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relatifs
au
siège
de
Privas,
- extraits
d'un
recueil
fort
rare
-
- publication
à
Aix
en
Provence
par
Jean-Etienne,
- imprimeur
du
roi,
du
clergé
et
de
la
noblesse,
- successeur
de
Tholoson
en
1620.
-
- Lettre
du
roi
à
la
cour
de
parlement
de
Provence,
contenant
les
particularités
de
tout
ce
qui
s'est
passé
au
siège,
prise
et
embrasement
de
la
ville
de
Privas.
-
-
- CONSEILLER
EN
MES
CONSEILS
ET
PREMIER
PRÉSIDENT
EN
MA
COUR
DE
PARLEMENT
DE
PROVENCE.
-
- Monsieur
d'Oppède,
-
- Par
la
lettre
que
vous
trouverez
cy-jointe
pour
ma
cour
de
parlement
d'Aix,
vous
verrez
les
particularitez
de
ce
qui
s'est
passé
au
siège
et
réduction
de
ma
ville
de
Privas
en
mon
obéissance;
je
m'asseure
que
vous
les
sçaurez
bien
faire
valoir
pour
mon
succès
où
vous
jugerez
être
à
propos.
C'est
pourquoi
je
ne
vous
ferai
plus
longue
lettre
sur
ce
subjet,
que
pour
prier
Dieu
qu'il
vous
ayt,
M.
d'Oppède,
en
sa
saincte
garde.
Escript
au
camp
de
Privas,
le
dernier
jour
de
mai
1689.
- Signé
Lovys,
et
plus
bas
BOUTHILLIER.
-
- A
NOS
AMEZ
ET
FEAUX
CONSEILLERS,
LES
GENS
TENANT
NOSTRE
COUR
DE
PARLEMENT
DE
PROVENCE.
-
- Nos
amez
et
feaux,
-
- Vous
aurez
appris
par
mes
précédentes
comme,
après
mon
retour
de
Suze
à
Valence,
je
m'étois
résolu
de
commencer
le
chastiment
des
rebelles
de
mon
royaume
par
le
siège
de
la
ville
de
Privas,
qui
en
avoit
esté
jusques
icy
la
retraite
en
tous
les
quartiers
de
delta
:
maintenant
je
vous
diray
qu'ayant,
par
un
extresme
travail
et
diligence,
fait
mener
mon
canon
devant
la
place
(ce
que
lesdits
rebelles
avoient
jusques
alors
tenu
comme
impossible,
veu
la
difilculté
des
chemins
et
des
advenuës
de
ladite
ville),
je
les
ay
si
vivement
battus
par
mon
artillerie
et
pressés
de
telle
sorte
par
une
attaque
générale
que
je
fis
faire
le
vingt-sixième
de
ce
mois,
qui
me
donna
tous
les
dehors,
que
les
assiégés,
étonnés
et
cognoissant
que,
par
leurs
crimes
et
par
l'audace
qu'ils
avoient
eue
de
m'attendre
avec
mon
armée,
et
voir
tirer
mon
canon
huit
jours
durant,
ils
s'étoient
rendus
indignes
de
toute
grace,
une
partie
se
résolut
de
chercher
son
salut
en
la
fuite
et
sortit
de
la
place
le
lendemain
vingt-septième
au
soir,
pour
se
retirer
à
la
faveur
de
la
nuict
et
des
montagnes,
ce
qu'ils
ne
purent
faire
si
diligemment,
que
plusieurs,
tombant
dans
les
gardes
que
j'avois
mises
aux
advenuës
et
passages
des
montagnes,
ne
receussent
en
cet
endroict
la
juste
punition
de
leurs
crimes;
l'autre
partie,
avec
Saint-André
de
Montbrun
que
le
duc
de
Rohan
avoit
jeté
dans
la
place
pour
y
commander
et
faire
résouldre
les
habitans
à
une
si
téméraire
défense,
se
retira
en
foulle
dans
le
fort
de
Thoulon,
qui
est
au-dessus
de
la
ville
sur
une
haute
montagne,
jusques
au
nombre
de
sept
à
huict
cens,
tant
soldats
qu'habitans
d'icelle.
-
- Mais
comme,
par
un
juste
jugement
de
Dieu,
la
confusion
et
le
désordre
estoient
parmi
eux,
Saint-André
et
quatre
des
cappitoines
qui
estoient
avec
luy,
voyant
qu'ils
ne
pouvoient
davantage
tenir
ny
se
sauver
de
ce
fort,
que
je
fit
aussitost
environner
de
quelques
régimens,
estans
venus
d'eux-mesmes,
sans
parole
de
qui
que
ce
soit,
dans
mon
camp
pour
se
présenter
à
moy
et
implorer
ma
miséricorde
(ce
qui
m'eust
touché
le
cœur
s'ils
y
eussent
eu
recours
plus
tost),
j'estimoy
que
je
les
devois
retenir
pour
adviser
à
ce
que
j'avois
à
faire
d'eux.
Ceux
qui
estoient
restés,
ayant
encore
depuis
faict
contenance
de
se
défendre,
comme
ils
ont
Yeu
qu'ils
ne
pouvoient
éviter
le
mal
qui
les
pressait,
se
sont
pareillement
rendus
à
ma
discrétion.
-
- Mais
Dieu
voulant
les
perdre,
et
vanger
par
eux-mesures
leurs
rébellion
et
désobéissance,
a
permis
que
quelques-uns
d'entre
eux
,
endurcis
de
plus
en
plus
au
mal
,
ont,
de
propos
délibéré
,
mis
le
feu
dans
un
sac
où
il
y
avoit
quantité
de
poudre
à
canon,
laquelle
ayant
enlevé
celui
qui
l'avoit
allumé
et
quelques
autres,
tant
de
ces
misérables
que
des
soldats
de
mes
gardes
françoises
et
suisses
que
j'avois
ordonné
pour
asseurer
le
fort
et
empescher
qu'il
n'y
arrivast
du
désordre
;
mes
gardes,
excitées
par
le
mauvais
acte,
estimant
que
ce
fust
une
mine
que
l'on
eust
faict
jouer
contre
eux,
s'emportèrent
de
fureur,
et,
contre
mon
intention
et
mes
défences
expresses,
tuèrent
la
plus
part
de
ceux
qui
s'estoient
jetés
dans
ledit
fort;
si
bien
qu'il
se
peut
dire
que
ceux
là
ont
reçu,
par
leur
faict
mesme,
le
chastiment
qu'ils
méritoient.
-
- Aucuns
sont
sauvez,
dans
cet
accident
inopiné,
et
d'autres
ont
été
faicts
prisonniers
en
grand
nombre,
rntre
lesquels
(outre
Saint-André,
Clausel
et
Vauderonne)
il
y
a
encore
six
ou
sept
hommes
de
commandement
et
le
reste
sont
des
soldats
et
habitans
de
ladite
ville:
et
ainsi
cette
place,
dont
l'assiette
est
fort
avantageuse
et
les
dehors
bien
fortifiés
de
bastions,
cornes
et
demies
lunes,
outre
les
forts
qui
estoient
à
l'entour,
dont
celuy
de
Thoulon
sembloit
estre
inaccessible,
a
esté
emportée
en
dix
jours,
et
ce
succès
se
peut
dire
(comme
il
est
véritablement
d'autant
plus
important
et
considérable)
que
cette
prise
asseure
le
repos
du
pays
du
Vivarez
et
la
liberté
de
la
rivière
du
Rosne,
qui
avoit
esté
depuis
plusieurs
années
incessamment
troublée
par
ceux
qui
étoient
dans
ladite
ville,
en
laquelle
ont
pris
naissance
les
troubles
et
factions
excitées
en
ce
royaume,
en
divers
tems,
par
les
rebelles
.de
la
religion
prétendue
réformée.
-
- Ayant
fait
sauver
les
femmes,
je
n'ai
pu
desnier
le
pillage
de
la
ville
à
mes
soldats
qui
m'ont
servy
si
courageusement
en
cette
occasion
:
mais,
chose
estrange
quelque
défence
rigoureuse
que
j'aye
pû
faire,
et
quelque
soing
que
j'aye
faict
apporter
pour
empescher
que
la
ville
ne
fus
t
bruslée,
ayant
faict
esteindre
le
feu
par
diverses
fois,
elle
a
été
enfin
toute
.consommée,
et
Dieu
a
voulu
qu'elle
portast
des
marques
perpétuelles
de
sa
longue
rebellion.
Ce
que
je
plains
est
la
perte
que
j'ay
faicte
d'aucuns
des
officiers
de
mon
armée
et
de
ma
noblesse
que
je
regrette
plus
que
je
ne
puis
dire;
entre
autres
des
marquis
d'Uxelles
et
de
Portes,
maréchaux
de
camp
;
Marcillac,
cappitoine
du
régiment
de
mes
gardes;
Espagne,
lieutenant,
et
dix
ou
douze
autres
officiers
et
gentilshommes
de
marque;
mais
telles
actions
ne
peuvent
arriver
sans
pertes,
et
mesme
de
ma
noblesse,
que
je
ne
puis
retenir,
et
qui
se
porte
dans
les
périls
avec
tant
de
hardiesse
et
de
valeur,
qu'il
ne
se
peut
qu'il
n'en
demeure
toujours
quelques-uns,
lesquels
sont
estimez
des
autres
heureux
de
mourir
glorieusement
en
la
présence
de
leur
roy
et
pour
le
bien
de
l'estat.
- Je
veux
espérer
que
la
suite
de
mon
voyage
sera
plus
douce,
et
que
l'obéissance
volontaire,
plutost
que
l'exemple,
me
conviera
à
user
d'autant
de
clémence
et
de
bonté
enversceux
qui
s'y
porteront
d'eux-mesures
que
la
rébellion
et
l'opiniastreté
de
ceux-cy
m'a
contrainct
(à
mon
grand
regret)
d'user
de
sévérité
et
de
rigueur
contre
eux.
C'est
de
quoy
je
prie
Dieu
de
tout
mon
coeur.
Donné
au
camp
de
Privas,
le
dernier
may
mil
six
cent
vingt-neuf.
- Signé
Lovis,
et
plus
bas
Bouthillier.
-
- Suit
une
autre
lettre
du
roy,
envoyée
à
ta
cour
de
parlement
de
Provence,
contenant
tout
ce
qui
s'est
passé
depuis
la
prise
de
Privas
jusques
à
présent,
avec
la
réduction
de
toutes
les
villes
rebelles
à
l'obéissance
de
Sa
Majesté.
(Même
imprimeur,
même
année.)
Cette
lettre
est
datée
du
camp
de
Ledignan,
le
vingt-neuvième
jour
de
juin
1628
;
elle
ne
contient
que
des
généralités
et
est
adressée
à
nos
aurez
et
feaux
conseillera,
les
gens
tenant
nostre
cour
de
parlement
de
Provence,
de
par
le
roy,
comte
de
Provence.
-
- Elle
est
signée
Lovis,
et
plus
bas
Phélipeaux.
-
- Récit
véritable
de
ce
qui
s'est
passé
au
siège
et
prise
de
Privas
,
suivant
la
lettre
escripte
mandée
ci
M.
le
vice-légat
d'Avignon
,
par
un
gentilhomme
de
la
suitte
du
roy.
-
- A
Aix,
chez
Jean
Roize,
- imprimeur
ordinaire
de
l'Université,
1629.
Jouxte
la
copie
d'Avignon.
-
- RÉCIT
VÉRITABLE
- DE
CE
QUI
S'EST
PASSÉ
- AU
SIÉGE
ET
A
LA
PRISE
DE
LA
VILLE
DE
PRIVAS.
-
- Dieu
qui
favorit
l'équité,
quoique
clément,
pour
monstrer
sa
puissance,
use
de
sa
justice
contre
les
méchants
et
rend
à
chacun
selon
son
mérite
ou
démérite.
Plusieurs
exemples
en
sont
fort
trivials
et
un
nouvellement
de
la
ville
de
Privas
(dont
la
juste
punition
en
laissera
mémoire
à
la
postérité)
doit
donner
terreur
au
reste
des
rebelles
:
car
estant
une
ville
très-forte,
bien
munie
de
gens,
de
vivres
et
de
munitions,
située
en
lieu
de
très
difficile
accès
pour
une
armée,
et
estant
la
retraicte
des
plus
pervers
et
agguerris
huguenots
des
Cévennes,
se
crut
mieux
résister
aux
armes
royales
que
aucune
autre
ville
de
ce
royaume,
tant
forte
fust-elle.
- Et
sur
cet
espoir
ayant
attendu
jusques
au
seizième
de
mai
dernier
les
forces
royales
de
notre
invincible
monarque
françois
Lovis
le
juste,
croyoit
au
moins
de
les
supplanter.
- Mais
Dieu,
qui
préside,
a
permis
que
ledit
jour
les
advenuës
d'icelle
ville
fussent
forcées,
quoique
très-difficiles
à
cause
des
roches
et
passages
estroitz,
là
où
fut
tué
M.
le
marquis
Dusel
(Duxelles)
et
autres
notables,
et
environ
cent
des
gens
du
roy
avec
lui.
- Les
approches
étant
faictes,
le
quartier
du
roi
fut
placé
à
demie
lieuë
de
Privas,
d'où
il
pouvait
voir
les
attaques.
Le
jeudi
24
mai,
Privas
fut
sommé
de
se
rendre,
et
M.
le
cadet
de
Saint-André
,
qui
commandait
dedans
,
fit
responce
qu'il
fallait
disputer
plus
de
six
mois
avant
que
de
parler
de
se
rendre. Le
vendredi
suivant,
sur
la
nuit,
quelques
habitants
se
sauvèrent
par
les
montagnes,
rochers
et
bois
,
lieux
où
difficilement
quinze
cents
hommes
des
gens
du
roy
avaient
pu
se
loger,
et
ne
pensent
si
bien
faire
que
six
ou
sept
vingt
desdits
habitants
ne
se
sauvassent. Le
samedi
au
matin,
avant
l'aube,
ceux
de
Privas
firent
une
sortie
par-dedans
des
tranchées
couvertes,
dont
ils
eussent
fait
beaucoup
de
mai
si
la
générosité
de
nos
gens
campés
par
quatre
batteries,
à
chacune
six
canons,
ne
les
eussent
repoussés. - Le
même
jour
fut
donné
un
assaut
par
les
volontaires
de
l'armée
du
roy
,
qui
entrèrent
par
une
brèche
qui
fut
faite
d'environ
vingt-cinq
pans,
où
étant
montez,
non
sans
grande
peine,
et
comme
l'assaut
fut
furieux,
aussi
la
résistance
en
fut
grande.
Mais
enfin
iceux
défendans
furent
contraincts,
reculans
de
barricade
en
barricade
faites
dans
la
ville
à
trente
pas
loing
les
unes
des
autres
(à
la
seconde
desquelles
fut
tué
M.
le
marquis
de
Portes)
faire
joug
aux
armes
royales,
et
alors
le
pillage
fut
de
grand
lucre
à
ceux
qui,
les
premiers,
en
coururent
l'hazard.
- Ne
resta
plus,
le
dimanche
matin,
que
la
citadelle,
dont
les
capitaine
et
soldats
de
la
garnison
tançaient
tous
les
moyens
de
pouvoir
obtenir
la
grâce
du
roy,
ce
que
ne
purent:
mais
entre
eux
ayant
consulté,
se
mirent
à
la
discrétion
de
Sa
Majesté,
et,
ouvrant
les
portes,
crièrent
tous
:
vive
le
roy.
- Ce
qui
leur
eust
peut-entre
sauvé
la
vie,
si,
par
malheur
pour
eux,
un
soldat
ayant
laissé
tomber
sa
mesche
allumée
proche
d'une
tonne
de
poudre,
le
feu
en
brusla
trois,
qui
offencèrent
quatre
des
gens
du
roy,
qui
creurent
que
fust
une
mine
faicte
pour
les
dommager,
et
celte
croyance
les
anima
tellement
contre
ladite
garnison,
qu'ils
la
mirent
toute
en
pièces,
une
grande
partie
furent
pendus
et
les
plus
notables
furent
faicts
prisonniers,
parmi
lesquels
ledit
M.
de
Saint-André,
s'étant
retiré
dans
un
petit
fort
nommé
le
fort
Tournon,
sous
espérance
de
s'aller
remettre
à
la
miséricorde
du
roy,
fut
pris
et
mené,
lui
quinzième,
à
Sa
Majesté,
tous
nuds
en
chemise,
teste
et
pieds,
for
ledit
de
Saint-André
qui
avait
seulement
son
chapeau.
Étant
tous
liez
ensemble
aux
corps
et
aux
mains
comme
forçats
criminels
de
lèze-majesté,
lesquels
prisonniers
le
roy
ne
voulut
point
voir,
ains
les
fit
tous
remettre
entre
les
mains
du
grand
prévost
pour
en
faire
la
justice
telle
que
son
conseil
de
guerre
advisera
on
fait
compte
que
dans
la
dicte
ville
de
Privas,
en
moins
d'une
heure
et
demie
que
dura
ledict
assault,
on
tua
plus
de
quinze
cents
hommes
sans
les
femmes
et
les
enfans
,
et
le
reste
des
habitans
et
soldats
qui
s'étaient
cachés
pour
éviter
la
furie
des
assaillans
étant
pris,
furent
pendus
jusqu'au
nombre
de
plus
de
deux
cents
:
peu
de
femmes
et
enfans,
et
de
vieilles
gens
malades
et
impotens,
étaient
restés,
ayant
été
mis
dehors
lorsqu'on
se
battoit
aux
advenués,
et
se
sont
sauvez
aux
Cévennes,
pays
montagneux
et
de
difficile
accès.
La
dicte
ville,
ayant
été
le
levain
des
émotions,
avait
mérité
le
pain
de
la
punition
et
le
saccage
de
feu
et
de
sang,
comme
il
est
arrivé,
n'y
ayant
eu
que
le
viol
expressément
défendu
par
Sa
Majesté,
et,
pour
les
biens,
tous
mis
au
pillage
et
la
ville
rasée.
Dieu
conserve
notre
roy
et
lui
donne
longue
et
heureuse
vie
et
victoire
sur
ses
ennemis.
Ainsi-soit-il.
-
- Le
recueil
contient,
outre
les
deux
lettres
du
roi
à
sa
cour
de
parlement
de
Provence,
et
le
récit
ci-dessus,
une
autre
pièce
intitulée:
La
prise
de
la
ville
et
du
fort
de
Privas
en
Vivarex,
avec
la
juste
punition
qui
a
été
faite
des
rebelles
qui
s'y
sont
trouvés.
- (A
Aix,
Etienne
David,
imprimeur,
1629.)
-
- C'est
dans
cette
pièce
que
se
trouvent
les
détails
suivants
-
- Saint-Preuil
le
Menu
(Saint-André
Montbrun)
vint
au
logis
de
Sa
Majesté,
laquelle
ne
le
voulut
voir
et
le
renvoya
à
M.
te
cardinal,
avec
lequel,
après
avoir
parlé,
il
a
depuis
été
conduit
avec
sept
ou
huit
autres
(à
ce
qu'on
dit)
à
Valence
ou
à
Montélimart,
pour
lui
faire
faire
leur
procès
comme
à
des
criminels,
tous
à
pieds,
liés
et
garrotés
et
nue
teste,
excepté
ledit
Saint-André
Montbrun,
à
qui,
par
privilège,
on
donna
un
bien
chétif
cheval,
entre
lesquels
on
dit
estre
le
sieur
Clausel
qui
avait
servi
M.
de
Savoye,
et
un
soldat
que
le
roi
voulut
voir,
lequel
avait
crevé
les
yeux
à
un
pauvre
capucin
qu'il
avait
prins
.....
- Ce
qui
fit
croire
(l'explosion
d'une
barrique
dans
la
citadelle)
que
ce
fut
une
mine
qu'on
eut
fait
jouer,
à
dessein
de
les
perdre,
et
anima
tellement
les
troupes
du
roi
contre
ceux
dudit
fort,
qu'ils
en
taillèrent
en
pièces
une
partie,
puis
se
mirent
à
faire
pendre
les
autres
:
et
enfin
furent
tous
achevés
de
tailler
en
pièces
par
les
Suisses
quand
on
se
lassa
de
pendre
et
que
les
cordes
commençaient
à
manquer
pour
cet
effet.
-
- Le
roi
a
donné
(comme
on
croit)
tous
les
biens
fonciers
de
Privas
(comme
à
luy
acquis
par
la
félonie
des
habitants),
au
viscomte
de
Lestrange,
qui
aura
bien
de
quoi
(si
cela
est)
pour
réparer
ses
pertes
passées.
-
- Aucuns
disent
toutefois
qu'un
brave
soldat
avoit
prins
un
desdits
habitans
qui
lui
offroit
mille
pistoles
s'il
lui
sauvait
la
vie:
lequel
alla
supplier
le
roi
de
lui
octroyer
cette
gràce,
qui
le
pouvoit
enrichir
pour
toute
sa
vie,
et
que
le
roy
s'estant
enquis
du
prisonnier
combien
il
avoit
vaillant,
qui
respondit
qu'il
avoit
bien
dix
mille
écus
,
commanda
qu'on
fit
expédier
en
faveur
du
soldat
un
don
de
toute
la
confiscation
de
ce
prisonnier
et
qu'on
le
fit
passer,
luy,
par
la
rigueur
des
armes,
ce
qui
fut
exécuté
sur-le-champ…
-
- II
-
- M.
Sainte-Beuve
reçut,
en
avril
1842,
à
l'occasion
de
son
article
sur
Clotilde
de
Surville,
dont
nous
avons
parlé,
une
lettre
de
M.
La
Vialle
de
Mas-Morel,
président
du
tribunal
civil
de
Brives
et
ex-député
de
la
Corrèze.
Voici
.un
fragment
de
cette
lettre
:
- Vous
avez
rencontré
parfaitement
juste,
lorsque
vous
avez
attribué
ces
poésies
au
marquis
de
Surville.
Ce
fait
est
pour
moi
de
la
plus
grande
certitude
;
car
il
m'a
été
certifié
par
mon
père,
qui,
ayant
été
le
compagnon
d'infortune
du
malheureux
Surville
et
son
ami
intime,
avait
fini
par
lui
arracher
l'aveu
qu'il
était
réellement
l'auteur
des
prétendues
oeuvres
de
son
aïeule…
- Vous
pouvez
compter
entièrement
sur
l'exactitude
de
ces
renseignements
(1).
-
- (1)
Note
insérée
à
la
fin
du
volume
de
l'ouvrage
intitulé;
Tableau
historique
et
critique
de
la
poésiefrançaise
au
seisié
ne
siècle,
par
Saints-Beuve
;
1843.
Paris,
Charpentier,
éditeur,
etc.
-
- Un
témoignage
si
formel
semblerait
devoir
clore
le
débat
relatif
à
l'authenticité
des
poésies
de
Clotilde
de
Surville.
Nous
croyons
pourtant
encore
que
M.
de
Surville
a
eu
du
moins
l'artifice
de
mêler
à
ses
compositions
quelques
fragments
véritables
de
ses
aïeules
Jeanne
de
Vallon
et
Clotilde
de
Surville,
qui
ne
sont,
ni
l'une
ni
l'autre,
des
personnages
imaginaires
;
de
sorte
que
la
confusion
devenait
plus
facile
et
que
l'écheveau
était
mieux
brouillé,
comme
le
dit
M.
Sainte-Beuve
des
Poésies
occitaniques
de
Fabre
d'Olivet.
-
- Il
suivrait
de
là
aussi
que
la
veuve
du
marquis
de
Surville
aurait
été
trompée
toute
la
première
par
la
fiction
littéraire
de
son
mari.
-
- Nous
disons
que
Clotilde
de
Surville
et
son
époux
Bérenger
n'étaient
pas
des
personnages
imaginaires.
la
preuve
en
est
vivante
encore
dans
une
épitaphe
placée
sur
la
porte
principale
de
l'église
de
Vesseaux.
Cette
épitaphe
la
voici
:
- INDNI
'
PECTVS
'
IOBS
-
IACVIT
'
BENE
'
- TECTVS
'
NOSVTINA
,
LVSAS
'
PARADISI
- AD
•
GAVDIA
•
DVCAS
-
- On
peut
la
traduire
ainsi
:
- Au
nom
de
notre
Seigneur
Jésus-Christ,
- le
cœur
de
Jean
Bérenger
Surville
repose
bien
caché.
- Fasse
le
ciel
que
tu
nous
conduises
en
paradis,
nous
qui,
en
te
perdant,
- avons
été
si
cruellement
déçus.
-
- Cela
prouve,
non
pas
que
Clotilde
soit
l'auteur
du
recueil
complet
des
poésies
éditées
sous
son
nom,
mais
que
son
descendant,
le
dernier
des
Surville,
connaissait
bien
la
généalogie
de
sa
famille.
-
- III.
-
-
- Un
magistrat,
qui
consacre
à
la
culture
des
lettres
les
intervalles
de
loisir
que
lui
laissent
ses
fonctions,
a
bien
voulu
nous
communiquer
la
légende
relative
à
la
tour
de
Brison,
sous
la
forme
d'un
petit
poème
en
vers
de
dix
syllabes.
Nous
regrettons
que
ce
poème,
dont
la
lecture
nous
a
pourtant
paru
bien
courte,
soit
trop
long
pour
pouvoir
trouver
place
dans
la
dernière
page
de
notre
Album.
Tout
ce
que
nous
pourrons
faire,
ce
sera
d'en
donner
une
sèche
analyse,
et
de
reproduire
les
faits
principaux
qui
y
sont
racontés,
en
les
dépouillant
du
charme
d'un
coloris
animé
et
du
prestige
d'une
versification
facile.
-
- Brison,
seigneur
du
château
de
ce
nom,
était
allé
à
la
croisade:
il
se
trouvait
sous
les
ordres
de
Godefroy
de
Bouillon,
devant
les
murs
de
Jérusalem,
quand
il
apprend
qu'abusée
par
le
faux
bruit
de
sa
mort,
sa
femme,
se
croyant
veuve
depuis
plus
d'un
an,
va
épouser
en
secondes
noces
le
sire
de
Surville.
D'après
le
message
qu'il
a
reçu
de
sa
sueur,
la
dame
de
Tavernol,
Brison
calcule
quel
jour
doit
se
faire
cette
cérémonie
sacrilège
....:
«
Quoi
!
c'est
demain
?
»
s'écria-t-il
avec
rage,
"Oui,
c'est
demain
....
Satan,
où
sont
tes
ailes
!
"
- A
peine
a-t-il
prononcé
ces
mots,
que
la
terre
s'ouvre
sous
sa
tente
et
vomit
des
tourbillons
de
feux..
Satan
parait.
Il
était
nuit.
Brison
se
sent
saisi
par
une
puissante
étreinte:
il
est
soulevé
dans
les
airs
et
emporté
au
loin
au
milieu
des
ténèbres.
-
- Pendant
ce
temps,
de
grands
préparatifs
de
fête
avaient
lieu
au
château
de
Brison.
Après
une
nuit
agitée
par
de
tristes
souvenirs
ou
de
vagues
inquiétudes,
la
fiancée
du
sire
de
Surville
entend
les
premiers
sons
de
l'angélus
qui
devançaient
l'aube
matinale
;
elle
appelle
ses
femmes,
se
lève
tout
à
coup
elle
aperçoit
de
sa
fenêtre
une
clarté
qui
enveloppe
la
tour
de
son
château
comme
d'un
manteau
de
feu
;
la
clarté
s'évanouit,
mais
en
laissant
après
elle
une
longue
odeur
de
soufre.
-
- Effrayée
de
ce
présage,
la
jeune
veuve
voudrait
retarder
l'heure
de
la
cérémonie
nuptiale
;
mais
déjà
le
prêtre
pare
l'autel,
et
fait
allumer
les
flambeaux.
Bientôt
après,
le
bruit
des
coursiers
et
le
cliquetis
des
armures
se
font
entendre
près
du
pont-levis
:
c'est
le
sire
de
Surville
qui
arrive
avec
un
nombreux
cortège
d'amis,
d'écuyers
et
de
varlets.
Au
moment
où
le
pont
allait
s'abaisser
pour
lui
livrer
passage,
un
chevalier
à
l'armure
noire
s'avance
sur
un
coursier
qui
fend
les
airs
;
il
s'approche
de
Surville,
lève
à
demi
sa
visière,
et
le
défie
à
un
combat
à
outrance.
Le
fer
croise
le
fer,
le
sang
coule;
la
dame
de
Brison
sort
au
bruit,
on
murmure
autour
d'elle
le
nom
de
son
premier
époux;
le
chevalier
noir
tombe,
et
son
casque,
qui
roule
à
terre,
laisse
voir
des
traits
trop
connus
de
celle
qui
s'était
crue
veuve
sur
des
rumeurs
mensongères,
veuve
bien
réellement
cette
fois:
elle
s'évanouit
à
ce
spectacle.
-
- Le
ministre
de
paix
était
aussi
sorti
pour
séparer
les
combattants
ou
les
secourir
de
sa
parole.
Quand
il
étend
sa
croix
sur
le
corps
encore
palpitant
du
croisé,
le
démon
s'en
échappe
en
rugissant,
détache
une
pierre
au
bas
de
l'angle
de
la
tour,
et
disparaît
dans
un
abîme
de
feu.
-
- Surville,
blessé
à
mort,
embrasse
la
croix
sainte
et
expire
dans
le
Seigneur. La
dame
de
Brison
ne
survit
pas
longtemps
non
plus
à
cette
scène
de
deuil.
-
- Depuis
ce
temps,
Satan,
s'il
faut
en
croire
la
tradition
du
pays,
revient,
à
chaque
anniversaire
de
cette
funèbre
nuit,
arracher
quelques
pierres
du
château
de
Brison
;
cette
oeuvre
de
destruction
est
maintenant
achevée.
La
tour
carrée,
vaste
débris
de
ce
vieux
monument,
reste
seule
debout,
subira-t-elle
le
sort
du
reste
de
l'édifice
?
-
- Adressez
cette
question
à
un
habitant
de
la
contrée
;
il
se
signera
et
gardera
le
silence.
-
- FIN
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