Visite à Nîmes

de la Duchesse d’Angoulême.

 

Le Duc et la Duchesse d'Angoulême et Louis XVIII, 1823. Tableau d'Antoine THOMAS, château de Versailles

 

La duchesse d'Angoulême (*) a beaucoup parcouru le royaume. Elle se trouvait sur les routes presque chaque année pendant quelques semaines au moins et a passé l'année 1823 presque entièrement en province. La princesse représente le roi : elle doit à la fois donner une image prestigieuse et paternelle de la monarchie et s'informer de l'administration des départements du royaume.

Ce dernier point est d'ailleurs une illusion : au prix d'une organisation qui ne laisse rien au hasard, les Préfets, instruit du passage de la Duchesse par le Ministre de l’Intérieur incitent les personnalités civiles et religieuses locales à donner une présentation unanime et royaliste dans toutes les communes traversées par le cortège royal.

« Je connais les sentiments de respect et d’amour dont les habitants du Gard sont animés pour l’Auguste de nos Rois, et suis certain de l’élan qui va éclater dans toutes les communes qu’elle traversera, mais je dois vous donner quelques instructions sur les dispositions qu’il est convenable de faire pour sa réception… »

La suite du courrier signée de la main même du sous-Préfet ne laisse aucune place à l’improvisation et il demande aussi confirmation.

« …je vous prie de m’accuser réception de cette lettre et de me faire part des dispositions que vous aurez prises. »

 

 

Visite à Nîmes

A Nîmes tout sera mis en œuvre pour honorer la fille de Louis XVIe et nièce du Roi Louis XVIII.

Par décret ministériel du 29 mars 1823, la maison carrée devait être transformé en musée, sa restauration commencée en 1819 était encore en cours. L’annonce du passage à Nîmes de la Duchesse d’Angoulême donnât au Préfet l’idée de placer ce nouveau musée sous la protection de la princesse.

Rapidement on meubla l’édifice avec des fragments architecturaux, des portions de colonnes des chapiteaux, elle honora cet édifice de sa présence le 9 mai 1823 et permit qu’il porte son nom. Le mois suivant une plaque fut apposée au dessus de la porte d’entré, elle portait l’inscription suivante, en lettre d’or :

 

MUSEE MARIE-THERESE

IX MAI MDCCCXXIII.

 

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Dessin du tympan détruit en 1823

 

La princesse devant se rendre à une cérémonie dans la cathédrale et son baldaquin ne pouvant passer sous l’ancien porche cintré de la grande porte, on ordonnera sa démolition.

 

Porte d'entrée actuelle de la Cathédrale et vestiges du tympan.

 

On reconstruira une nouvelle porte en style grec, qui par son fronton mutilera la frise d’Alexandre en son milieu. Cette dernière se composait de 3 scènes, Samson, Zacharie et Alexandre entouré de deux griffons.

 

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Incident de protocole

La princesse sera logée à la Préfecture, qui à l’époque se trouvait dans la Grand’rue, hôtel Rivet, actuellement école des Beaux Arts. Le jour de la visite des monuments publics, fixé par « Madame », le Maire (Augustin Antoine Cavalier) accompagné par le premier adjoint se rend à l’hôtel de Préfecture à une heure moins le quart, il est introduit par le Préfet dans la seconde pièce de l’appartement de la princesse, plusieurs personnalités s’y trouvaient déjà, en particulier M. le Vicomte d’Arnaud, Maréchal de Camp et Commandant de la subdivision, ce dernier lui tourne le dos quand il s’approche de lui pour le saluer, par la suite revenant brusquement vers le Maire il lui reproche sur un ton vexant « d’avoir méconnu tout envers lui dans la répartition des billets d’entrée à la loge réservée au spectacle des arènes, au lieu de quinze billets blancs en aurait dut en avoir au moins trente à sa disposition, le Préfet en ayant eu vint cinq ». Et s’approchant de très près, le fixe entre les deux yeux et lui signifie « que sa conduite en cette circonstance était indécente, indigne, qu’il avait voulu environner « Madame » d’une mauvaise compagnie, d’une société de grisettes, que c’était une indignité, une infamie. »

Par la suite au moment de prendre son rang avec sa voiture dans le cortège, les gendarmes sous les ordres du Commandant de Division, s’efforcèrent d’écarter sa voiture, et cela malgré le protocole fixé par M. le Préfet :

« …de prendre rang dans le Cortège avec mon premier adjoint, immédiatement après la voiture de Madame, nous le tentâmes vainement nous fumes toujours dépassés par la Gendarmerie qui affecta constamment de nous mettre tout à fait hors du Cortège, sans aucune escorte. »

 

Le Maire outré fera bonne figure devant Madame mais il annotera tous ces détails (six pages) dans le cahier des délibérations du Conseil Municipal, en date du onze mai 1823.





La Duchesse d'Angoulême en visite au Pont-du-Gard, le 10 mai 1823

Lithographie d'un tableau de Christophe Jusky, musée du vieux N îmes


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(*) Marie-Thérèse-Charlotte de France, fille de Louis XVI et Marie Antoinette, naquît le 19 décembre 1778 à Versailles. Elle fut appelée Madame Royale pour la différencier de sa tante. Elle partagea les épreuves qui frappèrent la famille royale sous la Révolution. Elle connut l'emprisonnement au Temple.

En 1795, elle apprit qu'elle était la seule survivante de la famille royale. La Convention Nationale la fit remettre au Gouvernement autrichien: elle passa trois années à la Hofburg.

En 1799, elle épousa son cousin Louis-Antoine de Bourbon, duc d'Angoulême, fils du comte d'Artois, le futur Charles X. Devenue ainsi duchesse d'Angoulême, elle partagea l'exil du comte de Provence, le futur Louis XVIII, et rentra en France le 24 avril 1814.

 

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En Savoir plus

> Article Midi Libre du 23 octobre 2005

 

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