Le Marché aux Bestiaux
1850-1959


Du Jeu du Mail au Marché aux Bestiaux.
Historique - Pour construire un nouveau Marché aux bestiaux, en 1843, la ville avait décidé d'acquérir une partie de l'ancien Jeu-de-Mail et de le joindre au vieux cimetière, abandonné depuis 1835, que la commune possédait. Ce dernier longeant au Nord l'ancien Jeu du Mail (1). Cela faisait un grand terrain rectangulaire de près de deux hectares. Il était également question de démolir les vieux égorgeoirs (2) pour déplacer ce service à l'abattoir du Cadereau. (emplacement actuel de l'immeuble EDF, avenue Georges Pompidou)



Ce projet fut mis en exécution en 1848, son ouverture eut lieu le 21 mars 1850. Ce marché était situé entre la rue du Mail et celle de l'Abattoir (Cirque Romain) L'ensemble des constructions affecte la forme d'un parallélogramme allongé ; elles commençaient à la rue des Casernes (Casernette) et se terminaient un peu après la rencontre de la rue St Jean (rue Henri Bataille) ; son entrée se trouvait en face de la rue St Paul (Benoît-Malon).




Ces constructions comprenaient : Un bâtiment central comprenant un étage et percé d'une porte monumentale, avec une sortie sur la rue de l'abattoir (Cirque Romain) - deux vastes hangars, en appentis, avec écuries de service aux extrémités des parcs, pour abriter les bestiaux des espèces bovines et ovines - des constructions situées du côté de la rue des Casernes (Casernette), attenantes au grand Marché, étaient affectées à l'espèce porcine. En 1865, un lavoir couvert, dont l'entrée était sur le Boulevard de la République (avenue Jean-Jaurès) a été adossé à l'Ouest des bâtiments du Marché. Ce lavoir avait été créé en remplacement de celui de la place d'Assas.

Suite à un Arrêté du Conseil Général de l’Agriculture, des manufactures et du commerce, séance du 10 mai 1850, un concours d’animaux de boucherie aura lieu chaque année sur le marché aux bestiaux de Nîmes, des primes et des médailles d’encouragement aux propriétaires et aux producteurs de boeufs, des moutons, des porcs, nés et élevés en France, reconnus les plus parfaits de conformation et les mieux préparés pour la boucherie.
Le concours aura lieu, chaque année, les mardi et mercredi qui précèderont le jeudi gras. (fêtes traditionnelles qui commencent le samedi qui précède le jeudi gras,englobent le mardi gras (carnaval) et se terminent le Mercredi des Cendres, c'est-à-dire,un total de 13 jours.)



C'est en gare de St-Césaire que la plus grande partie des bestiaux destinés au marché de Nîmes sera acheminée, notamment les mardis, mercredi et jeudi. Chacun de ces jours verra débarquer 25 ou 30 wagons chargés de boeufs.

Après leurs arrivés le bétail était convoyé, jusqu'au marché aux boeufs situé au boulevard Jean-Jaurès.
Le marché aux boeufs de Nîmes avait une importance régionale. Les boeufs achetés, pour alimenter la région d'Arles, étaient acheminés à pied jusqu'à la Gare de la Camargue située au bas du Jean-Jaurès, la ligne Nîmes Camargue, ayant été mise en service au cours de l'année 1901.

(1) Le Jeu-de-Mail, fut construit en 1637, par Jean Guiraudenc, dans une terre qu'il avait acquise, joignant les masures des anciennes murailles de la ville. (anciens remparts romain qui partent de la rue Porte de France, et dont les bases sont situées sous les immeubles construits entre la rue du Mail et la rue du Cirque Romain)
(2) Ce qu'on appelait les Vieux égorgeoirs, étaient les anciens Abattoirs de Porcs de l'Oratoire, qui dataient de 1617 - Les Abattoirs du Cadereau ont été édifiés en 1749.
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Extrait de "Nimes à la belle époque" - www.nemausensis.com
Le 21 février 1900, délibération du Conseil Municipal de Nîmes - « Le hameau de St Césaire voit chaque jour augmenter l'importance de son commerce et le trafic fait par la gare a pris une telle extension que nous pouvons affirmer qu'il a triplé dans ces dernières années.
Nous avons le personnel d'une gare importante et notre quai couvert correspond à une gare de petit trafic d'où de nombreuses erreurs, pertes, fausses directions...
Si l'on ajoute à cela les nombreux petits accidents occasionnés par cet encombrement, le temps perdu à la recherche des colis impossibles à découvrir entassés qu'ils sont.
St Césaire reçoit la plus grande partie des bestiaux destinés à Nîmes notamment les mardi, mercredi et jeudi, la gare voit arriver 25 ou 30 wagons à bœufs. Le quai découvert étant trop petit pour une telle affluence, puisqu'il ne peut recevoir que 5 ou 6 wagons, les manoeuvres sont longues, pénibles, difficiles et dangereuses.
De plus, les boeufs débarqués parcourent dans tous les sens les quais encombrant, salissant et détériorant les marchandises, menaçant dans leur irritation les employés de la compagnie.
La gare possédant une vaste étendue de terrain disponible cela permettrait à la compagnie de faire promptement les modifications et les agrandissements nécessaires sans trop de grandes dépenses. »
La commission propose d'émettre un avis favorable à ce projet et ce dernier sera approuvé par le Préfet le 29 août 1901.
Après leurs arrivés les bœufs, étaient convoyés, à la manière d'une abrivado, jusqu'au marché aux boeufs situé au boulevard Jean-Jaurès, quelquefois l'un d'entre eux s'échappait. Nous savons par un témoignage, que, dans les années 1950, un énorme bœuf ayant pris la poudre d'escampette, sur la route de St Césaire à Nîmes, a sauté sur une 4cv Renault et l'a écrasé.
Le marché aux bœufs de Nîmes avait une importance régionale. Les bœufs achetés, pour alimenter la région d'Arles, étaient acheminés à pied jusqu'à la Gare de la Camargue situé au bas du Jean-Jaurés, la ligne Nîmes Camargue, ayant été mise en service au cours de l'année 1901.
Un ancien nous témoigne cette anecdote, les veaux faisaient partie du marché, les maquignons payaient spécialement une personne pour gaver ces animaux pendant la nuit juste avant la pesée du matin, un sur-poids artificiel augmentant à bon compte le prix de la bête.

Du Marché aux Bestiaux au Centre Culturel et Sportif Pablo Néruda.
Le 27 octobre 1927, des travaux importants sont décidés pour améliorer les conditions d'hygiène du Marché aux bestiaux. Ces travaux devaient se réaliser par étapes successives pour ne pas interrompre le fonctionnement du marché.
Les modifications les plus urgentes seront prioritaires. Assainissement et mise en état de la cour du fumier, le sol de cette cour, simplement macadamisé, ne pouvant être ni lavé ni désinfecté efficacement. Lorsqu'un animal atteint de fièvre aphteuse foulait le sol de cette cour et notamment les abords de l'abreuvoir, tous les animaux qui passaient ce chemin étaient contaminés. Un pavage en carreaux de grès de Castrie permettait de remédier à cet inconvénient.
Un collecteur d'égout était, en outre, prévu sous ce pavé, ce dernier, prolongé vers le Boulevard Jean-Jaurès (avenue) devait aboutir au 2e rond-point, à la voûte du Cadereau. Cet égout collecteur évitait, comme c'était le cas dans le passé, que les urines et les eaux usées ainsi que celles des lavages chargées de détritus, sillonnent en sous-sol un grand nombre de rues pour atteindre les égouts secondaires de la rue Henri IV et du Bd Sergent-Triaire.
Il est bien entendu que ces travaux n'assainirent pas uniquement le marché, mais aussi tous les quartiers populeux allant de la rue du Mail au Bd Sergent Triaire. Après ces travaux, les fortes odeurs qui parfumaient ces quartiers en été, disparurent au grand plaisir de leurs habitants.
En 1959, mise en service du Marché-Gare de Nîmes St Césaire. Vaste complexe qui remplacera : Le marché aux bestiaux de l'avenue Jean-Jaurès - les abattoirs du Cadereau - Le marché de gros fruits et légumes de la place St Charles.
Le nouveau marché aux bestiaux, traitera en 1963, 142016 têtes de bétail et sera le troisième de France après la Villette et Lyon. Les abattoirs ne seront pas en reste, cette même année, c'est 7430 tonnes de viandes qui seront abattues. Ils disposaient de tous les équipements modernes, tunnel de congélation et salles de stockage permettant d'entreposer 800 tonnes de viandes congelées.
C'est en 1956, que la municipalité Tailhades choisit l'architecte Bordes, pour élaborer un avant projet de Centre Culturel et Sportif (futur Pablo Néruda) sur une partie des terrains rendus disponible de l'ancien marché aux bestiaux.

L'ouverture officielle du chantier se fera en 1962, en présence de Maurice Herzog, alors ministre de la Jeunesse et des Sports.


1962 - Visite de Maurice Herzog, Haut Commissaire à la jeunesse et aux sports sur les lieux de la construction du Centre Culturel et Sportif (futur Pablo Neruda). Sur la photo, Michel Boyer commente au ministre le programme de la construction, devant la maquette des bâtiments. (Document collection Michel Boyer) 

Le premier architecte désigné sera Jean Bordes, ce dernier indisponible pour raison de santé dut s'adjoindre un confrère nîmois Georges Chouleur, qui prendra définitivement sa suite en 1963.

L'adjudication donnera les travaux à la Société Varoise de Charpentes métalliques. Cette dernière après une mise en oeuvre assez lente, déposera son bilan. En avril 1964, c'est la société Gagneraud qui reprendra le chantier avec efficacité. L'inauguration du gros oeuvre de la piscine aura lieu en décembre 1964.
Les élections de mars 1965 vont provoquer un changement municipalité. Le 20 septembre, soit 6 mois après les élections, l'architecte Chouleur présentera une actualisation du chiffrage. Le chantier arrêté en début d'année 1966, ne reprendra que deux ans et demi plus tard. Finalement, ce n'est que le 6 juin 1970 que le centre Culturel et Sportif est inauguré par le maire Emile Jourdan. Il sera baptisé Pablo Neruda le 15 octobre 1973.
Autres constructions sur les terrains du Marché aux bestiaux, l'immeuble l'Aigoual construit entre 1959 et 1961 et le bâtiment des caisses de Sécurité Sociale et d'Allocations Familiales, entre 1967 et 1969.