LE DUC HENRI II DE MONTMORENCY

(1595 - 1632)

 


 

Le 30 mars 1585, la famille Tertuli vendit, à très haut et très puissant seigneur Henri I, duc de Montmorency, Pair et maréchal do France, gouverneur et lieutenant-général pour le roi, en Languedoc, la place et ses droits seigneuriaux de la ville de Bagnols,  ensemble tous les droits qu'elle avait sur Orsan, Marlhan, Saint-Médier, Cadenet, Jicon, Saint-Nazaire, Mornas, Saint-Etienne-des-Sorts, Laudun et Valbonne, pour le prix de 7616 livres.

 

Les Montmorency séjournèrent souvent au centre de leur baronnie. Le Maréchal duc de Damville reçut, dans son château de Bagnols, Charles IX avec sa mère, Catherine de Médicis, lors de leur voyage en Languedoc. Dans la contrée, on adorait la famille du premier baron chrétien. Si le nom des autres seigneurs s'est effacé dans le souvenir des générations nouvelles, une des figures  historiques les plus populaires, parmi nos compatriotes est celle du Moussu de Montmourâncy, seigneur de Bagnols. Esquissons  à grands traits la vie de ce personnage politique.

 

Henri II, duc de Montmorency et de Damville (fils du connétable), naquit le 20 août, à Chantilly, en 1595. Henri IV fut son parrain. Par héritage, il devint de bonne heure gouverneur du Languedoc.

 

Louis XIII le fit amiral à l'âge de 17 ans. De tous les grands seigneurs de cette époque, le jeune duc fut le plus aimable et le plus aimé. Joignant à la valeur la plus brillante le nom le plus français, le formes les plus attachantes, le caractère le plus généreux, il était l'idole de la cour et des provinces, du peuple et de l'armée.

 

On cite ses exploits en Piémont, 1629. Ils lui valurent le bâton de maréchal, Le roi le lui offrit en disant : Accepter-le, mon cousin, vous l'honorez plus qu'il ne vous honore. Mais dès 632, ce Loyal  chevalier ternit toute sa gloire en entrant en rébellion contre le roi, qu'il finit par trahir.

 

Montmorency s'était marié avec la nièce et filleule de la Reine-mère, une belle jeune fille, Marie des Ursins, d'une grande distinction. Ils menaient en Languedoc une vie princière : tantôt, avec le roi, il faisait la guerre aux protestant, qui s'insurgeaient contre Louis XIII, tantôt, contre les rois troubadours, aux beaux jours; de la langue d'oc, le duc avait à ses côtés, dans les villes du midi, des poètes, des peintres, des musiciens, des chanteurs. II aimait à présider leurs fêtes, mais la guerre revenait souvent les troubler. Montmorency s'attachait tout le monde par des mots heureux, des manières aimables, autant que par sa magnificence et ses largesses. Il était adoré par sa femme, dont la touchante sollicitude était incessante et compromettait même sa santé. Ce faible corps avait tant souffert qu'elle ne put longtemps prendre de nourriture. On dit que la tendresse de cet homme adorable s'ingéniait sans cesse à rappeler en elle le désir de vivre qui l'avait abandonnée ; lui-même, il lui réparait chaque jour quelques mets de son invention capables de la séduire. Il savait lui faire mille surprises. On raconte qu'il s'habillait en pécheur et revenait, la ligne à la main, lui apportant gaîment pour son repas  le poisson qui pendait à l'hameçon : ces aimables soins la rappelèrent à la vie.

 

Le Languedoc, réuni à la couronne depuis quatre siècles, avait gardé à peu près intacts ses privilèges et ses franchises locales et une administration presque indépendante de l'Etat. Il était donc d'usage que les Etats de la Province se réunissent pour voter les impôts ; mais Richelieu qui ne voulait pas accorder un tel rôle aux nobles et aux bourgeois, était sur le point de supprimer nos assemblées souveraines, lorsque Montmorency, intervint auprès du ministre et obtint ce que demandait, avec lui, la population toute entière. L'influence du Gouverneur était donc  universellement établie, et tous les Languedociens semblaient devoir marcher unis sous la bannière du noble duc. Mais l'orage grondait sourdement à la cour.

 

Les divisions qui régnaient entre Gaston d'Orléans et son fière, le roi Louis XIII furent la première cause des troubles du royaume.

 

De son côté, Richelieu poursuivait sans relâche son but unique : relever la puissance du roi  en amoindrissant la puissance des seigneurs et en gouvernant l'Etat lui-même et lui seul.

 

Monsieur, frère du roi, s'évada une troisième foie du royaume. Il se retira à Bruxelles parmi les Espagnols, avec qui la France était en guerre. Il demanda des troupes et de l'argent à l'empereur et au roi d'Espagne et repassa la frontière, à la tête de quelques régiments. Dans le violent manifeste qu'il lança alors contre Richelieu, le prince appelait le cardinal « perturbateur du repos public, ennemi du roy et de la maison royale, dissipateur de l'estat, usurpateur de toutes les meilleures place du royaume, tyran d'un grand nombre de personnes  de qualité qu'il a opprimées. Les efforts de Gaston tendirent à entraîner le gouvernement du Languedoc dans son parti.

 

Montmorency réfléchit longtemps avant d'entrer, lins la conspiration, cependant il accepta ; mais le duc n'avait pas encore pu sonner à lever des troupes, quand une invasion fondit sur la province.

 

On conseillait à Montmorency de dégager sa parole, il n'en voulut rien faire et réunit les Etats généraux le 22 juillet. L'assemblée s'engagea à recevoir Monsieur clans la province, elle autorisa le gouverneur à lever des troupes et des contributions. L'archevêque de Narbonne qui présidait protesta seul. Ce fut le signal de la guerre civile.

 

Nîmes, Beaucaire, Montpellier, Toulouse tinrent pour le roi.

 

Bientôt Montmorency perdit confiance : Il semblait pressentir la défection de son royal allié. Il envoya son neveu le Comte d'Alais, colonel de la cavalerie, et proposa un arrangement au cardinal. Richelieu fut inflexible, bien plus, il fit paraître un arrêt foudroyant contre lui, et dès lors le duc ne chercha plus qu'à se tirer d'embarras par une victoire ou par la mort.

 

Déjà les troupes du roi pénétraient clans la Province. Le maréchal de La Force entrait par le Pont-Saint-Esprit et le maréchal de Schomberg marchait par le haut Languedoc pour envelopper Gaston d'Orléans. De son côté, le cardinal jugeant opportune la présence du roi, conduisit Louis XIII à Lyon d'où ils s'acheminèrent ensemble vers le Midi.

 

Que se passait-il à Bagnols, pendant tous ces préparatifs de guerre ? Un chroniqueur du temps nous en a donné le récit, écrit jour pour jour !

 

Le samedi 4 octobre 1631, Mgr de Montmorency vint dîner en cette ville et dîna chez M. Rochecolombe, il n'y avait qu'une partie de son train, et s'en alla coucher au Saint-Esprit, où il était arrivé quelques jours auparavant avec Madame. Il fit conduire en cette ville (Bagnols) deux petites coulevrines disant qu'il les voulait donner aux recolets pour faire une cloche, et partit du Saint Esprit le lundi 6 du dit par eau.

 

De l'année 1633, furent consuls M. Enoir Ginioux, docteur; sire jean Béchard, chirurgien, second, Michel, clapier, cardeur, troisième, François Chazel, revendeur, quatrième, valets de ville Guillaume Mate et Michel Mourau, greffier de la Ville M. Jean Pélissier, à cause que M. Jean Laperche, notaire et procureur ordinaire qui était le greffier, mourut le 7 février 1632.

 

Le jeudi 1° jour de janvier, il y eut jeune général pour toutes les églises réformées du royaume.

 

Le lundi 12 juillet, arriva en cette ville Mgr le duc de Montmorency. Il était logé dans la maison de feu M. d'Augier, il séjourna quelques jour, durant lesquels ce ne fut que allant ou venant, personnes et convois. M. le duc de Ventadour y arriva ainsi que presque toute la noblesse du  Vivarais et d'autre part. Ce n'était titre conseils secrets et M. de Montmorency ne faisait que jouer du Ballon à la place, et y, faire des parties en attendant des nouvelles de la cour. Durant son séjour, le bruit vint que Monsieur, le frère du roi, était entré en France avec armes. Les habitants firent garde bourgeoise, ce jour, à la porte.

 

Aussitôt que M. de Montmorency reçut les nouvelles du courrier annonçant comment Monsieur était entré, il partit de cette ville, le 16 dudit juillet, pour aller à Beaucaire. En sortant de la porte des Peyrières, il vit quelques armes dessous le revellin et il demanda à qui étaient ces armes, et qu'est ce qu'on voulait. en faire, et quelqu'un de ceux qui étaient à la garde répondit que l'on avait ouï dire que Monsieur était entré en France avec les armes, et que l'on avait trouvé bon de faire un peu de garde. Lors il leur répondit qu'il ne fallait point avoir de peur et qu'il n'y avait que bonne paix et leur commanda de ne faire point de garde et de rentrer ces armes dans la ville, ce qu'il firent. On déposa devant leur les armes de ceux qui n'étaient pas à la porte, et ceux de la religion qui en avaient emprunté des autres les leur rendirent. Il alla à Beaucaire, où le château se rebella contre le roi.

 

M. de Vinezac, gentilhomme du Vivarais, vint en cette ville avec finesse, avec un laquais, et son homme de chambre. Il vint à la porte de Bourgneuf, se présenta et demanda au portier  et à ceux qui étaient à la porte, si M. de Montmorency était en ville, ils lui répondirent que non, et qu'il était parti pour Beaucaire. Il entra clans la ville et ayant mi-pied à terre chez Jean Genty, hôte au logis de Langes, il s'en alla trouver M. le Consul Ginioux qui était de la cabale, et lui présenta la lettre de M. de Montmorency lui écrivait pour lui rendre le château. Ginioux lui dit qu'il n'avait jas la clef, mais que Mme de Taillade l'avait et qu'il fallait user de finesse pour l'avoir, qu'il la fallait aller voir qui était malade, au lit, des gouttes, et qu'il fallait dire qu'il désirait avoir les clefs afin de sortir du château les petits canons, qui y étaient, à cause que M. de Montmorency désirait de les faire embarquer, à l'Ardoise, pour les faire conduire à la descente. Elle lui fit bailler la dite clef. Etant dedans, ceux qui étaient du parti, comme M. Deleuze et M. Henri Lanet et son beau-frère et autres y survinrent en attendant le fils de M. Vinezac qui arriva le lendemain avec ses gens. Aussitôt le bruit fin par la ville que l'on voulait se rebeller, ils virent que la plupart des hommes étaient à la foire de Beaucaire. M. de Vinezac avec le consul Ginioux et les gens de leur parti, firent assembler le conseil général dans la maison du roi. Tous les magistrats de celte ville y vinrent sinon M. d'Alméras qui était du parti. M. de Vinezac dit au pauvre peuple qui était là présent qu'ils eussent à dire quel parti ils voulaient tenir, et que s'ils voulaient tenir pour Monsieur frère du roi qu'ils le disent librement :

 

Mais c'était seulement pour voir ceux qui diraient de tenir bon pour le roi, afin d'en faire le rapport à M. de Montmorency, car déjà on faisait des menaces. Louis Barandon, boucher, s'y trouva, lequel se mit à dire tout haut, qu'il fallait tenir lieur le roi et non pas pour autre. Aussitôt M. Deleuze, qui était de la faction, ayant son épée au côté et son bâton à la main, le leva en haut pour frapper le dit Barandon, et dit qu'on ne se rebellait pas contre le roi, et que ce que l'on faisait était tout simplement contre le cardinal. Alors, les pauvres gens voyant cela, il n'y eut personne qui forma aucun mot ; alors tout le monde prit l'épouvante et le lendemain on commença à plier bagage et sortir, les uns à Orange, les autres en Avignon, les autres dedans le Comté d'Avignon ou autres lieu. M. de Vinezac au bout de quelques jours, voyant que l'on sortait toute espèce de marchandise, et toutes sortes de meubles portatifs, ne voulait rien laisser sortir. Aussi on ne sortit tout que secrètement.

 

Le mardy 27 juillet, Mgr le Maréchal de la Force vint assiéger Bagnols ; les gens d'armes et autres gens de cheval que M. le Marquis son fils conduisait qui, s'en allait, en hâte, du côté ale Nîmes, se campa du côté de la citadelle, jusqu'à ce qu'on put savoir ce que les consuls lui avaient répondu et ne firent aucun mal à personne de la ville ni aucun déplaisir.

 

Quand ils furent en deçà le Pont, ils prirent le chemin du long la vigne du Sr Truchard, de M. de Vaulx, et descendirent du grand chemin et puis prirent le chemin d'Uzès, le bordelet jusque vers la citadelle et puis prirent le grand chemin de Nîmes. Ils désiraient traiter avec la ville, ils ne voulaient mettre dedans que trois compagnies du régiment d'Aiguesbonne, ainsi que la compagnie de M. de Béssège, dont M. Rencurel, enfant de cette ville, était sous-lieutenant, mais ils ne s'y voulaient point arrêter. Ils étaient logés au clos des hoirs du sieur Chatanier.  Il partit de cette ville le jeudi 29 du dit et s'en retourna au Saint-Esprit, où il fit la plupart de son séjour. Il y faisait prêcher dans sort logis, de même il y fit la cène.

 

Le 4 août, M. de Montmorency envoya une compagnie de mousquetons et une de chevaux légers ; on les mit de deux à deux dans les maisons dont les habitants étaient absents ...

 

Les Bagnolais durent être frappés de terreur en apprenant la nouvelle des événements du Pont-Saint-Esprit. Depuis le commencement de la rébel­lion, on avait enfermé dans la citadelle deux personnages indignes ramenés de Privas, dont les troupes du roi avaient fait le siège. Le 6 août, le vicomte de Lestange, le plus brave et le plus puissant seigneur du Languedoc, un des prisonniers, eut la tète tranchée au devant de la citadelle du saint-esprit, et le             lendemain, M. de La Champ, fils de M. d'Entreygue, fut aussi décapité par l'exécuteur de Montélimar.

 

Le lundi 6 août, M. le Maréchal de la Force vint du côté de Beaucaire avec ses régiments et ses canons pour assiéger Bagnols. Laville dut n'opposer qu'une faible résistance : nous manquons de détails sur les opérations militaires et si ce n'étaient quelques boulets trouvés incrustés encore dans les murs, nous pourrions douter de la vigueur de l'attaque.

 

Du reste dès le lendemain mardi, la capitulation avait lieu, puisque, notre chroniqueur rapporte que «le mercredi suivant il y entra le régiment de Navarre, et ceux lui étaient dedans étaient  M. de Vinejac et le conte de Saint Remesy, ainsi que tous les gens de guerre. M. le Maréchal  y entra sur le midi.

 

On ne laissait pas entrer aucun étranger, sinon ceux de la ville. Tout était à la discrétion des soldats. C'était une close pitoyable à voir, tous les pauvres travailleurs, avec leurs femmes et leurs enfants et le peu qu'ils avaient pu approcher, était dans l'église. Il s'y fit de grands désordres, quoique le Prévôt ne faisait qu'aller et venir du long de la grand-rue et à la place, et autres rues qui étaient près,  pour empêcher que l'on ne fit point de désordres, mais aux rues qui étaient écartées il était impossible d'empêcher. Le jeudi au soir suivant, le prévôt prit deux soldats qui avalent violé une femme et mis le feu à une autre maison ; ils furent pris dans la maison quoiqu'ils ne fussent pas seuls, mais les autres s'enfuirent avant que le prévôt y fût. Ils furent menés en prison et le lendemain au matin ils leur firent tirer au sort et le même jour, vendredi sur les 4 heures du soir, un de ceux là fut pendu et l'autre servit de bourreau à la grand-place.

 

M. le Maréchal de la force, mécontent sans doute, du corps des Consuls, destitua les titulaires et les remplaça par les suivants, selon le bon plaisir du Roi, Jacques Desard, le sr de la Ramière, Jacques Pelet et Jean Durand, et renvoya ces consuls par lui élus aux officiers royaux de Bagnols. Cette ordonnance est signée du camp de Bagnols le 9 septembre 1632.

 

Ce fut seulement un mois après que l'on signa la capitulation : nous en donnons ici le texte.

Articles accordés par Mgr le Maréchal de la Force, général de l'armée du Roi, aux :

 

Sr Comte de Saint  Remésy et de Vinezac, en remettant par eux, la ville et le château de Bagnols es-mains de mon dit seigneur le Maréchal de la Force, pour assurance de quoi ils bailleront otages clés ce jourd'hui 7 septembre 1632.

Premièrement que les dits Srs de Saint Remésy et de Vinezac auront la vie et liberté sauve, avec les capitaines, officiers et soldats de leurs régiments, comme de même les consuls et les habitants de ladite ville de Bagnols.

 

Que les dits Srs de Saint Remézy et de Vinezac sortiront demain 8e jour de septembre à 10 heures du matin avec toutes leurs troupes et habitants qui les voudront suivre, en toute franchise et sûreté, avec armes, chevaux et bagages, tambours battants, bâle en boucle, mèche allumée et que tant les personnes que choses susdites seront conduites en lieu de sûreté, avec escortes suffisantes et logements, jusques, savoir, le dit Sr de Vinezac, en sa maison de Vinezac, où de là, en hors, tant lui que les capitaines, officiers et soldats de son dit régiment se puissent retirer chacun chez soi, ou tel autre lieu que bon leur semble, étant dans l'obéissance du roi, et pour ce faire, Mgr le Maréchal donnera aux chefs passeports nécessaires excepté ceux de Bagnols, qui voudront demeurer dans la dite ville, lesquels seront, dans leurs maisons, avec la même sûreté que ledit sr de Vinezac dans la sienne.

 

Et pour Ie particulier du dit Sr Comte de Saint Remézy, il se retirera dans une de ses maisons avec sûreté durant huit jours qui lui ont été accordés pour faire sa déclaration et en cas qu'il ne la fasse dans le sus dit temps, il lui sera fourni des passeports pour se retirer, lui douzième, à cheval avec ses valets et ses mulets, où bon lui semblera, et le dit passeport ne pourra lui servir que pour autres huit jours, et les capitaines, officiers et soldats de son régiment qui voudront se retirer dans leurs maisons ou places qui sont dans l'obéissance de Sa Majesté le pourront faire sans qu'ils puissent être recherchés.

 

Et pour le regard du Sr de la Roque de Gasque, il sera rétabli dans ses biens et maisons, lui fournissant passeport et logement à ce nécessaires avec sûreté, sans titre recherché du passé, tandis qu'il demeurera en obéissance du roi.

 

Que les maisons et biens ayant appartenu aux feux Sr et dame de Saint-Brez seront conservés et seront mis es-mains du Sr abbé de St-André, lequel en répondra pour les garder au service du roi.

 

Que le Sr de Vinezac et les capitaines et officiers de son régiment, que autres compris dans la présente capitulation auront leurs abolitions en bonnes formes de Sa Majesté, ce que mon dit seigneur, le maréchal, leur promet d'obtenir de Sa Majesté, et remettre es-mains du dit sieur de Vinezac ; comme s'il avait été donné aucune confiscation des biens des dits seigneurs de Saint-Remézy et de Vinezac, Ieurs capitaines et officiers, le tout sera révoqué et remis en leur premier état et seront réintégrés en leurs dits biens.

 

Que la dite ville de Bagnols ne sera ni pillée ni rançonnée tant pour ceux qui sortent de la dite ville, que pour ceux de l'année du roi, sous quel prétexte que ce soit, et que les consuls et Habitants d'icelle auront, outre la vie saine, leurs abolitions de S. M. Ce que mon dit seigneur leur promet, comme à l'article ci-dessus qui a été accordé aux capitaines et aux officiers.

 

Sera laissé de bonne foy par les dits sieurs toutes pièces d'artillerie et munitions de guerre, sans en rien divertir, hormis ce qu'ils emporteront sur eux pour la sûreté de leurs personnes.

 

Caumont, La Force, Saint Remézy, Vinezac ; par mon dit seigneur, Destanes, secrétaire, signé.

 

Quelques précises que fussent les stipulations de la convention qu'on vient de lire, tous les articles ne furent point rigoureusement observés, car notre chroniqueur nous le dit : à la date du 9 le maréchal de la Force part pour Beaucaire : Il avait logé à la maison de feu M. d'Aubier, où était déjà descendu Montmorency. Le même jour, arrivèrent les compagnies du régiment des gardes du Roi ; on en plaça 6 à Laudun et 2 à Orsan. Ici, ils étaient logés dans les maisons par 6 ou 7 ; c'était une pitié d'entendre les gémissements des pauvres gens, car tous étaient à la discrétion des soldats.

 

Cependant les chefs apprenant l'arrivée prochaine de louis Xlll, durent vouloir réprimer ces désordres, puisque quatre jours après il fut fait un ban par Mr le duc d'Epernon, général de l'infanterie française, qu'il n'y eut aucun soldat de prendre rien à son hôte sans payer, sinon les ustensiles. Ce qui fut un grand soulagement aux pauvres gens. Le même jour, sur le soir, arriva les chariots qui portaient les bagages du régiment avec 40 ou 50 mousquetons et le reste alla par eau.

 

Le 15 septembre, le Roi alla au Saint-Esprit sur les quatre heures du soir, avec la Reine et le Cardinal.

 

Le même jour on envoya de Bagnols deux compagnies pour s'aller mettre en garde au Saint-Esprit.

 

Bientôt les compagnies du régiment des gardes, qui le précèdent partent pour Pouzillac, Valliguières et autres localités voisines. Enfin Louis XIII est reparti ; il descend la côte de Roquebrune. Dès le matin, on avait fait publier par les rues que tous les hommes, les femmes et les enfants eussent à sortir de la ville et aller au devant du Roi et lui demander pardon.

 

La population toute entière obéit, on se laissa entraîner par l'enthousiasme, ou par la crainte, ou par un repentir sincère. Les Consuls et les habitants allèrent jusqu'au Pont, du côté de la Ville ; là ils attendirent. Dès que les carrosses, du Roi arrivèrent, le docteur André de Bruneau vint le haranguer. Il fit de vains efforts pour attendrir le cœur du monarque offensé.

 

Les larmes étouffaient les paroles que l'orateur termina en criant : Vive le roi et miséricorde ! Aussitôt tout le monde se prosterna aux lieds du Roi. La foule était immense et, sur le chemin et sur les terres voisines, tous s'écriaient en sanglotant miséricorde ! miséricorde!

 

Le roi parut touché de ce spectacle attendrissant, il releva Bruneau avec bonté. Je vous pardonne dit-il mais pour vos murailles ne m'en parlez point.

 

Le train royal veut se mettre en marche, la foule s'empresse, et au milieu des Bagnolais émus et reconnaissants, les carrosses s'avancent lentement vers la ville. Le Roi passe devant la porte de Bourgneuf, suivi par le peuple qui ne cesse de l'acclamer, et prend vers les peyrières la route de Tresques où il alla coucher au château.

 

Nos compatriotes d'alors, vasseaux de l'infortuné duc de Montmorency, avaient déjà appris le désastre de Castelnaudary et pour en relier le narré avec ce qui précède, reprenons le récit des événements qui se rattachent au noble seigneur.

 

L'armée de Schomberg, (commentaires de Pontis : dans ces mémoires, le sieur de Pontis, qui à servi dans les armées 56 ans, sous les rois Henri IV, Louis XIII et Louis XIV. - Paris,1766, T II, p. 68 et suivant.) 6500 hommes, marcha vers Castelnaudary, qui tenait pour le roi. Celle de Monsieur et du duc, 13000 hommes, était à trois lieues des ennemis. Chacun voyait que Montmorency était pressé de faire prendre un engagement à Gaston d'Orléans, afin de prévenir sa retraite. Mais, dans son impatience, il commit la faute de donner dans une embuscade que lui tendit Schomberg. Surpris par le bruit d'une embuscade et n'étant pas complètement armé, le duc s'élance en avant, franchit un fossé, sous, une pluie de balles et se précipite tète baissée n'ayant plus de gentils-hommes à ses côtés. Il se fit jour avec soit épée, rompit six rangs de soldats et tua des hommes au septième. Il vit enfin qu'il était seul et tenta de revenir vers les siens quand son petit cheval arabe s'abattit...

 

Accablé sous le poids de ses armes, perdant son sang, il ne put se relever. De Pontis qui, en témoin actif, parle de la bataille dit : Nous ne pûmes le tirer du fossé, où sa cuisse était engagée sous son cheval mort. Le pauvre seigneur était tout couvert de sang, et presque étouffé par celui qui sortait de sa bouche. On le débarrassa de sa cuirasse et de son collet de buffle qui était percé de coups.

 

Alors le marquis de Brézé, beau-frère de Richelieu, s'approcha et fit signe aux soldats de s'assurer de la capture. On l'emmena prisonnier sous la tente de Schomberg et l'on raconte qu'au moment où les soldats le portaient, M. de Bellière, intendant de l'armée royale, et les gentilshommes qui marchaient tristement à ses côtés, aperçurent à son bras un bracelet de diamant où se trouvait le portrait d'Anne d'Autriche. Ils cherchèrent, mais en vain à soustraire cette dangereuse image aux espions de Richelieu (Anne d'Autriche était la Reine femme de Louis XIII).

 

Le Duc de Montmorency avait reçu dix-sept blessures, il lui restait cinq balles dans le corps, un coup de feu lui avait traverse; la gorge : il ne semblait pas qu'il pût survivre. II se confessa pieusement à l'aumônier de Schomber, et fut emmené à Castelnaudary. On l'y porta sur une échelle recouverte de manteaux. Les soldats qui le portaient baissaient la tête et cachaient leurs larmes. Quand il entra clans la ville les bourgeois se précipitaient à sa rencontre en lui criant qu'il était leur gouverneur et qu'ils n'obéiraient qu'à lui. Les consuls se présentaient pour prendre ses ordres, mais affaibli comme il l'était, il perdait connaissance à tout moment.

 

On dit que Gaston apprenant le malheur du noble dite qui avait embrassé sa défense, en parut si peu affecté qu'il s'était mis à siffler tranquillement en disant : tout est perdu. Ce trait peint l'homme ou plutôt le lâche, le misérable prince qui entra bientôt en accommodement et fit sa paix avec le dominateur suprême et du royaume et de la cour.

 

Tous les grands seigneurs français déplorèrent la malheureuse issue de la révolte du duc: ils intervinrent pour demander la grâce de l'illustre coupable. Le vieux duc d'Épernon vint à Toulouse se jeter aux pieds du Roi; les gouvernements étrangers, Charles I, d'Angleterre, la République de Venise, le Duc de Savoie, plusieurs évêques, le pape Urbain VIII même. . . personne ne put fléchir l'implacable cardinal.

 

Richelieu avait, au conseil du roi, demandé que l'on agit avec rigueur envers un homme aussi considérable par ses alliances. Le roi adopta les conclusions de son ministre :

 

«Je veux, dit-il, intimider tous les grands du royaume par la punition du plus puissant de tous les rebelles

 

Montmorency faisait ombrage au Cardinal ministre lequel lui enviait son nom, sa gloire, l'estime des hommes et ses succès sous toutes les formes.

 

II se vengea lui-même, bien plus qu'il ne vengea l'Etat. De la forteresse de Lectoure où il était tenu prisonnier, Montmorency fut amené à Toulouse. Il traversa les rues, les yeux bandés, au milieu d'une double haie de soldats. Louis XIII se trouvait déjà dans la ville. Le 29 octobre, le comte de Charlus conduisit l'accusé au Capitole devant le tribunal constitué. Châteauneuf, le garde des sceaux qui le présidait, avait été page chez le connétable, père du duc Henri Il. On fit asseoir le Maréchal sur une sellette haute, sans avoir les pieds liés, contrairement a l'usage du parlement de Toulouse. Les juges étaient profondément émus, l'interrogatoire ne dura qu'un quart d'heure, et le Duc se retira.

 

Pontis rapporte que «pendant qu'on était aux opinions, un des commissaires forma le premier l'avis de mort, et on remarqua qu'en finissant il avait les larmes aux yeux. Toute la compagnie ayant ôté le bonnet, sans dire un seul mot, M. le Garde des sceaux conclut de même, fit dresser et signer l'arrêt avant que de sortir du Palais.»

 

 

Montmorency prévoyait le sort qui l'attendait. A peine rentré dans sa chambre, il écrivit plusieurs lettres, et voici les dernières lignes de celle adressée à sa femme :

 

«Mon cher cœur, je vous dis le dernier adieu avec une affection pareille à celle qui a toujours esté parmy nous. Je vous conjure, pour le repos de mon âme, que j'espère être bientôt au Ciel, de modérer vos ressentiments et de recevoir de la main de notre doux Sauveur cette affliction. Je reçois tant de grâces de sa bonté, que vous devez avoir tout sujet de consolation. Adieu encore une fois, mon cher cœur, adieu.»

 

Il distribua ensuite ses objets d'art à ses amis ; il fit don au Cardinal  lui-même d'un tableau de sa galerie, le Martyre de Saint-Sébastian et des statues célèbres, les Captifs de Michel Ange.

 

(Ces statues étaient au château d'Ecouen, dans la vallée de Montmorency, près Paris. Jean Goujon, Jean Cousin, Bernard de Palissy et autres illustres maîtres de la renaissance avaient fait de cette résidence princière un véritable musée.)

 

Mais l'infortuné songeait sérieusement au salut de son âme. Dès ce moment son confesseur ne le quitta plus. Le duc, dit-on, demanda à mourir à l'heure que Jésus-Christ était mort ; son chirurgien se présenta pour panser ses blessures : «L'heure est venue, lui dit-il, de guérir toutes les plaies par une seule.» Il prit les ciseaux des mains du chirurgien, coupa lui-même sa longue moustache et la donna à brûler aux religieux, comme un reste des vanités de la terre.

 

C'était le 30 octobre sur le midi, dit Pontis, le duc descendit à la chapelle, se mit à genoux au pied de l'autel et ayant les yeux sur son crucifix. Il ouït prononcer son arrêt; s'étant ensuite levé, il dit à ceux qui étaient  présents : Prier. Dieu, messieurs, qu'il me fasse la grâce de souffrir chrétiennement l'exécution de ce qu'on vient de lire.

 

Mais pendant que le duc était en prière, il se passait à la cour une scène ne déchirante.

 

Charlus rapporta au roi le bâton de Maréchal et le cordon de l'ordre du Saint-Esprit. Louis XIII  jouait en ce moment aux échecs avec le lieutenant des gardes, Liancourt. (Histoire de Louis XIII P. Levasseur, t. IV, p. 201.)

 

 

Louis XIII

 

Le noble comte voulut faire une dernière tentative ; il se jeta aux pieds du Roi et le supplia de pardonner. Toutes les personnes présentes implorèrent la grâce du Duc. Le maréchal de Châtillon fit un tableau touchant de la tristesse du pauvre peuple qui implorait la clémence du monarque: courroucé. Il n'y a point de grâce dit Louis XIII, il faut qu'il meure.

 

Dans la ville, l'agitation était à son comble. Le peuple se réunissait dans les églises et priait avec ferveur. Le cardinal de la Valette donnait l'exemple.

 

Les pénitents bleus faisaient une procession à laquelle toutes les personnes de qualité voulurent assister et communier à l'intention de M. de Montmorency, dont ils demandaient la vie à Dieu. On dit même que des manifestations énergiques étaient imminentes, puisque, les étudiants ayant juré d'enlever le duc de l'échafaud, cette menace motiva la rentrée d'un renfort de troupes dans Toulouse.

 

L'heure fatale approchait. L'échafaud était dressé dans la cour étroite du Capitole. En face d'une statue de Henri IV que le Maréchal duc contempla avec émotion : c'était un grand et généreux prince, dit-il, j'avais l'honneur d'être son filleul.

 

Cependant encore une fois le lieutenant des gardes prit sur lui de se rendre au palais, afin de tenter un dernier recours. Pendant ce temps, le Maréchal, assis sur un banc de la cour, s'entretint avec son confesseur. II disait être aussi satisfait que s'il allait au bal, au festin ou à la bataille.

 

Les assistants restèrent dans une horrible anxiété jusqu'à l'arrivée du messager, dont le visage annonça l'insuccès de la démarche.

 

Le Duc nu, en caleçon et en chemise, avait traversé, au milieu des gardes qui le saluèrent au passage, une allée qui conduisait dans la cour de l'Hôtel de ville, à l'entrée de laquelle, était l'échafaud.

 

Là se trouvaient le greffier du Parlement, le Grand Prévôt, les archers et les officiers du corps de la ville. Il les pria de vouloir bien témoigner au roi qu'il mourait son très humble sujet et avec un regret extrême de l'avoir offensé, dont il lui demandait pardon. Il s'informa où était l'exécuteur qui ne l'avait point encore approché et ne voulant plus souffrir, par humilité, que son chirurgien le touchât, mais s'abandonnant entre les mains dit bourreau, afin qu'il l'ajustât, qu'il le liât, qu'il le bandât et qu'il lui coupât encore les cheveux qui ne l'étaient pas assez, il dit, avec un profond sentiraient d'humilité, qu'un grand pécheur comme lui ne pouvait mourir avec assez d'infamie.

 

Enfin il se mit à genoux proche le billot sur lequel il posa son cou en se recommandant à Dieu, et l'exécuteur à l'instant lui coupa la tête, chacun ayant détourné les yeux, tous fondant en larmes et les gardes même jetant les plus profonds soupirs.

 

(Le duc de Montmorency ne fut point décapité par la hache mais par une sorte de cimeterre légèrement courbé. Cette arme est conservée au Capitole de Toulouse dans une gaine de maroquin garnie de velours.)

 

Après l'exécution, ajoute Pontis, le grand Prévôt ayant fait ouvrir les portes, tout le peuple entra en foule avec un empressement incroyable, pour voir le corps. Leur douleur et la vénération qu'ils avaient pour la personne du grand duc de Montmorency étaient telles que ne pouvant se consoler d'une autre manière de la perte qu'ils avaient faite, ils s'étouffaient presque les uns les autres, pour pouvoir au moins approcher de l'échafaud et recueillir le sang, répandu qu'ils mettaient dans leurs mouchoirs. Quelques-uns même se portèrent jusqu'à cet excès, que d'en boire, et tous généralement fondaient en larmes.

 

Plaque commémorant l'exécution du Duc de Montmorency
Cour Henri IV, Mairie de Toulouse

 

Ainsi mourut Henri de Montmorency, duc et pair, maréchal et autrefois amiral de France, gouverneur du Languedoc, petit-fils de quatre connétables et de six maréchaux, premier chrétien et premier baron de France, beau-frère du premier prince du sang et oncle du fameux prince de Condé, après avoir gagné deux batailles, l'une navale contre les hérétiques, par laquelle il disposa la prise de la Rochelle ; et l'autre sur terre, contre l'empire, l'Italie et l'Espagne, par laquelle il força les Alpes et disposa la délivrance de Cazal, qui toutes deux ont contribué à cette grande gloire qui a élevé le roi de France au-dessus de tous les princes d'Europe.

 

Son supplice partit moins inique que celui de tant d'autres que le Cardinal de Richelieu sacrifiait à son ambition et à sa vengeance.

 

Après l'exécution du duc de Montmorency, Marie Félice des Ursins, accablée de douleurs, songea à se retirer du monde et à s'ensevelir dans le couvent de Sainte-Marie, à Moulins. En traversant Lyon, elle avait espoir de visiter la bienheureuse Mère de Chantal qui se trouvait  à la maison de Belle Cour ; mais le frère de Richelieu était alors archevêque de cette grande cité et il s'opposa à cette innocente entrevue. Il était dit qu'une haine implacable poursuivrait encore la Duchesse. A peine arrivée au lieu de sa retraite, elle fut emprisonnée au château, elle dut y séjourner pendant deux ans, car la politique soupçonneuse du Cardinal craignait, dans le Languedoc, l'influence de la veuve du Gouverneur.

 

Celle-ci cependant, pieuse et résignée, n'aspirait qu'à quitter le monde et vivre en paix avec les sœurs de Saint-François de Sales.

 

La veuve inconsolable comme on l'appelait avec respect, voulut se vouer à la vie religieuse au milieu de la vénération de tout le monde, elle était humble à l'égal d'une sainte, une piété sincère ayant triomphé de son hésitation, elle congédia sa maison et prit enfin l'habit de hure. Elle s'installa en effet dans le couvent, et c'est là que vinrent la visiter, en sa modeste cellule, Gaston d'Orléans, un envoyé de Louis XIII, Anne d'Autriche, la veuve de Charles I, Christine de Suède, la célèbre duchesse de Longueville, et jusqu'à Louis XIV avec son jeune frère. Mme de Chantal, avec qui elle était étroitement liée, se rendit à Moulins.

 

Mais bientôt un mal subit vint l'enlever à ses filles dévouées et ce fut après des confidences intimes et entre les bras de son amie de cœur qu'elle rendit le dernier soupir.

 

La duchesse avait voulu élever dans la chapelle du couvent un somptueux mausolée à la mémoire de son époux, les plus habiles artistes de Paris se chargèrent des travaux de sculpture et le monument est resté célèbre dans l'Histoire de l'art.

 

Pourquoi ne dirions nous pas en terminant, de l'influence de cette femme distinguée s'exerçait autour d'elle, en France et jusqu'en Italie où la noble veuve voulut en user afin d'obtenir la canonisation de saint François de Sales et la béatification de Françoise de Chantal, fondateur et fondatrice de l'ordre de la Visitation. A cause de ses vertus, de ses qualités précieuses plus encore que pour le grand nom qu'elle avait porté dans le monde, la communauté la choisit pour supérieure. Mais un an après, cette sainte femme rendit son âme à Dieu, le 5 juin 1666.

 

Sa devise était ces paroles du prophète Roi :

 

Elegi abjecta essein domo Dei mei magis quam habitare in tabernaculis peccatorum.

 

Les Montmorency, avant l'an 1000, s'appelaient Bouchard Montmorency est une petite ville du département de Seine-et-Oise. En 1551 le Roi Henri II fit d'Anne, Baron de Montmorency, connétable et grand maître de France, un duc et pair (Le père Anselme,P.552, t. III).

 

Le nom de Damville donné aux Montmorency date de Guillaume de Montmorency, d'Ecouen, de Chantilly... il vient sans doute de sa femme Anne Pot, sœur unique et héritière de René Pot, seigneur de la Rochepot, de Damville, échanson ordinaire du Roi et sénéchal de Beaucaire, mort sans enfants.

 

Extrait de : La Baronnie de Bagnols - Page 22 à 48, par Léon Alègre, 1908 - Edition, Imprimerie Générale - Nîmes, 1908.

Léon Alègre, fondateur de la Bibliotèque de Bagnols, Chevalier de la Légion d'Honneur, Officier de l'Instruction Publique.

 

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