Les Bohémiens à Nîmes.

Histoire et description de Nîmes

par D. Nisard, 1842.

 

 

ATTENTION !

 

Cet écrivain de l’époque donne dans son livre, sa vision des gens du voyage, cet article est reproduit fidèlement, son côté excessif et raciste n'engage que son auteur.

 

Les Bohémiens sont d’effrontés mendiants, qui savent voler au besoin ce qu’on ne leur donne pas, et qui demandent du ton de gens qui prendront ce qu’on leur refuse. Ils entrent dans une boutique, et pendant que l’un marchande, l’autre vole. On sait leurs habitudes et on s’en méfie ; mais la crainte d’être volé n’est jamais si habile ni si ingénieuse que l’amour de vendre. 

 

Aussi, beaucoup de marchands y sont pris. Si les Bohémiens voient manger un enfant sur le devant de la porte paternelle, ils vont lui prendre son morceau de pain ; ils iront intrépidement jusque dans l’arrière chambre tendre la main aux gens qui sont à table. Ils sont craints et tolérés.

 

La superstition et la curiosité les protègent ; on aime à les voir s’en aller et à les voir revenir. Les petits enfants en ont grand-peur, parce qu’on les a souvent menacés des Boumians. Les mères qui leur font ces menaces, pour apaiser leurs cris, en ont plus peur encore, car les Bohémiens passent pour enlever les enfants.

 

C’est dans le mois d’août et de septembre, aux fêtes de saint Roch et saint Michel, qu’on voit arriver à Nîmes, entassés sur de mauvaises charrettes traînées par des mulets qu’ils vont vendre dans les foires, ces demi sauvages, vrais enfants perdus de la Providence. Ils couchent à la belle étoile, ordinairement sous les ponts.

 

 

Leur quartier général, à Nîmes, est le Cadereau (en patois, Lou Cadaraoou), petit pont jeté sur un ravin qui descend d’une des collines et sert de voirie publique. C’est là qu’on peut les voir demi nus, sales, accroupis sur la paille ou de vieilles hardes, et mangeant avec leurs doigts les chiL'artens et les chats qu’ils ont tués dans leurs excursions crépusculaires. 

 

Dans les jours de foire, ils sont tour à tour marchands, maquignons, mendiants et saltimbanques. Les jeunes filles, aux grands yeux bruns et lascifs, au visage cuivré, pieds nus, la robe coupée ou plutôt déchirée jusqu’au genoux, dansent devant la foule, en s’accompagnant d’un bruit de castagnettes qu’elles font avec leur menton.

Ces filles, dont quelques-unes ont à peine seize ans, n’ont jamais eu l’innocence.

 

Venues au monde dans la corruption, elles sont flétries avant même de s’être données, et prostituées avant la puberté.

 

Ces Bohémiens parlent un espagnol corrompu.

 

L’hiver, on ne les voit pas, où vont-ils ?

 

D’où viennent-ils ?

 

D. Nisard

 

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