LES SQUARE DE LA COURONNE

RUE DE LA COURONNE.
Extrait de "Nîmes et ses rues" de Albin Michel, 1876.
Allant de la place de la Salamandre au boulevard de l'Esplanade.



Parmi les portes de la ville, celle qui se trouvait à l'extrémité de la rue dont nous nous occupons était une des plus importantes et des plus anciennes, car dès 1270 nous la voyons mentionnée dans un acte réglant la hauteur et la largeur des tables d'étalage. Elle portait alors le nom de Portail de Posquières (la route de Vauvert partait en effet de là); plus tard, au XIVe siècle, elle fut désignée sous le nom de Porte-Neuve du Mûrier, Portale Novum de Morerio, à cause d'une maison voisine servant de prison et dans la bâtisse de laquelle un murier parasite avait poussé.

Enfin, elle prit le nom de Porte de la Couronne, à cause d'une hôtellerie à la porte de laquelle pendait l'enseigne de la Couronne. Cette hôtellerie était placée en dehors des murs de la ville, tout pré de l'angle saillant des remparts où se trouvait une tour romaine.

On lit dans l'ouvrage de M. Germer-Durand fils les curieux détails suivants :

« Il est dit, en 1356, dans un différend survenu entre Pierre de Caseton, sénéchal, et les consuls, que cette porte est ouverte depuis peu, dans un état insuffisant pour la défense, et que, au lieu de fermer la porte des Arènes, on devait murer celle-ci.
Un règlement des consuls en 1357, prescrit de faire à la brèche qui est entre la tour du Marché aux bœufs et le portail nouveau de la Couronne, à l'emplacement d'une très-ancienne tour, une nouvelle tour saillant d'une canne sur le parement du mur, de la largeur de la brèche du mur antique ; de faire cette tour de douze pans plus élevée que les créneaux des murs, munie de mantelets (cadasalsi, échaffauds, hourds.) avec un chemin de ronde en pierre tout autour.
Il est aussi prescrit de faire une ouverture au milieu de la hauteur de la tour, avec porte et serrure, ainsi qu'un petit escalier de pierre pour aller de cette porte au chemin de ronde. De même qu'il soit fait an plancher au-dessus de la tour nouvelle avec une toiture en tuiles par dessus et qu'il y soit mit des mantelets (houds) ; que, dans la tour existant au-dessus du portail neuf, il y ait deux arbalétriers avec deux autres hommes, et dans la tourelle de l'autre côté deux arbalétriers avec deux hommes.
En 1363 le consul Jean Ponchet paya une somme de trois florins au charpentier Bernard Salelle pour la construction d'une palissade et d'une barrière au devant du portail.
À cause du voisinage de l'hôtellerie, où bon nombre d'étrangers venaient loger, ce point des remparts prit une grande importance et nécessita de fréquentes réparations ; ainsi le pont de bois fut remplacé plus tard par un pont en pierre de deux arcs, construit par Pierre de Peyrière, maçon, pour la somme de deux livres tournois.
Au XVe siècle, les portes de la ville furent plusieurs fois murées à cause des Tuchins et des Routiers; on garda seulement dans ces circonstances deux portes, et ce sont toujours celle de la Couronne au midi et celle des Prêcheurs au nord.
Comme toutes les autres, elle fut décorée, en 1489, des armes royales, sculptées sur le mur de la tour du côté extérieur et soutenues par deux anges ; mais en 1524, elle prit une importance y particulière au point de vue archéologique, et Jacques Albenas, consul, faisant construire une plateforme au-devant de la porte de la Couronne, y rassembla un grand nombre de débris romains, inscriptions ou sculptures qu'il encastra dans le mur du petit boulevard qu'on y construisait. On y remarquait entre autres la statue dite des Quatre-Jambes qui a été transportée plus tard sur la façade du midi de la maison de M. Massip, avocat du roi, aujourd'hui maison Jalaguier, rue de l'Aspic. (et du parking du tribunal, face aux Arènes)
La plate-forme de la Couronne fut faite pour les besoins de l'artillerie qui y était installée tantôt pour la défense de la ville, tantôt pour la réception des personnages á qui étaient dues les salves d'honneur. »

C'est en effet par la porte de la Couronne que François Ier en 1533, Henri II en 1544, et Louis XIII en 1629 firent leur entrée solennelle dans la ville de Nîmes.
En 1630 sur l'ordre de la cour et après l'édit de pacification, appelé la Paix de Nîmes, d'après lequel l'exercice des deux religions dans Nîmes fut autorisé, les fortifications de la ville durent être démolies ; le conseiller Caudiac délégué pour surveiller cette opération ne conserva que le ravelin de la porte de la Couronne et un pan de muraille qui servait au jeu de ballon.

En 1666 les consuls firent réparer convenablement l'emplacement de l'ancien jeu de ballon et unir toute la partie irrégulière et inégale de l'Esplanade qu'ils ornèrent de rangées d'arbres.

C'est à la porte de la Couronne que se tenait au XVIe siècle le marché des chèvres et brebis.

En 1747, le conseil de ville s'occupe de l'affermissement des foires franches et publiques établies à Nîmes. Il y en avait trois, celle de la Saint-Michel, accordée par le roi Charles VI, celle du 16 août accordée par le roi Henri IV, et enfin celle du 8 février accordée par le roi Charles IX. Les deux premières seules se tenaient régulièrement ; mais sur la demande les consuls, il intervint, à la date du 2 juillet 1748, un arrêt du conseil d'État du roi qui accorda de nouveau à la ville la foire franche du 8 février pour durer jusqu'au 22 du même mois et être tenue dans la rue de la Couronne jusqu'à la place de la Belle-Croix, avec tous les droits et prérogatives des foires franches accordées aux autres villes de France.

En 1678, on avait placé sur la porte de la Couronne du côté de la ville une statue de la Vierge. Cette statue en marbre blanc a été, parait-il, conservée et serait encore dans la nouvelle église Sainte-Perpétue. En dehors de la ville et sur les terrains qui sont occupés aujourd'hui par le square de la Couronne se trouvait autrefois un cimetière appartenant aux protestants, mais à la suite des persécutions ordonnées par Louis XIV, tous leurs biens furent saisis et leurs cimetières cédés aux catholiques.


Place de la Couronne en 1766. (Cliquer sur l'image pour agrandir)

La bénédiction de ce cimetière eut lieu le 24 février 1688 et ce fut le curé Novi qui en prit possession au nom de l'Église. Jusqu'à la Révolution, les inhumations se firent sur cet emplacement.

Cette place qui s'appelait, il y a peu de temps encore, place de l'Hôtel-du-Midi, était ornée au milieu d'une fontaine monumentale, mais qui n'avait rien de remarquable. Alors que les diligences étaient les seuls moyens de transport à la portée du public, c'était sur cette place que se trouvaient les principales entreprises. Il y avait à l'entrée de la rue Notre-Dame, en face de l'hôtel du Luxembourg, une ile composée de trois maisons qui rendaient le passage très étroit et diminuaient considérablement l'espace libre ; c'est à M. Duplan, maire, que l'on doit la création du square de la Couronne.

Inauguration du Monument d'Alphonse Daudet
au Square de la Couronne

Dimanche 8 avril 1900, dès le matin, la foule, maintenue par un cordon de sapeurs-pompiers, se presse autour du jardin de la Couronne, hermétiquement clos.
A dix heures, les portes sont ouvertes aux invités. Une tribune réservée aux autorités est dressée en avant du bassin sur la gauche ; en face et à droite, deux rangées de fauteuils pour la famille ; de ci, de là, longeant les pelouses, des groupes de sièges pour la presse et les privilégiés qui ont reçu des cartes d'entrée.
A dix heures trois quarts, le cortège officiel apparaît, salué par la Marseillaise qu'exécute la musique des pompiers.
C'est, d'un côté, M. Reinaud, maire, suivi du Conseil municipal et des membres du Comité ; de l'autre côté, M. Roujon, directeur des Beaux-arts, délégué du ministre de l'instruction publique, accompagné par M. Maitrot de Varenne, préfet du Gard, revêtu de ses insignes.
A ces Messieurs se joignent toutes les autorités civiles et militaires, M. le premier Président, M. le Procureur général, les Conseillers de préfecture en uniforme, M. le général Balaman, l'Académie de Nîmes, M. Silhol, sénateur ; les députés Delon-Soubeyran, de Nîmes ; Pascal, d'Uzès; Jourdan, de la Lozère, etc…
Tandis que le cortège prend place sur l'estrade officielle, la famille d'Alphonse Daudet occupe les fauteuils de face, Mme Alphonse Daudet, ses fils Léon Daudet et Lucien Daudet, M. et Mme Ernest Daudet et leur fils, M. et Mme Fère Daudet, gendre et fille.
Une fois l'assistance installée, la musique joue de nouveau la Marseillaise et le voile qui recouvre le monument tombe aux applaudissements de la foule.
L'oeuvre de Falguière est charmante, gracieuse, enveloppée d'une mélancolie presque douloureuse. Alphonse Daudet est assis sur le roc, dans une pose méditative, légèrement affaissée; sa tête fine et rêveuse, ombragée d'une longue chevelure, se penche vers l'eau du bassin. Il y a dans l'attitude l'abandon de la rêverie et de la tristesse. Ainsi devait être l'élégant ironiste, lorsqu'il fermait le livre commencé pour songer au beau ciel natal et aux sourires de notre soleil.
L'ensemble du monument, dans ce cadre riant, au milieu de ces peupliers longs et sveltes, au centre de ce bassin où se jouent les cygnes, est d'un effet plein de poésie.


Inauguration de la statue d'Alphonse Daudet, dimanche 8 avril 1900. Document P. Ritter

LE SQUARE DE LA COURONNE
Collection de photos et Cartes Postales anciennes
de J.P. Descout - G. Taillefer - G. Mathon


Café Le Tortoni, la Couronne - Disparu dans les années 1930 et remplacé par le Prisunic.


En 1914, dans cet hôtel, face à la statue d'Alphonse Daudet, Guillaume Apollinaire aima Louise de Coligny Chatillon.
Il y trouva l'inspiration d'une partie de son œuvre : Les Poèmes à LOU



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Extrait de « Auberges et Logis d'Autrefois à Nîmes », par Jules Igolin 1938

Les Logis autour du square de la Couronne

Le Logis de la Couronne. Le premier logis dont le nom et le souvenir soient arrivés jusqu'à nous est celui de « La Couronne », situé hors et vis-à-vis de la porte de ce nom. C'est cette hôtellerie, déjà existante lors de la construction des remparts du Moyen-Age, qui aurait donné son nom à la Porte de la Couronne, la plus importante de celles de la ville. Comme l'enceinte de Nîmes, d'après des documents certains étaient complètement terminés en 1270, il faut en déduire que le logis de la Couronne existait déjà au XIIIe siècle.
Dès son origine, ce logis dût être des plus fréquentés à cause de sa situation en face de la Porte de la Couronne et surtout parce qu'il se trouvait à l'arrivée, dans notre ville, de la route d'Avignon à Montpellier.
C'est dans cette hôtellerie que descendirent, en 1404, le comte de la Marche, prince de sang de la Maison de Bourbon, visitant Nîmes, et, en 1434, les représentants du Parlement de Toulouse, venus dans notre ville signer un accord avec nos consuls, accord qui fut signé dans l'hôtellerie même de la Couronne.
Au XVIe siècle, ce logis existait encore, mais il avait perdu beaucoup de son importance de jadis, si nous en croyons son propriétaire d'alors, le Juge-mage de Nîmes qui, en 1563 demanda la réduction de l'impôt auquel il était soumis , « parce que ce logis, dit-il dans sa requête, n'avait plus comme autrefois vingt à trente lits, alors que la dite maison était le logis à l'enseigne de la Couronne, plus grand et de plus grande réputation que tout aultre logis, pour le bon traictement qu'on y fesait et pour le peuple qui y affluait. »
Dans la liste des membres de la confrérie de Saint-Jacques, publiée par M. E. Bondurand, on relève, au XIVe siècle, les noms de trois hôteliers : les « alberguiers, » Bedel Boireau, P. Peguola et Guirart d'Irlanda, mais sans indication de l'enseigne de leur logis.

Il faut songer, d'autre part, que la plupart des logis cités ci-dessous n'étaient que de toutes petites auberges, comprenant seulement quelques lits, deux, parfois quatre, bien souvent, comme nous le verrons plus loin, et que les hôtelleries comme celle de la Couronne, possédant de 20 à 30 lits, étaient l'exception.

En 1351, nous trouvons le logis « le Lion », dans lequel fut passé, cette année-là, un exploit d'ajournement au Parlement de Toulouse, de trois citoyens nîmois.

Vers la même époque, nous relevons le nom du logis de « la Pomme » qui donna asile, le 2 août 1362, aux Espagnols chargés des otages, en vertu du Traité de Clermont du 23 juillet 1362.

Le logis « les Deux Pommes » situé hors la Porte de la Couronne, et signalé encore existant en 1596.

En 1454, le logis « Saint-Jacques » sur l'emplacement du Square de la Couronne actuel. Ce logis a fait l'objet d'une étude de la part de M. F. Rouvière :
L'Hôtellerie Saint Jacques à la fin du XVe siècle.  Voici, vers la fin du XVe siècle, une hôtellerie que nous devons considérer comme une des meilleures de l'époque : le logis de Saint Jacques, situé sur l'emplacement actuel du Square de la Couronne, en un des lieux des plus fréquentés de Nîmes. Ce logis a fait l'objet d'une petite brochure de la part de M. F. Rouvière et c'est dans celle-ci que nous puisons les renseignements ci-après :
À la fin du XVe siècle, le logis de Saint Jacques est baillé à loyer moyennant cent florins payables par quarts, tous les trois mois. Le bail nous apprend que l'hôtellerie Saint Jacques avait conservé quelque chose des « mansiones » romaines puisque les voyageurs pouvaient y trouver des chevaux frais. L'inventaire de ce logis permet de se rendre compte de ce qu'était une hôtellerie de cette époque, troublée par les « Routiers » et les « Tuchins », où à Nîmes, la plupart des maisons étaient construites en bois.
À la porte, une lanterne.
Un premier corps de logis comprenant deux pièces : une salle, où on mangeait et couchait et une chambre.
Le corps principal est composé d'un .rez-de-chaussée et d'un premier étage. Au rez-de-chaussée, on trouve : 1° la cuisine ; 2° la cuisine « basse » ou office, servant aussi de buanderie ; 3° une salle basse ou salle à manger des voyageurs ; 4° un « mangeur-bas » ou salle à manger des valets ; 5° la chambre des valets à côté ; 6° une chambre donnant sur le jardin, au fond duquel se trouvaient les écuries, chambre dans laquelle on mangeait au besoin ; 7° une arrière-chambre ; 8. une quatrième chambre, celle de l'hôte.
Au premier étage. on trouvait six chambres : 1° la chambre « hardée » ainsi désignée parce que les autres n'étaient pas dallées ; 2. la chambre de l'Ange : 3° la grande chambre sur la salle ; 4° l'arrière-chambre ; 5° la chambre sur la rue ; 6° une autre arrière-chambre, dite de Saint-Christophe, donnant aussi sur le jardin.
« Les noms de « l'Ange » et de « Saint-Christophe», donnés aux deux chambres ci-dessus, viennent probablement d'images qui les décoraient, suivant une coutume assez générale à cette époque ».
L'ameublement du logis est des plus confortables pour l'époque : les meubles sont en sapin, noyer ou cerisier et en chêne.
Grands, moyens et petits, les lits sont généralement à marche-pied de sapin formant ou non ,« caisse », entourés de rideaux à franges, garnis de couettes, de matelas et de traversins de plume, de couvertures blanches ou bigarrées. Une caisse ou coffre servant à la fois d'armoire et de siège, une table, un ou deux tréteaux ou tabourets de bois complètent l'ameublement d'une chambre. Si elle comporte une cheminée, l'âtre est garni de chenets à torsades ou à « col de poyre ». Enfin « la grande chambre » est ornée d'un candélabre, ou plutôt d'un lustre en corne de cerf.
À la salle à manger, on prouve des tables, des bancs, un buffet et une caisse ou coffre à serrer les nappes. La décoration de la cheminée comprend des chenets « à la grande sorte » et « rudelle » et un candélabre de fer « pandu là-dessus ». La vaisselle : plats, écuelles, pintes, aiguières, est d'étain ; les bassins et les chandeliers, de cuivre et de laiton.

En 1495, le logis « le Dalfin » - le Dauphin – année au cours de laquelle il hébergea des soldats suisses se rendant à Narbonne. Il était situé à cette date « dans la rue qu'on va à la Porte de la Couronne » indication bien vague. Par contre, nous le trouvons plus tard dans la rue de la Carreterie, vis-à-vis l'Hôpital Vieux.

Le logis « Saint-Jacques », près de la Porte de la Couronne, hors les murs, avoisinant, avec le logis Saint Christol, un Jeu de Paume. L'enseigne de ce logis fut vendue 10 livres en 1648 ;

le logis « les Trois Couronnes », dans la rue allant de la Porte de la Couronne à la Trésorerie, devant la « calade » (la place) de la Salamandre, confrontant le logis de la Souque. En 1586, trois gentilshommes de la suite de M. de Montmorency logèrent aux Trois Couronnes où ils firent une dépense de 3 livres 1 sou. En 1610, son hôte est autorisé à vendre du vin au détail à pot et à pinte moyennant 3 livres de rente annuelle. En 1654, ce logis est signalé comme un des mieux achalandés de la ville ;

le logis de « Saint Pierre », hors la Porte de la Couronne,
à proximité du grand cimetière des Augustins ou de Saint-Thomas, sur l'emplacement de l'église Sainte-Perpétue actuelle. Ce logis, sur lequel nous reviendrons plus loin, existait encore en 1632 ;

le logis « le Navire ». rue Notre-Dame, entre le Square de la Couronne et la rue Roussy ; loué 48 livres en 1609 et 132 livres en 1616.

En 1616, le logis « le Cheval Vert » et celui du « Lion d'Or », tous deux situés non loin et en face de la Porte de la Couronne, dans la rue Notre-Dame. En 1788, le Lion d'Or existait encore, puisqu’à cette date, son propriétaire, le sieur Noé, fut condamné à 60 livres d'amende pour avoir fait jouer clandestinement chez lui, en son logis.

En 1624, le logis Saint Georges, que nous avons signalé au XVe siècle près de la Porte de la Couronne, disparaît, mais il est bientôt remplacé par deux autres logis, que nous croyons être celui du « Parc » et des « Quatre Rois », tous les deux situés au-devant de la Porte de la Couronne, celui des quatre Rois confrontant le logis du Lion d'Or.
Ainsi, à cette date, nous trouvons à l'entrée de la rue Notre-Dame quatre logis : le Cheval Vert, le Lion d'Or, le Parc et les Quatre Rois.

Le logis du Luxembourg. Ce logis, dont l'enseigne est encore celle du grand hôtel situé à côté de l'église Sainte Perpétue, en face de l'Esplanade, dut être construit en 1647. Nous lisons, en effet, dans nos archives : « Le 19 mars 1647, Claude Couret, hôte du Lion d'Or, acheta de M. de la Broche un jardin avec casal, au faubourg de la Couronne, dans lequel il fit construire un logis, le logis du Luxembourg ».
Cet achat fut, dans la suite l'objet d'un long procès entre le Chapitre cathédral et M. le marquis de Montfrin.
« L'année suivante (lisons-nous encore dans nos archives) Suzanne Bourrellv, veuve de Claude Court, hôte du Lion d'Or, elle-même hôtesse du Luxembourg, donne hypothèque pour 1000 livres sur l'immeuble qui a coûté 4705 livres et qui porte l'enseigne du Luxembourg ». L'hôtel du Luxembourg, tel qu'il existe aujourd'hui, date de 1846 ; il est très probable qu'à cette époque l'hôtel du Louvre, qui se trouvait attenant au Luxembourg, ait été annexé à ce dernier.
Ainsi au milieu du XVIIe siècle ,nous trouvons en face la Porte de la Couronne et à l'entrée de la rue Notre-Dame cinq hôtels, logis ou auberges, les quatre signalés plus haut et l'hôtel du Luxembourg, qui seul devait survivre jusqu'à nos jours.
Au sujet de l'hôtel du Luxembourg, nous lisons dans « Les Rues de Nîmes », d'Albin Michel, les lignes suivantes :
« la rue Notre-Dame s'appelait autrefois « rue du Luxembourg », à cause de la présence dans cette rue du logis du Luxembourg ; dans la suite, une hôtellerie plus importante, peut-être, ou plus achalandée, dut détrôner l'ancien logis et donner son nom de « Notre Dame » à cette voie de communication, l'une des plus fréquentées. »
L'Hôtel Notre Dame, dont il est question ci-dessus, nous le trouvons en 1789, Place des Calquières, non loin du logis du Luxembourg par conséquent, et servant de point d'arrivée et de départ du Service des Messageries d'Alès (service qui avait lieu tous les mercredis et samedi).

« L'Hôtel du Louvre ». Cet hôtel qui dut être annexé, avons-nous dit, au logis du Luxembourg, doit avoir pour origine un cabaret. Nous lisons en effet, toujours dans nos archives « qu'en 1672, permission fut donnée au sieur Claude de la Farelle, avocat, de prendre, pour le cabaret qu'il loue, proche le logis du Luxembourg, sur la Place de la Couronne, l'enseigne « Le Louvre » ». Ce cabaret, proche le Luxembourg, dut être un jour transformé en hôtel, l'Hôtel du Louvre, dont la façade se dresse encore face au Square de la Couronne. Signalons qu'en 1704, il existait à côté du Luxembourg un cabaret, « le Cabaret de la Poste », c'est, d'après le docteur Doumergue (voir son ouvrage : Les Assemblées du Désert), dans ce cabaret, que Jean Cavalier alla prendre son repas, en sortant du jardin des Récollets, après son entrevue avec le maréchal Villars.
- Architecture Hôtel du Louvre - La volonté d'ordre et de rigueur dans l'organisation de la façade, l'harmonie des proportions, le raffinement du répertoire décoratif, la qualité des sculptures et des ferronneries font de cet hôtel un des plus beaux exemples du style Louis XVI à Nîmes, II apparaît tout à fait caractéristique de la production architecturale de la fin du XVIIIe siècle et peut, à ce titre, être rapproché de l'hôtel Baudon de Mauny, construit à Montpellier en 1777 sur les plans de Jean-Antoine Giral (renseignement fourni par Josette Clier). Outre ses qualités architecturales, il constitue un des rares témoignages de l'architecture hôtelière de cette période, laquelle a pour une large part disparu. Cette typologie connaît une transformation majeure au XVIIIe siècle l'édifice gagne en richesse et en monumentalité, de sorte qu'à la modeste auberge ou au logis malcommode se substitue le véritable hôtel, nouveau palais des voyageurs. Avec ses proportions amples et son décor d'un luxe inédit, celui du Louvre illustre parfaitement cette évolution. En dépit de l'installation ancienne d'un cinéma dans la partie ouest, le bon état de conservation des façades mérite d'être relevé. Cependant, l'état de déshérence dans lequel se trouve l'édifice depuis quelques années à la suite d'un incendie, ainsi que le projet actuel de réaménagement et d'extension du cinéma existant constituent autant de menaces sur la conservation de ce monument.

le logis de «
Saint Pierre », hors la Porte de la Couronne, à proximité du grand cimetière des Augustins ou de Saint-Thomas, sur l'emplacement de l'église Sainte-Perpétue actuelle. Ce logis, sur lequel nous reviendrons plus loin, existait encore en 1632 ;

Le logis « Saint-Jacques », près de la Porte de la Couronne, hors les murs, avoisinant, avec le logis Saint Christol, un Jeu de Paume. L'enseigne de ce logis fut vendue 10 livres en 1648.

le logis «
le Cheval Vert » et celui du « Lion d'Or », tous deux situés non loin et en face de la Porte de la Couronne, dans la rue Notre-Dame. En 1788, le Lion d'Or existait encore, puisqu’à cette date, son propriétaire, le sieur Noé, fut condamné à 60 livres d'amende pour avoir fait jouer clandestinement chez lui, en son logis.


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