NOTRE DAME DE ROCHEFORT Dix-sept morts ressuscités Extrait
de Notre-Dame de Rochefort-du-Gard
depuis Charlemagne jusqu'à nos jours. Récit du Chanoine J. -B. Petitalot, 1910 Avertissement
: Le livre du Chanoine de Notre-Dame de Rochefort, Jean Baptiste
Petitalot, doit être abordé comme un livre pieux écrit par un
homme partagé entre la rigueur de l'historien et la foi de l'homme
d'église. Il n'en reste pas moins très intéressant et
incontournable. G.M. XVI La résurrection des morts est celui de tous les miracles qui nous surprend le plus, parce qu'il est le plus rare, et qu'il se fait contre les lois les plus certaines de la nature. Car tout le monde reconnaît qu'il n'y a ni remède ni aucune cause naturelle qui puisse ressusciter un mort. Et Dieu n'a jamais prouvé sa divinité par un argument plus fort et plus incontestable, qu'en rendant la vie à ceux qui l'avaient perdue. Or, il a plu à Dieu de glorifier sa mère dans son sanctuaire de Rochefort, peut-être plus qu'en aucun autre, par des résurrections nombreuses et des mieux constatées. Toutes celles que nous allons raconter, furent obtenues dans l'espace de quelques années seulement (1). (1) Elles sont tirées du livre intitulé : La sainte Montagne de Notre-Dame de Rochefort, célèbre par les miracles que Dieu y fait continuellement par les puissantes intercessions de sa divine Mère ; composée par le R. P. Dom Joseph Mège, religieux Bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur. - Ce volume, excessivement précieux pour nous, fut imprimé à Toulouse en 1671. I - La première fut celle d'une petite fille morte dans le sein de sa mère, et eut lieu en l'an 1635. Madeleine Sausine, femme de Guillaume Brugier, de la paroisse et du village de Rochefort, à la suite d'une grossesse des plus douloureuses, accoucha d'une fille morte ; ni pouls, ni respiration, ni mouvement, pas même la couleur de la vie ; elle était noirâtre et livide, et, selon toute apparence, avait cessé de vivre depuis déjà longtemps. Trois femmes, qui assistaient la pauvre mère, prirent ce petit cadavre et le fomentèrent durant deux heures auprès du feu ; mais tous leurs soins ne servirent qu'à mieux faire voir que cette petite créature était bien morte avant de naître. Ces bonnes gens, si proches de la sainte Montagne, se dirent : Puisque cette aimable Mère accorde ses faveurs dans des provinces éloignées, elle ne peut les refuser à ceux qui ont le bonheur d'habiter près de sa sainte Maison. À peine leur vœu fut-il conçu, que ce petit corps mort donna des marques de la vie. Il changea de couleur, remua la main, et saigna du nez. On alla vite quérir M. Laurens de Saint-Douast, qui desservait la paroisse en qualité de prêtre secondaire. Il ondoya sur l'heure cette petite ressuscitée, de crainte de quelque accident, mais, voyant qu'elle prenait de nouvelles forces, on la porta sur le soir, à l'église, et M. le Curé ajouta toutes les cérémonies qui avaient manqué à son baptême. Sa santé se confirma, et dix mois après, à la requête des consuls de Rochefort, M. l'Official forain de l'archevêché d'Avignon fit une enquête juridique de ce grand miracle, et en dressa l'acte, qui est signé par le prêtre qui baptisa cette petite, par la mère et par la sage-femme. II - Jeanne Mille, fille d'un marchand de Martigues, mourut le 24 mai 1638, et resta morte pendant cinq heures; médecins et chirurgiens furent appelés, et ne purent que constater le décès. La mère espéra contre l'espérance : elle fit vœu à Notre-Dame de Rochefort que si, par son intercession, Dieu ressuscitait sa fille, elle la mènerait à la sainte Chapelle, et lui offrirait un cierge en action de grâce. Aussitôt ce corps mort donna des signes de vie, et peu après revint en une parfaite santé ; en sorte que, quinze jours après, le 10 juin 1638, elle vint accomplir son vœu. III - Jean Brinon, habitant de Ville-Dieu (Vaucluse), avait une fille nommée Marguerite, âgée de deux ans et demi. Cette petite fut trouvée étouffée et entièrement morte dans son berceau. Aux cris de la nourrice, le père et la mère accoururent et virent leur enfant les yeux fermés, la face et tout le corps bleuâtre, les bras et tout le reste du corps déjà tout froid et tout raide, enfin sans aucune marque de vie et avec toutes celles de la mort. Leurs amis, après avoir compati à leur douleur, ranimèrent leur courage par ce salutaire conseil : Dieu fait tant de merveilles par Notre-Dame de Rochefort, que vous pouvez tout espérer en vous adressant à elle. Les parents suivirent ce conseil ; et le vœu ne fut pas plus tôt prononcé, que cette petite morte recouvra la vie, prit la mamelle, et parut sur-le-champ dans une parfaite santé. Ce prodige arriva au mois de juillet de l'an 1638, et l'attestation n'en fut faite que le 3 juin 1641. M. Magnen, notaire apostolique, la reçut ; elle est signée par le curé de la paroisse, par un prêtre d'Avignon, par le premier consul, par un gentilhomme, et par plusieurs autres personnes qualifiées et très dignes de foi. IV - Un enfant, fils d'Hélène de Chabrand, dans une chute malheureuse, se brisa presque tous les os et perdit la vie ; car tous ceux qui le virent en cet état, ne lui trouvèrent aucun mouvement ni sentiment, jusqu'à ce que sa mère l'ayant voué à Notre-Dame de Rochefort, il fut, en une heure, remis dans une parfaite santé, et on ne lui trouva pas un os rompu, pas même disloqué. Ce miracle évident méritait bien qu'on en fît une attestation authentique, qui fut faite le 7 mai 1642, et signée par plusieurs personnes de qualité, témoins oculaires. V - Un berger, nommé Jacques, gardait son troupeau dans la campagne, au mois d'août 1638. Surpris par un orage, il se retira sous un châtaignier; mais à peine y fut-il, que la foudre tomba sur cet arbre, et l'alla frapper avec tant de violence, qu'elle l'étendit mort sur la place. Son frère, qui n'était pas loin de là, accourut avec d'autres paysans. Ils appelèrent le curé de leur paroisse, nommé François Gaultier. Ce bon prêtre, touché de compassion, fut inspiré de faire vœu pour le malheureux à Notre-Dame de Rochefort. Dès que le vœu fut fait, par un prodige qui effraya tout le monde, ce mort reprit la vie, le mouvement, le sentiment, la connaissance et la parole ; en un mot, une santé si entière, que dès le lendemain, il ne lui resta de tout son mal que le souvenir de l'avoir éprouvé. Il vint à la sainte Chapelle, accomplir le vœu qu'on avait fait pour lui, et fit sa déclaration dans les formes accoutumées. Elle est du 24 mars 1641, signée par un notaire royal et par plusieurs témoins oculaires. VI - Une femme nommée Marie Chevallière, accoucha après des douleurs épouvantables d'un enfant mort. La sage-femme et les médecins travaillèrent plus d'une heure, pour découvrir dans ce petit corps quelques marques de vie, afin de pouvoir lui donner le baptême ; mais ce fut inutilement. D'autres personnes l'examinèrent aussi, et on lui fit tous les remèdes qu'on a coutume d'employer pour découvrir la vie, lorsque quelque accident en arrête les mouvements extérieurs. Dieu voulut qu'on y apportât une diligence extraordinaire, pour bien vérifier que la mort n'était pas douteuse. Le père de ce petit avorton, plus affligé de la perte de l'âme de son fils que de la mort de son corps, supplia Dieu de donner à son enfant assez de vie, pour recevoir le Sacrement qui rend la vie à l'âme. Que ne peut une foi si vive sur le cœur de Dieu ? À peine ce père affligé avait-il achevé sa prière, et fait un vœu à Notre-Dame de Rochefort, que l'âme de l'enfant revenant dans le corps déjà tout froid et tout raide, il ouvrit les yeux, remua les bras, et fit entendre sa voix. Pour ne pas perdre ces précieux moments de vie, M. Bios, curé du lieu, baptisa ce petit ressuscité. Et pour montrer à tous que Dieu n'avait rendu cette âme à son corps, que pour lui faire recevoir le baptême, deux jours après il mourut une seconde fois pour vivre dans l'éternité. Le père de cet enfant vint à Rochefort accomplir son vœu, et fit une attestation authentique de ce grand miracle. Elle est du 20 février 1641. VII - La petite-fille d'un habitant d'Avignon fut étouffée par un funeste accident, et demeura longtemps dans cet état. Les médecins, apothicaires et chirurgiens furent appelés; ils touchèrent et regardèrent cent fois ce petit corps, appliquèrent tous les remèdes connus, et se retirèrent, assurant que cette petite était morte, et qu'il ne fallait plus penser qu'à l'enterrer. La mère, dans sa douleur, s'adressa à Notre-Dame de Rochefort ; et à peine avait-elle formulé son vœu, que son enfant respirât, ouvrit les yeux, et donnât toutes les autres marques de la vie. Et pour montrer que c'était un coup de la main de Dieu, qui ne guérit pas à demi, dés le lendemain elle fut dans une santé parfaite. Le père de cette petite écrivit de sa main l'attestation de cet évident miracle, la présenta à M. Payen, protonotaire apostolique, qui la signa le 14: mars 1641. VIII - Suzanne Gasque, fille d'un habitant de Beaucaire, âgée de dix-huit mois, fut également suffoquée. On employa sept heures entières, pour examiner si elle était réellement morte ; on y apporta tout ce que peut l'industrie humaine. Enfin, on ne douta plus de sa mort, puisqu'elle n'avait ni mouvement, ni respiration, ni chaleur ; médecins et chirurgiens la laissèrent comme un cadavre, qui ne demandait que la terre. Mais la mère promit à Dieu, s'il daignait lui rendre son enfant, de visiter la chapelle de Notre-Dame de grâce, et de porter en ce saint lieu le même suaire qu'elle avait préparé pour l'ensevelir. À l'heure même elle eut la joie de voir sa fille non seulement en vie, mais dans une entière santé. Elle tint sa promesse, et fit sa déclaration le 24 août 1641. IX - Claude Aramon, âgé de douze ans, fils de Marthe Chamons, de Saint-Jullien en Dauphiné, tomba dans l'écluse du moulin de ce lieu, dont l'eau est profonde de plus de six pieds. Il demeura plus d'une heure au fond de l'eau sans paraître à la surface ; il en fut retiré mort, comme il n'en pouvait être autrement. Sa mère fit vœu pour lui à Notre-Dame de Rochefort, lui redemandant son enfant ; plus de quarante personnes, venues au bruit de cet accident, joignirent leurs prières à celles de cette mère affligée. Et Dieu, qui vivifie les morts, rendit à ce corps mort l'âme qu'il en avait retirée ; on le vit se remuer, et le même jour dans une parfaite santé. Un notaire royal dressa l'attestation de cet évident miracle, qui fut signée par quatre témoins oculaires, le 2 mai 1641. X - M: Théodore Martel, docteur en droit, et damoiselle Claude de Girard, habitants de la ville de Joyeuse, avaient un fils nommé Jacques, âgé de deux ans et demi, qui tomba le dernier jour d'août de l'année 1636, d'une galerie haute de plus de cinq toises sur le pavé d'une rue. Il en fut relevé mourant, porté sur un lit. Les médecins et les chirurgiens le trouvèrent tout brisé: - Point de remède, dirent-ils. - Et quatre heures après : II est mort, ajoutèrent-ils, en se retirant. On le couvrit d'un drap, et on alla consoler les parents. Mais la mère, tombant à genoux, invoque la très Sainte Vierge, fait vœu de porter son enfant à la chapelle de Rochefort, si elle lui rend. La vie. Entrant ensuite dans la chambre du petit; elle le découvre, et son fils bien vivant lui dit : « Maman, un peu à téter.» - Deux heures après on le voyait en parfaite santé. XI - Mathieu Morul de Crest en Dauphiné, fut frappé, le 24 juin 1636, d'une violente apoplexie qui lui enleva durant six heures, la parole, la respiration, le mouvement, toutes les marques de la vie. Le médecin, après l'avoir bien examiné, le déclara mort ; on lui couvrit la face, et on ne pensa plus qu'à disposer les choses nécessaires à son enterrement. Le père s'était retiré dans une autre chambre ; le médecin et toutes les personnes présentes eurent beau lui assurer que son fils était mort, il ne voulut pas désespérer de le voir encore vivant. Il fit vœu pour son fils à Notre-Dame de Rochefort, et aussitôt son fils remua, sentit, parla, donna tous les signes de la vie. Tout le monde fut dans l'admiration, mais le plus étonné de tous, ce fut le médecin, qui publia à haute voix la puissance infinie de Dieu et le crédit sans bornes de la Vierge sa Mère. - Le père et le fils vinrent ensemble, l'année suivante, acquitter leur vœu à la sainte Montagne. XII - Un habitant de Liez en Provence fut saisi d'une fièvre chaude, qui le tourmenta et le consuma durant deux mois avec tant de violence, qu'elle le priva de tous ses sens et de tout mouvement. On le regardait comme mort et on ne pensait plus qu'à sa sépulture, lorsqu'un de ses amis fit vœu pour lui à Notre-Dame de Rochefort. A l'instant même le mort reprit le mouvement, l'usage de ses sens et toute sa connaissance, et en peu de temps une santé parfaite. Cet homme s'appelait François Mathieu ; il vint s'acquitter du vœu fait pour lui, et signa sa déclaration le 3 mai 1638. XIII - Autre miracle dont l'attestation est datée du 3 avril 1642. Une femme nommée Lionne Arnaud déclara devant le sieur Mercurin, notaire de la ville d'Arles, que s'étant accouchée d'un enfant au mois de septembre 1637, quelques jours après on avait trouvé cette petite créature suffoquée, sans mouvement et sans respiration. Elle resta plusieurs heures dans cet état, sans donner aucune marque de vie ; mais la mère ayant fait vœu à Notre-Dame de Rochefort, au même moment le petit mort revint en vie, et presque en même temps dans une parfaite santé. XIV - Mentionnons encore quatre résurrections d'enfants. Le premier de ces quatre ressuscités est un petit garçon, âgé seulement d'un mois, fils d'une femme de Montélimar, nommée Suzanne Chazelon. À la suite d'une violente maladie de quinze jours, cet enfant mourut ; on le vit deux heures durant, sans mouvement, sans sentiment et sans respiration : impossible de douter de la mort. Le père et la mère, très affligés de cette perte, ne pensaient plus qu'à faire enterrer l'enfant ; mais une bonne femme veuve, prenant ce petit corps tout froid entre ses bras, fit un vœu pour sa vie et pour sa santé à Notre-Dame de Rochefort, après en avoir demandé la permission aux parents. Et par une merveille qui ravit et réjouit tous les assistants, dés que ce vœu fut fait, l'enfant ouvrit les yeux, respira, se remua, et donna les autres signes de la vie. Ce miracle fut si évident, qu'un marchand huguenot, et des plus obstinés dans l'hérésie, confessa tout haut que c'était un coup de la seule main de Dieu, qu'on pouvait invoquer les saints, et surtout la Mère de Dieu, reine de tous les saints, puisqu'elle avait tant de crédit ; enfin que la Religion Catholique et Romaine était l'unique véritable, puisque Dieu faisait de si grands miracles pour justifier sa foi ; que ce mort ressuscité devant ses yeux lui avait donné la vie, en un mot, qu'il abjurait l'hérésie et le schisme pour être un fils fidèle et obéissant de l'Église catholique. L'attestation de ce double miracle, de la ressuscitation de cet enfant et de la conversion de cet hérétique, est du 14 août 1645. XV - Le fait suivant fut attesté par un prêtre religieux de Saint-Ruf, sous la règle de Saint-Augustin. Ce fut l'an 1645 que ce bon religieux apporta à la chapelle de Rochefort cette attestation écrite et signée de sa main. II en résulte qu'un enfant âgé de huit ans, nommé Claude Roustan, fut attaqué de violentes convulsions qui le laissèrent raide, froid, immobile et insensible, à l'état de cadavre ; qu'il demeura dans cet état durant une grosse heure, et que le même religieux l'ayant voué à Notre-Dame de Rochefort, il avait aussitôt recouvré la vie et la santé. Le religieux et l'enfant vinrent ensemble à la sainte Montagne accomplir leur vœu. XVI - Encore un prodige en faveur d'un enfant mort-né, l'an 1658. C'était l'enfant d'un habitant d'Aubignes (peut-être Aubignas), dans le Vivarais. Cet homme s'appelait Pierre Laville. Sa femme, nommée Marguerite Lachave, après d'effroyables douleurs, accoucha d'un enfant évidemment mort ; non seulement il ne donnait aucune marque de vie, mais il était déjà tout froid et tout noirâtre, ce qui faisait juger qu'il était mort dans le sein de sa mère depuis plusieurs jours. On ne pensait qu'à le mettre en terre, lorsque trois femmes, qui avaient assisté à ces funestes couches, firent vœu pour cette petite créature à Notre-Dame de Rochefort, lui demandant avec une foi vive et une confiance admirable de lui rendre la vie. Au même instant Dieu, pour sa gloire et pour l'honneur de sa très sainte Mère, renvoya dans ce petit corps l'âme qui en était partie. Beaucoup de personnes furent témoins du miracle, et on en fit un acte public, daté du 8 septembre 1658. XVII - Racontant la dernière des dix-sept résurrections, Dom Mège observe qu'il n'est pas possible de prendre plus de précautions et de garder plus de formalités pour rendre un fait incontestable. On fit une enquête juridique par l'autorité de M. Suarez, vicaire général d'Avignon, et on la communiqua au R. P. Icard, religieux dominicain et inquisiteur. Un habitant d'Avignon, nommé Rasibus, ouvrier en soie, avait un petit enfant âgé de huit mois, malade à l'extrémité. Il ne pouvait prendre la mamelle de sa nourrice ni aucune autre nourriture. Le sieur Lancy apothicaire, y fut appelé plusieurs fois et usa inutilement des remèdes de son art. Le petit malade, ne prenant aucun aliment, agité de fortes convulsions, ne tarda pas à succomber ; et l'apothicaire, dans une dernière visite, dit aux parents : Nos soins sont inutiles, votre enfant est mort. Le père, ne perdant pas confiance, s'adressa à la très Sainte Vierge. Il fit vœu d'aller pieds nus à la chapelle de Rochefort, et d'y offrir un cierge, si elle voulait rendre la vie à son enfant. Il n'eut pas plus tôt fait ce vœu que l'enfant donna des signes de vie, prit la mamelle de sa nourrice, et fut en deux jours parfaitement guéri. Cet homme, plein de joie et de reconnaissance, vint le jour de l'Ascension à la sainte Montagne accomplir son vœu. L'attestation du miracle est signée par M. Louis Suarez, prévôt et grand vicaire de l'archevêché d'Avignon ; par M. Calvet, avocat fiscal; par Bellon, greffier et notaire. Avec permission de publier le miracle, donnée par le R. Père Inquisiteur, qui a aussi signé, le 21 mai 1670. Voilà donc dix-sept résurrections de morts, obtenues par des vœux à Notre-Dame de Rochefort, en un tiers de siècle !... Pourrait-on citer beaucoup d'autres Madones aussi miraculeuses que la nôtre ? Mais pourquoi cette Vierge, si miraculeuse dans le passé, l'est-elle si peu dans le présent ? N'a-t-elle plus la même puissance ? N'a-t-elle plus la même bonté ? Je tire la réponse du saint Évangile (Mathieu., XIII ; - Marc, VI). Il y est dit que Notre-Seigneur étant venu en Galilée, dans son pays, se mit à prêcher dans les Synagogues, comme il faisait partout. Mais les gens de son pays l'écoutaient à peine, disant : N'est-il pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s'appelle-t-elle pas Marie ? Ne connaissons-nous pas ses parents ? Et Jésus ne fit presque pas de miracles, se contentant de guérir quelques malades par l'imposition de ses mains divines. Pourquoi si peu de miracles ? Parce que la toute-puissance du Sauveur se trouvait liée en quelque sorte par l'incrédulité de ses concitoyens : Propter incredctlitatem eorum. Nous n'avons qu'à nous appliquer à nous-mêmes cette page évangélique. C'est la foi qui obtient les miracles, c'est le manque de foi qui empêche les miracles de se produire. Que notre foi se réveille, qu'elle sache crier vers Dieu et vers Marie,et nous verrons les prodiges du passé se renouveler sur notre montagne. |