Rue de l’Agau
(rue Nationale)
 
Rue de l'Agau par Grangent, extrait du plan de 1819.
 
Les .eaux de la Fontaine, arrivées à la grille de la porte de la Bouquerie se divisaient autrefois en deux branches, l'une passant le long des murs du côté de la Madeleine et des Récollets, allait arroser tous les jardins qui se trouvaient dans cette partie de la ville, et, tout en remplissant les fossés de défense, mettait en mouvement de nombreux moulins à blé nécessaires à l'alimentation de la ville et placés hors des murs ; l'autre portion des eaux formait le canal de l'Agau (Aqualis) et avait pour principal but d'alimenter les lavoirs destinés à la teinture et de faire mouvoir à son tour des moulins à blé qui renfermés dans l'enceinte de la ville pouvaient en cas de siège lui être d'un très utile secours.


L'Agau et l'observatoire de Benjamin Valz - Dessin  de Emilien Frossard, 1835.
 
Les lavoirs destinés à la teinture étaient de quatre sortes : le premier de ces lavoirs, partant de la grille de la Bouquerie, était divisé par un petit mur de refend et était réservé pour laver d'un côté et d'autre les soies de couleurs unes. Cette portion de canal vient d'être démolie en mars 1876 pour être recouverte depuis le square Antonin jusqu'à la rue du Grand-Couvent ; c'est le sieur Granon, entrepreneur, qui exécute ce travail.
 
Le deuxième lavoir, qui partait de la rue du Grand-Couvent ne devait servir que pour la couleur écarlate ; le troisième était réservé pour les autres teintures de soie, et le quatrième servait à toutes les teintures de laines, draps, toiles, cotons et autres.
 
Les eaux se déchargeaient dans les fossés de la ville, près de la porte des Carmes, d'où elles entraient dans un autre canal appelé le Valat-Loubau, qui à son tour va se jeter dans le Vistre après avoir rempli les fossés dans cette partie de la ville.
 
Un auteur Nîmois du XVIIe siècle, Anne Rulman, rapporte que de son temps, on découvrit ces fossés depuis la porte de Saint-Gilles jusqu'au Château, c'est-à-dire jusqu'à la Porte d'Auguste. Ils avaient, dit-il, dix toises de largeur, sur deux de profondeur, et étaient bordés d'un mur formant parapet. Une grande partie de ces fossés a existé jusqu'en 1788.
 
A l'intérieur de l'enceinte, il y avait trois moulins, du Square Antonin actuel à la Porte d'Auguste
Le Moulin de l'Agau, était situé tout près des remparts et était établi sur l'aqueduc par lequel les eaux de la Fontaine entraient dans l'intérieur de la ville ; il appartenait au Chapitre.. II est quelquefois désigna, à cause de cela sous le nom de « Moulin Canourgue » ; dans un document de 1608, il est encore appelé «  Moulin du Rat » C'est dans ce moulin que le capitaine Saint-Côme se rendit, en 1569, lorsqu'il eut pénétré dans la ville par l'aqueduc sur lequel ce moulin était établi.
Le Moulin appelé ou dit de Campagnan appartenait au Chapitre. Un document des Archives Municipales signale, en 1500, un bail d'arrentement du moulin appelé « de Pegolas », sis entre la Rosarié et la Ferrage, consenti par le Chapitre, en faveur de Pierre Campagnan. En 1612, ce même moulin est désigné sous le nom de Moulin Carnpagnan nom sous lequel il est généralement connu. II se trouvait sur l'Agau à hauteur de la rue de Corconne.
Le Moulin Mailhan, ce moulin se trouvait à hauteur de la rue des Esclafidoux, plus tard rue du Pont de Sigalon, aujourd'hui rue Xavier Sigalon. En 1695, une Ordonnance de l'intendant règle à 1000 livres l'indemnité due au sieur Mailhan, pour son moulin sur le canal de l'Agau.
 
En 1233 le canal de l'Agau appartenait en grande partie aux chanoines de la Cathédrale. Le 11 octobre 1233, Guillaume de Casouls, prévôt de la Cathédrale, inféoda à trois frères, habitants de Nimes, nommés Raimond, Pierre et Guillaume du Pont, la partie du canal de l'Agau qui allait depuis le Moulin des Chanoines jusqu'à ceux de la Porte Rades, à condition qu'ils y laisseraient un passage libre pour les eaux et sous le cens annuel de douze deniers de monnaie publique payables le jour de la Saint-Michel, sauf la mouvance de l'Eglise de Nimes. Le Prévôt reçut, en outre, pour lui seul, trente sols Raimondins. La charte fut approuvée et confirmée par les chanoines, parmi lesquels on trouve Raimond, sacristain ; Guillaume de Pochette, prieur ; Raymond d'AIzon, infirmier, et Guillaume Compère, aumônier.
 
Quelques années après, le 1er août 1237, le même prévôt inféoda à Raimond Lautric une autre partie de ce canal à prendre depuis le Moulin des Chanoines jusqu'à de certaines maisons désignées dans la susdite charte, sous la condition de tenir ce canal nettoyé jusqu'à la profondeur de quatre pans et sur une largeur de deux pans, moyennant un cens annuel de quinze deniers et une obole payable le jour de la Saint-Michel, plus trente-un sols Raimondins pour le prévôt.
 
Au moyen âge, le canal de l'Agau était découvert dans presque tout son parcours, et ce n'est que depuis quelques années qu'on a commencé à le recouvrir. Plusieurs raisons ont déterminé nos édiles à prendre cette détermination: la première, c'est que la teinturerie nimoise a perdu de l'importance qu'elle avait autrefois, ces opérations se faisant mieux dans d'autres villes plus favorisées par l'eau ; la seconde et la plus juste, c'est qu'au point de vue de la salubrité publique, l'eau croupissante qui en été séjournait dans les canaux répandait toutes sortes de mauvaises odeurs et fut la cause de plusieurs des épidémies qui dépeuplèrent la ville.
 
En 1834, le conseil municipal décida la mesure, mais ce ne fut qu'en 1839 que la ville ayant acheté une partie de la maison Valz fit recouvrir toute la partie comprise entre la rue des Lombards et la place du Château.
 
 
Photo porte Auguste avant 1875.
 
C'est à l'extrémité de la rue de l'Agau mise en 1875 en communication directe avec le boulevard des Calquières par la démolition de l'ancienne gendarmerie, que se trouve la Porte Romaine dite Porte d'Auguste, et qu'était aussi l'ancien Château. Une grille sera posée en bordure du monument romain pour le protéger.
 
 
Les démolitions de l'ancienne gendarmerie, remplacée aujourd'hui par la grande maison à travers laquelle M. Samuel Guérin (Librairie Lacour et passage Guérin) propriétaire, vient d'ouvrir un beau passage, ont mis à découvert les anciens remparts et l'ancien aqueduc romain avec un vaste réservoir dont les parois ne portent quelques signes, qui sont probablement les marques des ouvriers.
 
 
 
Extrait de Nîmes et ses Rues de Albin Michel, 1876, page 16 à 28.
 
Le mémoire sur la demande de la ville de Nîmes en démolition de ses remparts, reproduit ci-après, est transcris dans le 240 registre des minutes de Charles Marignan, p. p. 718-738, entre deux actes datés du 13 décembre 1785. Le tableau qu'il y fait de la situation physique et civile de la ville est précieux à plus d'un titre, les indications qu'il donne sur les remparts, leur état, les maisons de la ville et des faubourgs, les feux, les facultés, des habitants, leurs moeurs, la répartition des fortunes dans une cité où on ne compte pas vingt maisons à dix mille livres de rente, sont d'un intérêt capital.
Mais on osera classer parmi les objets vraiment nécessaires et que les voeux des citoyens réclament sans cesse
1° Des lavoirs brisés d'où le linge le plus fort ne revient qu'en lambeaux et où l'on ne descend que par des degrés rompus aux trois quarts qui mettent sans cesse la vie du peuple en danger.
2° Une boucherie, une poissonnerie qui, par leur peu d'étendue dans une ville si peuplée, sont des vrais cloaques d'immondices et d'ordures, ceints par une rue de 6 à 7 pieds de largeur, occupée par des étaux qui ne respirent et ne rendent qu'un air fétide et empoisonné, boucherie, poissonnerie qui n'occupent pas chacune 25 toises de surface.
3° Une place aux herbes qui n'occuperait pas 6 toises, si le local d'une maison de 12 toises, jadis rasée pour avoir servi de retraite à un ministre, n'était affermé aux jardiniers par son propriétaire.
4° Un marché à blé et des halles d'une telle petitesse que le moindre bourg ou la moindre ville à 10000 habitants en a de plus grands.
Les vendeurs de fruits, de légumes se répandent sur la place de la Cathédrale et obstruent jusques à la porte, mais la décence due aux lieux saints en souffre et le ministre du culte et les fidèles en seront scandalisés.
 

- En 1872 la démolition de la gendarmerie  au niveau de la porte Auguste, permit de prolonger la rue de l’Agau jusqu’au Boulevard Amiral Courbet.

La rue de l’Agau, sera totalement recouverte en 1876. Elle sera dénommée rue nationale à la fin du XIXe siècle. Peut après en 1903, l’archiviste Bondurand proposa en vain de la nommer Voie Domitienne.

Aujourd’hui, contrairement à une opinion répandue, l’eau ne coule plus au dessous de la rue Nationale, l’eau du canal emprunte 2 voies, le collecteur principal « Victor Hugo », et le collecteur du « Boulevard Gambetta ».

 
Le canal de la Fontaine passe sous le square Antonin
 
Actuellement, le canal de la Fontaine devient souterrain au square Antonin, là il emprunte deux voies ; l'une Boulevard Victor Hugo, contruite dans les anciens fossée de la ville médiévale elle contourne les Arènes, ensuite se dirige vers la couronne ; l'autre passe sous le boulevard Gambetta, le Boulevard Amiral Courbet jusqu'a la Couronne, formant alors un conduit unique, ce dernier passe place de l'écluse pour rejoindre le Vistre souterrain de
 
La rue de l'Agau devient rue Nationale.
Décision du Conseil Municipal, séance du 28 novembre 1889, la rue de l’Agau prend le nom de "Rue Nationale".
 
Documentation Georges Mathon, 2004.

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