MONSIEUR CACHAREL
"Jean Bousquet"

 
1958 – Avec seulement un CAP de tailleur et beaucoup d’ambition, Jean Bousquet né à Nîmes le 30 mars 1932, fils d’un marchand de machines à coudre (il avait son magasin à Nîmes, au 20 rue Nationale), décide de monter à Paris pour y devenir modéliste. Il réalise ses premières collections sous son propre nom dans une chambre de bonne, dans un quartier populaire de la capitale.
 
1962 - Il dépose la marque Cacharel, du nom d’un oiseau de Camargue. (canard sauvage, la sarcelle d’été.) Il est connu alors de tous sous un pseudonyme, Jean Cacharel. Il ne reprendra son nom de naissance qu’au moment de se lancer en politique lors des élections municipales de 1983, où il briguera le siège de premier magistrat de la ville de Nîmes.
 


1963
– Plein de ressources il détourne le crépon utilisé en lingerie pour en faire un chemisier. L'idée est audacieuse et séduit immédiatement les femmes à l'âme révolutionnaire. Le 8 novembre 1963, une photo signée Peter Knapp avec le top modèle Nicole de Lamargé portant le fameux chemisier de crépon rose sur une jupe noire est publiée en couverture du magazine ELLE dans le numéro 933. C'est le début du succès ! Lorsque Brigitte Bardot noue son chemisier Cacharel sous la poitrine... tout s'enchaîne, le chemisier devient un incontournable et Cacharel trouve sa place dans toutes les garde-robes avec les jupes-culottes, les pulls shetland, et les robes chasubles.  La marque Cacharel sera très en vogue, cela lui permettra de développer des produits dérivés et sa célèbre gamme de parfums.

Extrait de la revue 24h00.fr :

« Cacharel a été la première marque à utiliser le crépon (auparavant réservé à la lingerie) dans des vêtements. S'il ne devait y avoir qu'une image pour illustrer cet univers, ce serait celle de Brigitte Bardot portant le fameux chemisier Cacharel en crépon aux couleurs vives noué sous la poitrine – une image qui fit le renom de la marque. » 
 
1966 – Retour à sa ville natale pour Jean Bousquet, avec l’implantation de la première usine Cacharel à Nîmes, mais le siège du groupe reste à Paris.
 
1975 - Les parfums Cacharel sont créés sous licence avec le groupe l’Oréal depuis 1975. Le premier parfum sortira en 1978. Dès sa sortie il connaît un succès considérable, et encore aujourd'hui "Anaïs Anaïs" est le parfum phare de la marque. Autres succès, Lou Lou, Amor Amor, Noa, et Scarlett sorti en 2009.
 
1976 – Premier Open Cacharel à Evian, tournois de golf qui deviendra par la suite le championnat mondial des moins de 25 ans, il sera gagné par l’Irlandais Eamon Darcy. Pour ce premier Open Cacharel, on a accueilli presque avec stupéfaction l’inscription de 135 joueurs. Il ne manquait aucun des leaders du golf jeune en Europe : Dale Hayes, Eamonn Darcy, Sam Torrance, Severiano Ballesteros, Howard Clark…Le second Open Cacharel aura lieu 2 ans plus tard au Golf Club de Campagne de Nîmes, du 12 au 15 octobre 1978. Il fut remporté par le Canadien Jim Nelford. Par la suite ce rendez-vous deviendra annuel, en 1980 une dizaine de nations sera représentée avec 150 joueurs inscrits, c’est Jack Renner qui emportera le tournoi. En 1981 parallèlement à l’Open, Jean Cacharel avait organisé une grande soirée aux arènes de Nîmes. La presse sportive était relayée par les confrères et consœurs de la haute couture et des parfums. Un avion DC9 avait été affrété spécialement de Paris. Tout le monde se retrouva d’abord dans une manade camarguaise. On bouffa du taureau ! Au sens véritable, car il fut la viande servie sous les ombrages. Un essaim de splendides mannequins virevoltaient. Au golf, de nombreuses tentes avaient été dressées, dans un « Village Cacharel » devant le club-house. Un diner de 350 couverts réunissait tout le monde la veille du dernier tour. C’est un jeune Georgien, Tim Simpsom qui gagna le tournoi.
 
1982 - Il est élu Président de Nîmes Olympique lors de l'Assemblée Générale Extraordinaire du 6 juillet 1982. Il en restera le président jusqu’à sa défaite aux élections municipales de 1995.
 
1983 - Il est élu à la mairie de Nîmes (il sera maire de Nîmes de 1983 à 1995) contre le maire PCF sortant Émile Jourdan avec l'étiquette UDF-radical.
 
1986 – Il sera élu député dans la première circonscription du Gard de 1986 à 1997.
 
1990 – Au début des années 1990, Régina Zilberberg, plus connue sous son nom de vedette Régine, prendra la direction du Cheval Blanc Régine's Hôtel ****. Elle géra l'établissement de luxe, sous l'impulsion de Jean Bousquet, alors maire de Nîmes. L'hôtel 4 étoiles géré à l’origine par la famille Layalle était l’un des plus chics et un des plus en vogue de Nîmes, notamment lors des férias ou l'on pouvait y croiser le Tout-Paris : Jean Marais, Pablo Picasso, Louis de Funès, Eddy Barclay... mais cette aventure ne sera qu’un feu de paillettes, la municipalité se retrouvera avec le bâtiment fermé pendant plusieurs années, à travers ces déboires c’est le contribuable nîmois qui paiera la note.

Qualifié par certains de « maire visionnaire et ambitieux », par d'autres de « mégalomane », il réalise de nombreuses constructions (médiathèque, ville active, université Vauban, stade des Costières). Il développera activement sa ville, la Feria de Nîmes sera mondialement connue grâce à ses bodégas mondaines où le Tout-Paris se côtoie. Nîmes est alors comparé à Saint-Tropez pour sa chaleur, sa beauté, mais aussi son ambiance festive dès l'arrivée du printemps... Mais cela contribue aussi à son surendettement, dont les effets se font encore ressentir aujourd'hui. Durant ses mandats électifs, il délaisse un peu son entreprise, et le reconnait lui-même : « je ne passait qu’un jour pas semaine dans mon entreprise, en croyant tout voir, la politique absorbe… ».
   
1995 – Il sera battu par le communiste Alain Clary aux élections municipales, suite à une guerre fratricide entre lui et son adjoint de l'époque, Camille Lapierre. Après son échec électoral, à la fin des années 90, Jean Bousquet repart à Paris. Ce départ définitif de Nîmes n’a pas surpris ceux qui le connaissaient bien, à la fin des années 70, il disait à qui voulait l’entendre : « je préfère la vie parisienne à la vie en province ». L’entreprise périclite, la fabrication est externalisée, l’usine de confection de Nîmes fermée, le personnel est licencié. De 1300 personnes dans les années 80 l’entreprise et réduite à un peu moins d’une centaine d’employés pour tout le groupe. La partie logistique et son administration, commandes des tissus, réception des produits finis, envoi de ces produits chez les clients est toujours assurées à Nîmes. À Paris, Jean Bousquet change très souvent de stylistes, de directeur général, la dynamique de l’entreprise continue à se diluer.
 
Article : Le point du 22 janvier 2007
1995. Le second mandat de Bousquet (UDF) s'achève sur un fiasco financier, judiciaire et politique. Les travaux pharaoniques du maire-patron (Cacharel) ont embelli la ville, mais laissé une ardoise de 2,4 milliards de francs et des impôts qui augmentent sans cesse. Une inculpation pour ingérence lui vaudra deux ans de prison avec sursis et cinq ans d'inéligibilité. Quant à l'autoritarisme du « César de la Rome française », il a beaucoup fasciné pour finalement lasser. Résultat : en 1995, à l'issue d'une invraisemblable quadrangulaire - le FN, alors conduit par Serge Martinez, est au mieux de sa forme -, Alain Clary l'emporte avec seulement 35,5 % des voix et reconquiert l'ancien fief de « Mimile » Jourdan, communiste débonnaire évincé par Bousquet en 1983.
 
1998 – Extrait de Libération du 15 mars 1998.
« Cacharel made in France, c'est fini. La marque aux chemisiers fleuris ferme sa dernière usine de l'Hexagone à Nîmes. L'opération laisse sur le carreau environ 200 personnes, sur les 350 employés: l'essentiel du personnel de production est remercié (150 sur 200), ainsi que 50 administratifs. Les 150 restants continueront d'assurer gestion et distribution. La rumeur courait depuis lundi, le groupe l'a confirmée vendredi en comité d'entreprise. «C'est pour nous faire passer de bonnes fêtes», ironise amèrement le délégué CGC, Bernard Puech.
Pas de salut. La direction justifie la fermeture par un calcul de franc et de minute: l'usine de Nîmes produit trop cher par rapport à ses concurrents européens. «Il est difficile de maintenir en France des emplois de fabrication dans le textile, où le coût minute est de 2,20 F contre 1,30 F en Italie, sans parler des tarifs en Hongrie et en Pologne», justifie Serge Clausse, directeur général de Cacharel. L'usine de Nîmes n'assure pourtant que 15% de la production totale de la marque de prêt-à-porter: le reste est fabriqué en Italie (environ 50%), dans les pays de l'Est ou au Portugal. Mais ce petit 15% pèse visiblement très lourd sur des comptes déjà mal en point. »
 
2010 – L’entreprise Cacharel quitte définitivement Nîmes. La plate-forme logistique et administrative fermée, c’est 80 emplois qui sont supprimés dans le groupe, dont 65 dans les services logistiques installés à Nîmes, ville que l'entreprise va quitter. De Cacharel il ne restera fin 2010, qu'une équipe réduite à une trentaine de salariés, chargée de la création, de la gestion des licences et de la communication, et basée à Paris. La société lancée en 1958 par l'ancien maire de Nîmes, Jean Bousquet, toujours propriétaire de 80 % du capital, vient de vendre quelques-uns de ses derniers actifs pour tenter de se relancer. Elle a cédé quatre magasins d'usines, dont deux à l'international (Italie, Espagne), et la propriété de la marque Cacharel Homme dans 9 pays, au Moyen-Orient, en Russie ou en Ukraine. Cette ligne de vêtements masculins a été rachetée par le groupe turc Aydinli, qui en exploitait la licence depuis quatorze ans dans la zone.
À son apogée Cacharel exploitait, une usine et un entrepôt à Nîmes, ainsi que les usines de Bessèges, Saint-Christol-lez-Alès, Sommières et Fréjus. Elle possédait en outre un siège administratif à Caveirac.
Avec toutes ces fermetures dans notre région, c’est une page d'histoire locale qui se tourne.

Article compilé par G.M. Nîmes, (version du 22 octobre 2011)
 
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