Découverte d’un souterrain, rue Porte-de-France en 1937
rue Villeperdrix, côté rue Porte de France
En fin Janvier 1937, au cours de travaux exécutés pour la création d'une nouvelle rue (rue Villeperdrix) au travers du terrain de l'annexe de l'ancien hôpital Ruffi, a été retrouvé fortuitement un souterrain voûté, d'assez grandes dimensions, au sujet duquel diverses suppositions successives ont été formulées.
Ce souterrain, qui ne put être étudié qu'après déblaiement des boues et eaux fétides qui en emplissaient une parité, fut d'abord considéré comme un ancien égout romain, allant se déverser dans la campagne, au delà des remparts.
L'examen de la voûte n'ayant pas indiqué l'appareillage habituel des constructions romaines et le prolongement du souterrain n'existant pas du côté Sud, vers l'extérieur de la ville latine, l'opinion descendit à l'hypothèse d'une simple cave ménagère, ayant été creusée au dessous d'un immeuble particulier. Mais il n'a été retrouvé aucune trace, aucun souvenir d'immeuble correspondant à l'emplacement de souterrain. Il n'a été connu sur ce terrain qu'un ancien jardin maraîcher devenu ensuite l'enclos de l'hôpital Ruffi.
D'autre part le déblaiement complet du souterrain, opéré avant un recomblement partiel, indiqua de façon très claire que ses entrées usuelles avaient lieu par deux couloirs légèrement obliques passant au dessous de la rue Porte de France, avec point de départ dans les immeubles, ou sous les immeubles, édifiés de l'autre côté de cette artère. L'étude complète de ce dispositif complémentaire, rendu difficile par des constructions ultérieures de fosses d'aisance et des installations de canalisations n'a malheureusement pas été faite et les orifices exacts de ces couloirs' d'accès et de sortie demeurent imprécisés.
A l'Académie de Nimes, après discussion de diverses hypothèses, l'opinion dominante fut qu'il pouvait s'agir d'un refuge utilisable en période de troubles, vraisemblablement aménagé au cours du XVIe siècle. La position de couloirs parait indiquer deux points d'accès différents et, aussi, que l'on pouvait entrer par l'un et sortir par l'autre. Il est possible qu'ultérieurement le souterrain ait été réutilisé comme entrepôt ou magasin et que les soupiraux lui ayant un moment fait prendre jour en bordure de la rue Porte de France, ainsi que deux trappes. aménagées postérieurement à sa construction dans la partie, supérieure de la voûte, dotent de cette époque.
Le relevé précis des dimensions et des profils du souterrain a été fait par M. Poitevin, entrepreneur expert, membre, de la Commission Municipale d'Archéologie.
Les mesures notées sont les suivantes : Longueur du souterrain 18mètres, largeur 3m85, hauteur 5m, dont, à la base, 2m30 avant le tuf naturel comme parois, et en voûte maçonnée. 2m70. Largeur des couloirs d'accès 1m40 : hauteur 2 mètres.
Ils débouchent dans le souterrain à 0m60 au-dessus du sol, un escalier volant de quelques marches devait exister lors de l'utilisation du souterrain de manière à rattraper la différence de niveau.
Le Colonel Igolen, de l'Académie de Nimes, a fait à son tour l'étude du souterrain et a tracé le plan partiel du quartier en y situant le souterrain et ses couloirs d'accès afin de faciliter toutes recherches ultérieures les concernant.
Pour permettre l'établissement de la voie nouvelle reliant, à travers l'ancien enclos de l'Hôpital, la rue Porte de France à la rue Dagobert, le souterrain a été comblé sur une longueur de 12 mètres dans sa partie la plus voisine de la Porte de France ; la partie Nord a été momentanément conservée, séparée par un mur de la partie comblée.
A quelques mètres à l'Ouest de l'emplacement du souterrain il a été trouvé, presque à fleur du sol, de très nombreux fragments de céramiques romaines, débris d'amphores de toutes dimensions, de vases culinaires de diverses formes, de tégulæ et autres témoins d'habitations antiques. Il fut d'abord supposé que ces témoins se trouvaient en place, provenant d'un logis antique écroulé, niais le creusement en profondeur n'ayant donné aucune trace de logis détruit il a fallu plutôt penser à, la présence de terres rapportées où, peut-être, à l'existence de ces documents à l'emplacement même du souterrain, d'où ils auraient été rejeté lors de son creusement.
Parmi de très nombreux fragments de type commun, il a été recueilli dans ces terres gallo-romaines une portion de lampe d'argile avec une décoration peu courante et d'exécution très soignée, ayant représenté un troupeau au pacage. On voit sur la partie recueillie correspondant à peu près à la moitié de la composition, un chien couché en rond, un agneau agenouillé tétant une brebis qui tourne la tête pour le lécher 'et l'arrière du corps d'une autre brebis. Malgré l'usure des reliefs, on se rend très bien compte encore de la rare finesse que possédait ce petit modelage champêtre.
Quelques morceaux de marbre: ont été retrouvés également dans le même terrain, fragments de colonnes cannelées, de sarcophages sculptés et l'un d'entre eux, malaisément déterminable de façon sûre, fait songer à l'extrémité d'un accoudoir de cathédre ?
Extrait du « Le vieux Nîmes » de H.B., février 1938 - P175-178
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