EPOQUE CELTIQUE. "Némausensis"
La naissance de la ville, la source du dieu Némoz. Enluminure Ferdinand Pertus 1883-1948, collection ville de Nîmes.
Antérieurement à la conquête romaine, le territoire formant aujourd'hui le département du Gard était entièrement occupé par les Volces Arécomiques, ils étaient venus vers l'an 400 avant J. C., remplacer sur ce sol les Ibéro-Ligures, qui l'avaient peuplé avant eux. Nous savons par les géographes anciens que les Volces Arécomiques s'étaient établis dans les diverses vallées arrosées par le Gardon et sur la rive droite du Rhône, que leur capitale était Némausus, et qu'autour de cette capitale se groupaient vingt-quatre oppida moins importants (ignobilia). L'histoire ne nous en a pas transmis les noms; mais les textes épigraphiques, dont le trésor s'augmente chaque jour par de nouvelles découvertes, nous en ont conservé un certain nombre. L'étude de ces noms et l'identification incontestable de quelques-uns avec les localités qui ont remplacé ces anciens centres de population nous permettent d'entrevoir d'après quel système les habitants primitifs ou au moins les Celtes, à l'époque de leur autonomie, s'étaient groupés sur cette partie du sol de la Gaule. C'est par vallées que le pays était, organisé. Dans la contrée montagneuse, l'oppidum était assis au point culminant de la vallée, et par conséquent près de la source du cours d'eau qui l'arrose, ou tout au moins dans la- partie supérieure de ce cours d'eau, dans la plaine ou la région des marais, l'oppidum était situé d'ordinaire au confluent de deux rivières. L'oppidum et le cours d'eau qui occupait le fond de la vallée, grande ou petite, portaient (et portent encore presque toujours) le même nom. Ainsi l'oppidum des Virinnenses, VIRINNÆ (aujourd'hui Védrines, communes du Caylar et de Vauvert), se trouvait au confluent du Vistre et du Rhôny; l'oppidum celtique dit de Nages, encore subsistant, commande la vallée du Rhôny (Rouanis), dont le nom latin, Saravonicus, est commun à ce cours d'eau. et à un village annexe de Nages appelé aujourd'hui Solorgues, antérieurement Sérorgues, et Saravonicos dans une charte de 960, celui des Statumenses, STAVMÆ (aujourd'hui Seynes), était situé sur une ramification du Serre de bouquet, où la rivière des Seynes prend sa source, les Vatrutenses avaient pour oppidum Vatrvte (aujourd'hui Vié-Cioutat, commune de Monteils ), sur une hauteur dont le pied est baigné au N. et à l'O. par la Droude Aux oppida que nous venons de citer, et à d'autres que nous pourrions citer encore sont venus, après la conquête romaine, se superposer des oppida gallo romains, aussi leur dénomination celtique s'est elle souvent plus ou moins altérée, parfois même elle semble avoir disparu tout à fait. mais ce n'est jamais sans avoir laissé quelques traces. Ainsi le nom de Vatrvte a disparu, mais la rivière s'appelle encore la Droude, et l'appellation populaire de Vié-Cioutat (Vetus-Civitas), que portent encore les ruines considérables de cet oppidum, nous avertit qu'il y a eu là jadis une petite ville gallo-romaine. Nous pouvons cependant signaler un oppidum purement celtique, perdu au milieu des bois, dans la partie montagneuse de l'ancien évêché d'Uzès, aux limites, du Vivarais, qui a conserve encore aujourd'hui intacts sa forme et son nom celtiques est celui du Garn (Cairn).
La colonisation romaine.
120 av. J.C. Sous Marc-Fontéus-Pompée, les Romains devinrent à leur tour les maîtres de l'Espagne. Afin de réunir l'Espagne à l'Italie ils occupèrent la rive gauche du Rhône, la Provence et le Dauphiné, puis le Languedoc en 120 av. J.C. Le Pays des Volques devint la Gaule Narbonnaise et fut complètement transformé par la colonisation romaine. Les Volques devenus gallo-romains adoptèrent même la langue latine, d'où dérive le Provençal, le patois en est un dialecte. Ce serait à cette époque, an de Rome 635 (*) et au contact des grecs que des cultures lucratives de vignes et d'oliviers se seraient propagées sur le versant méridional des Cévennes (Gard). On les trouve de très bonne heure autour des contrés de populations Celtiques qui relevaient elles-mêmes de la ville sainte de Némausus.
(*) J.C. 1 = Rome 754
Géographie Universelle par Strabon, 0010. 100 av. J.C. Le premier témoignage littéraire portant sur l’ensemble des pays qui devaient former le futur Languedoc est celui du Grec Poseidonios d’Apamée. Géographe et historien autant que philosophe et mathématicien, ce Rhodien d’adoption avait visité Marseille dans les années 100 à 90 avant notre ère et il avait apparemment parcouru tout le sud de la Gaule, sans doute jusqu’à Toulouse. Il nous a été transmis et parfois complétés par Strabon qui écrivit, un siècle plus tard, à la fin du règne d’Auguste sa Géographie universelle. La plus grande partie du territoire situé de l’autre côté du Rhône est occupé par les Volques Arécomiques. Leur port est Narbonne, dont il serait d’ailleurs plus juste de dire qu’il est le port de la Celtique tout entière, tant il surpasse les autres par le nombre des entreprises auxquelles il sert de place de commerce. Les Volques confinent au Rhône et ont vis-à-vis, sur la rive opposée, les Salyens et les Cavares…Il existe encore d’autres populations sur la rive droite du Rhône, mais obscures et peu étendues, limitrophes des Arécomiques jusqu’aux Pyrénées. La capitale des Arécomiques est Nîmes. Elle est bien inférieure à Narbonne sous le rapport de sa population étrangère et de son mouvement commercial, mais elle l’emporte sur elle sur le plan politique. En effet, elle tient sous sa sujétion vingt-quatre bourgs de même appartenance ethnique qu’elle-même, habités par une population remarquablement nombreuse, qui sont unis à elle. En outre, Nîmes jouit de ce que l’on appelle le droit latin, droit qui assure la citoyenneté romaine à quiconque a revêtu l’édilité ou la questure. De ce fait, cette population n’est pas soumise aux édits des gouverneurs envoyés par Rome. La ville est située sur la route qui conduit d’Espagne en Italie. Cette route est excellente en été, mais, en hiver et au printemps, c’est un bourbier inondé par les débordements des cours d’eau, qu’on franchit soit par des bacs, soit par des ponts de bois ou de pierre.
52 av. J.C. Un soulèvement gaulois de grande ampleur éclate en 52 av. J.C. Un noble Arverne, Vercingétorix, en prend le commandement, il pratique la tactique de la terre brûlée et tient César en échec devant Gergovie. Une charge mal organisée de la cavalerie gauloise sur les légions romaines qui entamaient un mouvement de retraite tourne au désastre et oblige Vercingétorix à se replier sur Alésia, Alise-Sainte-Reine. Le chef romain entreprend aussitôt le siège de l'oppidum qu'il entoure d'un complexe réseau de fortifications. Une armée gauloise venue au secours des assiégés est écrasée. Affamés ces derniers se rendent en automne 52. Vercingétorix se constitue prisonnier. Il est transféré à Rome où il figure au triomphe de César avant d'être égorgé. En 51, les derniers insurgés gaulois se rendent à Uxellodunum, dans le Quercy, et ont tous le poing tranché.
27 av. J.C. Au contact de la dite civilisation romaine, la Gaule évolue profondément. Le pays reste divisé, mais connaît une longue période de paix et de prospérité jusqu'au Ve Siècle. Le premier empereur romain, Auguste de 27 av. J.C. à 14 ans après J.C organise avec son gendre, Agrippa, l'administration des territoires conquis. Au sud, l'ancienne province romaine fondée en 125 av J.C. est agrandie et devient la Narbonnaise, administrée par un proconsul. Plus au Nord, la gaule chevelue est divisée en trois provinces confiées chacune à un légat, au sud-ouest l'Aquitaine, entre la Loire et la Seine, la Celtique ou Lyonnaise, au Nord de la Seine et jusqu'au Rhin, la Belgique. Les provinces sont découpées en étoile à partir de Lyon (fondé en 43 av J.C.) qui devient la capitale des Gaules.
12 av. J.C. Dès 12 av J.C., des représentants de toutes les cités gauloises prennent l'habitude de se réunir une fois l'an à Lyon dans une sorte de conseil fédéral. Au pied de la colline de Fourvière, les délégués des soixante cités gauloises célèbrent le culte de Rome et de l'empereur et discutent de la gestion des provinces. Pour information une cité au sens antique englobe une ou plusieurs villes ainsi qu'un vaste territoire rural. Comme les autres peuples vaincus, les Gaulois doivent verser des impôts à Rome. Les Romains considèrent le sol des provinces conquises comme domaine public, mais acceptent d'en laisser l'usage aux vaincus moyennant le paiement de l'impôt foncier. Pour faciliter la perception de cet impôt, Auguste ordonne la constitution d'un cadastre des propriétés. Celui-ci est révisé tous les quinze ans. Diverses taxes sont prélevées sur les ventes, les héritages, les affranchissements d'esclaves et les transports. Notre système fiscal actuel s'est largement inspiré de ce modèle et nos grands argentiers ont conservé le principe du prélèvement fiscal à plusieurs niveaux, ce qui rend l'impôt plus indolore.
|