XI
Confrérie de Notre-Dame de grâce.

Extrait de Notre-Dame de Rochefort-du-Gard

depuis Charlemagne jusqu'à nos jours.
Récit du Chanoine J. -B. Petitalot, 1910

Avertissement : Le livre du Chanoine de Notre-Dame de Rochefort, Jean Baptiste Petitalot, doit être abordé comme un livre pieux écrit par un homme partagé entre la rigueur de l'historien et la foi de l'homme d'église. Il n'en reste pas moins très intéressant et incontournable.   G.M.


Bientôt Frère Louis forma le projet d'ériger, dans la chapelle, une Confrérie spéciale en l'honneur et sous le titre de Notre-Dame de Grâce. Le vicaire général d'Avignon approuva les statuts de ladite confrérie, et l'établit canoniquement par ses lettres du 10 mai 1634.

Les habitants de Rochefort vinrent les premiers se faire inscrire au catalogue. A leur tête paraissaient les principaux de la localité, auxquels furent confiées les dignités de la nouvelle association. Les pèlerins étrangers s'empressèrent, à leur tour, de donner leurs noms ; hommes et femmes, s'estimant trop heureux, d'être admis dans la famille privilégiée de la Bonne Mère, demandaient instamment à s'enrôler sous la bannière de Notre-Dame. Et en laissant leurs noms écrits pour toujours dans le sanctuaire vénéré, il leur semblait qu'ils restaient eux-mêmes présents dans ce saint lieu, d'où ils auraient voulu ne jamais sortir.

En peu de temps, les associés devinrent très nombreux ; ce qui porta l'ermite á solliciter pour eux, auprès de la Cour de Rome, des indulgences spéciales, et une bulle de confirmation en faveur de la confrérie. Il les obtint. Le 15 juillet 1636, Urbain VIII délivra une bulle et accorda des indulgences.

Les conditions de ces indulgences méritent d'être remarquées ; car elles font voir le but de la pieuse association, et aussi la sage économie de l'Église dans la distribution de ses faveurs.

« Lorsque les confrères, dit le Pape, assisteront aux offices ou aux réunions de ladite confrérie, pour faire quelque bonne œuvre que ce soit ; lorsqu'ils accompagneront le Très Saint Sacrement chez les malades, ou, qu'en étant empêchés, ils se mettront à genoux au son de la cloche, et réciteront pour les infirmes une fois l'Oraison dominicale et la Salutation angélique ; lorsqu'ils logeront les pauvres étrangers, apaiseront les inimitiés, ou amèneront à la voie du salut ceux qui n'y sont pas ; lorsqu'ils apprendront aux ignorants les commandements de Dieu, et ce qui est nécessaire pour se sauver, enfin lorsqu'ils réciteront cinq fois l'Oraison Dominicale et la Salutation Angélique, pour le repos des âmes de leurs confrères, morts chrétiennement: Nous leur remettons, pour chacune de ces bonnes œuvres, soixante jours de la pénitence á eux enjointe, ou par eux due. »

La même bulle accordait une indulgence plénière aux associés, le jour de leur réception, à l'article de la mort, et le jour de l'Annonciation ; ensuite, des indulgences partielles aux fêtes de la Nativité, de la Conception, de la Présentation de la Sainte Vierge, et de la naissance de saint Jean-Baptiste.

La dévote Confrérie de Notre-Dame-de-Grâce, ainsi enrichie de biens spirituels, compta bientôt ses membres par milliers. Elle subsista jusqu'à la grande Révolution, opérant toujours un très grand bien. Dès sa naissance, elle contribua puissamment á agrandir et à décorer la chapelle, à élever de nouveaux bâtiments, et par conséquent à faire prospérer le pèlerinage. Ces constructions et restaurations formaient même un des buts principaux de son institution.
Mais elle a porté aussi d'abondants fruits de, grâce et de salut parmi les peuples de ces contrées. Le pape Urbain VIII en rend lui-même témoignage, dans sa bulle de confirmation, attestant que les membres de la dévote et pieuse confrérie ont accoutumé d'exercer un grand nombre d'œuvres de piété, de charité et de miséricorde.

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