L'ENCEINTE AUGUSTÉENNE DE NÎMES-
-
- Plan
de J. Igolin actualisé. (cliquer
sur l'image pour agrandir)
-
EXTRAIT DE LA CARTE
ARCHEOLOGIQUE DE LA GAULE
NÎMES 1996
édité sous la direction de
Jean-Luc Fiches et Alain Veyrac
Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres,
Ministère de l’Enseignement
Supérieur et de la Recherche, C.N.R.S.
- NOTA : Dessin des remparts simplifié, il
ne valide, pour la partie de l'étude concernée (sud), que les
portes reconnues lors de fouilles, à savoir sur 6km de remparts
(au total), seulement 1,5km ont été reconnus à ce jour (1996).
-
- Secteur
compris entre la porte Auguste et la Porte du Cadereau
- Portions
du rempart visible actuellement :
- -
1 Porte Auguste,
- -
2 immeuble Banque populaire,
- -
3 place des Arènes,
- -
4 Polyclinique St Joseph,
- -
5 Porte de France,
- -
6 rue des Tilleuls
L’enceinte
Augustéenne
-
Au
premier rang des villes augustéennes par son étendue,
Nîmes possède une enceinte d'une longueur légèrement
supérieure à 6 km qui circonscrit une surface d'environ
220 ha. Elle dessine une figure irrégulière,
généralement bien apparente dans les tout premiers
plans représentant la ville. Entre ses extrémités
nord-est (Mont-Duplan) et sud-Ouest (Montaury), se développent,
du côté de la plaine, de longues courtines rectilignes,
et, sur les reliefs, des parties arrondies ou sinueuses, ainsi que
des tronçons droits qui admettent des crémaillères.
Même si son caractère de prestige ne fait aucun doute,
son tracé est avant tout stratégique puisqu'il tient
les crêtes et protège une vaste zone de plaine
habitable. On doit également observer que le rempart a englobé
les structures préexistantes de l'oppidum gaulois, sa tour
monumentale notamment, ainsi que le sanctuaire de la Fontaine.
-
Cette
fortification constitue la plus grande construction antique connue à
ce jour dans la ville : en effet, près de 130 000 tonnes de
pierres ont été nécessaires à sa
réalisation, provenant essentiellement des carrières
toutes proches, dites de Roquemaillère. Seuls les chapiteaux
de la porte d'Auguste, et vraisemblablement d'autres parties
décorées, aujourd'hui disparues, ont nécessité
l'emploi de la pierre des Lens, extraite de carrières situées
à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de la
ville .
-
Pour
la communauté nîmoise, « une telle opération
a représenté une charge énorme, quels que soient
les contributions ou les dégrèvements consentis à
cette occasion par l'autorité centrale ». L'inscription de la porte d'Auguste rend
compte de l'aide impériale mais la date qu'elle fournit (16-15
av. J.-C.) est ambiguë : « L'inscription marque-t-elle
l'achèvement de l'opération globale, ou plutôt
son lancement ? La porte elle-même, ou du moins son décor
architectural, étaient-ils achevés, ou les finitions se
sont-elles poursuivies ensuite ?». Bessac suggère que cet énorme chantier aurait pu
être réalisé en un an, au moins pour les parties
en petit appareil. Mais P. Gros
rappelle que les inscriptions des quatre portes de Sæpinum,
chez les Samnites Pentri, suggèrent un chantier d'une
durée de dix à quinze ans. De
récentes analyses architecturales ont d'ailleurs montré
le caractère très relatif de la date fournie par
l'inscription par rapport à la construction de l'ouvrage, tout
en confirmant l'appartenance de celui-ci à l'époque
augustéenne.
-
Grâce
aux travaux de P. Varène, on connaît mieux ce rempart.
Sa hauteur moyenne jusqu'au chemin de ronde est évaluée
à 9 m dans les secteurs de la Tour Magne et de la porte
d'Auguste, mais on ne dispose d'aucune information sérieuse
sur la forme et l'organisation des éléments situés
au-dessus (merIons. créneaux, fenêtres de tir). Les
caractéristiques des tours sont mieux connues. P. Varène
en distingue deux types divisés en sous-groupes ; les tours de type A, les plus nombreuses, qui n'interrompent pas la
courtine, et celles de type B, qui la chevauchent. La base de ces
tours était tantôt en petit ou
en moyen appareil, une seule affectant une forme
rectangulaire. On accédait à ces constructions par
des portes pourvues de systèmes de fermeture et situées
à leur base ou au niveau du chemin de ronde. De la découverte
de débris de tegulæ dans l'une d'entre elles, on a pu déduire que certaines au moins étaient
couronnées d'une toiture. La distance entre ces tours était
assez normalisée, pour permettre, à partir des 43
connues, d'en restituer 80. On observe cependant que l'entre-axes le
plus court est de 52 m alors que le plus long mesure 96,45 m. La grande majorité des murs se développe
cependant entre 65 et 75 m, soit un entre-axes moyen théorique
de 2 actus (71,04 m).
-
Les
techniques de construction sont remarquablement homogènes :
mur à parement de petits moellons insérant un blocage
en opus cæmenticium ; constante épaisseur des
murs de la courtine (2,10 m) et, à une exception près,
des fondations des tours ; référence à une même
unité de mesure ; régularité dans l'espacement
des tours ; enfin, tracé cohérent et adapté au
terrain. On observe néanmoins une certaine diversité :
notamment dans l’épaisseur des fondations de la courtine,
dans les nombreux changements de direction,
ou bien encore dans l’introduction de tours de types « aberrants »
par leur forme ou leurs dimensions. Pour expliquer ces
différences, on a notamment évoqué les
difficultés liées à l’implantation de
l’ouvrage sur les terrains pentus, les imperfections des
constructions réalisées en plaine, l’établissement
des tours et des portes avant les courtines, ou encore, et plus
sûrement, une réalisation par tronçons confiée
à différents maîtres d’oeuvre de compétences
inégales. En outre, entre la porte Auguste et la
porte du Cadereau, deux assises de moyen appareil à la
base de l’élévation accentuent l’aspect monumental
de l’ouvrage en plaine.
-
Il
est indéniable que, grâce aux travaux de P. Varène,
nos connaissances sur l’enceinte se sont largement accrues au cours
des dernières décennies ; on notera cependant, après
lui, que les tronçons reconnus ne représentent, mis
bout à bout, que 1,5 km, et qu’en conséquence, les
conclusions établies ne peuvent être que provisoires.
-
-oOo-
-
FOUILLES
DES REMPARTS AUGUSTEENS
(de
la porte Auguste à la porte du Cadereau)
-
- Place Gabriel-Péri
(nom
historique, place des Carmes)
-
-
Restitution
de la Porte Auguste par F. Germerd-Durand. (musée du
Vieux Nîmes)
-
- (1)
- Porte
d'Auguste.
Située
à l'est de l'enceinte, la porte d'Auguste, autre-fois
appelée porte d'Arles (porta Arelatensis) est
une construction monumentale bâtie en grand appareil qui
marquait, en venant de Beaucaire, l'entrée de la voie
Domitienne dans la ville.
-
- Histoire
du monument.
En
1390, à l'initiative de Charles VI (qui ordonne dans une
lettre qu'un château fort soit construit au « Sonal
des Carmes auxquels sont deux grosses tours accouplées de gros
murs », elle fut
englobée dans la construction d'une forteresse destinée
à renforcer la défense de la ville et J. Deyron
connaissait l'existence des deux tours qui la flanquaient, lesquelles
avaient été doublées par une maçonnerie
moderne pour obtenir une épaisseur de 3,30 m : « Dans
les masures de ce chasteau, sont encore visibles une partie de deux
grosses tours antiques de la mesme matière et ordre
d'architecture que nos autres bastiments romains. Et si ce
bastiment n'estoit pas ruiné, ou qu'il n'eut pas été
revestu de nouvelles maçonneries pour en faire un chasteau de
deffense à la moderne ; on verroit qu'il conviendoit fort bien
à un édifice de la qualité de la bazilique dont
il s'agit.» En 1724, H. Gautier constatait à son
tour que les blocs trouvés sur cet emplacement ne pouvaient
évoquer qu'un ouvrage antique : « par rapport aux
gros blocs que l'on en a tirés, il paraît bien qu'il (le
château) a été bâti du temps des Romains
».
-
Contrairement
à ce que l'on a souvent dit, L. Ménard fut également
convaincu de l'existence à cet endroit d'un monument romain,
mais il pensait, contre toute logique, qu'il s'agissait du Capitole :
« La position du Capitole de Nîmes ne me paraît
pas douteuse. Cet édifice doit avoir été
construit à l'endroit où était autrefois le
château royal de la ville attenant aux anciennes murailles et
aujourd'hui occupé par les Dominicains. Les fragments de la
meilleure antiquité qui se sont trouvés sous les ruines
de ce château nous en fournissent une preuve certaine. De ce
nombre sont de gros blocs de pierre, tous de la beauté et de
la grosseur de ceux qui ont été employés aux
autres édifices romains ; quantité de statues et une
infinité de médailles. Mais ce qui frappe le plus et
achève la conviction, ce sont d'anciennes tours de dix toises
de haut (environ 20 m) enrichies de divers ornements d'architecture
qui étaient construites dans cet emplacement et qui
existaient avant qu'on y bâtit le château royal sous le
règne de Charles VI. ».
-
Partiellement
détruit pendant les guerres de religion du XVIe siècle,
le château royal avait été donné aux
Frères Prêcheurs avant de devenir bien national. En 1793, les démolitions du rempart de la ville
entraînèrent la redécouverte de la porte
d'Auguste en même temps que la disparition de ses deux tours
semi-circulaires à l'exception de leurs bases moulurées
(en 1996, sur le trottoir du boulevard, le tracé de ces
deux tours est encore matérialisé par des dalles ; deux
niches ménagées sur les bas-côtés du
monument montrent leurs bases ouvragées). Peu après
sa mise au jour, l'édifice dont on n'avait pas saisi toute
l'importance faillit être démantelé. Il ne dut
son salut qu'à l'intervention d'A. Vincent, membre de
l'Académie de Nîmes (1771-1830), qui fit notamment
remettre à sa place l'inscription qui venait d'être
partiellement renversée.
-
Par
ailleurs, les affirmations d'un témoin oculaire très
compétent, P. Malosse, Commissaire à la recherche des
monuments d'Arts et Sciences du département, laissent à
penser que l'on ne put rattraper qu'incomplètement le mal déjà
fait : « Les dégradations cessèrent ; mais le
mal étoit déjà opéré. La partie
supérieure de l'édifice n'existoit plus les pierres qui
formoient la frise et l'architrave avoient été brisées
et précipitées par terre avec le reste des démolitions
du rempart ; et l'inscription que l'on auroit pu y lire en entier
avoit conséquemment disparu. La réflexion
malheureusement trop tardive, la curiosité de savoir quel
pouvoit être cet édifice et ce que portoit l'inscription
firent naître le désir de réunir tous les débris
qu'on en pourroit re-trouver. [...] L'amour de la patrie et des arts
ne manqua pas d'exciter le zèle de quelques bons citoyens, et
le même jour leur vit mettre la main à l'œuvre.
On
sépara toutes les pierres sur lesquelles on aperçut les
traces des caractères. Le plus grand nombre fut retrouvé
: quelque-unes avoient déjà péri, et toute
recherche devint inutile. Cette première opération
faite, on s'attacha à les réunir. Il étoit
impossible de le faire par les joints, tant elles étoient
mutilées. Il fallut y parvenir en majeure partie par la
découverte des mots qui la composoient.
-
- Description
et fouilles.
Cette
porte se compose de deux grandes arcades centrales (larg. 3,96 m ;
haut. 6 m) et de deux petites baies latérales (larg. 1,93 m ;
haut. 4 m). Les grands passages défendus à l'origine
par des portes à deux vantaux doublées de herses,
étaient réservés au trafic charretier et les
autres servaient d'accès piétonnier.
Le monument dans son ensemble est large de 39,60 m et forme une
saillie de 5,23 m sur le rempart. Il s'ouvrait sur une vaste cour
(larg. 10 m ; long. 13 m), qui était bordée, dans le
prolongement des arcades, de galeries couvertes. En façade,
l'entablement général de l'édifice est
essentiellement supporté par de grands pilastres d'ordre
corinthien, et accessoirement par deux avant-trains de taureaux et
une demi-colonne. À la suite de H. Kähler, A. Roth-Congès
a observé que le petit côté du chapiteau du
pilastre sud présentait un décor moins évolué
que sa face principale et celle des trois autres chapiteaux. Ce petit
côté aurait été réalisé
avant l'édification de la tour voisine, le reste du décor
architectonique étant exécuté à la fin
des travaux, soit quelques années après.
-
-
Inscription
de la Porte Auguste (Arch. M.H.Paris)
-
- La
frise surmontant l'édifice portait une inscription sur deux
lignes :
- Imp(erator)
Caesar dwif(ilius) Augustus co(n)s(ul) XI trib(unicia) potest(ate)
VIII / portas murosq(ue) col(oniae) da[t]
- qui
désignait Auguste comme donateur des portes et de l'enceinte
de la ville en 16-15 av. J.-C .
-
En
1849, A. Pelet entreprit de dégager complètement le
monument dont la base était encore ensevelie dans le sol . À cette occasion, il mit au jour la voie antique : «
Le pavé romain, presque tout conservé sous le grand
arc de droite, est formé de fortes dalles de 0,30 m
d'épaisseur, longues de 2 à 3 m, d'une largeur
irrégulière, mais parfaitement juxtaposées ; ce
pavé formait un seul dos-d'âne sur toute la largeur des
grandes entrées ; un aqueduc placé sous ce pavé
facilitait l'écoulement des eaux de l'Agau ». «
Entre deux gros murs de la partie intérieure de l'enceinte
», on trouva 15 monnaies dont 9 furent identifiées
comme étant antérieures à Antonin. A. Pelet
attribuait leur présence à un remaniement de l'enceinte
sous cet empereur. Considérant par ailleurs qu'il était
singulier de trouver une petite colonne d'ordre ionique entre les
arcs des grandes ouvertures d'un édifice à pilastres
corinthiens, il avait émis l'hypothèse que cette
colonnette marquait l'origine du comput des militaires de la voie
Domitienne.
-
Mais
des mesures précises permettent de placer le point de départ
à plus de 100 m à l'intérieur de l'enceinte
augustéenne, à la jonction des rues Nationale et
Xavier-Sigalon.
-
- En
1867, « on agrandit l'espace libre derrière la porte
d'Auguste et on dégagea le monument du côté de la
tour gauche ».
Les
travaux entrepris en mars 1870 dans l'ancienne gendarmerie pour
prolonger la rue Nationale jusqu'au boulevard Amiral-Courbet n'ont
pas donné lieu à de nombreuses découvertes. H.
Revoil, chargé de la surveillance du chantier, signalait
toutefois la mise au jour d'un fragment d'inscription antique et de
deux éléments d'architecture d'époque gothique :
E. Germer-Durand, 1871, p. 79-80.
-
- En
1929, on a reconnu dans une tranchée et aussitôt démoli
une partie des fondations de la tour située au sud de cette
porte.
-
Enfin,
P.-M. Duval a dirigé une fouille partielle de cet édifice,
en juillet et septembre 1964. L'implantation de
plusieurs sondages lui ont permis de reconnaître les fondations
du monument qui sont formées de blocs en grand appareil posés
à sec et les états successifs des niveaux de
circulation de la voie (dallage puis plusieurs empierrements).
Par ailleurs, la canalisation de section rectangulaire (larg. 1,14 m
; haut. 1.25 m) déjà connue d'A. Pelet a pu être
étudiée sous le passage charretier nord, de même
qu'une seconde de forme semi-circulaire (larg. 2,36 à 2,37 m ;
haut. 1,39 à 1,405 m), découverte au-dessous du second
passage charretier. Cette dernière conduite, dont le radier
était dallé et dans laquelle on pouvait accéder
par deux regards, recevait les eaux de la précédente à
l'extérieur de la ville. Son aménagement a été
effectué aussitôt après l'implantation des
fondations du monument d'époque augustéenne ; la
construction de la canalisation à section rectangulaire est
beaucoup plus tardive. Le mobilier recueilli se composait de
céramiques (antiques et modernes mêlées) et de
fragments d'architecture quelquefois utilisés en remploi.
-
- Au n° 25, boulevard Amiral-Courbet
-
Aménagement
hydraulique. En 1872, la démolition de la gendarmerie, entre
le Grand Temple et la porte d'Auguste, a permis la mise au jour «
des anciens remparts » et d'un «aqueduc romain avec un
vaste réservoir » sur les parois duquel on voyait
des marques d'ouvriers. En 1992, Chr. Lacour a montré à
A. Veyrac l'emplacement muré de ce réservoir. P. Varène
pense que cet aménagement hydraulique aurait pu jouer un rôle
dans le système antique d'évacuation des eaux vers
l'extérieur de la ville .
-
- Aux n° 23, 23 bis et 25, boulevard Amiral-Courbet
-
L'exploration
de la plupart des caves, situées immédiatement au sud
de la porte d'Auguste (fig. 88), a été réalisée
à l'initiative de P. Varène en 1961 et complétée
en 1968 (Dracar, 104). Leur exploration lui a permis de constater que
l'enceinte augustéenne y est conservée nettement en
retrait des façades modernes, sur une longueur discontinue de
l'ordre de 45 m avec une largeur comprise entre 2,67 m et 2,70 m et
une élévation maximale de 1,70 m. Dans l'une d'entre
elles, il a vu la jonction entre la porte d'Auguste et la courtine.
-
- Boulevard Amiral-Courbet
Vers
1850, une grande partie du rempart romain existait, selon A. Pelet,
sous le couvent des Dominicains (Grand Temple). En 1874, Fr. Germer-Durand constate que la
courtine «constitue un massif sur lequel le mur de droite du
Grand Temple [ancienne église des Dominicains] vient s'appuyer
ainsi que ses contreforts». Il ajoute que c'est ce même
mur dont le couronnement in-tact formait la terrasse de l'ancienne
gendarmerie, mais il regrette que cette portion ait été
démolie. Dans la plus
méridionale des caves explorées par P. Varène, qui est située entre le Grand Temple et le boulevard
Amiral-Courbet, celui-ci a observé un morceau de
courtine servant, selon toute vraisemblance, de fondation au mur
latéral est de cet édifice religieux.
-
- Place du Grand-Temple
- En
1988, lors de la pose d'une canalisation, M. Célié et
A. Veyrac ont observé et relevé un petit tronçon
de courtine qui s'inscrit parfaitement dans le tracé qu'en
donnait, pour ce secteur.
-
- Boulevard Amiral-Courbet
Tours.
En 1871, E. Germer-Durand signalait la découverte d'une
inscription lapidaire dans la cave du lycée (actuel musée
archéologique), laquelle avait été «
creusée et construite, il y a une trentaine d'années
sur un point des murs romains où se trouvait une tour appelée,
au Moyen Âge. tour du Temple », puis au XVIe siècle,
tour du Collège.
-
- À
l'emplacement des cuisines du lycée (ou collège
après la Révolution), devaient se trouver les deux
tours romaines du Castellum de Morrocipio (mentionné
dans le cartulaire du chapitre de Nîmes) dont l'une est
également appelée tour du Marché-aux-Bœufs.
-
En
1891, dans son guide du touriste archéologue, H. Bazin
écrivait que l'on retrouvait le rempart dans les caves de
l'ancien lycée. Mazel
affirmait, en 1911 : « des traces nombreuses ont été
relevées de tout temps sur ce parcours notamment [...] dans le
sous-sol de l'ancien lycée ».
En
1934, F. Mazauric qui reprenait à son compte les écrits
de Fr. Germer-Durand, croyait pouvoir préciser, sans cependant
nous faire connaître les éléments sur lesquels il
s'appuyait, qu'une tour existait « à l'entrée
de la rue Poise autrefois appelée rue du Collège ».
-
En
1961, sachant que les caves du musée archéologique et
de la galerie Jules-Salles étaient désormais comblées
(c'est toujours le cas en 1996), P. Varène n'a pas
trouvé de preuves archéologiques permettant de
corroborer les témoignages anciens, exception faite du remploi
de quelques moellons d'apparence antique observés dans une
cave à l'angle de la rue Poise et du boulevard Amiral-Courbet.
Ses travaux sur les séquences de tours permettent cependant
d'envisager la présence de deux tours, l'une à la
jonction du musée archéologique et de la galerie
Jules-Salles, l'autre au débouché de la rue Poise sur
le boulevard Amiral-Courbet.
-
- Sur
l'emplacement de la salle publique du Collège (actuel musée
archéologique), on a découvert au XVIIe siècle
« quatre pierres de marbre sans lustre et sans façon
» que le père d'A. de Rulman fit tailler en trois belles
tables : A. de Ruiman, 1627a, f° 99. Inscription :
- - 1. Épitaphe
de Cassia Severa, par Cassia [- - -] (perdue). Ile siècle apr.
J.-C. : C.I.L., XII, 3510 ; -H.G.L., XV, 740.
- - 2. Partie
supérieure d'une stèle funéraire, trouvée,
dans des démolitions, à l'ancien lycée (musée
de Nîmes, inv. n° 893.18.1). Fin ler-IIe siècle apr.
J.-C.
-
- A la jonction de la rue des Greffes et du boulevard
Amiral-Courbet.
-
- Porte
des Eaux.
La
porte des Eaux, mentionnée pour la première fois au
XVIIe siècle, marquait l'un des emplacements où les
eaux du réseau d'égouts de la ville s'évacuaient
vers l'extérieur à travers l'enceinte augustéenne.
Ses vestiges monumentaux ont été observés à
plusieurs reprises. Son nom, porte des Eaux (porta Aquarum), lui a
été donné par Fr. Germer-Durand, en 1874.
-
Au
XVIIe siècle, J. Deyron indique qu' « une
sortie [d'égouts] en la partie orientale de nostre ville, se
fait en trois grandes bouches se joignantes, qui donnent issue aux
eaux des Acqueducs, et à celles du canal qui estoit sur terre
: toutes trois faites de gros quartiers de pierre dure, avec
moulures et ornement en dedans la ville, de la mesme construction et
ordre d'architecture de la muraille d'icelle. Cette muraille a dans
son épaisseur des lieux vuides pour descendre des grilles de
fer mobiles qu'on eslevoit avec un tour, pour donner liberté
au cours des eaux, lors de leur grande abondance, et éviter
l'inondation. Et ainsi puisque la muraille de nostre closture est
faite a l'endroit desdits Acqueducs, d'une construction toute
expresse pour eux, ensemble le vuide des grilles : et qu'à
leur endroit il n'y a rien de nouveau ny de racommodé entre la
muraille et les bouches, que tout le bastiment est bien lié,
et d'un mesme temps ; il s'ensuit necesairement que la construction
des Aqueducs de la Fontaine a précédé celle
de la muraille de la closture ».
-
- Vers
1700-1730, S. Maffei a remarqué « un jour dans un
endroit du mur en dehors, assez près de terre, trois grandes
pierres » ; « elles servaient à former une
espèce de grandes portes, qui pouvoient, ce semble, servir
pour donner passage à des eaux [...] ».
-
Vers
1792-1800, J.-C. Vincens etJ.-B. Baumes ont écrit que «
vers le milieu des Calquières (boulevard Amiral Courbet
actuel) il [...] existoit une [porte] à trois arcades unies,
découverte il y a peu de temps et [qui] ait resté
jusqu'alors ignorée ».
-
Entre
1800 et 1840, sans avoir été, semble-t-il, té-moin
oculaire, A. Pelet rapporte que « la neuvième [porte]
existait encore il y a une vingtaine d'années. Elle se
composait de deux arcades sans ornement, séparées par
un pied-droit. Sa démolition est d'autant plus regrettable que
placée au prolonge-ment de la rue des Greffes sur le boulevard
des Calquières, elle contribuerait aujourd'hui par sa
position, à faire sentir l'importance de cette
communication...» Cet auteur ne mentionne plus que deux
arcades au lieu des trois précédemment observées.
Enfin, on peut ajouter que le monument aurait été
démantelé vers 1840, lors des réparations faites
au Lycée (actuel musée archéologique).
-
Selon
A. Blanchet, dans le prolongement de la rue des Grèves
jusqu'au boulevard Amiral-Courbet (voir plan de Boucoiran de 1878),
on aurait vu en 1892, les vestiges de la porte. « Cette
porte est formée de deux ouvertures de 4 mètres,
séparées par une pile avec avant-bec de 0,75 m
d'épaisseur. Les assises de gros blocs avaient environ 0,40 m
d'épaisseur et allaient, à deux mètres en
contrebas du boulevard actuel, reposer sur deux larges assises de
blocage. La pile centrale recevait la retombée de deux arcades
en plein-centre de 4 mètres, qui s'appuyaient de l'autre côté,
contre le rempart, avec des montants en pierre de gros appareil, de
façon à donner à tout le monument une façade
de plus de 10 mètres sur le rempart. Ce rempart, large de 2.25
m, est un débris de la partie rasée aux XVIIe et XVIIIe
siècles ».
-
-
-
-
(2)
Dans le hall de l'Agence de la Banque populaire, située
n° 5 boulevard Amiral Courbet, une portion de rempart est conservée, elle
est présentée au public, la partie en sous sol est visible
à travers une vitre.
-
- Au n° 3, boulevard Amiral-Courbet.
-
- En
1874, Fr. Germer-Durand signalait que la courtine du rempart
augustéen était visible dans la cave du café
Tortoni (actuellement
Monoprix) dont elle longeait la façade.
- Au
cours de travaux effectués pendant l'année 1929 sur
l'emplacement de ce café, on a mis au jour « des
parties de l'ancien rempart romain ».
- Dans
les caves du magasin Prisunic, (actuellement Monoprix)
établissement occupant encore de nos jours (1996) l'emprise du
café démoli, P. Varène n'a pas pu retrouver, en
1961, ce tronçon de rempart.
-
-
Le
café Peloux au début du XXe siècle. (Carte postale ancienne)
-
- A la jonction du boulevard Amiral-Courbet et de la rue de la
Couronne.
-
- Dans
la cave du café Peloux, (immeuble
Quick, immeuble Bloch)
on pouvait voir en 1874 un mur
appartenant à l'enceinte romaine. En 1961, l'emplacement de ce café
correspondait à un magasin dans le sous-sol duquel on n'a
retrouvé aucun vestige du rempart.
Lors
de la construction de l'immeuble Bloch, les terrassements
liés au chantier (1922-23) ont probablement fait disparaître
les derniers vestiges du rempart.
-
- Rue Saint-Thomas.
- Tour.
Aux environs de la porte de la Couronne et de la rue Régale,
se trouvait l'église Saint-Thomas, à la hauteur de
l'actuelle rue Saint-Thomas. Vraisemblablement médiévale,
elle fut détruite « à une époque très
reculée » selon A. Michel, en 1602 d'après Th.
Picard ; cette église, intégrée dans une tour
romaine quadrangulaire, était appuyée sur l'ancien mur
romain.
-
- A la jonction de la rue Régale et du boulevard de la
Libération
-
Dans
la cave de M. Bézard. rue Régale, il existait, vers
1874, un mur attribué à l'enceinte augustéenne. En 1961, P. Varène a visité
sans résultat une cave située à l'angle de cette
rue et du boulevard de la Libération, mais il n'a pas pu avoir
accès, entre les rues de la Couronne et Régale, aux
sous-sols des immeubles parallèles à cette dernière
artère.
-
-
- La
tour 1 de l'amphitéâtre. (musée de Nîmes, photo J-P
Goudet)
-
- La tour n°1 est restée
visible pendant plusieurs années, l'emplacement, de la courtine
et des deux tours, est marqué au sol suite aux travaux d'aménagement de la place
fin 2006.
-
- (3)
La tour n°
2 (marquage au sol)
-
- Place des Arènes
-
- Le
mur d'enceinte romain se voyait encore en partie vers 1789 : «
il formait le front septentrional des deux jeux de paume à
15 m seulement (8 toises) des Arènes ».
Préalablement
à la réalisation d'un jardin public, une fouille de
deux mois, dirigée par M. Py en décembre 1973 et en
janvier 1974, a permis la mise au jour de vestiges
d'époque romaine liés essentiellement à
l'enceinte augustéenne et au réseau viaire .
-
- Tours.
- Dans
ce secteur de la ville antique, le tronçon de rempart retrouvé
sur environ 79 m (de direction est-ouest) comportait deux
tours et se situait à proximité de l'amphithéâtre,
distant de seulement 7,80 m.
-
-
Restitution
de la tour 1 de l'Amphithéâtre par Varène. (CNRS. IRAA)
-
La
tour orientale (tour 1 de l'amphithéâtre) est
celle qui a été la mieux dégagée et dont
les vestiges of-fraient encore quelques restes d'élévation. Tangente au rempart et de forme circulaire, elle
présentait la particularité d'intégrer dans
l'élévation de son parement extérieur deux
assises de moyen appareil (haut. totale de 0,72 à 0,76 m)
qui se prolongeaient également dans la structure de la
courtine. La seconde tour, située à l'ouest du site,
n'a été que partiellement mise au jour en suivant son
parement extérieur. Reconstituée à
partir des données de la fouille, elle apparaît comme
composée de deux côtés perpendiculaires au
rempart et d'un troisième disposé en arc de cercle
. Voie. Au pied des deux tours qui faisaient une saillie
d'environ 10,50 m sur le parement de la courtine, la fouille de M. Py
a révélé l'existence d'une voie extérieure
empierrée, parallèle au rempart. Cet axe viaire serait
large d'au moins 3,50 m et l'on a supposé avec raison qu'il
était limité au sud par un fossé retrouvé
depuis lors, plus à l'ouest . Sa présence devait
créer sur la voie, au niveau de la tour 1, un rétrécissement
qui explique l'usure subie par le parement de cette tour à la
hauteur des moyeux de charrettes. Dans l'attente de nouvelles
découvertes archéologiques, on a conjecturé, à
la suite de J. Igolen, que cette artère reliant la porte
d'Auguste à la porte de France avait pu, à l'image de
nos périphériques actuels, éviter aux voyageurs
empruntant la voie Domitienne de connaître les encombrements du
centre ville. Sa forte fréquentation pourrait expliquer le
soin apporté dans ce secteur à la construction de
l'enceinte (emploi d'assises en moyen appareil), laquelle constituait
de la sorte une vitrine pour la ville.
-
- Collecteur.
L'intérêt
de cette fouille, très riche en résultats, a été
de permettre la reconnaissance d'une partie de l'égout
annulaire drainant les abords de l'amphithéâtre et de
son exutoire qui passe sous le rempart. Le tronçon de
canalisation annulaire exploré, encore utilisé de nos
jours (1996), était voûté en plein cintre et
avait un tracé en ligne brisée et non pas arrondi.
Dimensions internes : haut. plus de 2 m ; larg. 0,90 m. Toutes ses
eaux s'évacuaient hors de la ville par une conduite
perpendiculaire à la courtine qui traversait l'enceinte en
sous-œuvre. Ce collecteur à couverture dallée,
reposant sur deux piédroits bâtis en moellons de tout
venant, a été re-connu sur une trentaine de mètres
avant son interruption au contact de l'égout moderne passant
sous le boulevard de la Libération, c'est-à-dire à
l'emplacement du fossé médiéval.
-
- Dépotoir
Selon
une habitude reconnue en de nombreux sites de la région, les
abords immédiats du rempart à l'extérieur ont
servi, jusqu'au milieu du Ile siècle apr. J.-C. de zone de
rejet pour les déchets domestiques.
-
- Place des Arènes
-
- Tour
En
1988, la pose de canalisations au travers de la place des Arènes
a entraîné une surveillance de travaux réalisée
par M. Célié et Y. Manniez. Cette intervention
ponctuelle a permis de compléter le plan de la tour ouest,
dite tour 2 de l'amphithéâtre. Cette tour semble
appartenir au type B 1 défini par P. Varène
et pourrait avoir limité, après construction de
l'amphithéâtre, une possible porte de l'enceinte
augustéenne.
-
- Poterne.
D'anciens
témoignages mentionnent la présence de deux portes au
voisinage de l'amphithéâtre (porte des Arènes
et porte de Mars), mais, selon P. Varène, ceux-ci ne
semblent concerner qu'une seule et même structure, qui serait
en l'occurrence une poterne. Cette dernière n'aurait été
édifiée que lors de l'implantation de l'amphithéâtre
et pour son usage.
-
- A
la jonction de la rue de la République et du
boulevard des Arènes
-
- En
1992, un repérage conduit par M.-L. Hervé
a permis de tester deux parcelles, situées à l'angle du
boulevard des Arènes et des rues de la République et
Alexandre-Ducros (îlot Grill). Les résultats positifs
des sondages ont entraîné la réalisation d'une
fouille de sauvetage programmé.
-
- Tour.
Entre
août et octobre 1993, cette fouille de sauvetage, conduite par
L. Duflot, a permis de fouiller et de relever un tronçon de
courtine de direction est-ouest et l'extrémité
pédonculée d'une tour de l'enceinte augustéenne,
très épierrés dans le courant du XIVe siècle.
-
- Dépotoir
et voies.
Les
archéologues ont également mis en évidence un
dépotoir établi le long du rempart ainsi que deux voies périphériques
empierrées, longeant l'enceinte de part et d'autre. La voie
intra-muros a été bordée, vers la fin du 1er
siècle apr. J.-C, par un fossé en V puis, dans le
courant de ce même siècle, recoupée par un égout
de taille moyenne. La voie extra-muros est associée, quant à
elle, à un système complexe de fossés
suc-cessifs, situés en bordure sud.
-
- Collecteur.
Certains
de ces fossés servent d'exutoire, dès la seconde moitié
du 1er siècle apr. J.-C., à un vaste collecteur dallé,
maintes fois remanié par la suite, qui traverse tout le site
du nord au sud, perpendiculairement à la courtine.
-
- Rue Alexandre-Ducros
-
En
1908, lors de la construction d'un grand hangar dans le jardin des
Sœurs de l'Hospice, (cour de l’ancienne Polyclinique
St Joseph) F. Mazauric a vu, à 2 m de profondeur, un
tronçon du rempart augustéen. Le mur avait ici 2,75 m
de largeur ; il était formé de blocs de moyen appareil.
Mais une fouille effectuée quelques mètres plus loin,
dans la même direction (à l'est sans doute), n'a
plus rien donné.
-
-
- (4)
-
La base d'une Tour ainsi qu'une portion de rempart restent
visibles dans la cour intérieure du bâtiment hospitalier.
(ancienne polyclinique St Joseph)
-
- Tour,
voie, habitat.
En
1962, dans le jardin de la polyclinique Saint-Joseph, à
l'ouest des vestiges précédents, P.-M. Duval a dégagé
le parement externe de la courtine et les fondations d'une tour
circulaire (dite tour Saint-Joseph) : P. Varène, 1992, p. 51.
Lors de l'extension de la polyclinique Saint-Joseph,
P.-Y. GentyetJ.-Cl. Roux ont, en 1978, étudié un
tronçon du rempart (courtine et tour Saint-Joseph) bordé
d'une voie et d'un habitat intra-muros construit vers 60-70 apr.
J.-C. Toute cette zone fut abandonnée entre le
milieu et la fin du IIIe siècle apr. J.-C. .
-
- Rue de la République
-
- Au
XVIIe siècle, sur l'emplacement des bâtiments de
l'actuelle chambre de commerce (1996), « un pan de mur
antique confrontait et servait de muraille maîtresse à
l'hospital » (Hôpital Ruffi ou de l'Hôtel-Dieu).
-
Cette
portion de l'enceinte qui se situe en plaine entre 45 et 50 m
d'altitude a fait l'objet de nombreuses fouilles au cours de ces
dernières années. Celles-ci ont révélé
la présence d'une des principales portes de la ville qui
constitue le pendant de la porte d'Auguste [35] mais aucune preuve
tangible de la présence du cirque n'a pu jusqu'à
présent être avancée, malgré l'existence
d'incontestables arguments toponymiques. Le nombre de tours connu par
les fouilles ou des documents s'établit sur ce parcours à
5, dont 2 sont réellement assurées, et l'on
sait qu'il devait y avoir une structure particulière à
l'endroit où le Cadereau franchit le rempart sans qu'on ait eu
l'occasion d'y observer le moindre vestige.
-
- (5)
Place de la Porte-de-France
-
Porte de France. Point remarquable dès le Moyen Âge, la
porte de France, connue alors sous le nom de Porta-Spana, va désigner
dans diverses donations du Xe et du début du XIe siècle
le quartier dans lequel elle se trouve, puis la place forte (castrum
de Porta-Spana, 1037-1219) qui s'y greffe et va vraisemblablement
assurer sa conservation. En 1080, la porte apparaît en tant que
telle dans un acte, sous le nom de Porta-Hispana. Concurremment avec
ce dernier terme, on la désigne du XIIIe au XVIIe siècle
sous l'appellation de « Porte-Couverte dans le jardin des
malades ou près de l'hôpital » en raison de
l'étage ou de l'attique qui la surmontait et de la nouvelle
vocation « hospitalière » du quartier.
-
La
dénomination de porte de France est assez récente ;
elle trouve son origine dans la visite à la ville que fit
Louis XIV, en janvier 1660. Le roi arriva à la porte couverte
où l'on avait inscrit plusieurs fois sur l'attique «
Vive pour l'éternité, le roi de France »,
inscriptions qui survécurent à son passage et dont le
simple mot de fin fut adopté par la population pour
caractériser le lieu.
-
-
-
La
porte de France (J. - F.- A. Perrot, 1814)
-
La
porte de France constitue, avec la porte d'Auguste, un des
seuls passages dans l'enceinte augustéenne qui soient encore
visibles en élévation.
-
Elle
est architecturalement beaucoup plus simple, puisqu'elle se compose
d'une seule arcade en plein cintre (larg. 4.12 m ; haut. 6,58 m).
Malgré cela, elle est entièrement bâtie en pierre
de taille à l'exception des écoinçons qui,
placés de part et d'autre de la voûte, sont en petit
appareil et supportent avec elle une galerie aveugle décorée
de quatre colonnes toscanes. Cette entrée, dont la partie intérieure a été entièrement
détruite, était flanquée de deux tours
semi-circulaires (type Al de Varène), construites en petit
appareil (sauf à la base selon A. Pelet) et qui mesuraient
9,70 m de diamètre. Au XIXe siècle on en retrouvait,
semble-t-il, les substructions dans les caves voisines et leurs
amorces en élévation de part et d'autre de la porte.
Aujourd'hui,
il ne subsiste que l'amorce de celle de
gauche en entrant dans la ville. Il était possible,
comme à la porte d'Auguste, de fermer cette issue grâce
à une herse que l'on descendait dans l'épaisseur de
l'attique et grâce aux vantaux de la porte. Les preuves
architecturales de ces deux types de fermeture sont de nos jours
encore visibles sur les deux piédroits, sous la forme d'une
large rainure et de trous où s'encastrait une barre
transversale. Pendant longtemps on a considéré que
cette porte servait d'entrée à la voie Domitienne
allant d'Espagne en Italie ; de récentes recherches ont
démontré qu'il n'en était rien puisqu'il
existait vers l'ouest une autre porte, véritable pendant de
celle de la porte d'Auguste.
-
- Statuette
en terre cuite.
Au
XVIIe siècle, « le greffier Preneuf qui était
en son vivant le mieux assorti de tous en fait de sépultures,
urnes et autres dépendances des funérailles trouva dans
le fondement du logis qu'il a bâti tout contre la vieille porte
romaine qui parait encore en son entier au chemin de Montpellier
(porte de France), une statue de Mercure en terre cuite grise fort
légère et de bonne main ».
-
- Aux n° 56-60, rue Porte-de-France
À
l'ouest de la porte de France, le rempart avait été
anciennement signalé au sud de cette parcelle,
mais, lors d'une évaluation archéologique menée
en novembre 1994, M.-L. Hervé a pu reconnaître une
partie du tracé à l'emplacement que supposait P. Varène.
-
La
courtine, totalement épierrée, a pu être relevée
sur une longueur de 8 m. Le comblement de sa tranchée de
récupération était presque entièrement
constitué de fragments du blocage interne. Les abords de la
courtine n'ont été que très peu explorés,
faute de temps et d'espace pour les manœuvres de l'engin
mécanique. Les fouilleurs ont cependant noté la
présence, extra-muros, d'une fosse accolée à la
courtine (liée à sa construction ?). À
l'intérieur, une couche d'éclats de taille était
surmontée par un dépotoir (nombreux fragments de
céramiques et de faune). Mais la tranchée de repérage
a également permis d'observer un puits antique (diam. 1,80m),
ainsi qu'un mur de terrasse, installé perpendiculairement à
l'enceinte. Cette architecture est en relation avec des niveaux de
remblais datables du courant des XIVe-XVe siècles. La fouille
de ce site reste encore à faire à ce jour (fin 1995),
le projet immobilier ayant été mis en sommeil.
-
-
- (6)
A
l'intérieur de l'immeuble situé à l'angle de la rue de l'Abattoir et de
la rue des Tilleuls, on peut apercevoir dans le hall d'entrée, la base
d'une tour du rempart romain
-
- A la jonction des rues des tilleuls et de l’Abattoir
-
En
1981, dans un terrain situé à l’ouest
de l’intersection des rues de l’Abattoir et des Tilleuls,
P. Garmy a dirigé une fouille qui a révélé
l'existence d’un ensemble de structures particulièrement
bien conservées, composé d’une tour (tour des
tilleuls) et d’un tronçon de courtine. La tour
(diam intérieur 8,62m) avait une configuration singulière,
« sorte de courtine de compromis entre la forme
circulaire et la forme polygonale », qui a conduit
l’inventeur à l’imaginer insérée
dans un décrochement de la courtine. Cette hypothèse a
été réfutée par P. Varène ; mais
la découverte, plus au nord, de la porte du Cadereau
oblige à reconsidérer la question. Les substructions de
cette tout et d’une partie de la courtine ont été
sauvegardées et sont visible en 2006 dans le hall d’un
immeuble de bureaux.
-
- Aux n° 4 à 8, avenue Georges-Pompidou
-
- Porte
du Cadereau.
Dès
le XVIIe siècle, J. Poido d'Albenas et A. de Rulman évoquent
l'existence d'une porte à l'endroit où le Cadereau
sortait de la ville antique, laquelle sera parfois mentionnée
sous le vocable de porte du Cirque ou porte du Cadereau. Ce passage
dans le rempart est également cité au XVIIIe siècle
par L. Ménard et ligure sur un plan de H. Gautier. Au XIXe
siècle, A. Pelet, qui dresse la liste de toutes les tours de
l'enceinte, trouve les traces d'une d'entre elles après le jeu
de Mail, « placées non loin du Cadereau...»
Fr. Germer-Durand est le plus explicite lorsqu'on 1874, il écrit
: « de ce point [la porte de France], les murs. après
avoir fait un angle saillant. allaient en droite ligne au pont de
l'Abattoir, près duquel nous avons remarqué il y a
quelques années. dans un terrain vague, un reste de
construction romaine en grand appareil, avec une forte moulure.
C'était la porte du Cirque ». L'interprétation
de découvertes archéologiques faites au début du
XXe siècle permet à F. Mazauric de dire d'abord que la
porte du Cirque ou du Cadereau était située près
de l'abattoir et du Cadereau, à la sortie du chemin de la
Galère, ensuite que celle-ci est entièrement détruite.
Enfin, si pour J.-L. Fiches et P. Garmy l'existence de cette porte du
Cirque est pour le moins douteuse, P. Varène admet sa présence
pour des raisons à la fois archéologiques et
topographiques.
-
De
juin à septembre 1989, une opération de
sauvetage, dirigée par M. Monteil, s'est déroulée
préalablement à la construction de l'immeuble Jean
Lasserre, à l'angle de l’avenue Georges-Pompidou et de la
rue de l'Abattoir, sur l'emplacement présumé de la
porte évoquée ci-dessus. Cette fouille a permis d'en
retrouver les vestiges et de faire des observations sur le réseau
viaire.
-
-
La
porte du Cadereau (relevé et D.A.O.M. Monteil)
-
La
porte de l'enceinte augustéenne observée sur ce site a
pu être reconnue dans sa quasi intégralité. Sa destruction et la récupération de ses
matériaux, dans le courant du Ve siècle apr. J.-C., ont
cependant provoqué la disparition de toute son élévation
et d'une grande partie de ses fondations.
-
Son
plan était conservé sous la forme de cinq creusements
parallèles correspondant au soubassement d'un pilier central,
de deux piliers latéraux et de deux tours. L'ensemble
s'articulait autour de 4 passages. Les fondations subsistantes,
conservées de façon très variable, étaient
construites en assises régulières de gros blocs de
calcaire équarris, généralement pourvus de trous
de louve. D'est en ouest, les fouilleurs ont pu relever :
-
l'extrémité d'une tour, non fouillée pour des
raisons de stabilité de l'environnement ;
-
un pilier latéral dont la fondation était conservée
sur 17 m de long, 2,80 à 1,10 m de large et 0,80 m d'épaisseur
(2 assises). La hauteur réelle de cette fondation peut
cependant être estimée à environ 4m.
-
un pilier central (long. fondation 7.05 m ; larg. 2,80 m) qui a
conservé 5 assises sur 2 m d'épaisseur (haut. restituée
de la fondation 3,30 m) ;
-
un second pilier latéral totalement épierré ;
-
une nouvelle portion de tour : long. conservée de la fondation
5 m, larg. 2,50 m, 4 assises préservées sur 1,86 m
d'épaisseur, haut. restituée de la fondation 5,50 m
environ.
-
Ces
quelques chiffres donnent une idée de la puissance de cet
ouvrage qui, au sol, couvrait une surface d'environ 22 m x 40 m,
percée de deux passages pour les véhicules (larg. 3,60
m) et de deux passages piétons latéraux (larg. 2,80 m).
Quelques éléments d'architecture récupérés
en comblement ; l'épierrement permettront de restituer une
partie de son élévation. Il s'agit de fragments ;
socles, de bases, de voussoirs, de seuil et éléments
moulurés de petite taille. En outre, plusieurs dalles en
calcaire de Roquemaillère, parfois creusées de
profondes ornières, démontrent que la partie située
sous les arches de la porte a été dallée, mais
sans doute seulement compter de l'époque flavienne.
-
Cette
porte monumentale constitue une des découverte récentes
les plus importantes, du moins pour ce qui concerne l'enceinte
augustéenne. Son plan, ses dimensions ainsi que les rares
témoins rattachables à son élévation en
font, en effet, l'exact pendant de la porte d'Auguste. Elle
s'en différencie cependant par son rapport avec le tracé
des fortifications de part et d'autre. Alors que la porte d'Auguste
s'insère parfaitement dans une longue ligne droite, celle du
Cadereau est en très net rentrant par rapport aux courtines
tel qu'il est possible de les restituer à l'est et à
l'ouest. II s'agit là d'une configuration bien connue dans
l'Antiquité, dont la porte de Nages, située non loin
vers l'ouest, constitue peut-être un second exemple nîmois.
-
- Voie
Domitienne.
La
vocation de lieu de passage de ce site commence dès la seconde
moitié du Ile siècle av. J.-C., avec l'implantation
d'une voie dans une faible dépression naturelle, longeant le
Cadereau. Ce dispositif perdure jusque vers la fin du Ile siècle
avant d'être doublé à l'ouest par un nouvel axe
beaucoup plus important de même direction. Cette voie, de 6 à
8 m de largeur, présentait un niveau de circulation ex-haussé
par rapport aux terrains environnants. L'époque de sa mise en
service ainsi que les techniques employées pour sa
construction autorisent à penser qu'il pourrait s'agir de la
voie Domitienne. Le schéma classique, imaginé jusqu'à
présent, selon lequel cette artère pénétrait
dans la ville par la porte d'Auguste, tournait sur le forum a angle
droit avant d'atteindre la porte de France, semble désormais
erroné. À la fin du 1er siècle av. J.-C., de
profondes modifications ont affecté toute cette zone : les
deux voies existantes furent condamnées tandis que, dans le
cadre de l'édification de l'enceinte augustéenne, une
porte monumentale, véritable pendant de celle dite d'Auguste,
était bâtie au nord du site. La voie à laquelle
elle livrait passage ne fut, semble-t-il, pavée que sous le
monument et ce postérieurement aux années 60-80 apr.
J.-C.
-
Extra-muros,
elle débouchait sur une vaste aire primitivement bétonnée,
empierrée par la suite. Cette aire correspondait à
l'arrivée de plusieurs autres voies. Au cours du Ve siècle
apr. J.-C., un fossé est-ouest a condamné toute
circulation tandis que la porte commençait à être
démantelée. Les derniers vestiges de son élévation
disparurent au XIXe siècle tors de l'urbanisation du secteur.
-
|