APOLLINAIRE ET LOU A NÎMES Caserne du 38e d'Artillerie - Route d'Uzès, Nîmes. | ||
Au début de la guerre de 14, Guillaume Apollinaire fait une demande d'engagement restée sans suite. Apollinaire rencontre Louise de Coligny-Chatillon (celle qui sera Lou dans son oeuvre "Calligrammes"). Elle le rejette. Il tente de nouveau une démarche pour s'engager. Fructueuse cette fois, le 5 décembre 1914 il rejoint les casernements du 38e d'artillerie de campagne situés route d'Uzès à Nîmes ; il y demeura jusqu'à Pâques 1915.
Extrait de Nîmes au XXe siècle de Georges Mathon, octobre 2007.
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La guerre lui inspire de nombreux poèmes, certains devinrent célèbres. Ces lettres, parmi les plus belles jamais publiées sur l’amour fou, le poète les avait écrites, à Nîmes, dans une chambre de l’Hôtel du Midi, pendant l’hiver 1914-1915, alors qu’il était artilleur au 38e régiment d’artillerie.
En 1998, à Nîmes, au théâtre de l’Armature, Marie et Jean Louis Trintignant, la fille et le père, disaient à tour de rôle dix-huit poèmes extraits des fameuses lettres à Lou de Guillaume Apollinaire.
Ces lettres, parmi les plus belles jamais publiées sur l’amour fou, le poète les avait écrites, à Nîmes, dans une chambre de l’Hôtel du Midi, pendant l’hiver 1914-1915, alors qu’il était artilleur au 38e régiment d’artillerie.
Nous dédions cette page à Marie Trintignant actrice, martyrisée un 27 juillet 2003.
Au revoir Lou, Adieu Marie.
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LE GRAND HÔTEL DU MIDI ET DE LA POSTE à Nîmes SQUARE DE LA COURONNE
Dans cet hôtel, face à la statue d'Alphonse Daudet, Guillaume Apollinaire aima Louise de Coligny Chatillon, il y trouva l'inspiration d'une partie de son œuvre : Les Poèmes à LOU
Le 14 novembre 1998, le député et maire Alain Clary, dévoile une plaque
ICI GUILLAUME APOLLINAIRE AIMA LOUISE DE COLIGNY CHATILLON QUI LUI INSPIRA L'œuvre IMMORTELLE DES POEMES A LOU 1914-1915
Apposée sur la façade de l'ancien Grand hôtel du Midi et de la poste à Nîmes, une plaque de marbre gris a été dévoilée mercredi, qui témoigne de l'hommage qu'a voulu rendre la ville au poète, à l'occasion du 80e anniversaire de sa mort. Le 5 décembre 1914, Apollinaire rejoignait les casernements du 38e d'artillerie de campagne à Nîmes ; il y demeura jusqu'à Pâques 1915.
Alain Clary, le député et maire, a rappelé que le poète et critique d'art trouva, dans la brièveté de son séjour à Nîmes et dans l'intensité passionnelle de la relation qu'il y partagea avec Louise de Coligny-Châtillon, l'inspiration d'une partie majeure de son oeuvre. Une inspiration où s'imprime en trame l'image sublimée de la ville : Celle de la « belle rose tour Magne » tournant sur « sa colline laurée »
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pages 182 à
183 Rencontre
à Nîmes, Léo Larguier et Guillaume Apollinaire. Le premier dimanche de mars (1915), je déjeunais au petit restaurant de La Grille (1), quand un caporal de la ligne se leva de sa table et m'aborda en me récitant une strophe de la Chanson du Mal-aimé. Je fus interloqué. Un deuxième canonnier-conducteur n'est pas habitué à ce qu'on lui récite ses propres vers. Je le regardai sans le reconnaître. Il était de haute taille, et de figure, ressemblait à un Victor-Hugo sans barbe et plus encore à un Balzac. « Je suis Léo Larguier, me dit-il alors. Bonjour, Guillaume Apollinaire. » Et nous ne nous quittâmes que le soir à l'heure de la rentrée au quartier. Ce jour-là et les jours suivants nous ne parlâmes pas de la guerre, car
les soldats n'en parlent jamais, mais de la flore nîmoise dont, en dépit de
Moréas, le jasmin ne fait pas partie. Quelquefois, l'aimable M. Bertin,
secrétaire général de la préfecture, nous apportait l'agrément de sa conversation
enjouée et d'une érudition spirituelle. La voix terrible de Léo Larguier
dominait le colloque et j'en entends encore les éclats quand il nous disait le nom
d'un homme de sa compagnie « Ferragute Cypriaque. » Le dimanche suivant
Larguier nous emmena, M. Bertin et moi, chez un de ses amis, le peintre
Sainturier, dont les dessins ont la pureté de ceux de Despian. Sainturier vit
en ermite, il est inconnu et se complaît dans son obscurité ensoleillée du
Midi. Très jeune d'aspect, bien qu'ayant passé l'âge de servir, il est robuste
et travaille beaucoup et, outre ses productions, qui sont personnelles, et très
intéressantes, on voit dans sa demeure des trésors artistiques que je ne
soupçonnais point. C'est là que j'ai vu un extraordinaire portrait de Stendhal inconnu. Ce
portrait peint à l'huile, représente Stendhal à mi-corps et vu de face. Le
visage est calme et pétillant de malice contenue. C'est chez le peintre Sainturier,
que je vis pour la première fois Alfred de Musset. Ses autres portraits paraissent factices quand on a vu celui-ci qui est
peint par. Ricard. Musset est de profil. Larguier n'en revenait pas et Sainturier promit de lui en faire une
copie après la Guerre. Il y a là, de Ricard aussi, un beau portrait de Manet.
Mais nous vîmes, encore chez Sainturier, un Van Dyck Charles ler enfant,
plusieurs portraits et miniatures d'Isabey, un Greco, des esquisses de Bouchez,
un merveilleux Latour, deux Hubert Rodert, des Monticelli, une petite nature
morte de Cézanne, etc., etc. Le lendemain, je ne revis plus Larguier. Il est parti pour un camp
d'instruction d'où il s'en ira bientôt sur le front comme caporal brancardier. Nous
nous y retrouverons peut-être à cette époque. J'ai rencontré peu de littérateurs-soldats, depuis que je suis soldat moi-même.
Avant Léo Larguier, j'avais rencontré Maurice Cremnitz, que connaissent peu les
nouvelles générations, niais que n'ont pas oublié André Gide ni Paul Fargue.
Engagé volontaire dès le début de la guerre, Cremnitz vivait la vie des dépôts
d'infanterie. Nous nous vîmes dans un café durant quelques minutes et, fantassin, il trouva qu'artilleur j'étais mieux vêtu que lui j'en avais presque honte et quand je le quittai, je sortis à reculons afin que l'éclat des éperons ne désolât point ce gentil et vaillant garçon, qui doit être au feu maintenant. (1) La grille, restaurant situé à l'époque au 16-18 rue de l'étoile. Remerciements à Alain Artus
qui à l'occasion de recherches sur la biographie de Léo Larguier a découvert cette
petite perle et me l'a obligeamment communiqué. Texte de Léo Larguier sur cette rencontre. Les "retrouvailles", en juin 1915, à Nîmes, de Léo larguier et d'Apollinaire. Dans "Anecdotiques" d'Apollinaire, celui-ci écrit : "Le premier
dimanche du mois [juin 1915], je déjeunais au petit restaurant de La Grille,
quand un caporal de la ligne se leva de sa table et m'aborda en me récitant une
strophe de la "Chanson du Mal-aimé". Je fus interloqué. Un deuxième
canonnier-conducteur n'est pas habitué à ce qu'on lui récite ses propres vers.
Je le regardais sans le reconnaître. Il était de haute taille et, de figure,
ressemblait à un Victor Hugo sans barbe et plus encore à un Balzac. "je
suis Léo larguier, me dit-il alors. Bonjour Guillaume Apollinaire". Et
nous ne nous quittâmes que le soir à l'heure de la rentrée au
quartier." Ils s'étaient connus à Paris mais ne s'étaient pas revus depuis une longue période. Ils ont donc passé tous les deux, à Nîmes, quelques jours agréables, jusqu'à leurs départs vers le front. Ils ont alors échangé quelques lettres, en vers... . |
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