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.Quintenas Extrait de l'Album du Vivarais, Albert Dubois, 1842.
Eglise de Quintenas
A une heure d'Annonay, sur la route de Notre-Dame-d'Ay, on aperçoit un clocher d'une forme bizarre et originale: c'est le clocher de l'église de Quintenas, dont la fondation remonte, dit-on, au temps de Charlemagne. A voit, ces meurtrières étroites qui servent de fenêtres aux chapelles latérales, ces murailles épaisses, ces piliers lourds et massifs, on devine que la construction de cet édifice appartient à des siècles où la sécurité individuelle n'existait que derrière des remparts. Il fallait alors que les monastères fussent des forteresses.
Le prieuré de Quintenas dépendit d'abord de l'abbaye de Saint-Claude, ainsi que le prouve une vieille charte de 1184, par laquelle l'empereur Frédéric déclare prendre sous sa protection les églises appartenant à cette abbaye (1).
Dans le treizième siècle, Quintenas devint la propriété des dauphins de Viennois, puis de la maison de Tournon, qui y fournit des abbés. Les Tournon donnèrent des sommes considérables pour l'entretien du château ou monastère, et se réservèrent un logement dans une de ses ailes ; il parait que cette jouissance ne leur fut pas enlevée quand le monastère devint une dépendance de l'archevêché de Vienne.
Dans le temps des guerres de religion, Pierre Gourde, Saint-Romain et d'autres capitaines protestants, prirent et reprirent Quintenas ; c'était pour eux un poste avancé duquel ils menaçaient Annonay. Le mâchicoulis qui domine encore aujourd'hui la porte extérieure de l'église est une fortification ajoutée après coup, et paraît dater de cette époque. En 1574, la seconde fois que Saint-Romain prit Annonay, ses troupes brûlèrent le château de l'archevêque de Vienne à Quintenas. Ce fut un grand déplaisir pont- la comtesse de Tournon, qui, pendant l'été, faisait ses délices de cette magnifique résidence.
Aujourd'hui il n'y a presque plus de traces des ruines de ce château. L'église, qui avait été changée en caserne ou en place d'armes par les protestants, a été rendue au culte catholique; elle est devenue l'église paroissiale de Quintenas ; et les habitants de ce village, en admiration devant leur clocher, le proclament naïvement le plus beau du monde, après celui de Strasbourg.
(1) In pago viennensi ecclesias de Quintinaco cum prioratu, et de Rufiaco et de Ardolio cum capella d'Oriol, ecclesias sancti Albani et sancti Georgii et sancti Romani cum capella de Agio, c'est-à-dire l'église de Quintenas et son prieuré, celle de Roiffieu et d'Ardoix , la chapelle d'Oriol , les églises de Saint-Alban, de Saint-jeurre et de Sain t-Romain avec la chapelle d'Ay. (Histoire des Séquanais.)
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