BARBIER DE ROCHEFORT
Extrait de la Revue du Midi, tome quarante-deuxième, 1909, page 16 et 17.

Comment Messire Joseph Gabriel Jean Baptiste de Barbier de Rochefort (1) fut nommé maire de Villeneuve par le Préfet Dubois le 9 août 1800. (21 Thermidor an 8)

Le grand fleuve qui sépare Villeneuve d'Avignon n'est un obstacle que pour le roulage commercial ; il facilite au contraire les relations individuelles et procure aux personnages trop compromis dans un pays une expatriation rapide et une retraite sûre. L'esprit public à Villeneuve obéissait aux impulsions venues de la grande ville voisine ; un monde interlope fréquentait les cabarets échelonnés le long du fleuve et terrorisait la population;les attentats contre les personnes y étaient assez fréquents ; les autorités d'Avignon ne pouvaient agir contre ces éléments de désordre encouragés par l'éloignement du chef-lieu et l'inertie de la gendarmerie locale. Aussi le sous-préfet tarda-t-il longtemps à faire des présentations pour la nomination de la municipalité. Aux objurgations du préfet, il répondait qu'il ne trouvait personne. Du bois se décida à agir par lui-même. Passant à Avignon, il avait fait la connaissance d'un citoyen recommandable, propriétaire aisé, déjà âgé, M. Barbier-Rochefort.

Il s'adressa à lui pour obtenir des renseignements. Les lettres que lui écrivit son correspondant témoignent d'une certaine cordialité de rapports, puisqu'il y est traité de « cher compagnon ». Une première liste élaborée de concert avec le Sous-Préfet ne put aboutir ; les candidats refusèrent. Dubois songea tout naturellement à Barbier-Rochefort. Celui-ci se défendit comme un beau diable et avec une véhémence qui fait sourire. De nouveaux pourparlers furent engagés et ne réussirent pas davantage. Enfin moitié par séduction personnelle, moitié par un coup d'autorité, le préfet infligea le titre de maire à M. Barbier- Rochefort (21 Thermidor an 8), et lui donna un conseil municipal où il réunit toutes les personnalités importantes du parti aristocrate de Villeneuve. Tout cela se fit contre le gré des intéressés ; mais il fallait aboutir, et la victoire de Marengo aidant, maire et conseillers municipaux se résignèrent à des honneurs qu'ils n'avaient pas désirés.


(1) M. de Barbier s’était démis de son titre du Comté de Rochefort à la veille de la Révolution en faveur de son cousin, Monsieur de Roques, seigneur de Clausonnettes

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