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Légende,  au dos de la Carte.
 
2049 - N. - D. ROCHEFORT-du-GARD (Gard)
Vierge d'ivoire
Retrouvée et rendue en 1852 au sanctuaire par M. D. Piet de Berton, comandant. de gendarmerie à Avignon.
Récit de cet événement, tiré du livre, "Notre-dame de Rochefort du Gard" par :
Le Chanoine J. -B. Petitalot en 1910 (pages 172 à 175) :
 
Avertissement : Ce texte ne peut être considéré  comme un document historique, il a été  dicté essentiellement par la foi de l'écrivain.
 
Un vol à NOTRE-DAME
Il s'agit de la petite statue en ivoire, que les gardiens du sanctuaire ont coutume de présenter à la vénéra­tion des pèlerins, et qui fut enlevée par un ouvrier, pendant que le P. Séon faisait exécuter des réparations dans la chapelle, vers 1850.
 
Quelques jours après, M. Piet de Berton, capitaine de gendarmerie à Avignon, et fervent chrétien, vint en pèlerinage à Notre-Dame, accompagné de ses deux jeunes filles et du R. P. Maurel, qui devait leur dire la messe.
 
Après la messe, le P. Maurel se rendit à l'hôtellerie, où les pèlerins prenaient leur déjeuner et leur dit : Monsieur le Supérieur est fort heureux de savoir que le capitaine de gendarmerie se trouve aujourd'hui à Rochefort; il a besoin de lui parler. Donc, mes en­fants, retournez à la chapelle, et nous allons entrer dans le couvent.
 
Le P. Séon dit toute sa peine à M. Piet de Berton, lui donna le signalement exact de la précieuse statuette ; et les pèlerins, remontant en voiture, repartirent pour Avignon avec le R. P. Maurel. Chemin faisant, le capitaine confia à ses compagnons le douloureux secret du P. Séon, et tous ensemble récitèrent le chapelet, dans le but de retrouver l'image de la Vierge.
 
Aussitôt arrivé, le capitaine fit à ses officiers la description de la statuette, les mit à sa recherche et s'y mit lui-même tout le premier. Il va chez un marchand d'antiquités, et lui demande s'il n'aurait pas une Vierge de telle et telle façon.
 
Non, répond le marchand, je n'ai pas ce que vous désirez. Mais mon confrère Guérin vient d'acheter, il y a deux ou trois jours, une statue qui répond à vos indications. Seulement, comme elle est très ancienne, il lui manque un bras.
 
Le capitaine n'en désirait pas davantage, c'était précisément le signe qui devait faire reconnaître la Vierge disparue. Il court chez M. Guérin, et lui dit :
Je sais que vous avez une petite statue de la Sainte Vierge, très ancienne, dont vous avez fait l'acquisition ces jours-ci. Voulez-vous me la montrer ?
 
M. Guérin la lui présentant :
Savez-vous à qui vous l'avez achetée ?
 
Un peu troublé sous le regard scrutateur du capitaine, M. Guérin répondit :
Je ne connais pas cet homme. Il s'est présenté comme sacristain d'un couvent, disant qu'on ne se servait pas de cette statue et que son Supérieur, ayant besoin d'un Christ, l'envoyait faire un échange.
 
Que lui avez-vous donné de retour ?
Vingt francs, répondit Guérin.
 
Les voici, et sachez une autre fois à qui vous avez à faire ; cette statue a été volée. Comme je vous connais pour un brave homme, je ne veux point vous faire de peine, mais que cela vous serve de leçon. Le capitaine rentra chez lui, portant sa précieuse emplette, que ses deux filles reçurent avec des transports de joie. Elles placèrent aussitôt la Vierge sur l'étagère qui formait la chapelle de leur demeure, allumèrent une lampe et des cierges. Et M. Piet de Berton se hâta d'écrire au P. Séon l'heureuse nouvelle.
 
Le séjour de la Vierge fut une bénédiction pour cette chrétienne famille, et même pour ses amis. Car une dame avait confié à ces demoiselles que son mari, parfait d'ailleurs, ne pratiquait pas. Elles leur firent donc dire de venir les voir dans la soirée, et dès qu'ils furent entrés
 
Voyez, dirent-elles, comme notre chapelle est en fête ! Et, sans indiquer d'où elle venait :
C'est une Vierge célèbre, à laquelle nous avons l'honneur de donner l'hospitalité. Donc, chers amis, veuillez l'invoquer avec nous.
 
Elles se mirent à genoux. L'excellent Monsieur, un peu par convenance, fit de même. Sa femme comprit et pria avec ferveur Notre-Dame de Grâce. Peu après l'estimable mari se convertit et devint un bon chrétien.
 
Le lendemain matin, de bonne heure, le P. Séon arrivait. Impossible de dépeindre sa joie. Il couvrait de baisers les pieds de sa divine Mère, en même temps qu'il les inondait de ses larmes.
 
Maintenant, lui dit le capitaine, permettez que je vous reprenne Notre-Dame. Le Supérieur fut effrayé.
Oui, continua le capitaine, puisque j'ai eu le bonheur de la retrouver, je veux vous la rendre avec ses deux bras, Un ouvrier habile aura vite fait ce travail. Venez après-demain partager notre déjeuner de famille, et vous aurez alors Notre-Dame de Grâce en parfait état.
 
Le P. Séon accepta, et reprit deux jours après la Vierge restaurée. Il ne savait comment exprimer sa reconnaissance. Il promit de faire graver au-dessous du pied de la statue une inscription, qui attesterait le service signalé rendu par M. Piet de Berton. Mais, peu de temps après, la famille Piet de Berton quitta la Provence, et le P. Séon mourut avant d'avoir accompli sa promesse.
 
Cette promesse ne fut remplie qu'en 1869, peu de jours avant le couronnement solennel de Notre-Dame de Rochefort. Alors, en effet, Mesdemoiselles Piet de Berton prièrent le Supérieur des Chapelains de vouloir bien faire porter, par une personne sûre, la petite statue au R. P. Maurel, qui prêchait le Mois de Marie à Avignon ; disant que lui et Mlle Lapierre seraient heureux de surveiller ce travail, dont elles demandaient elles-mêmes à payer le prix, en mémoire de leur père défunt.
 
Et il fut fait ainsi. Voici l'inscription gravée dans une plaque d'argent, et parfaitement lisible :
RETROUVÉE ET RENDUE AU SANCTUAIRE PAR M. D. PIET DE BERTON, ANCIEN COMMANDANT DE GENDARMERIE A AVIGNON.