GASTON DOUMERGUE
(1863-1937)
Président de la République de 1924 à 1931

Merci à Robert Soulier d'Aigues-Vives, passionné d'histoire et collectionneur de " Vieux Papiers et cartes postales ", sans qui cet article n'aurait pas pu voir le jour.

Une incroyable prédiction de Desmons Vice-Président du Sénat, en 1909 :« Gaston Doumergue, mon cher fils, un jour vous serez le président de notre République après avoir été son ministre et son chef de Gouvernement… »
Voici les détails de cet incroyable destin :  

Gaston Doumergue, né un samedi 1er août 1863, à Aigues-Vives, village situé à la limite des vignes de la Vaunage,  une mère protestante et un père vigneron aisé, sera forgé aux traditions républicaines. Doué, par la nature et l’éducation, d’un esprit vif et d’une grande élocution, il deviendra naturellement le représentant d’une population qui se reconnaissait enfin en lui. Il bousculera de nombreux tabous. Il fut, entre autres, l’unique Président de la Republique Protestant, et le premier célibataire marié en cours de mandat à l'Élysée...




Après avoir fréquenté brillamment l’école primaire d’Aigues-Vives, son village natal, il fera ses études secondaires au Lycée de Nîmes (devenu depuis le Musée du boulevard Amiral-Courbet). Son bac en poche et incité par son père à se diriger vers une carrière libérale, il montera à Paris pour y passer une licence et un doctorat de droit.
Après avoir accompli volontairement une période militaire,en 1885,  il s'inscrira au barreau de Nîmes comme stagiaire, il assistera au procès de Numa Gilly. Il sera nommé substitut à Hanoï, en Indochine en 1890 et ne retournera en métropole qu’après la mort de son père survenue le 16 octobre 1891.
Dans un courrier daté du 4 février 1892, Émile Jamais, député natif d’Aigues-Vives, répond à une demande de la mère du jeune Magistrat. Il précise que, à sa demande, il a fait des démarches auprès du ministère au sujet de Gaston, devant passer le surlendemain à Aigues-Vives, il préfère donner de vive voix de plus amples renseignements.
Avec ou sans la recommandation d’Émile Jamais, la nomination en tant que juge de Paix à compétence étendue de Gaston Doumergue en Algérie, ne surviendra qu’en 1893.
 
RENTRÉE POLITIQUE DE DOUMERGUE
Un événement important précipitera la carrière politique de Gaston Doumergue. Émile Jamais, député de la 2e circonscription de Nîmes, élu pour la troisième fois le 20 août 1893, (4 octobre1885, 25 septembre 1889 et en 1893) disparaîtra avant la rentrée de la chambre. C’est à Oran, le 11 novembre 1893, que Gaston apprendra le décès survenu la veille, de son protecteur Émile Jamais.
A Nîmes, les politiques de tous bords se préparent à une élection complémentaire. Il y a urgence, le scrutin est prévu pour le 31 décembre 1893. Les Républicains aspirent à une candidature unique pour contrer celle de l’Ancien Maire de Nîmes, Gaston Maruéjol. Un nom est prononcé, Jean Cazelles, mais ce dernier déclare qu’il ne sera pas candidat, un autre pressenti Charles Maurin, se désiste. Un congrès organisé par les partis républicains pour trouver un accord électoral, sur cette 2e circonscription, est tenu le 26 novembre dans la Chapelle de l’Ancien Lycée (des Jésuites). Ne pouvant faire l’unanimité sur un seul nom, l’option de candidatures multiples au premier tour est retenue. Divers candidats sont envisagés : M.M. Mounet de Gallargues, Bonnard de Lunel, Masse de Saint-Laurent-d’Aigouze, juge à Montpellier et Camille Coste. Une seule aboutira, celle de Camille Coste. Ce dernier dans sa campagne s’occupera surtout des questions agricoles et de la suppression des octrois.
Le 28 novembre un autre candidat républicain se présente sous l’étiquette « Radical-Socialiste » terme encore nouveau pour l’époque, c’est Élie Peyrone propriétaire à Saint-Gilles, et avocat à Nîmes.
Le 1er décembre, l’ancien Maire de Nîmes, Gaston Maruéjol attendu par l’autre composante de l’électorat dépose sa candidature. Ce dernier quoique fils d’agriculteur, est perçu par le milieu rural comme le candidat de la grande ville, Nîmes. Le souvenir d’Émile Jamais natif d’Aigues-Vives reste très fort chez les ruraux. Le nom de Gaston Doumergue commence à circuler. Pourquoi ne se présenterait-il pas ? Après tout, Lunel, Gallargues ou Saint-Laurent ont leur candidat pourquoi pas Aigues-Vives !       
Le 2 décembre 1893, une note est adressée aux journaux par un Comité qui vient de s’improviser à Aigues-Vives. Cette note, parue le 3 décembre, apprenait pour la première fois le nom de Gaston Doumergue à la presse. En voici le texte intégral :
 
«  Le congrès de Nîmes ayant adopté à une grande majorité la candidature multiple, il s’est formé, à Aigues-Vives (Gard) un comité d’initiative pour le choix d’un candidat.
Ce comité réunit en séance régulière, a proclamé à l’unanimité, la candidature du citoyen Gaston Doumergue, magistrat, après avoir entendu ses déclarations franches et loyales.
Cette décision a été ratifiée dans une réunion publique donnée le soir même par le citoyen Doumergue, où celui-ci, après avoir renouvelé ses déclarations a obtenu un ordre du jour de confiance unanime.
Un comité de propagande s’est immédiatement formé pour présenter la candidature du citoyen Doumergue aux élections de la circonscription de Nîmes.
Le comité a nommé : MM Hébrard Jacques président :Teulon, docteur, vice-président : Paltus Hippolyte, Paul Vidier, secrétaires. »
 
Quelques mois auparavant lors d’une tournée dans la région, Emile Jamais rendait compte de son mandat dans la salle d’école d’Aramon. À l’issu de son compte rendu, il répond aux compliments qui lui sont adressés sur son magistral discours :
 
« Je vous remercie bien sincèrement, mais si mon excellent ami Gaston Doumergue d’Aigues-Vives comme moi, entrait dans la politique, il émerveillerait ses auditeurs par son beau talent de parole et arriverait certainement aux plus hautes destinées ».
 
Avec ses paroles Emile Jamais se posait en prophète. Son décès survenu quelques mois après cet éloge,  alors qu’il n’était âgé que de 37 ans, c'est naturellement son ami et protégé Gaston Doumergue qui prendra sa place à la chambre des députés suite à une incroyable élection.
Sollicité par ses amis, Gaston Doumergue posera sa candidature le 17 décembre 1893. Il sera élu député, au second tour de scrutin avec 10 101 voix contre 25 voix pour Élie Peyrone et 24 voix pour Gaston Maruéjol. Par cette élection, le futur locataire de l’Élysée commençait triomphalement sa carrière politique.
Aussitôt élu, notre jeune député s’inscrivit au groupe radical-socialiste et travailla au sein de diverses commissions : Justice de Paix (1894), budget (1896), commission d’enquête sur l’affaire de Panama (1897) et fut élu secrétaire de la  Chambre des députés en 1895 et 1896.
Moins d’un an après son élection, il fera ses débuts à la tribune, c’est en novembre 1894 qu’il prendra la parole lors d’une discussion sur un projet de loi destiné à financer une expédition militaire à Madagascar. Jeune républicain de gauche, il s’opposera à ce projet déposé par le Cabinet  Charles Dupuy demandant un crédit de 65 millions pour financer cette expédition.
Bien charpenté et incisif, ce premier discours fut très applaudi par la gauche et l’extrême-gauche.
Il sera réélu député le 8 mai 1898, au 1er tour avec 11 514 suffrages contre 4 795 au candidat conservateur, Nesmes-Desmarets.
Au cours de ce second mandat, il continuera d’afficher ses convictions républicaines face à des critiques soutenues de la droite à son égard. Il fut le rapporteur de la Commission des colonies lors des débats budgétaires, il soutint aussi avec vigueur et talent le président du Conseil Waldeck-Rousseau contre Méline et Denys Cochin, entre temps il déposa avec plusieurs collègues, une proposition de loi sur le recrutement à l’armée. (l’égalité face au recrutement pour le Service National ne deviendra réalité qu’avec la loi du 21 mars 1905)
D’autres votes traduisirent les convictions républicaines et laïques du député de Nîmes, défenseur de Dreyfus, il se prononça le 25 octobre 1898 pour la confiance du Cabinet Brisson lors d’une interpellation sur l’affaire Dreyfus, le 30 janvier 1899 ce fut sur la suppression du budget des cultes.
Ses convictions savaient aussi se nuancer, le 28 novembre 1901, il vota pour une motion d’hommage au corps expéditionnaire français en chine et pour un additif exprimant « la réprobation de la Chambre pour l’évêque et les missionnaires voleurs et pillards ». Se souvenant de ses origines et surtout de ceux à qui il devait son mandat, il montera aux créneaux pour défendre la viticulture, en s’opposant à la suppression du privilège des bouilleurs de cru (décembre 1900), et en 1901 et 1902, avec la crise viticole de plus en plus présente il défendra le régime fiscal des boissons alcooliques.
 
DOUMERGUE MINISTRE
Lors du renouvellement de la chambre en 1902, il conserva sans difficulté son siège, passant au premier tour du scrutin du 27 avril par 10 795 voix contre 3 480 à Gaissac. Ce fut alors qu’Émile Combes chargé par le président Loubet de constituer un Cabinet après la chute de Waldeck-Rousseau, appela Doumergue pour lui confier, le 7 juin 1902, le ministère de Colonies, poste où l’ancien juge en Indochine et en Algérie se trouvait à sa juste place, il y resta jusqu’au 24 janvier 1905.
C’est à ce poste que cet adversaire de la colonisation acquit le sens des responsabilités « impériales » de la France. Parmi les mesures prises par lui pendant ces trois années d’administration des colonies, il faut citer la réunion sous l’autorité unique d’un commissaire général de tous les territoires du Congo et du Chari, la création et la réorganisation du service de la trésorerie en Indochine.
Sur le plan parlementaire, il intervint comme ministre pour défendre les crédits de son département devant les deux Assemblées ainsi que dans divers débats : notamment à la Chambre lors de la discussion du projet de loi portant suppression de l'enseignement congréganiste - il prend plusieurs fois la parole le 21 mars 1904 pour combattre, contre Georges Leygues et la majorité des députés, un amendement exceptant de la mesure générale les établissements installés dans les colonies - et pour répondre à des questions posées par des députés et des sénateurs.
Revenu siéger à la Chambre après la chute du Ministère Combes, il fut élu vice-président de celle-ci, fonction qu'il garda du 14 février 1905 au 17 mars 1906. De cette époque datent un important discours par lequel il exprima son opposition au traité de commerce avec la Russie et une intervention à l'appui de la proposition de loi étendant au commerce la législation sur les accidents du travail.
Le 14 mars 1906, Sarrien, chargé par le Président Fallières de constituer un Cabinet de « concentration républicaine », lui confia le portefeuille du commerce, de l'industrie et du travail, portefeuille qu'il devait conserver dans le premier Cabinet Clemenceau, qui succéda le 25 octobre au Cabinet Sarrien, jusqu'au 4 janvier 1908. Ce furent deux années plus de travail que d'éloquence. De cette époque date la création de la direction de la marine marchande, dont le mérite revient à Doumergue. Au Parlement, il n'intervint que rarement, notamment lors des débats budgétaires, lors de la discussion du projet de loi sur le mouillage des vins et les abus du sucrage.
Le 4 janvier 1908, il remplaça Briand au ministère de l'Instruction publique et des Beaux-arts en une période de lutte pour ou contre la laïcité. Fort de ses convictions Doumergue défendit contre Barrès le projet de loi pour le transfert des cendres de Zola au Panthéon ; déposa et soutint un projet de loi réprimant les entraves apportées par les parents à l'enseignement dans les écoles publiques. Ayant gardé son portefeuille dans le premier Cabinet Briand - formé le 24 juin 1909 - il dénonça de nouveau et en termes vifs, lors d'interpellations sur la « neutralité » de l'instruction (17 au 24 janvier 1910), les procédés des adversaires de l'école laïque ; il fit aussi adopter une loi sur la fréquentation scolaire.
 
DOUMERGUE AU SÉNAT
C'est à cette époque, profitant d'une élection partielle, qu’il entra au Sénat : le 6 mars 1910, au premier tour de scrutin, par 501 suffrages contre 189 à Colmet, 135 à Donon (sur 832 votants) il fut élu pour occuper le fauteuil laissé vacant dans le Gard par Desmons, décédé. Sa première intervention à la Haute Assemblée, il la fit comme ministre. Peu de temps après, d'ailleurs, il rentrait dans le rang et prenait possession de son siège sénatorial.

LE SÉNATEUR DESMONS
Quelques mois avant sa mort, le Sénateur Desmons alors vice-président du Sénat, pasteur et franc-maçon, originaire de Brignon dans le Gard, fait un discours lors d’un banquet démocratique à Bagnols. Il sera perçu quelque mois plus tard comme un testament politique.
En voici le texte intégral :
«  Mes chers amis de Bagnols, j’ai été bien heureux de venir vous voir une dernière fois, car je sais combien votre dévouement fut toujours grand à la cause que nous avons sans cesse défendue, soutenue et fait triompher par l’union de tous les bons démocrates. Mon cœur au milieu des vôtres se réjouit et s’ouvre largement à toutes les satisfactions que donne le bon travail accompli pour le peuple et avec le peuple. La République, aujourd’hui, rayonne avec un tel éclat que bien rares sont devenus les aveugles qui osent encore nier ses bienfaits, se refuser à reconnaître l’équitable sagesse de son esprit.
Je vais partir le cœur plein de confiance dans l’avenir plus heureux des hommes, puisqu’ils ont appris à vivre en frères au lieu de se diviser en esclaves et en tyrans opposés les uns aux autres ; je vais partir, sachant que d’autres, après moi, continueront avec tout leur cœur la tâche sociale qui suit la lutte politique ; je vais partir en regardant à côté de moi mon jeune et digne ami Gaston Doumergue, déjà si haut placé dans l’estime du Parlement, Gaston Doumergue à qui, certainement, vous donnerez bientôt – car mes jours sont à présent comptés – ma succession au Sénat, afin que tous les démocrates de notre département puissent, avec fierté, le considérer comme leurs élus.
Gaston Doumergue, au Sénat, où vous allez l’envoyer en pleine force active, ne restera pas, comme moi, sur les marches du bureau présidentiel ; il les gravira toutes ; il sera président du Sénat, comme il deviendra le président d’un de nos Conseils des ministres. Et lorsque notre cher grand ami sera président du Sénat, si les circonstances font que la France républicaine ait à son tour, à changer de représentant constitutionnel, tous les regards des hommes sagesse tourneront vers lui, car on comprendra combien sa clairvoyance, sa pénétration et la solidité fondamentale de ses convictions démocratiques donneront de garanties au pays pour la pacification des esprits et la sécurité dans les institutions qui nous sont chères ».
Et, le sénateur Desmons appuyant paternellement, dans un geste ses mains sur l’épaule de M. Doumergue, placé à son côté ajoute d’une voix haute et comme inspirée par une vision intérieure :
« Gaston Doumergue, mon cher fils, un jour vous serez le président de notre République après avoir été son ministre et son chef de Gouvernement ; et cela sera une grande heure dans notre histoire, en même temps qu’un grand orgueil pour la région natale, car cela marquera que les temps de haine et de mépris entre les hommes, suivant leurs conceptions religieuses, auront pris fin ; que la France ne sondera plus les consciences pour en connaître les tendances philosophiques personnelles, mais s’attachera à ne juger ses serviteurs comme tous ses enfants que d’après leur valeur morale, leurs qualités intellectuelles, le bien social qui pourra venir d’eux » .

Inscrit au groupe de la gauche démocratique radicale et radicale socialiste, il travailla au sein des Commissions : de l'armée, des finances, de l'enseignement supérieur. En séance publique, il intervint peu. On l'entendit principalement plaider en faveur de l'enseignement de l'arabe en Algérie. Plus tard, sa réélection lors du renouvellement triennal de 1912 - il obtint 434 voix contre 390 à Crémieux et 380 à Bonnefoy-Sibour sur 835 votants - ayant augmenté son autorité dans la Haute Assemblée, il prit la parole plus souvent, présenta des rapports sur les questions fiscales ; parmi les votes importants de cette époque, on relève de lui un vote pour l'inscription de crédits supplémentaires afférents aux opérations militaires au Maroc, un vote pour l'ordre du jour Combes sur la politique scolaire et la défense de la laïcité (mars 1912).

L'année 1913 voit une succession de Cabinets éphémères, tandis que l'horizon international s'obscurcissait. Sollicité par Poincaré, récemment élu Président de la République, Doumergue accepta, le 9 décembre, de former un Cabinet « d'entente républicaine », prenant le portefeuille des Affaires étrangères, confiant celui des Finances à Caillaux : tâche difficile qui l'obligea à concilier l'intérêt permanent du pays et les revendications de son parti politique et dont il s'acquitta du mieux qu’il put, avec l'habileté, la finesse qui le caractérisaient, avec son patriotisme aussi. Prouvant que l'homme de Gouvernement l'emportait sur l'homme de parti, il commença par déclarer qu'il appliquerait loyalement la loi du service militaire de trois ans - qu'il avait votée, non sans scrupules de conscience - et qu'il soutiendrait aussi le projet d'impôt sur le revenu, dont il obtiendra le vote, non sans mal.
Très vite il lui fallut, sur le front parlementaire, livrer bataille, payant fréquemment de sa personne ; sur la politique financière (février 1914) ; sur l'occupation militaire du Maroc, hommage étant rendu à l'œuvre civile du maréchal Lyautey (mars) ; pour l'incorporation dans la loi de finances de l'impôt sur le revenu (avril) ; pour défendre un ministre - Bienvenu-Martin, Garde des Sceaux - mis en cause à l'occasion de la discussion des conclusions de la Commission d'enquête sur l'affaire Rochette - les anciens présidents du Conseil Monis et Caillaux étaient soupçonnés d'être intervenus pour faire suspendre le cours de la justice en faveur de l'escroc Rochette. Ce dernier débat, outre le scandale causé par le meurtre par Mme Caillaux du directeur du Figaro, Calmette - ce qui avait entraîné la démission de son mari alors Ministre des Finances- avait contribué à l'affaiblissement de la cohésion du Cabinet. Doumergue, qui avait eu à résoudre de nombreuses difficultés de politique extérieure, qui ressentait aussi quelque amertume de se sentir parfois incompris de ses amis politiques, considérant que sa tâche était terminée, malgré la majorité que lui assurèrent les élections législatives du 26 avril, démissionna le 3 juin 1914 et, une fois de plus, rentra dans le rang.
 
DÉCLARATION DE GUERRE
Le 2 août 1914 : la guerre. À l'appel du président du Conseil Viviani, il revint au quai d'Orsay, qu'il abandonna bientôt lors du remaniement du Cabinet, devenu « d'union nationale », pour retrouver le ministère des Colonies, là où il devait rester jusqu'au 20 mars 1917, au sein des cinquième et sixième Cabinets Briand. Ce bref passage aux Affaires étrangères lui permit d'harmoniser de son mieux le concert diplomatique des nations alliées, de décider la Grande-Bretagne à accepter notre coopération militaire au Congo et au Cameroun.
Au ministère des Colonies, Doumergue accomplit une bonne besogne, assurant la sécurité de nos possessions, organisant le recrutement des troupes indigènes, réalisant la conquête des colonies allemandes du Togo et du Cameroun. Peu d'interventions au Parlement, sinon pour présenter les crédits de son département, ainsi que des textes sur le recrutement militaire, sur le chemin de fer de Djibouti à Addis-Abeba.

NDLR : Petit clin d'œil à l'histoire. Au début de sa vie politique, Gaston ne voyait pas d'un bon œil la politique coloniale de la France. Pourtant, devenu ministre des colonies de 1914 à 1917, il va contribuer à recruter des soldats africains pour participer à la défense de la métropole. Il est vrai que l’école laïque de la République, chère à Gaston Doumergue, leur avait appris l’histoire de France avec cette phrase célèbre qu’ânonnaient les petits africains « nos ancêtres les Gaulois… »  

C'est surtout dans l'accomplissement d'une mission en Russie que les qualités - éminemment diplomatiques : souplesse et finesse dans la fermeté, chaleur humaine et affabilité de Doumergue donnèrent leur pleine mesure. De janvier à mars 1917, le ministre des Colonies représenta la France à la conférence interalliée de Saint-Pétersbourg; il y négocia personnellement avec le tsar les problèmes relatifs au futur traité de paix. Cette mission devait rester sans résultats pratiques par suite de la révolution d'octobre qui bientôt survint.

De retour en France, la chute du Cabinet Briand (18 mars 1917) le rendit au Sénat. Là toute son activité, que ce fût au sein du groupe de la gauche démocratique - dont il devait devenir assez vite président - que ce fût dans les Commissions (marine, affaires étrangères et colonies), que ce fût en séance publique par ses interventions ou par ses votes, fut dirigée vers l'effort de guerre : répression pénale de l'insoumission, imposition des bénéfices de guerre, prorogation des baux à loyer, émission d'un emprunt national, crédits budgétaires trimestriels. Puis ce furent la victoire et la paix. Avec cette dernière, le Parlement retrouva le goût des grands débats politiques et aussi les préoccupations électorales. Dans la discussion - aussi longue que vive et acharnée - provoquée par le dépôt d'une proposition de loi modifiant le régime électoral des députés, Doumergue intervint en faveur de la représentation proportionnelle à un tour, qu'il votera avec la majorité (juin 1919). Devenu en 1920 président de la Commission de la marine, il fut nommé en 1920 vice-président de la Commission des affaires étrangères et des colonies. Comme tel, il prit la parole dans le débat relatif à l'exécution du protocole interallié du 16 juillet 1920. Entre temps, il avait fait adopter un ordre du jour faisant confiance au Cabinet Millerand « pour assurer le développement de notre domaine extérieur ».
Réélu sénateur du Gard au premier tour (9 janvier 1921) du renouvellement partiel de la Haute Assemblée - 517 voix sur 813 votants - reconduit dans ses fonctions de président de la Commission de la marine, porté à la présidence de la Commission des affaires étrangères en 1922, Doumergue intervint peu. Il prit la parole principalement pour proposer de réduire le crédit destiné à l'Administration française en Syrie, pour défendre longuement les viticulteurs au regard du régime fiscal des boissons (9 juillet 1921), pour s'opposer à la reprise des relations diplomatiques avec le Saint-Siège (16 décembre 1921). Parmi ses votes importants, on relève un vote contre la discussion de propositions de loi concernant le vote des femmes, un vote pour la confiance au Cabinet Poincaré (23 juin 1922). Au nom de la Commission des affaires étrangères, il demanda et obtint l'affichage de la déclaration de ce dernier relative à l'occupation de la Ruhr (11 janvier 1923). On l'entendit encore lors de la discussion du projet de loi sur la taxation du chiffre d'affaires.
Le 22 février 1923, Léon Bourgeois ayant abandonné la présidence du Sénat, Doumergue fut élu pour le remplacer, au second tour de scrutin, par 142 voix contre 133 à de Selves. Il fut réélu, sans concurrent, le 19 janvier 1924.
 
DOUMERGUE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE (1924-1931)
Cependant, la situation politique s'était dégradée. Entré en conflit avec la nouvelle Chambre élue le 11 mai 1924 à la représentation proportionnelle, Millerand dut quitter l'Elysée. Sensible aux sollicitations de ses amis, Doumergue fit acte de candidature et fut élu Président de la République le 13 juin 1924, ayant recueilli 515 voix contre 309 à Painlevé et 21 à Camélinat, sur 815 votants.
A peine élu il se fait remarquer par ses mesures d'austérité à l'Élysée ainsi qu'aux fastes de sa présidence, plus de postillons, piqueurs et valets d'écurie à chaque sortie présidentielle, le cortège ne comportera plus que cinq véhicules ordinaires et un véhicule d'apparat.
Commençait alors un septennat qui devait être fertile en événements et pendant lequel Doumergue devait révéler ses qualités d'homme d'État. Sa première déclaration officielle, faite devant le Congrès de Versailles, définit la conception qu'il avait de sa fonction : « Nul plus que moi ne sera respectueux de la Constitution, nul plus que moi ne demeurera au-dessus des partis pour être entre eux l'arbitre impartial, nul plus que moi ne s'inspirera des volontés du Parlement, expression de la souveraineté nationale. » Son premier acte présidentiel fut de charger Herriot de constituer un Gouvernement lequel, bien qu'appuyé sur une majorité de « cartel des gauches », dura un an. Puis d'avril 1925 à juillet 1926, six Cabinets se succédèrent - deux Painlevé, trois Briand, un second Herriot éphémère - tandis que le franc continuait à baisser. En juillet 1926, jugeant le pays au bord de la faillite financière, Doumergue appela Poincaré qui, se réservant les finances, constitua un Gouvernement « d'union nationale », qui devait durer deux ans puis, remanié, se prolonger jusqu'en juillet 1929. Vite, il ramena la confiance et rétablit la situation financière. Après la démission de Poincaré, malade, revint l'instabilité ministérielle ; de nouveau Doumergue dut dénouer des crises, six dans les deux dernières années de son mandat présidentiel. Lui, qui sentait bien le désir de paix et de stabilité émanant de la Nation, manœuvra du mieux que lui permettaient des mœurs politiques défectueuses, usant d'une influence personnelle qui, pour être discrète, n'en fut pas moins réelle sur le cours des affaires publiques. Lui seul, homme de gauche, pouvait faire une politique, au fond, conservatrice. Car il avait « la manière », son affabilité courtoise, teintée de bonhomie, son sourire légendaire lui valurent alors la sympathie de beaucoup de ses pairs et la popularité de la masse de la Nation qui en fit « Gastounet ».
Lui, le huguenot, « le laïc », fut aussi un artisan de paix religieuse. Il entretint avec les nonces des relations cordiales ; il reçut des légats et honora des cardinaux, tel le cardinal Dubois, archevêque de Paris, à qui il remit les insignes de Commandeur de la Légion d'honneur. Il présida en 1929 les fêtes du cinquantenaire de la délivrance d'Orléans par Jeanne d'Arc.
Sur le plan extérieur, ce septennat ne fut pas non plus de tout repos. Opérations militaires au Maroc et en Syrie ; mésentente entre alliés au sujet de l'Allemagne ; difficultés du désarmement ; réveil du nationalisme germanique, tout cela fut profondément ressenti par le patriote que fut toujours Gaston Doumergue. Sur ces problèmes de politique étrangère, on remarqua qu'avec Briand, inamovible au quai d'Orsay depuis 1925, il fut parfois en désaccord, très discrètement certes et sans jamais heurter son ministre de front. Il se garda de partager les illusions qu'eurent à cette époque nombre de ses amis politiques. Sur la fin de sa présidence, au lendemain de l'union économique de l'Allemagne et de l'Autriche, le discours qu'il prononça à Nice avant de s'embarquer pour un voyage officiel, eut la valeur d'un avertissement : « La France devra veiller, se tenir sur ses gardes... Pour travailler à établir la paix entre les peuples, la première condition est de faire l'union des coeurs, des esprits et des intérêts. »
Pendant les sept années de son mandat, Doumergue s'acquitta parfaitement en Président de la République modèle, de ses tâches représentatives et protocolaires. Il reçut officiellement le Sultan du Maroc, Moulay Youssef, le roi Fouad d'Égypte, le roi d'Afghanistan, l'aviateur Lindbergh ; il rencontra Alphonse XIII d'Espagne à Canfranc ; il fut reçu par le roi Georges V d'Angleterre, par Albert Ier, roi des Belges, par le Sultan Mohammed Ier du Maroc, par le prince de Monaco, par le Bey de Tunis. Outre plusieurs voyages à travers les provinces - dans le Gard d'abord - puis dans le Dauphiné, dans le Nord, dans le Nord-Ouest inondé, etc... - il en fit un, triomphal et significatif, en Algérie, du 2 au 14 mai 1930 - pour commémorer cent ans de présence française en terre maghrébine.

PREMIER MARIAGE PRÉSIDENTIEL
L'année suivante finissait son septennat. Dans les derniers jours de celui-ci, le 1er juin, Doumergue - réputé célibataire endurci - épousa discrètement au Palais de l'Élysée Mme veuve Jeanne Graves, née Gaussal (1878-1963).
Châtelaine de Tournefeuille, cette riche veuve, la cinquantaine, était une amie d'enfance du Président, amour d'enfance diront certains biographes. C'est le maire du VIIe arrondissement, M. Gaston Drucker, qui les unira. À leur sortie de l'Elysée, c’est avec étonnement qu’ils découvrent une haie d’honneur, formée par le personnel  les bras couverts de fleurs. La mèche avait été vendue par l'Ambassade d'Angleterre. Cette cérémonie devait revêtir un caractère ultra confidentiel. Les Anglais à cette époque étaient, plus friands que nous des potins de la vie privée, des personnalités politiques et royales.
Le 12 il présida son dernier Conseil des Ministres et le 13 juin il transmit ses pouvoirs au Président nouvellement élu, Paul Doumer. Le lendemain, il prit le chemin de la propriété de sa femme à Tournefeuille (Haute-Garonne) où il comptait prendre un repos bien mérité.


Le 21/06/1931 - Première photo du couple en gare de Toulouse
Ils reviennent de Paris, où vient d'avoir lieu l'intronisation de son remplaçant, Paul Doumer.
 
DOUMERGUE PRÉSIDENT DU CONSEIL (février à novembre 1934)
Cette retraite ne dura que trois ans, trois années pendant lesquelles la vie politique, marquée par la même instabilité gouvernementale - neuf crises en trente et un mois - la même impuissance des partis, la même facilité de mœurs parlementaires, connut une crise morale grave qui aboutit aux manifestations sanglantes du 6 février 1934 - réaction parisienne aux scandales de l'affaire Staviski - et à la démission de Daladier.
Le Président de la République, soucieux de faire appel à une personnalité incontestée, s'adressa au « sage de Tournefeuille » qui finit par accepter et, après deux jours de consultations, présenta à Doumer un Cabinet où, sauf la S.F.I.O., les communistes et l'extrême-droite, tous les partis étaient représentés. À côté de parlementaires chevronnés comme Herriot et Tardieu (ministres d'État), comme Sarraut (Intérieur) et Barthou (Affaires étrangères), comme Laval (Colonies) et Flandin (Travaux publics), on y trouvait des personnalités militaires, Pétain (Guerre), Denain (Air) et un représentant des anciens combattants et victimes de guerre, M. Rivollet.
Le premier acte du nouveau président du Conseil fut de faire afficher une proclamation déclarant qu'il avait constitué « un gouvernement de trêve, d'apaisement et de justice ». Le 15 février, ayant entendu la déclaration ministérielle, la Chambre lui vote la confiance par 465 voix contre 125. Le 19, il fut acclamé par la foule bruxelloise à l'occasion des obsèques du roi Albert, où il représentait la France avec Tardieu et Herriot.
Le second acte fut de demander pleins pouvoirs pour réaliser par décrets-lois un certain nombre de mesures administratives et financières, pouvoirs qui lui furent accordés le 22 février par la Chambre (368 voix contre 185) et par le Sénat (270 voix contre 20). Le budget, discuté rapidement, fut voté définitivement après quatre navettes, le 28 février.
Le 24 mars, inaugurant une série d'allocutions familières radiodiffusées - du type « causeries » au coin du feu - il adressa un appel à la Nation, déplorant l'affaiblissement de l'autorité et de la justice, le gaspillage des finances, annonçant la suppression des dépenses inutiles, concluant en exhortant les Français à l'union. Plusieurs trains de décrets-lois furent alors promulgués concernant les fonctionnaires, les anciens combattants, la sûreté générale (qui devient « nationale »), l'administration préfectorale, mesures qui firent l'objet de comptes rendus radiodiffusés du président du Conseil.
La vie politique reprit avec la rentrée du Parlement le 18 mai, avec le congrès socialiste de Toulouse (20-23 mai) qui réclamait la dissolution de la Chambre et l'élection à la représentation proportionnelle, et avec plusieurs graves débats dans les deux Assemblées qui obligèrent Doumergue à intervenir personnellement, notamment à l'occasion de l'ouverture de crédits militaires (14 et 15 juin, confiance votée par 420 voix contre 171) à la Chambre, puis au Sénat où il fut amené à déclarer sur le ton des confidences : « Ce n'est pas d'aujourd'hui que j'ai compris que la présidence du Conseil était un mot et non une réalité ». Quatre fois encore, il dut poser la question de confiance, notamment pour faire voter une réforme fiscale, une loi sur les grands travaux avant de lire, le 6 juillet, le décret de clôture et d'envoyer les parlementaires en vacances. Vacances qui ne furent pas trêve politique puisque Doumergue dut interrompre son séjour à Tournefeuille pour faire la paix au sein du Cabinet, menacée par un conflit Tardieu-Herriot. Pendant ce temps, des événements graves et inquiétants avaient troublé l'Europe : assassinat du chancelier d'Autriche, Dollfus, plébiscite en Allemagne approuvant la désignation d’Hitler comme président et chancelier du Reich.
Tout cela décida Doumergue à dévoiler à la Nation, dans un nouvel appel radiodiffusé le 24 septembre 1934, le fruit de ses méditations, et à insister sur la nécessité de réformer les institutions en donnant au président du Conseil l'autorité d'un premier ministre, notamment par la faculté, en cas de conflit avec la Chambre, de provoquer de nouvelles élections par l'attribution au seul Gouvernement de l'initiative des dépenses, par la législation constitutionnelle du statut des fonctionnaires, toutes mesures selon lui conditionnées par la préalable restauration de l'esprit civique et du patriotisme.
En octobre, Louis Barthou ayant péri à Marseille aux côtés du roi Alexandre de Yougoslavie, assassiné par un Croate, Doumergue confia le portefeuille des affaires étrangères à Pierre Laval, tandis que Chéron, en butte à de vives critiques pour sa gestion du Ministère de la Justice, démissionnait. Malgré l'opposition du groupe de la gauche démocratique du Sénat à ses projets de réforme de la Constitution, malgré celle du congrès radical-socialiste de Nantes, Doumergue affirma de nouveau par radio, le 3 novembre, sa détermination de réaliser lesdits projets. Le 6 ce fut la rentrée des Chambres. Le 8, le refus des ministres radicaux, conduits par Herriot et Georges Bonnet, de présenter un projet de « douzièmes provisoires » et leur départ du Cabinet entraînèrent la démission du président Doumergue, lequel, dans une déclaration faite à l'issue du Conseil des ministres, affirma : « J'ai été amené à quitter le pouvoir ; je prie tous mes concitoyens de garder le calme qui est nécessaire pour résoudre les difficultés présentes au mieux des intérêts et de la sécurité de la patrie... Les responsables de la politique qui aboutit aux émeutes de février et à la mort d'anciens combattants qui défilaient sans armes place de la Concorde ne veulent à aucun prix avoir à répondre de cette politique devant le peuple avant que se soit écoulé un long délai. »


Le 8 février 1934, Gaston Doumergue vénéré par tous, et le maréchal Lyautey, l'homme qui a maté la révolte de ABDPEL-KRAM au Maroc.
Deux légendes qui seront chargées de rétablir l'ordre après les émeutes sanglantes du 6 février.
 
LA RETRAITE ET LA FIN
Le 11 novembre, la célébration du seizième anniversaire de l'armistice fut l'occasion d'une manifestation de la foule parisienne qui, aux Champs-Élysées, cria « Vive Doumergue » tandis que l'ancien Président de la République dut paraître au balcon de l'appartement qu'il allait quitter pour la retraite, cette fois définitive.
Définitive et de courte durée, puisqu'une crise cardiaque l'emporta subitement, le 18 juin 1937, alors qu'il dormait dans sa maison natale d'Aigues-Vives, où il était venu passer quelques jours. Il était âgé de 74 ans.
 
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PREMIERE VISITE DANS LE GARD
DU PRÉSIDENT GASTON DOUMERGUE
Les 12 et 13 octobre 1924

Le 13 juin 1924, sera mémorable pour le département et la ville de Nîmes, Gaston Doumergue est élu Président de la République.
Sa première visite officielle est annoncée pour le mois d'octobre dans le département, tout le monde s'affaire.
La ville négocie avec la Compagnie nîmoise d'électricité pour une installation provisoire de puissants lampadaires à différents endroits. Décoration lumineuse de l'Opéra Municipal tant à l'extérieur qu'à l'intérieur (théâtre situé en face de la Maison Carrée), installation sur les boulevards de 18 lampes de haute intensité lumineuse. Des Arcs-de-Triomphe illuminés électriquement seront installés, avenue Feuchères côté gare et côté Esplanade, boulevard Amiral Courbet, Boulevard Gambetta, place des Casernes, Place de l'horloge.
Un mois avant la visite des affiches seront placardées annonçant le programme avec des recommandations et des interdictions : de stationner, de circuler, de déployer les bâches et tentes des magasins. Interdiction d'occuper l'espace public, étalages, tables et chaises sur les terrasses de cafés. Tout un quartier sera interdit d'accès pour ceux qui n'auront pas de laissez-passer. Recommandations sont données sur des mesures d'hygiène, balayures et détritus interdit sur la voie publique, les cabinets d'aisance des écoles des quartiers concernés seront mis gratuitement à la disposition du public.
Les manifestations débuteront le 11, veille de l'arrivée du Président, avec une retraite aux Flambeaux en Musique et illumination générale dès 22h30.
Le Président arrive en gare de Nîmes par train spécial le dimanche 12 octobre à 9h30, il est accueilli par le maire, Josias Paut. Des acclamations fusent "Vive Doumergue". Le convoi précédé par un peloton de gendarmerie, un escadron de cavalerie et un groupe de gardians parcourt les Boulevards, avenue Feuchères, boulevard Amiral Courbet et Gambetta. Au square Antonin "l'Harmonie des Mers" interprètera la Marseilleise ; des vétérans lui rendront les honneurs devant le monument de 1870 place d'Assas ; ensuite halte devant le Théâtre où "l'Armonie ouvrière" et "la Musique des sapeurs-pompiers" entonnent aussi la Marseillaise ; arrivé devant le Lycée de Garçon le groupe "l'Églantine " exécute une troisième, fois la Marseillaise, arrivé place des Arènes la population lui fait un accueil délirant.
Il est 12h15 quand le cortège arrive à l'Hôtel de Ville, la cour d'honneur est décorée avec des plantes vertes et des bambous géants venus tout droit d'Anduze. Les cadres des services municipaux sont présentés au Président ainsi que des personnalités.
Ensuite départ vers le manège de l'Artillerie où un premier banquet de 800 couverts sera offert par le Conseil Général, il est préparé par le restaurateur Bonfils  du restaurant de Castanet.
À 14h20, inauguration de la Maison Maternelle, à 15 h, pose de la première pierre du nouvel hôpital, rue Hoche, "qui portera plus tard son nom".

NDLR : L’ancien hôpital Gaston Doumergue ayant été démoli, à ce jour juin 2012, aucun monument, aucune place, ni aucune rue à Nîmes ne portent son nom. Il serait judicieux que nos édiles réfléchissent avant de baptiser d’un nom quelconque un nouvel édifice ou espace public.
C’est un devoir de mémoire pour notre ville de rappeler aux jeunes générations qu’un Président de la République, né dans notre département, a fréquenté les bancs du Lycée de Nîmes et débuté sa carrière politique en tant que député de Nîmes.

Retour aux Arènes à 15h45, où une foule de 25 000 personnes l'attend sur les gradins, il reçoit le salut de la "Nacioun Gardiano" , un spectacle suivra. Le chanteur lyrique, François Audiger et des chœurs interprètent la "Coupo Santo" et "A la fon de Nîmes"  à laquelle a été rajoutée deux couplets en l’honneur du Président :

 « Es un jour de festo ! - Veje à qui que ven - De la Républico - Nosto Présidenc.
Autan qu'Aigo-Vivo - Aimo soun garçoun - Nimé crido : Vivo Doumergué Gastoun ».

À 19 heures le banquet de la municipalité sera organisé au manège de la caserne d'artillerie, à 20h30 feu d'artifice sur la place "Séverine", à 21 heures soirée de gala au Théâtre, avec un drame lyrique "Le Gardian".
Le lendemain, à partir de 8h30, il recevra dans un salon particulier de la Préfecture, un défilé de personnalités, après cela départ en cortège vers l'hôpital Ruffi (actuellement CCI), visite au Musée du Vieux Nîmes. À 10h un discours sera prononcé sur une estrade dressée sur l'Esplanade. Un défilé aura lieu devant le monument, ensuite le président y déposera une gerbe.
Après un repas intime pris à la Préfecture, le Président prendra à 14h le train présidentiel pour se rendre à Aigues-Vives son village natal.

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PHOTOS VISITE PRÉSIDENTIELLE  DE 1924



Préparatifs de la visite - Décoration lumineuse de l'Opéra Municipal tant à l'extérieur qu'à l'intérieur


Le Président arrive en gare de Nîmes par train spécial le dimanche 12 octobre à 9h30, il est accueilli par le maire de Nîmes, Josias Paut.


Le convoi précédé par un peloton de gendarmerie, un escadron de cavalerie et un groupe de gardians parcourt les Boulevards.


Premier banquet offert par le Conseil Général et préparé au manège de l'artillerie par le restaurateur Bonfils  du restaurant de Castanet


A 15h45, il reçoit le salut de la "Nacioun Gardiano" dans les Arènes, un spectacle suivra.


À la droite du Président, le maire de Nîmes Josias Paut, à sa gauche le Président du Conseil Édouard Herriot.


Visite au Musée du Vieux Nîmes


Á 10 h un discours sera prononcé sur une estrade, dressée sur l'Esplanade.


Le Président Doumergue dépose une gerbe au monument aux morts


A 14h, le Président prend le train présidentiel pour se rendre à Aigues-Vives son village natal où la foule l'attend.


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SOURCES

- Archives Robert Soulier, Aigues-Vives.
- Archives municipales de Nîmes, délibérations du Conseil Municipal.
- Base de donnée Assemblée Nationale.
(Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940, J. Joly.)

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