Anecdote sur l’urbanisme.

 Par Léon Ménard,

histoire de la ville de Nîmes, 1760.

 

Ordonnance de police pour la démolition des gargouilles des éviers, des bancs de pierre, des auvents et des escaliers saillants dans les rues de Nîmes. (1746)

 

La police et le bon ordre furent toujours un des principaux objets qui occupèrent l'attention des administrateurs publics.

 

Depuis longtemps, et par la plus bizarre irrégularité, les particuliers qui faisaient construire des maisons dans i'enceinte de la ville et dans les faubourgs, faisaient placer les gargouilles de leurs éviers ou pierres à laver hors du mur de face, en quelque étage que ce fut. De sorte que les eaux qui se dégorgeaient par-là dans les rues tombaient si inopinément sur les passants, qu'ils n'avaient jamais le temps de l'éviter et de s'en garantir, ce qui donnait lieu à des accidents et à des plaintes journalières, auxquelles il était à propos de remédier par un règlement général..

Ces abus furent exposés par Pierre-Isaac Deydier, premier consul, qui faisait en cette qualité les fonctions de procureur du roi de la police à Charles-Louis Joubert, lieutenant de maire, faisant alors les fonctions de lieutenant-général de police, à cause de l'absence du président de Dions.

 

Sur sa réquisition, cet officier rendit une ordonnance, le 3 de février de cette année 1746, portant que les propriétaires des maisons de la ville et des faubourgs auxquelles il y avait des éviers dont les gargouilles avaient leur saillie au-delà du mur de façade, seraient tenus de les démolir dans la quinzaine, et de faire construire à la place un canal dans l'épaisseur du mur pour conduire ces eaux jusqu'au niveau du pavé de la rue, sans aucune saillie extérieure, et que, passé ce délai, la démolition en serait faite à leurs frais et dépens, et eux condamnés à une amende de dix livres.

 

Il s'était encore introduit un autre abus qui n'était pas moins ancien et qui demandait d'être de même réformé.

 

On voyait devant la plupart des maisons de la ville et des faubourgs des bancs de pierre construits à côté des portes d'entrée; de plus des auvents attachés au-dessus des boutiques, et devant quelques maisons même des escaliers de pierre, bâtis dans la rue.

 

Ces différentes avances gênaient étrangement la liberté du passage, soit pour les particuliers, soit pour les voitures. C'était même une contravention expresse aux règlements généraux qui défendent toutes sortes de bâtiments et autres ouvrages bâtis en saillie dans les rues.

 

Pour commencer à y remédier, il avait d'abord été rendu une première ordonnance de police, le 26 de janvier précédent, qui enjoignait de démolir et enlever tous les bancs de pierre et les auvents de la rue des Carmes de celle des Greffes, et de la rue qui va de l'Hôtel de ville au Cours, en passant par la place de la cathédrale.

 

L'exécution fit bientôt voir l'utilité que le public retirait de ce règlement, s'il était rendu général et étendu à tous les autres quartiers.

 

En conséquence, toujours sur la réquisition du premier consul, il fut rendu une seconde ordonnance, le 16 du même mois de février, par le lieutenant de maire Joubert, en l'absence du lieutenant de police, par laquelle il fut statué que tous les bancs de pierre construits le long de la façade des maisons, les escaliers et autres ouvrages saillants dans les rues, seraient démolis, tous les auvents placés au-dessus des boutiques, enlevés, et, de plus, les bancs de pierre bâtis dans l'épaisseur des boutiques, réduits à quatre ou six pouces de saillie, suivant la différente largeur des rues et l'alignement qui en serait tracé par l'architecte Dardalhion, et cela généralement pour toutes les rues et places publiques de la ville et des faubourgs, avec défense de faire désormais construire aucun ouvrage saillant dans les rues, sous peine de démolition et d'une amende de vingt-cinq livres. II fut donné un délai de huit jours pour faire enlever premièrement tous les auvents et ensuite les bancs de pierre successivement, quartier par quartier, avec injonction de faire transporter les décombres hors de la ville sur le sol de l'Esplanade qui restait à combler.

 

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EN SAVOIR PLUS

> Article Midi Libre du 24 avril 2005 sur la disparition des  Gargouilles de Nîmes

 

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