ORIGINE DE NÎMES
DES LIGURES A LA RÉVOLUTION Extrait de "Notes Historiques", annuaire du Gard, 1953 - pages 33 à 38 article non signé. . Pertus - Némausus, fils d'Hercule. La légende ?
Les Grecs disaient de Nîmes qu'elle avait été fondée par Némausus, fils d'Hercule. Ce n'est qu'une légende ; mais qui n'est pas sans valeur, car toutes les villes de tradition herculéenne sont fort anciennes. En réalité, Nîmes est née de sa source. On ne sait absolument rien de ses premiers habitants qui durent, comme partout, s'adonner à l'agriculture et à l'élevage des troupeaux. Bien avant la fondation de Marseille par les Phocéens, vers l’an 600 avant notre ère, ces habitants, connus sous le nom de Ligures, avaient acquis une civilisation relativement brillante laquelle pour une bonne part, leur était venue des Grecs. Un ou deux siècles plus tard, une invasion de Celtes amena chez nous la peuplade des Volsques Arécomiques dont le territoire s'étendit entre le Rhône et l'Hérault. Vers l'an 120 avant notre ère, ce territoire, où l'on comptait vingt-quatre refuges fortifiés, (oppida), était peut-être placé sous la suzeraineté des Arvernes. En tout cas, il passa, très vraisemblablement sans aucune contrainte, sous la domination de Rome, quand celle-ci, avec Domitius Ahenobarbus, porta jusqu'aux Pyrénées les limites de sa puissance et créa la voie domitienne d'Italie en Espagne par Arles, Nîmes et Narbonne. Pertus - Le Forum Gallo-Romain de Némausus Rien ne prouve que l'an 46 après la défaite de Pompée, il y eut à Nîmes, des colons légionnaires, comme il en vint à Arles, à Orange, à Béziers et à Narbonne ; mais il est probable que César y fit conduire quelques-uns des 80.000 colons plébéiens, qu'il tira surtout de la Campanie, pour le peuplement des provinces. Après la bataille d'Actium, en l'an 31 avant notre, ère, d'autres colons furent envoyés à Nîmes par Octave, devenu empereur sous le nom d'Auguste.
L’as de Nîmes On croit
généralement que ces colons provenaient des troupes auxiliaires qui avaient
combattu en Orient pendant la guerre civile. Ce n'est qu'une hypothèse ; mais
elle est d'autant plus séduisante que les monnaies bien connues frappées par
la colonie, où figure un crocodile attaché à une palme, font sûrement allusion
à la conquête de l'Égypte sur Marc-Antoine et Cléopâtre. Toutefois, de quelque
manière que la cité, restée de droit latin, ait accru sa population, il est
entièrement certain qu'elle dut beaucoup aux largesses d'Auguste. Ce souverain
ne se contenta pas de lui donner sort nom de Colonia Augusta Nemausus ; il
l'embellit aussi de façon, somptueuse. La Maison Carrée, le Temple de Diane,
probablement l'Amphithéâtre et bien d'autres monuments qui ont disparu, mais
dont témoignent les débris d'inscriptions ou de sculptures, sont du temps
d'Auguste. C'est en l'an 15 avant notre ère que furent achevés les remparts, de
6 kilomètres d'étendue, dont nous possédons des ruines et deux portes.
L'aqueduc d’Uzès à Nîmes paraît du même temps et, comme tout le reste, il fut
sans doute bâti par les soins d'Agrippa, gendre d'Augusta, qui séjourna dans la
colonie pendant plusieurs semaines, en l’an 19, à son retour d'une expédition contre
les Espagnols des Pyrénées Cantabriques. (1) Pertus - Le martyre de Saint-Baudile Trop éloigné des
frontières occidentales de l'empire, Nîmes n'eut pas à souffrir des incursions
incessantes des Germains sur les terres gallo-romaines. Sa conversion au
Christianisme, vers l'an 287, ne fit pas, à ce qu'il semble, couler d'autre
sang que celui de saint Baudile. Ses malheurs ne commencèrent qu'au début du
cinquième siècle ; mais ils furent terribles et la réduisirent, en étendue, â
moins du quart de ce qu'elle était du temps des empereurs. Pertus - Crocus, roi des Vandales assiège Nîmes en 407 En 407, la ville fut
ravagée par une armée de Vandales commandée, dit-on, par un roi du nom de
Crocus qui n'aurait pas tardé à trouver la mort sous les murs d'Arles. En 412,
vinrent les Visigoths qui se dirent d'abord les alliés des Romains, puis
s'établirent en maîtres, quelque quarante ans plus tard dans le nord de
l'Espagne et sur tout le pays depuis Toulouse jusqu'au Rhône. Les persécutions
religieuses commencèrent avec eux. Leur roi, Euric, était arien ; il fit
boucher avec des épines les portes des églises catholiques et ne voulut pas
admettre d'autre culte que celui qu'il pratiquait. Par nécessité, son
successeur, Alaric II, qui avait à lutter contre les Francs, se montra plus accommodant
; mais il perdit la vie à la bataille de Poitiers et toute l'Aquitaine fut
conquise par Clovis qui vint en 507, mettre le siège devant Nîmes, dont il
s'empara. Pertus - Le roi Wamba écrase les mutins dans les arènes de Nîmes Jusqu'en 720, il n'y eut
plus à Nîmes que des troubles de courte durée dont le plus grave fut, en 672,
la révolte du comte Hildéric contre l'autorité du roi Wamba. Ce comte avait
fait de sa ville, un lieu de refuge pour les juifs que l'on venait de chasser
des pays francs et d'Espagne. Par crainte de blâme, et aussi peut-être quelque
ambition personnelle s'y mêlant, il prit les armes avec l'appui de certains membres
de son clergé. Le duc Paul, envoyé pour le combattre, se joignit à lui, après
s'être fait, à Narbonne, proclamer roi. Marchant alors contre les révoltés, Wamba
vint mettre le siège devant Nîmes où le duc Paul avait été contraint de se
retirer. La ville fut prise ; mais ses défenseurs groupés dans l'amphithéâtre
résistèrent à tous les assauts et ne se rendirent que lorsque le duc rebelle
d'ailleurs abandonné par une partie des siens se fut soumis à son souverain qui
lui fit grâce de la vie. Wamba, de mœurs assez douces, comme du reste tous les
Visigoths, avec lesquels il était relativement facile de s'entendre, ne se
montra pas moins généreux pour les Nîmois. II leur fit rendre les biens qu'ils
avaient perdus et les remparts et les portes de la ville furent réparés aux
frais du trésor public. Pertus - Les Sarrasins chassent les moines nîmois de leurs couvents. À partir de 720, au cours
de l'invasion sarrasine, Nîmes eut à subir toutes les fluctuations d'une
conquête difficile. Elle changea de maître plusieurs fois et fut, en
737, dévastée par les Francs de Charles-Martel. Des constructions qui déjà, se
trouvaient à l'intérieur de l'amphithéâtre furent incendiées. L'autorité royale
commença en 752. du temps de Pépin-le-Bref ; mais elle ne fut d'abord que très
précaire. Nîmes était alors gouvernée par des seigneurs dont la dignité devint
héréditaire vers l'an 800. Sous le roi Charles-le-Chauve, en 858, les Normands,
ravageurs des provinces méridionales, fondirent sur la ville et la mirent à sac. Réparée par ses comtes,
suzerains de ceux de Toulouse, elle se relevait à peine de ses ruines,
lorsqu'une invasion de Hongrois, en 924, la détruisit à nouveau. En ces temps de désastre,
l'anarchie devint bientôt telle, qu'il faudrait un volume pour en écrire
l'histoire. Les luttes seigneuriales sont une cause permanente de misère,
malgré les louables efforts tentés par les vicomtes de la maison Bernard-Aton
pour rendre à Nîmes un peu de sa prospérité d'autrefois. Les abbayes et
d'autres établissements religieux profitent surtout de la libéralité des
grands. Pertus - Le mariage mystique de Ramoun de Saint-Gilles. En 1096, Raimond de Saint-Gilles,
comte de Toulouse, épouse la Cathédrale que
le Pape Urbain II vient de consacrer, et la dote de vastes domaines qu'il
possède sur le territoire de Fontcouverte. Sceau des chevaliers du château des Arènes En 1100, le vicomte
Bernard-Aton IV part pour la Terre Sainte après avoir confié la défense de ses
intérêts à une milice de chevaliers dite "du château des Arènes". Son histoire dès ce
moment, se mêle si intimement à celle de la France, qu'il peut paraître inutile
d'essayer d'en exposer les détails. Ce n'est certes pas que la ville n'ait plus
connu que des jours heureux. Mais ses malheurs ne furent ni plus ni moins
grands que ceux de la plupart des autres villes du royaume. Saint Louis et
Philippe III (le Hardi) donnèrent de la stabilité à l'administration publique par la
réorganisation de la vieille institution des Consuls. Ceux des Arènes eurent un
sceau particulier ; mais il leur fut enjoint de se réunir le plus possible avec
leurs collègues de la cité. Des marchands toscans et lombards vinrent à Nîmes
dont ils développèrent le commerce. Pertus - On pend les paysans révoltés appelés Tuchins. En 1383. les campagnes de
la région nîmoise furent infestées par de nouveaux routiers connus sous le nom
de Tuchins. La ville put s'en garantir ; mais elle accusa les nobles, ou
soi-disant tels, de favoriser les pillages qui servaient à les enrichir. Pertus - La peste Noire ravage le tiers de Nîmes. .
En 1448, un tremblement de terre effroyable bouleversa la ville et désola tout le pays. La peste, qui survint ensuite par deux fois, ne causa pas de moindres maux et le roi Louis XI faillit achever la ruine de Nîmes en décidant de rattacher la ville, tombée au rang de bourgade à l’un des baillages du Vivarais. La mesure fut rapportée ; mais elle coûta aux habitants une somme de 600 écus d'or qui furent versés au trésor royal. À partir de 1482 et pendant 50 ans, jusqu'en 1532, la peste fit encore de nombreuses victimes. Il n'y eût plus à Nîmes d'officiers royaux dés 1485 ; le siège de la sénéchaussée avait été transféré d'abord â Viviers, puis à Sommières. . En 1533, au sortir à
peine des maux qui les avaient totalement épuisées, le roi François Ier vint
apporter aux populations le réconfort de sa présence. Il donna à Nîmes les
armoiries dont elle se sert encore « un
crocodile attaché à une palme, reproduisant le revers des monnaies coloniales
du temps d'Auguste » et les habitants de la ville lui manifestèrent
leur reconnaissance de sa visite par l'érection d'une colonne surmontée d'une
salamandre, emblème du souverain. -oOo- |