Le Boulevard Victor-Hugo
La rue Saint-Antoine
le Boulevard Saint Antoine
Extrait de Nîmes et ses rues de Albin Michel, 1876

La partie Nord comprise entre l'église St Charles et la place de la Comédie sera appelée Boulevard de la Madeleine en 1807, la partie sud s'appellera en 1824 Bd de l'Hôpital, par la suite Boulevard Saint-Antoine. C'est le 23 mai 1885 que le Conseil Municipal décidera de donner le nom de Victor Hugo à la totalité de ce Boulevard comprise entre les Arènes et la place de la Comédie.

Photo exclusive collection Gérard Taillefer, date environ 1876.

Photo prise avant la construction du Lycée de Garçons en 1884, et avant la réalisation du Tramways hippomobile en 1880, extrêmement rare, collection Gérard Taillefer.

En 1270 l'une des portes de la ville qui plus tard est devenue la porte Saint-Antoine, s'appelait porte de Garrigues. C'était en dehors et à partir de cet emplacement que se trouvait le fossé du Champ de Mars.
En 1350, cette porte prit le nom de St-Antoine à cause de l'hôpital des religieux de St-Antoine du Viennois établi tout auprès. Avant cette date, il existait même dans cette partie de la ville un hôpital destiné aux pèlerins et qui portait le nom de Saint-Jacques. Ce bâtiment est devenu plus tard une hôtellerie appelée de la Coquille (1).
 
(1) Ménard, nouvelle édition, tome 2, page 53.
 
D'après une coutume très ancienne, la veille des quatre grandes fêtes de l’année, les consuls distribuaient des aumônes aux pauvres et le jeudi de l'Ascension, notamment, ils se rendaient en cortège dans la tour de la porte Saint-Antoine, préalablement ornée da feuillage, et y distribuaient le pain de l’aumône publique appelé Caritatis. Ils recevaient aussi la visite de l'abbesse ou maîtresse des femmes et filles débauchées qui leur offrait un gâteau et à laquelle ils donnaient cinq sols. Cet usage était encore en vigueur en 1520.
Au XVIIe siècle, c'était devant la porte Saint-Antoine, en dehors des murs, que se tenait le marché aux cochons. De nos jours encore, à cause de la situation de ce quartier qui est le plus rapproché des routes qui amènent à Nîmes les habitants de la banlieue, de la Vaunage et des Cévennes ; c'est encore sur cet emplacement que se réunissent les négociants et propriétaires les jours de marché.
C'est en vain que la municipalité a affecté une partie du rez-de-chaussée du théâtre à la Bourse des courtiers en vins et spiritueux, les cours légaux s'y fixent bien, mais l'ancienne habitude a repris le dessus, et malgré l'abri un peu restreint, et les facilités que chacun trouverait dans ce local, c'est encore à la porte Saint-Antoine que se traitent toutes les affaires et que stationne la foule.
En 1240, des religieuses Clarisses ou de Sainte-Claire firent bâtir un couvent et une église hors de la ville tout près des murs. Ce monastère fut honoré du titre d'Abbaye (1).
 
(1) Ménard, nouvelle édition, tome 1er, page 273.
 
A côté de la porte Saint-Antoine et séparée des habitations par les Arènes, se trouvait la tour Vinatière, très forte tour carrée, couronnée de créneaux et d'une masse générale aussi imposants que les tours du Château Royal, s'il faut en croire une vue cavalière de Nimes au XVIe siècle reproduite par Poldo d'Albenas (1). C'est dans cette tour qu'en 1644 et le 18 juillet, les consuls voulant mettre un frein au dérèglement des mœurs firent enfermer les filles de débauche et rendirent l’arrêté suivant :
  « Le conseil ayant jugé que telles personnes ne peuvent apporter que grands malheurs, a délibéré que les garces qui se trouvent natives de ceste ville, seront mises et enfermées dans la tour Vinatière et nourries au pain et à l'eau aux frais et despens de la Communauté. Et pour les étrangères, seront mises hors de la ville et terroir d'icelle, au préalable avoir esté rasées la teste et chargées de plumes de coq suivant la coustume, usage et privilège des quels ceste ville est en possession de semblables affaires. » (2)
 
(1) Germer-Durand, page 74.
(2) Ménard, tome 6, page 66.
 
De tout temps les autorités nîmoises ont veillé à ce que les pauvres de la ville fussent secourus ; aussi voyons-nous qu’en 1592 après les troubles pendant lesquels l'hôpital qui servait à loger les pauvres avait été détruit, l'on avait été contraint de recueillir ceux-ci dans une maison mal bâtie et peu disposée pour cet usage.
 Sur l'observation qui en fut faite au conseil de ville (1), le 12 février 1592, Pierre Bompar, avocat du roi, assiste du ministre Moinier, fit voter la reconstruction de l’hôpital sur son ancien emplacement. Le travail fut donné à prix fait à divers maçons suivant contrat en date du 5 mars de la même année (2).
 
(1) Archives de l'hôtel de ville, registre du XVI° siècle.
(2) Archives de l'hôtel de ville, contenant les contrats de la ville, f° 564.
 
Ce monument a été construit sur l’emplacement occupé du temps des Romains par les bains publics (banna). En effet, lorsqu'on 1811 on a élevé la façade actuelle sur le boulevard, on trouva des murs qui paraissaient appartenir à un grand édifice, et des salles pavées en mosaïque. Un vestibule ou corridor était pavé de cubes de marbre blanc semés de distance en distance de cubes de marbre noir. Ce vestibule donnait par une large porte dans une grande salle qui distribuait deux pièces à droite et à gauche, ces pièces étaient séparées par des murs de briques revêtus de ciment fin et peints à la fresque. Les gros murs extérieurs étaient en pierre de Barutel, comme les Arènes. Ces divers pavés en mosaïque furent placés auprès du maître-autel et dans le chœur de la chapelle de l’Hôpital Général. La nature de la construction dont les murs intérieurs étaient en briques plus propres que la pierre à entretenir la chaleur, est venue confirmer l'opinion des auteurs qui ont dit que les thermes romains étaient situés sur cet emplacement. Une rue qui longeait ce bâtiment s'appelait autrefois rue des Vieilles-Etuves.
La façade, la chapelle et une partie de l'intérieur de l'hôpital général ont été construits sur les plans de M. Durand, architecte. Le développement de la façade est égal à celui de l'Hôtel des Monnaies de Paris; elle est percée de 29 portiques qui forment autant de boutiques et d'entresols.
En 1875, cet hôpital a été transféré dans un nouveau bâtiment situé sur la route d'Uzès, en dehors de la ville et dans d'excellentes conditions d'hygiène et d'installation, et les locaux rendus libres, vont être convertis en musées, bibliothèque, salle de concert, écoles de musique, de dessin et de fabrication. (*) Le mont de piété, compris dans ce bâtiment, a son entrée principale dans la rue des Innocents.

(*) Le bâtiment ne restera pas longtemps un musée, voir l’extrait ci-dessous :
« Une des questions qui tenait le plus au cœur des adversaires de l'administration communale était celle du Lycée. Ce n'était pas sans une mauvaise humeur marquée que ceux-ci avaient vu la ville se décider à créer dans l'ancien hôpital général un palais des Beaux-arts et se disposer à y placer nos services municipaux en souffrance dans maints locaux épars et insuffisants. Selon eux, l'Hôpital Général était réservé, quoi qu'il en coûtât, à un lycée (Daudet), et ils l'ont bien prouvé du reste lorsqu'ils ont été les maîtres des deniers communaux… »
Histoire de la Ville de Nîmes, 1876 - Adolphe Pieyre, 1887
 
Dans l'ancienne chapelle l'on a provisoirement installé la galerie Gower dont la ville a fait l'acquisition. On y remarque parmi quelques belles toiles deux Wouwerman (le Marché aux chevaux et le Maréchal-ferrant), deux Claude Lorrain et plusieurs toiles de Ruysdaël, Van-Ostade, Prudhon, Tennier, Terburg, Corrége, Van de Velde, Gevard Dow, Hobbema, etc., etc.
Le boulevard de la Madeleine (actuellement Victor-Hugo) a été planté pour la première fois de deux rangées d'ormeaux en 1643, alors que Léon Trimond était premier consul de la ville.
 
Extrait de Nîmes et ses rues, Albin Michel, 1876, page 33-38


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BOULEVARD VICTOR-HUGO
Collection de Cartes Postales anciennes
de J.P. Descout - G. Taillefer - G. Mathon



Collection Musée du Vieux Nîmes



Collection Gérard Taillefer

Collection Gérard Taillefer


Collection Gérard Taillefer


Au n° 15, actuellement banque Paribas









Le Café de Lyon au n° 22, actuel café Olive.


Collection Musée du Vieux Nîmes


Collection Musée du Vieux Nîmes


Le lycée de garçons - Collection Philippe Ritter













Images stéréoscopiques - Collection Gérard Taillefer


Collection Georges Mathon


Collection Café de la Grande Bourse

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EGLISE SAINT PAUL
Extrait de Nîmes et ses rues de Albin Michel, 1876.


Collection Gérard Taillefer

L'église conventuelle des Frères-Récollets était construite sur l'emplacement occupé aujourd'hui (1876) par la maison Thourneysen, le café de l'Univers et l'hôtel Balazard.

Ce monument étant devenu insuffisant pour la population de ce quartier qui comprend tout 1® faubourg de la Fontaine, du Cours-Neuf et va jusqu'au chemin do Montpellier, l'adminis­tration municipale, sous la présidence de M. Ferdinand Girard, maire, décida, en 1835, l'érection d'une nouvelle église et la création d'une place en face de la rue de la Madeleine.

Le sujet avait été mis au concours et trente projets furent envoyés et exposés publiquement dans la Maison-Carrée. Celui de M. Charles Questel, architecte, conservateur du Palais de Versailles, obtint la préférence. Le style est celai du XIIe siècle, appelé Roman secon­daire ou Bysantin. On remarque dans cette église de très belles fresques dues au pinceau de M. Hippolyte Flandrin, l'auteur des belles peintures murales de Saint-Germain-des-Prés à Paris ; les peintures de décors et d'encadre­ment ont été exécutées par M. Denuelle ; les vitraux par MM. Maréchal et Gugnon, de Metz; les orgues, par M. Cavaillé-Coll, de Paris ; les sculptures de la façade par M. Collin.

Les portes extérieures et intérieures sont ornées de pentures en fer forgé et ciselé venant des ateliers de M. Boulanger de Paris, les autres serrureries et grilles d'un ajustement assez remarquable ont été exécutées à Nîmes par M. Marius Nicolas; les mosaïques sont l'œuvre des frères Mora, enfin les quatorze bas-reliefs représentant le Chemin de la Crois sont dus au ciseau du sculpteur nîmois, M. Auguste Bosc. M. Henri Durand, aujourd'hui architecte du département, a été l'architecte inspecteur des divers travaux ; ceux de ma­çonnerie, commencés en 1841, ont été finis en 1847 et ont été exécutés en grande partie par MM. Auphan et Arnavieille, entrepreneurs.
Sur une plaque de marbre, placée dans l'intérieur de l'Église près do la por­te d'entrée, sont gravés les aorus de tous les artistes qui ont contribué à l'érection et h, la décoration de ce monument. Les portraits môme, de la plupart d'entre eux, on été peints par M. Flandrin , qui a donné aux saints qui composent la série da côté gauche en entrant les traits de ses collaborateurs.

Voici le devis officiel des dépenses occasion­nées par l'érection de ce monument qui mérite à tous égards l'attention des visiteurs - Acquisition des maisons et frais, 238.950,35 - Travaux principaux, 506.731, 22 - Travaux accessoires, 219.980,78 - Dépenses supplémentaires, 28.629,23 - Total général, 994.291,59

Le conseil municipal a voté, le 20 novembre 1877, une nouvelle somme de 20.000 fr. pour l'établissement d'une grille autour de ce monument, dépense bien inutile et fâcheuse, car la circulation qui est très-grande dans la rue Neuve ne pourra qu'en souffrir si l'on diminue l'espace réservé aux piétons.

Tous ces devis qui se sont successivement augmentés par tous les frais imprévus d'ins­tallation intérieure, portent la dépense totale à plus d'un million. Dans ce chiffre, l'État n'est intervenu que pour 23.000 fr.

La consécration de la nouvelle église Saint-Paul a eu lieu le 14 novembre 1849. Le pontife consécrateur fut l'archevêque d'Avi­gnon, assisté des évêques de Montpellier, de Viviers et de Nîmes. M. Eyssette était alors maire de Nîmes , et M. Reynaud, curé.

Le 24 novembre de la même année ; l'an­cienne église des Récollets fut vendue au prix de 83.600 frs. et a été remplacée par de belles maisons construites sur les plans de MM. Feuchères, Durand et Chambaud.

En démolissant ce vieux monument , on a découvert plusieurs pierres tombales et no­tamment celles de deux marchands lombards qui avaient été ensevelis dans ce couvent, j'ai déjà donné la description d'une de ces pierres à l'occasion de la rue des Lombards (Voir "Nîmes et ses rues", T2, page 121),


EGLISE SAINT PAUL
Collection de Cartes Postales anciennes
de J.P. Descout - G. Taillefer - G. Mathon



Collection Gérard Taillefer





Intérieur de l'église St Paul - Collection Georges Mathon


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