- LA
PROVIDENCE
- Histoire
des paroisses du Diocèse de Nîmes.
- par l'Abbé Goiffon, Nîmes 1871.
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- Les œuvres charitables.
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Parmi les œuvres
anciennes, il nous reste à en faire connaître deux qui furent chacune
le moyen dont Dieu se servit pour ramener à l'Eglise catholique des
âmes nombreuses que l'hérésie n'aurait pas manqué de perdre à jamais.
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- La Providence.
- L'épiscopat
de Mgr Cohon est certainement l'un des plus fertiles en œuvres de tout
genre. Il n'avait guère trouvé que des décombres en arrivant dans son
diocèse ; à sa mort, il avait guéri presque toutes les plaies et relevé
presque toutes les ruines. Ses successeurs n'eurent pour ainsi dire
qu'à continuer et à fortifier ce qu'il avait commencé.
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- Toujours
attentif au soulagement des besoins de ses diocésains, il semblait ne
chercher, selon l'expression de notre historien Ménard, qu'à se faire
un trésor dans le sein des pauvres par les établissements de charité
les plus beaux et les plus louables.
L'une de ces fondations
fut l'œuvre de la Providence. Il l'établit le 3 mars 1668, et voulut
qu'on y reçût, pour les instruire, les élever et pourvoir à leur
nourriture et à leur entretien, les orphelins et autres pauvres enfants
de l'un et de l'autre sexe qui, par l'infortune de leur naissance, se
trouvent privés des secours de l'âme et du corps, et cela sans
distinction de catholiques ou de religionnaires.
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- Quelque
temps après, afin d'éviter les abus qui auraient pu se glisser dans la
maison, on n'y admit plus que des filles. Pour soutenir sa fondation,
Mgr Cohon donna comme premier fonds, et à perpétuité, une somme dé
20,000 livres, qui furent placés sur le diocèse, et il permit au
conseil de la maison de faire faire tous les ans des quêtes générales
dans toute l'étendue du diocèse, suppliant tous les membres du clergé
de signaler leur zèle à recueillir les aumônes.
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- « C'est
par là, dit Cohon en terminant sa lettre de fondation, que je prétends
finir ma tasche et couronner ma course, sans perdre haleine toutefois,
s'il fault aller plus loing, et m'appliquer à quelque chose de plus
grand ou de plus difficile pour le bien de mon âme et pour la
sanctification de mon troupeau, mais surtout pour la cause et la
défense de l'Eglize..... »
-
- L'établissement
de la Providence fut confirmé par acte notarié, du 6 février 1669. Cet
acte porte les statuts pour les directeurs de l'œuvre et les
constitutions pour la maison elle-même.
Les administrateurs
doivent former une compagnie de douze personnes ecclésiastiques ou
séculières, parmi lesquelles on aura soin d'avoir toujours un ou deux
magistrats, un avocat ou un notaire ou procureur ; le supérieur sera
l'évêque de Nîmes et, en son absence, le vicaire général ; les
officiers seront un directeur, un syndic, deux auditeurs, un receveur
et un secrétaire ; tous ces officiers seront, au commencement et le
premier mercredi de chaque année, choisis par l'assemblée et confirmés
par l'évêque. L'assemblée se tiendra tous les mercredis, entre midi et
une heure, dans le palais épiscopal ou dans la maison de la Providence
; aucune affaire d'importance n'y sera définitivement conclue que
d'après les ordres de l'évêque.
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- L'assemblée,
ouverte par le Veni Creator, délibérera d'abord sur tout ce qui touche
le gouvernement, la direction et l'accroissement de l'œuvre, soit pour
le spirituel, soit pour le temporel, elle s'occupera ensuite de toutes
les bonnes œuvres qui regarderaient l'intérêt de la religion et des
nouveaux convertis. On ne recevra dans la maison que des enfants qui se
trouvent dans les conditions suivantes :
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- 1° Ceux des pères morts dans le catholicisme et dont les mères, les parents ou les tuteurs seraient huguenots ;
- 2°
les orphelins et autres qui sont catholiques ou qui désirent le
devenir, quoiqu'ils n'aient pas l'âge de 12 ans pour les filles et de
14 ans pour les garçons, s'ils sont en danger d'être pervertis ou s'ils
se trouvent dans la nécessité ;
- 3°
les enfants dont les pères et mères nouvellement convertis sont pauvres
et ne peuvent pas subsister sans assistance et sans la décharge de la
nourriture et de l'instruction de leurs enfants.
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- Les
membres de la compagnie sont invités à faire de fréquentes visites dans
la maison, même au temps des repas, pour se rendre bien compte de
toutes les nécessités de l'œuvre.
Les enfants devront être
instruits d'abord de tous les devoirs du christianisme et des mystères
de la Foi, on leur enseignera, en outre, la lecture et l'écriture, et
on leur apprendra un état selon leur capacité. Le travail, la prière
doivent partager la journée ; les enfants s'approcheront des sacrements
le premier dimanche de chaque mois et aux principales fêtes, de l'avis
de leur confesseur ; l'œuvre étant sous la protection de la Providence
divine, de la Très-Sainte-Vierge et de saint Denis, on célébrera d'un
culte particulier la fête de Noël et le premier dimanche de chaque
mois, en l'honneur de la Providence, les fêtes principales de la
Sainte-Vierge et la fête de saint Denis.
-
- Les
vertus que recommande surtout le fondateur sont la charité, la
modestie, la pauvreté, l'obéissance et le bon emploi du temps.
Mgr Cohon permit, en
outre, de recevoir dans la maison des pensionnaires et des externes
pour y recevoir l'instruction , à la condition que les enfants auront
les qualités requises.
La première directrice de
la maison fut Melle de Champeau, personne d'une grande vertu et d'une
piété remarquable; elle fut installée dans son emploi, le 22 mai 1669,
et dès lors la maison commença à recevoir des enfants. Plus tard, on en
confia la direction aux sœurs du Saint-Enfant-Jésus, déjà chargées des
écoles de la ville.
Mgr Cohon chercha de tout
côté des secours pour sa nouvelle fondation ; voyant qu'elle ne pouvait
pas se suffire, il en augmenta la dotation de 3,000 francs pris sur ses
propres biens (20 octobre 1670) et il obtint une pareille somme,
le 30 avril 1678,de Marie-Félicie de Budos, marquise de Portes,
personne recommandable par ses vertus et surtout par son inépuisable
charité pour les pauvres.
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- Plus
tard, M. Bouvière de Paris, secrétaire du roi, fit à la Providence un
legs de 6,000 francs à prendre sur la terre de Dions ; l'assemblée du
clergé vota une pension annuelle de 200 livres et l'Assiette promit
annuellement une somme de 100 livres. Ces ressources unies à quelques
aumônes et au travail des enfants permirent à l'œuvre de marcher
quoique péniblement.
L'œuvre de la Providence
fut installée, le 20 juin 1669, dans la maison qui avait servi
d'hôpital à ceux de la Religion prétendue Réformée. Ce bâtiment en
mauvais état avait besoin de réparations considérables ; Mgr Cohon les
entreprit, mais la mort l'empêcha de les terminer.
Mgr Séguier hérita des
sentiments de son prédécesseur pour l'œuvre de la Providence ; pour en
assurer l'existence, il chargea son Vicaire général, M. de Laugnac,
chanoine trésorier de la Cathédrale, d'aller à Paris, demander au roi
des lettres patentes confirmatives de cet établissement.
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- Le
roi les accorda à, Versailles, en mars 1686, à la condition que la
maison ne pourrait jamais être changée en maison de profession
religieuse,mais qu'elle demeurerait toujours en état séculier. Par ces
lettres,le roi prit l'œuvre sous sa protection et sauvegarde et lui
permit d'accepter et de recevoir tous dons et legs qui lui pour-raient
être faits par donations entre-vifs, testaments ou autrement ; il
voulut encore que la Providence pût acquérir maisons, héritages et
autres biens, déclarant amortis ceux qui seraient compris dans l'enclos
de la maison. Le roi termine ces lettres en se recommandant lui et sa
famille aux prières quotidiennes de la communauté.
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- Les
lettres patentes furent enregistrées au parlement de Toulouse, le 10
juillet 1686, à la cour des comptes, aides et finances de Montpellier,
le 25 octobre suivant, et au présidial de Nîmes, le 24 janvier 1687.
Ainsi constituée, l'œuvre
de la Providence devait prospérer et s'accroître ; aussi la maison de
l'ancien hôpital des religionnaires finit par ne plus suffire et il
fallut songer à l'agrandir afin de la rendre et plus solide et plus
commode, et d'y loger un plus grand nombre de filles. Mais un arrêt de
la Cour des Grands-Jours, tenus à Nîmes en 1667, en avait adjugé la
propriété à l'Hôtel-Dieu. Il fallait acquérir cette propriété ou se
transporter ailleurs ; Mgr Fléchier fit proposer au bureau de
l'Hôtel-Dieu que, s'il voulait faire cession de cette maison à l'œuvre
de la Providence, sous une pension, on se mettrait en état de la faire
rebâtir pour y loger les filles orphelines.
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-
- Le
9 juin 1698, les administrateurs de l'Hôtel-Dieu constatèrent que les
bâtiments de l'ancien hôpital des religionnaires étaient en si mauvais
état qu'ils seraient pour eux une charge et non une utilité, et le 30
du même mois, ils décidèrent d'en abandonner la propriété aux
directeurs de la Providence, sous l'albergue annuelle de 60 livres,
payables le jour de la Magdeleine, avec pouvoir d'y faire toutes les
augmentations et bâtiments nécessaires. Ces propositions furent
acceptées par acte du 3 novembre 1698 ; l'évêque s'empressa de faire
préparer par l'architecte Cubissol, les plans et les devis de la
reconstruction projetée et, par un acte daté de Bernis, le 9 juillet
1699, il se porta caution de la dépense. L'adjudication des travaux fut
prononcée en faveur de Jean Vigier, maître maçon, au prix de 7,650
livres, non compris la chaux, la cendrée, les vitres et les grilles de
fer que la maison dut fournir. Les ouvriers se mirent immédiatement à
l'œuvre et, peu de temps après, les orphelines purent s'y installer.
Elles y vécurent en paix
jusqu'à ce que la Révolution vînt détruire cette œuvre.
L'administration de l'Hôtel-Dieu reprit la propriété des bâtiments et y
installa une partie de ses malades.
En 1817, la maison de la
Providence fut cédée aux Frères des Ecoles chrétiennes, qui en ont fait
depuis lors leur maison principale.
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- Les frères des écoles Chrétiennes.
- par
Théodore Picard
- (Extrait de Nîmes Autrefois, Aujourd'hui de Théodore Picard, 1901 - Page 102-103)
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- Grâce
à Mgr Besson, la maison principale des Frères des Ecoles Chrétiennes
est établie, depuis 1882, sous cette paroisse, rue de la Poudrière,
dans l'ancienne propriété Prophète, acquise par Mgr Cart, et destinée
primitivement à l'Œuvre de la Jeunesse, (Cette œuvre fondée par le R.P. d'AIzon, dès son arrivée à Nîmes, vers 1840, est aujourd'hui située à la nouvelle route d'Arles).
-
- Cette position qui domine la ville, aux pieds de la belle statue de la Mère admirable,
élevée par Mgr Gilly, sur une tour à un point culminant de la colline,
est des plus agréables et des plus saines. De là, ces modestes
instituteurs, si aimés de la population nîmoise, vont chaque jour
porter l'instruction dans les diverses paroisses dé la ville.
Les
disciples de Saint-Jean-Baptiste de la Salle avaient été appelés à
Nîmes sous l'épiscopat de Mgr de Becdelièvre ; la tourmente
révolutionnaire vint les y surprendre et les disperser. Depuis leur
retour en 1817, ils étaient logés dans l'ancien local de la Providence,
rue Jean Reboul.
-
- La Providence.
-
L'établissement
de la Providence, confié aux Sœurs de Saint-Thomas-de-Villeneuve, par
Mgr de Chaffoy, en 1822, n'est que la continuation d'un orphelinat créé
en 1816, par les Dames de la Miséricorde.
Cette
œuvre charitable a été autorisée par ordonnance du 25 août 1837. Dès la
nouvelle installation à la rue de la Faïence, on recueil-lit, avec les
orphelines, les jeunes filles sourdes-muettes. Plus tard, en 1838,
cette dernière œuvre en fut distraite et réunie à celle qui existe à
Rodez. Une somme de 40.000 francs a été donnée par la ville de Nîmes
pour frais de premier établissement. Grâce à une généreuse bienfaitrice
et aux allocations municipales, la maison actuelle a pu s'élever à côté
du couvent des Religieuses de Besançon, même rue. Conformément
à un désir de Mgr Cart, exprimé en 1854, Mgr Plantier, inaugurant, en
1860, la nouvelle chapelle, l'a dédiée sous le vocable de l'Immaculée-Conception.
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- Extrait
de Nîmes et ses rues
- de
Albin Michel, 1876
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- C'est
dans la rue de la Faïence que se trouve actuellement
l'établissement des orphelines catholiques, dit Maison de la
Providence.
- Cette
institution a été fondée à Nîmes
par les religieuses de Saint-Thomas-de-Villeneuve en 1821, avec les
secours annuels de la ville et du département. Un don de
30,000 fr. ayant été fait à cette œuvre par
Mlle d'Alizon, en 1841, le conseil municipal y ajouta 35,000 fr.,
avec lesquels on construisit l'établissement avec tous ses
développements actueld, qui lui permettent de recevoir plus de
200 orphelin
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- La Providence - Le Refuge - Les soeurs de la Charité
- Extrait
de la Paroisse Saint-Charles, pages 156 à 161.de
M. l'Abbé Goiffon, 1872
La
Providence de Saint-Thomas de Villeneuve
- L’œuvre
de la Providence, destinée à
recueillir les pauvres orphelines, fut établie dans une maison de
l'Enclos, au mois de mars 1816, par les Dames de la Miséricorde qui
en gardèrent la direction pendant plusieurs années.
-
Dès que Mgr de Chaffoy eut été nommé évêque de Nîmes, ce fut
la première œuvre de son futur diocèse dont il voulut s'occuper,
et de 1817 à 1820, il entretint avec les directrices de
l'établissement une correspondance sous l'influence de laquelle
l'orphelinat prit de l'accroissement ; par le conseil de l'évêque
nommé, et de concert avec les cinq curés de la ville et les
autorités locales, les Dames de Miséricorde lancèrent, le 4 mai
1820, un chaleureux appel à la charité des fidèles, et des
ressources furent assurées à l’œuvre pour trois ans.
Un
des premiers soins de Mgr de Chaffoy, lorsqu'il lui eut été donné
de prendre enfin possession de son diocèse, fut d'organiser
définitivement la Maison de la Providence ; les dames qui l'avaient
jusqu'alors administrée avec un zèle admirable n'avaient pu
cependant lui donner tous leurs soins, et le bien ne pouvait
évidemment être complet. Afin de pourvoir à la prospérité de
l'établissement, il fallait le confier à des directrices dont
l'attention ne fût pas partagée par les intérêts de leur propre
maison. L'évêque le comprit ; il mit à la tête de l’œuvre, en
1822, des religieuses de Saint-Thomas de Villeneuve, dont la
maison-mère est établie à Aix, et en confia bientôt après la
haute direction à M. l'abbé de Tessan.
Les
religieuses de Saint-Thomas étaient à peine installées, qu'elles
furent appelées par Mgr de Chaffoy à une œuvre nouvelle ; le cœur
du saint évêque se sentit pressé de recueillir à la Providence
les jeunes filles sourdes et muettes, et de leur donner dans cette
maison une instruction capable de les consoler pour ce monde et de
les sanctifier pour l'autre. La Congrégation accepta l'œuvre et,
sous les auspices de l'évêque de Nîmes, deux religieuses se
rendirent à Besançon, dans une école de sourdes-muettes, et s'y
formèrent pendant dix-huit mois aux bonnes méthodes. Revenues à
Nîmes, elles s'y consacrèrent avec un zèle admirable à
l'instruction de ces pauvres déshéritées de la nature.
-
Les résultats obtenus appelèrent l'attention des autorités locales
qui s'empressèrent de favoriser l'établissement. La Providence fut
légalement autorisée par une ordonnance royale du 23 août 1837 ;
mais bientôt après, le Conseil général du Gard crut devoir
enlever toute subvention à l'œuvre des sourdes-muettes et la réunir
à celle de Rodez ; c'est là que, depuis 1838, sont envoyées les
sourdes-muettes du Gard.
Le
département ne se désintéressa cependant pas complètement de
l'œuvre de la Providence, et il n'a jamais cessé de voter chaque
année une subvention en sa faveur.
-
Cette somme et celles que les Dames de Miséricorde font parvenir
annuellement sont les principales ressources de l’œuvre.
-
De son côté, la municipalité nîmoise, engagée d'ailleurs par un
legs considérable de Melle d'Alison, fait aussi à la Providence des
allocations périodiques.
-
C'est au moyen de ces allocations que la maison actuelle a été
construite à divers intervalles ; on y travaillait en 1851, lorsque
Mgr Cart, voulant conserver dans un monument la mémoire de la
proclamation du dogme de l'Immaculée-Conception, ordonna que la
chapelle de l'établissement en serait le souvenir diocésain et
serait dédiée sous le titre de ce mystère. Cette chapelle fut
inaugurée en 1860.
La
maison de la Providence renferme aujourd'hui (1872) environ 130
orphelines.
Le
Refuge. - Mgr de Chaffoy est le
fondateur de cette œuvre admirable qui a déjà retiré du mal et de
l'abîme un bien grand nombre d'âmes, et qui a préservé du vice
une multitude de jeunes personnes exposées par leur condition aux
dangereuses séductions du siècle. Dès sa naissance, l'œuvre fut
confiée au zèle de M. l'abbé d'Alzon et à la direction des Dames
religieuses de Marie-Thérèse, dont la maison principale est à
Lyon.
Le
Refuge fut ouvert en 1836, dans un local situé en dehors de la
ville, sur la route de Beaucaire, et fut reconnu et autorisé
légalement par ordonnance royale du 21 septembre 1838.
Plus
tard, la construction du viaduc du chemin de fer ayant morcelé un
enclos nécessaire à l'établissement, les religieuses directrices
furent autorisées, par une ordonnance du 6 mars 1847, à vendre leur
maison et leur enclos et à acheter un autre local ; c'est alors
qu'elles s'établirent à la rue des Fours-à-Chaux ; dans l'ancien
monastère des Bénédictins. Pendant longtemps, l’œuvre y vécut
à l'étroit ; mais, les aumônes des fidèles du diocèse ont enfin
permis de donner au Refuge des constructions plus vastes et plus
saines et, en particulier, une chapelle convenable qui fut bénite
par Mgr Plantier, le 30 avril 1860.
Les
Sœurs de la Charité, dites de Besançon
- Comme l'indique son nom populaire, cette Congrégation a pris
naissance à Besançon. En 1799, M. Bacoffe, curé de Notre-Dame de
cette ville, cherchant à relever les ruines que la Révolution avait
faites dans sa paroisse, eut l'idée d'ouvrir une école pour les
filles ; aussitôt quatre personnes de bonne volonté et d'une grande
piété s'offrirent à lui pour cette œuvre. Parmi elles se trouvait
Mme Jeanne-Antide Thouret, ancienne religieuse de la Charité de
Paris, que la tourmente révolutionnaire avait rejetée dans son
pays. Ce fut là le noyau de la Congrégation. Sous la direction de
leur curé, ces quatre personnes se réunirent dans un modeste
logement et ouvrirent des classes sans prendre cependant un costume
religieux, afin de ne pas attirer sur elles les persécutions de
l'époque.
Lorsque
les jours devinrent un peu moins mauvais, Mme Thouret ayant appris
qu'un certain nombre d'anciennes filles de la Charité avaient pu se
réunir, fit ses préparatifs pour rentrer dans sa Congrégation,
mais elle dut renoncer à son projet, en présence de l'opposition de
l'archevêque de Besançon, qui la décida à continuer l’œuvre
qu'elle avait commencée dans cette ville.
Le
3 octobre 1800, eut lieu la première retraite des associées, à la
fin de laquelle toutes acceptèrent la règle de saint Vincent de
Paul. Le 15, leur maison fut bénite par M. de
Chaffoy, alors vicaire général de Besançon et plus tard évêque
de Nîmes ; le Saint-Sacrifice fut célébré dans le réfectoire,
sur un autel improvisé, et à l'issue de la messe toutes
prononcèrent leur acte de consécration.
-
Dès le mois de mai 1801, l'association eut à Besançon une seconde
maison pour des écoles et des secours à distribuer aux indigents ;
l'année suivante l'hospice de Bellevaux lui était confié;
c'est ainsi que peu à peu se dessinait le but du nouvel Institut ;
créé surtout en faveur des pauvres, il embrasse presque tous les
genres de services que l'on peut attendre du zèle et de la charité
chrétienne.
Un
costume religieux fut adopté en 1803 ; la Congrégation prenait dès
lors un accroissement considérable et tirait en grande partie ses
règles de celles des Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul. La
reconnaissance légale fut accordée par un décret daté de
Saint-Cloud, le 28 août 1810 et, dès la fin de la même année, sur
un ordre du gouvernement, une colonie de douze sœurs alla s'établir
à Naples et y fonda un établissement qui fut bientôt florissant.
Une
Congrégation qui avait eu pour premier protecteur Mgr de Chafioy et,
plus lard, pour supérieur Mgr Cart, avait sa place naturellement
marquée dans le diocèse de Nîmes, d'autant plus que ce diocèse
n'avait pas de communauté relevant directement de l'autorité
épiscopale. De nombreuses paroisses désiraient des religieuses pour
leur confier l'éducation des jeunes filles et les Communautés des
diocèses voisins ne pouvaient répondre à toutes les demandes. Ce
furent ces considérations diverses qui engagèrent Mgr Cart à
appeler à Nîmes les Sœurs de la Charité de Besançon dont il
avait pu, avant son épiscopat, apprécier le zèle et le dévouement.
Sa
demande fut accueillie avec un pieux empressement et, le 29 novembre
1844, quatre Sœurs partirent de Besançon, sous la conduite de leur
supérieure générale, pour venir fonder la maison de Nîmes. II
était convenu que, dans notre ville, la Congrégation serait
diocésaine et indépendante de la maison de Besançon, en conservant
toutefois les règles de la maison-mère.
Dès
le lendemain de leur arrivée à Nîmes, après avoir dit la messe
pour attirer les bénédictions du Ciel sur l'entreprise, Mgr
Cartinstalla lui-même la petite colonie dans une maison de
l'Enclos-Rey léguée au diocèse par M. l'abbé Bassot.
-
Les commencements furent pénibles et les premiers moments féconds
en embarras et en sacrifices ; la pauvreté religieuse était facile
à observer, presque tout manquait dans la petite maison, et les
religieuses furent souvent heureuses de trouver dans des voisins
charitables le moyen de se procurer le nécessaire. Dieu bénit ces
sacrifices, des postulantes arrivèrent ; on put prévoir que
la maison aurait de l'avenir et le courage ne manqua jamais aux
fondatrices ; d'ailleurs, les fréquentes visites que leur faisait
Mgr Cart étaient bien de nature à entretenir leur zèle et leurs
espérances.
Une
première cérémonie de vêture eut lieu, le 29 septembre 1845 ;
trois novices reçurent le petit voile ; quelques jours après, le 15
octobre, le premier établissement diocésain était fondé à
Vauvert L'année 1846 vit former ceux de Redessan et de Remoulins ;
en 1847 furent fondés ceux de Fourques et de Valleraugue ; en 1847
eut lieu, au mois de septembre, la première cérémonie de
profession, et la maison de Pompignan s'ouvrit. Nous ne relaterons
pas les diverses fondations subséquentes ; qu'il nous suffise de
dire qu'en ce moment on compte près de cinquante établissements
dans le diocèse de Nîmes et un dans celui de Montpellier.
Cependant,
la petite maison de l'Enclos-Rey ne pouvait plus suffire aux
développements que prenait la Communauté ; il fallut songer à se
procurer un local plus convenable et plus spacieux. À cette époque
M. le chanoine Couderc venait d'acquérir une vaste maison à la rue
de la Fayence qu'il destinait,d'abord, à l’Œuvre
de la Jeunesse. Instruit des besoins des Sœurs de Besançon, le
pieux chanoine consentit à se dessaisir en leur faveur de sa
propriété, et la Congrégation prit possession de la maison, le 25
août 1851, après y avoir fait quelques réparations urgentes.
Mgr
Cart, voulant définitivement assurer l'existence et l'avenir de la
Communauté, se mit alors à solliciter le décret de reconnaissance
légale ; les démarches furent longues et le saint évêque, miné
par la maladie qui devait le conduire au tombeau, craignait de
quitter la vie avant d'avoir procuré à son cher établissement ce
dernier gage de sa sollicitude. La Providence voulut cependant lui
donner cette consolation ; un décret du 31 juillet 1855 reconnut la
Communauté des Sœurs de Besançon de Nîmes et l'autorisa comme
Congrégation à supérieure générale ; Mgr Cart en reçut la
nouvelle deux jours ayant sa mort et s'écria aussitôt, avec le
saint vieillard de l’Évangile : «
Maintenant, Seigneur, laissez aller
votre serviteur en paix. » Quelques
jours auparavant, ii avait adressé aux Sœurs une lettre admirable
qui fut comme son testament spirituel en faveur de la Communauté qui
la relit souvent avec vénération. - La petite chapelle qui
sert aujourd'hui d'oratoire reçut le cœur du saint prélat.
La
Congrégation acheta, l'année suivante, la maison Baragnon et put
ouvrir son pensionnat dès le mois d'octobre 1856. Presque aussitôt
des travaux d'appropriation furent entrepris et continués pendant
plusieurs années ; ces travaux se terminèrent par la construction
de la belle chapelle gothique dont M. l'architecte Révoil a fourni
les plans. La première pierre en fut solennellement posée le 15 mai
1862 ; par Mgr Plantier. Ce monument fut consacré, le 22 septembre
1864, à là fin d'une retraite donnée aux religieuses, en présence
d'une centaine de prêtres venus de tous les points du diocèse.
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