auparavant vassal des comtes de Barcelone, et qu'ayant refusé de rendre hommage à Alfonse, ce prince lui fit la guerre et le força à le reconnoître pour son suzerain. II ajoute qu'Alfonse s'étoit mis aussi alors en armes pour punir la félonie du vicomte de Carcassonne, qui s'étoit auparavant reconnu vassal du comte de Toulouse, et que ce vicomte s'étant soumis, il reçut le roi dans Carcassonne le 2 de Novembre suivant. Mais il est certain :
1 - Que les vicomtes de Nismes n'avoient jamais été jusqu'alors hommagers des comtes de Barcelone, et qu'on n'a aucun monument qui le prouve.
2 - Que le vicomte Bernard-Aton ne se soumit à la suzeraineté d'Alfonse et du comte de Provence son frère, que parce qu'il s'étoit ligué avec eux, et dans le dessein d'obtenir leur protection contre Raymond comte de Toulouse son seigneur naturel.
3 - Que le roi d'Aragon ne fit pas alors la guerre au vicomte de Nismes ni à celui de Carcassonne, puisqu'ils étoient déjà ligué depuis longtemps avec lui contre Raymond, à la suzeraineté duquel ils entreprirent de se soustraire pour se soumettre à la sienne.
Dom Vaissete, 1745.
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