NOTRE DAME DE ROCHEFORT
Le pèlerinage en pleine activité

Extrait de Notre-Dame de Rochefort-du-Gard
depuis Charlemagne jusqu'à nos jours.
Récit du Chanoine J. -B. Petitalot, 1910

Avertissement : Le livre du Chanoine de Notre-Dame de Rochefort, Jean Baptiste Petitalot, doit être abordé comme un livre pieux écrit par un homme partagé entre la rigueur de l'historien et la foi de l'homme d'église. Il n'en reste pas moins très intéressant et incontournable.   G.M.

XXXV

Après le couronnement de la Vierge, plus encore qu'auparavant, de nombreux pèlerins sont venus chaque année apporter leurs prières, leurs chants et leurs louanges à la Madone bien-aimée. Pour les années les moins favorisées, nos archives mentionnent une cinquantaine de processions ; pour d'autres elles en comptent soixante-dix, soixante-quinze, et jusqu'à quatre-vingts, comme en 1875.

Dans tous ces pèlerinages, ce sont les mêmes témoignages de vénération, de confiance, d'amour et de pieux enthousiasme. Quelques-uns ont offert des particularités qui méritent d'être notées.

D'abord avant le couronnement. Ceux de Vauvert, petite ville au-delà de Nîmes, avaient fait impression, moins par le nombre des pèlerins que par leur dévotion tendre et naïve. En 1860, dans les premiers jours de septembre, quatre-vingts pèlerins de Vauvert, conduits par leur digne curé, M. Goulier, vinrent dans les circonstances suivantes : Partis de leurs maisons à deux heures du matin, sur des charrettes et des voitures particulières, ils louèrent plusieurs omnibus à Nîmes, et arrivèrent à Rochefort vers 9 heures. S'étant mis en ordre au pied de la sainte Montagne, ils la gravirent processionnellement, bannière en tête, la cloche sonnant, et au chant des litanies et des cantiques. Ils entendirent la sainte messe, chantèrent les vêpres, firent le Chemin de la Croix, passèrent presque toute la nuit dans l'église, entendant plusieurs instructions, priant beaucoup, chantant de nombreux et beaux cantiques. Le lendemain ils reçurent tous la sainte communion et, par la bouche du vénérable curé, consacrèrent leur paroisse à la Sainte Vierge. Ils laissèrent aux pieds de Notre-Dame un cœur en argent, où étaient renfermés tous les noms des demoiselles de la Congrégation. Enfin après avoir reçu la bénédiction du Très Saint Sacrement, ils descendirent la montagne en procession, et repartirent le cœur rempli d'une sainte joie.

L'année suivante, le 28 août, ils revinrent au même nombre de quatre-vingts. Cette fois, des omnibus loués à Nîmes, allèrent les prendre chez eux à 4 heures du matin, et les déposèrent au pied de la montagne vers une heure de l'après-midi. Ils montèrent en procession jusqu'à la chapelle, chantèrent les vêpres, reçurent la bénédiction du Très Saint Sacrement. La plupart passèrent la nuit entière à l'église, occupés à se confesser et à prier. Le lendemain ils assistèrent à plusieurs messes, et tous reçurent la sainte communion. Ils se procurèrent quantité d'objets de piété, qu'ils firent bénir et emportèrent précieusement. Plusieurs même se chargèrent de petites pierres, de buis, de fleurs et d'herbes odoriférantes prises sur la sainte Montagne. Au départ, ils étaient émus jusqu'aux larmes.

Une personne de Vauvert, venue très fatiguée à Notre-Dame, s'en retourna grandement soulagée, et le lendemain se trouva parfaitement guérie.

La plupart de ces pèlerins, disait le bon curé, sont peu à l'aise pour la fortune, mais ils ne craignent point la dépense pour venir à Rochefort. Quelques-uns font des épargnes pour cela, pendant toute l'année, et il en vient plusieurs d'une même famille.

Huit jours après, une trentaine d'hommes de la même paroisse, jaloux du bonheur de leurs épouses et de leurs filles, qui étaient venues deux fois à Rochefort, firent instances auprès de leur curé pour obtenir la même faveur. M. Goulier accéda volontiers à leur désir, et repartit avec eux pour Rochefort, au grand déplaisir des protestants de la localité. Après avoir très bien chanté les louanges de Notre-Dame, ils lui firent hommage de leur oriflamme de soie bleue, et s'en allèrent ravis et émus de leur pèlerinage.

Le 7 octobre 1861, une centaine de personnes d'Aimargues, prés de Lunel, étaient amenées par un assez ,bon nombre de prêtres. Partis de bon matin, ils étaient venus à Nîmes en chemin de fer. De là ils arrivèrent à Rochefort en omnibus, vers les trois heures du soir, Au pied de la montagne ils se rangèrent en ordre de procession, et montèrent en chantant. À l'arrivée, un beau cœur en vermeil, qui avait coûté 80 francs, et portait le nom de la paroisse d'Aimargues, fut déposé aux pieds de la Vierge pour y demeurer toujours ; et une couronne de même matière, et ornée de pierreries, fut placée sur la tête de Notre-Dame, mais momentanément, devant servir à décorer la Vierge qui se trouve dans l'église d'Aimargues.

À la tombée de la nuit, les pèlerins chantèrent les vêpres, entendirent une instruction, reçurent la bénédiction du Très Saint Sacrement; la plupart prièrent toute la nuit à l'église, le Chemin de Croix fut fait à 10 heures du soir. Le lendemain tous s'approchèrent de la sainte table, le chœur des jeunes filles exécuta de beaux chants à presque toutes les messes; après le salut donné à 9 heures du matin, ces braves gens partirent. Ils avaient apporté, avec la couronne susdite, de riches ornements sacerdotaux et un très bel ostensoir, qu'ils remportèrent après , s'en être servis à Notre-Dame. C'était comme une bénédiction qu'ils demandaient à la Madone de Rochefort, et qui devait les accompagner dans leur paroisse.

Deux jours après avait lieu un pèlerinage assez mouvementé de la paroisse de Milhaud, prés Nîmes. Partis à 1 heure du matin, les pèlerins firent le trajet jusqu'à Rochefort en omnibus; le temps fut très mauvais, une grande pluie les surprit en route. Par surcroît, vers 5 heures du matin, avant le jour, un de leurs omnibus versa dans un endroit fort escarpé, entre Nîmes et Saint-Gervasy. Rien de fâcheux n'en résulta pour les pèlerins, et tous les témoins de l'accident virent là une protection de la Sainte Vierge ; seulement ils arrivèrent à Rochefort à midi, cinq heures après les autres.

Le 8 octobre de l'année suivante, ils apportèrent un tableau peint sur toile, racontant l'accident de l'année précédente; et le suspendirent aux murs de la chapelle comme un témoignage de leur reconnaissance pour la protection dont la Sainte Vierge les avait entourés. Cet ex-voto se voit encore dans l'église prés de la grande porte.

Le jour de la Pentecôte 1862, des pèlerins venus de Bar-le-Duc en Lorraine, remerciaient Notre-Dame de Rochefort d'une guérison obtenue par son intercession.

Le 14 septembre étant un dimanche, il se fit un très nombreux concours. Les confesseurs furent occupés depuis le samedi à 3 heures jusqu'au lendemain à 10 heures; les messes se succédèrent sans interruption de 4 à 11 heures, et à chaque messe la chapelle fut remplie de fidèles. Plus de trois mille communions furent distribuées.

Le 5 octobre, pèlerinage d'action de grâces M. le curé d'Uchaux, prés Orange. Il venait avec sa mère et sa nièce remercier la Sainte Vierge d'avoir été retiré sain et sauf, il y avait deux ans, de dessous les ruines d'une maison qui s'était écroulée tout entière sur lui. Dévot à Notre-Dame de Rochefort, il l'avait invoquée au moment du danger, et c'est á elle qu'il attribuait son salut. Tous ses paroissiens témoins de l'évènement y virent un miracle ; le clergé fut du même avis, et Mgr l'Archevêque d'Avignon appelait le curé d'Uchaux l'enfant du miracle.

Nous trouvons dans nos chroniques dés remarques édifiantes, comme celle-ci, à la date du 5 juillet 1863. « Tels sont l'empressement et le plaisir des peuples de la contrée à venir à Notre-Dame de Rochefort, que l'on voit souvent tous les habitants d'une paroisse, quelquefois les hommes et d'autres fois les femmes, demander en masse à venir en procession à la sainte chapelle. Il y a plusieurs curés des environs qui obtiennent la cessation des danses et autres amusements mauvais, en promettant à la jeunesse de la conduire à Rochefort si elle s'abstient, ou en la menaçant de ne pas faire le pèlerinage si l'on danse. »

Nous y lisons aussi que M. d'Alzon, fondateur des Pères et des Religieuses de l'Assomption, faisait fidèlement chaque année son pèlerinage, et qu'on l'a vu plusieurs fois gravir la sainte Montagne nu-pieds.

L'année qui suivit le couronnement, un accident désagréable se produisit. Le 19 août 1870, la cloche de Notre-Dame se fêlait, en sonnant à l'arrivée des congréganistes de Nîmes ; et le 8 septembre elle rendait ses derniers sons. Elle fut descendue le lendemain, pour être envoyée au fondeur à Avignon. Dix mois plus tard, le 18 juillet 1871, la nouvelle cloche fut bénite très solennellement par Mgr Plantier. La cérémonie commença par une messe basse, et le sermon fut prêché par M. de Cabrières, vicaire général. Ensuite la bénédiction fut faite dans la grande nef, fermée tout autour ; et dans laquelle étaient les places réservées au clergé et aux invités, environ 400 personnes. Le parrain fut M. Edouard de Talode du Grail, de Manissy, et la marraine Mme Valentine marquise d'Aramon. La marraine, accompagnée du parrain, fit une quête fructueuse.

Dans la soirée la cloche fut montée et installée par Chaillot, maçon de Tavel, et celle de l'hermitage Saint-Pierre, qu'on avait emprunté, fut reportée au clocher de cette chapelle.

Le dimanche 17 août 1873, arrivait une grande procession composée de plusieurs milliers d'hommes, et venant de différents endroits, mais principalement de Nîmes. Pour satisfaire à la dévotion de tous, les messes commencèrent à être dites et les communions à être distribuées dés 3 heures du matin. Outre les Pères du couvent, quarante prêtres environ étaient présents, et à leur tête MM. d'Alzon et de Cabrières, vicaires généraux. L'ordre le plus parfait et une grande édification n'ont pas cessé de régner dans cette foule immense, qui encombrait l'église, le plateau, les cours de l'asile et du couvent, le Calvaire et les pentes de la montagne. Pour les repas, les salles à manger étant loin de suffire, on dressa des tables dans les cours et sur les terrasses.

À 9 heures, une procession générale parcourut les chemins de la montagne, et la statue de Notre-Dame y fut portée sur un brancard. Au retour, messe chantée sur le plateau, et sermon par M. d'Alzon. À 3 heures, chant du Magnificat, allocution par M. de Cabrières, bénédiction solennelle du Très Saint Sacrement, encore sur le plateau.

Quelques jours après, dans une lettre imprimée, M. d'Alzon disait : « Le pèlerinage de Notre-Dame de Rochefort a réussi, au-delà de toute espérance ; prés de cinq mille catholiques, plus de quatre mille communions d'hommes : voilà ce que nous avons pu contempler. »

Mgr Plantier et ses vicaires généraux, M. d'Alzon, fondateur de l'Assomption ; M. de Cabrières, qui allait être bientôt évêque de Montpellier, voilà des noms qui vivront toujours sur la sainte Montagne.

Mgr Plantier aimait cette solitude, et y venait aussi souvent que les devoirs de sa charge le lui permettaient. Voulant passer en repos les premiers jours de l'année 1875, il arriva la veille du 1er janvier à Notre-Dame, et y demeura huit jours pleins, vivant en communauté avec les Pères. C'est là qu'il écrivit son mandement pour le carême.

Le 13 avril, interrompant sa tournée de confirmation, il revint à Notre-Dame. C'était son dernier pèlerinage, et il semblait le pressentir, tant il prolongeait ses visites aux pieds de la Vierge dans le sanctuaire. En reprenant le cours de sa tournée pastorale, il exprimait sa satisfaction de s'être un peu reposé sur la sainte Montagne, et le regret d'en partir si tôt. Hélas ! son, état d'épuisement était tel qu'il dut bientôt interrompre son travail et rentrer à Nîmes, où peu de jours après il succombait, laissant son diocèse dans la douleur et les larmes.

Avant de quitter Notre-Dame, il avait béni le cimetière, qui venait d'être préparé près des croix monumentales, pour servir à l'inhumation des gardiens du sanctuaire. On y transporta les restes des Pères Séon et Chare, d'abord déposés dans l'ancienne chapelle mortuaire des Bénédictins, attenante à l'église ; et, en ce moment dix religieux de la `Société de Marie y reposent dans la paix du Seigneur. Ce sont les Pères :

Etienne, Séon, 1er. supérieur, décédé le 18 août 1858 ;
Arsène, Chare, le 26 novembre de la même année ;
Jean-Baptiste Jacquet, le 17 janvier 1880 ;
Xavier Vachon, le 29 novembre 1880 ;
Louis Rozet, le 30 juillet 1884 ;
Désiré Boichin, le 12 avril 1893 ;
Julien Dubruc, supérieur, le 22 décembre 1897 ;
Xavier Garde, le 27 juillet 1902 ;
Lucien Faivre, supérieur, le 17 janvier 1905 ;
Calixte Mondon, le 20 septembre 1909.

Mgr Besson, successeur de Mgr Plantier, fit son premier pèlerinage le dimanche 15 octobre 1876, et arriva le samedi soir. À cette occasion les hommes avaient été convoqués exclusivement ; ils affluèrent dés la veille, et pendant la nuit, et le matin. Mais, malgré la défense formelle, les femmes vinrent également en foule ; de sorte que la montagne se trouva inondée d'une multitude compacté d'au moins quatre à cinq mille âmes. La messe fut chantée en plein air à 10 heures, et le Prélat prêcha après l'Évangile. Une heure avant, une immense procession s'était déroulée sur la route et au Calvaire. Les communions distribuées atteignirent presque le chiffre de trois mille.

Trois ans après, en 1879, pendant le seul mois de septembre, on en distribua douze mille.

Et cependant la politique persécutrice jetait les catholiques de France dans de grandes inquiétudes. Les Pères de Rochefort menacés, comme tous les religieux ; par les décrets de mars 1880, n'y échappèrent que grâce à l'intervention de Mgr Besson, qui fit savoir au Gouvernement qu'il les prenait sous sa protection, qu'il les incorporait au clergé de son diocèse et en faisait ses missionnaires diocésains. Le ministre des Cultes répondit au mois de juillet, que ces gardiens ou chapelains de Notre-Dame de Rochefort, missionnaires du diocèse de. Nîmes, ne seraient pas inquiétés, attendu qu'ils étaient sous la juridiction de l'évêque, qui pouvait en disposer à son gré.

Depuis cette époque la situation n'a pas changé; les chapelains de Notre-Dame continuent de remplir leurs fonctions, respectueusement soumis à l'autorité bienveillante de Mgr l'Évêque de Nîmes.

Pendant le XIXe siècle, Notre-Dame ne cessa pas de répandre ses grâces, et de manifester sa maternelle protection par d'insignes faveurs.

En 1862, un habitant de la Capelle, le sieur Joseph Gauthier, fut guéri, par la Vierge de Rochefort, d'une douleur très vive au côté provenant d'une chute. Il en souffrait depuis quatre ans et n'avait pu obtenir le moindre soulagement. Il se décida à venir visiter la sainte chapelle où Marie se montre si .secourable aux malheureux ; il était à peine arrivé au pied de la sainte Montagne que la douleur avait disparu.

Encouragé par ce premier succès, il vint l'année suivante demander la guérison d'un rhumatisme qui le fatiguait depuis vingt ans. Sa seconde démarche fut bénie comme la première, il fut guéri de ses rhumatismes. La reconnaissance, disait-il, lui faisait un devoir de publier les faveurs dont il avait été l'objet.

Le 24 avril 1864, la paroisse de Sauveterre déposait dans la chapelle un bel ex-voto, où se lit le récit d'un prodige; en voici le résumé :

Le dimanche, 31 août 1862, vers trois heures du soir, la paroisse de Sauveterre revenait du sanctuaire béni de Rochefort. Le nommé Joseph Gilles Cambe ramenait sur sa voiture dix pèlerins, parmi lesquels quatre vieillards. Craignant, pour ces derniers surtout, la fatigue d'un mouvement trop précipité, il prit la résolution, une fois arrivé au chemin pierreux de Catalan, de n'aller plus qu'au pas, et laissa en conséquence défiler devant lui toute la caravane. Mais à peine son cheval, jeune encore et très fougueux, se vit-il ainsi distancé par les autres, qu'il partit comme un trait afin de les atteindre. Le conducteur, perdant l'équilibre, tomba en travers de la voie, et sentit sa poitrine sillonnée par la roue ; les premières personnes accourues craignaient de ne trouver qu'un cadavre, et crièrent au miracle en voyant se relever un homme plein de vie et sans la plus petite lésion. Cambe se releva en effet, sans donner à qui que ce soit le temps de lui tendre la main ; il reprit sa place à la suite des pèlerins, et regagna sa demeure aussi tranquillement que si la chute n'avait été qu'un rêve.

Au mois de mai 1864, Jean Alexandre et sa femme, de la paroisse de Molières, portèrent une fille âgée de six ans dans la sainte chapelle. Pendant les messes, ils la déposèrent sur des coussins, où elle resta sans mouvement. Le lendemain du pèlerinage elle se trouva mieux, sa santé s'améliora considérablement; et le 15 mai 1865, cette enfant, conduite par sa mère, sa grand'mère et d'autres personnes de Molières, gravissait la montagne de son pied.

Le 8 septembre 1876, une femme de Bagnols, privée depuis six ou sept ans de l'usage de la parole, la recouvrait dans la sainte chapelle, à la messe de 7 h., immédiatement après avoir fait la sainte communion.

Le 8 septembre 1881, l'auguste Vierge, guérissait un jeune homme d'Alais, qu'une méningite avait privé de l'usage de la parole et même de ses facultés intellectuelles. Depuis quelque temps il avait recouvré la connaissance, mais restait incapable de parler. Il vint donc à Notre-Dame la veille de la Nativité, se confessa par écrit le matin de la fête ; et après la communion il se mit à parler et s'en retourna en parfaite santé. Le miracle a été connu d'une foule de personnes de la ville d'Alais. M. l'abbé Laurent, curé de la paroisse Saint-Joseph à laquelle appartient la famille de ce jeune homme, dressa un procès-verbal en bonne et due forme de ce fait merveilleux.

En 1884, le choléra exerçait ses ravages à Toulon, Marseille, Arles, et menaçait notre région. Déjà Vallabrègues, Montfavet étaient envahis. Les populations menacées accoururent en foule se jeter aux pieds de la Bonne Mère. Pour la fête de la Nativité, un triduum fut célébré solennellement. Pendant les trois jours, trois prédicateurs distingués parlèrent de la toute-puissante protection de Marie, et plus -de huit mille pèlerins écoutèrent leurs paroles. Les communions ne furent pas en rapport avec ce grand nombre ; à cause du choléra, les médecins recommandaient de ne pas sortir à jeun le matin. Or, malgré la chaleur et la foule des pèlerins dont beaucoup venaient des pays contaminés, aucun accident ne se produisit sur la montagne, et l'on attribua non sans motif cette préservation à une protection sensible de la Sainte Vierge.


La statue de St Joseph

Au mois de mai 1885, le P. Dubruc fit placer, sur la route, la statue de saint Joseph qui est adossée á la XIIIe station du Chemin de la Croix. Douze cents pèlerins au moins assistèrent à la bénédiction, et manifestèrent la satisfaction la plus vive de voir ce monument élevé en l'honneur du glorieux Patriarche.

Le même supérieur plaça dans le sanctuaire l'image du Sacré Cœur, et remplaça par une statue, qui représente Marie accueillant les pèlerins, celle qui se trouvait sùr la place devant la chapelle.

Signalons deux fondations de lampes devant brûler à perpétuité près du trône de la Vierge. La première fut faite, en 1884, par une pieuse personne de Nîmes ; l'autre, en 1898, par Mme la Vicomtesse du Mesnil née de Forbin, qui écrivait : « Les rapports si anciens qui ont existé entre la famille de Forbin à laquelle j'appartiens et le sanctuaire de Notre-Dame de Rochefort, auront ainsi par l'entretien de cette lampe perpétuelle une continuité qui prouvera que la foi de la génération présente est à la hauteur de celle de nos aïeux, qui en 1774, nous consacraient tous par avance à Notre-Dame de Grâce. »