Devis des travaux à exécuter

Construction d’un aqueduc souterrain

de Sygnargues

20 août 1867

 

Devis des travaux à exécuter pour la construction d’un aqueduc souterrain pour la conduite des eaux dites de Sygnargues au récipient de la fontaine de Vaujus, laquelle fontaine alimente le village de Rochefort.

 

Cet aqueduc qui aura le double avantage d’augmenter le volume des eaux aux fontaines du village et d’assainir une immense plaine, où le plus souvent les blés pourrissent par une trop grande humidité aura une section intérieure de 1m80 de hauteur sur 0m80 de largeur, il sera construit en galerie souterraine sur sept cent mètres dans les terres graviers et argiles qui constituent le terrain à traverser.

 

Cette galerie sera maçonnée en chaux hydraulique de Lirac pour les murs latéraux, solidement construits de quarante centimètres épaisseur et recouverte en voûte, faite de moellons taillés des carrières de Castillon de 35 à 30 centimètres au fur et à mesure du creusement de la galerie, le tout maçonné avec soin et solidité

 

De cinq en cinq mètres au bas des murs latéraux et à dix centimètres au-dessus du sol du radier seront laissées des ouvertures vulgairement appelées barbacanes pour l’introduction de l’eau dans la galerie. Ces ouvertures auront 15 cm largeur et 30 cm hauteur.

 

Le ravier de la galerie sera composé d’un pavé en cailloux roulés de 12 à 15 cm de taille, maçonnés et abreuvés en béton de chaux hydraulique de quatre centimètres épaisseur, si dans le forage de cette galerie souterraine, du Gluten compact (cailloux agglomérés) vulgairement appelés sistre, l’extraction n’en sera faite que dans la proportion exacte de la section intérieure de la galerie en tranchant les côtés dans l’alignement des murs latéraux et courbure de la voûte. Cette extraction de gluten, qui n’est prévue que d’une manière éventuelle et qui remplacera dans la partie traversée les murs et voûtes, sera payée au prix de cinq fois le mètre cube, et présentera par conséquent une économie comparée à chaque mètre de longueur de revêtement des murs et voûtes de l’aqueduc.

 

A la suite de cet aqueduc sur la longueur indiquée de sept cent mètres et d’après la disposition du plan ci-joint, la conduite d’eau sera continuée sur deux cents mètres de longueur jusqu’au puits Gayte, à l’aide d’une tranchée qui sera faite à ciel ouvert, afin de poser au fond et sur les radiers continue des dalles en pierre de taille de quatre vingt centimètres longueur et 16 cm épaisseur posées sur deux petits murs de soutènement recouverts au-dessus en cailloux et ensuite en terre provenant des déblais pour faciliter l’introduction des eaux.

 

Sur la longueur de cet aqueduc souterrain il y sera fait trois puits de descente d’après les dimensions indiquées au plan ci-joint, maçonnés à chaux et sable jusqu’à vingt centimètres au-dessus du sol extérieur et recouvert chacun par trois fortes dalles de 1m20 longueur, 65 centimètres largeur et 30 épaisseur.

 

A l’entrée de l’aqueduc du côté du récipient de la fontaine de Vaujus, il sera fait une porte avec fermeture en fonte, solidement ferrée, et peinte au minium de trois couches.

 

Les déblais provenant du forage de la galerie seront déposés au frais de l’entrepreneur sur les terrains communaux environnant les travaux et sans augmentation de prix à celui porté au détail estimatif, lequel prix d’extraction comprendra aussi, toute sorte d’étançonnements et épuisement d’eau nécessaire.

 

Tous ces travaux en sous-œuvre qui exigent des précautions et que commande toute prudence d’un entrepreneur expérimenté seront exécutés avec le plus grand soin, l’entrepreneur demeurera exclusivement responsable de tout accident qui pourraient arriver par incurie ou négligence de sa part ou de ses ouvriers.

 

Clauses et conditions sur les constructions.

 

Les matériaux de toute nature seront de la meilleure qualité, et de dimensions présentées par l’architecte, leurs façons et leurs mises en oeuvre devront recevoir toute la justification dont elles sont susceptibles suivant les règles de l’art. Ceux qui seraient jugés par l’architecte n’avoir qualité requise ou n’être convenablement façonnés ou posés seront démolis et retirés de l’atelier au frais de l’entrepreneur.

 

Si pendant le court des travaux l’entrepreneur était convaincu de fraude dans leurs exécutions, il sera placé sans autres formalités un piqueur de chantier à ses frais, afin de surveiller la bonne exécution.

 

L’entreprise devra constamment avoir à la disposition de l’architecte et sur le chantier, le jalon, le niveau à eau et à bulle d’air, les voyants et piquets nécessaires au train et à la vérification des travaux, resteront aussi à sa charge les outils, étançons, échafaudage, rampes, machines et agrès, généralement quelconques relatifs et nécessaires à ces travaux.

 

Les travaux énoncés au présent devis seront exécutés dans le délai de six mois de compter du jour de l’approbation de l’adjudication par l’autorité supérieure.

 

Il est de condition expresse que les travaux exécutés par l’entrepreneur en dehors des autorisations régulières resteront à la charge personnelle de ce dernier sans répétition contre la commune.

 

L’architecte soussigné renonce à toutes remises pour la même cause des travaux supplémentaires qui pourraient s’exécuter au présent devis.

 

Outre les clauses et conditions du présent devis, l’entrepreneur aura à se conformer strictement à tous les articles du cahier de charge (modèle) dressé par Monsieur le Préfet du Gard en date du 14 mars 1845.


 

Addition au devis de travaux de l’aqueduc

29 octobre 1867

 

Ce rapport signale, l’absence de détails sur les moyens que l’architecte compte employer pour le transport d déblais sur les distances que les terres auront à parcourir pour être étendues sur les terrains communaux.

 

Nous répondrons pour être exécuté, que les déblais provenant de l’extraction de la galerie et des puits de descente seront transportés à la corbeille, à la brouette ou au camion selon que l’entrepreneur le jugera convenable sur les points A A’ A’’ qui sont terrains communaux, et en partie sur le large chemin communal B B’ qui se trouve parallèle et au nord du tracé de la galerie, lequel se trouve défoncé et d’un parcours difficile, les remblais dont ce chemin sera rehaussé le rendront en très bon état.

 

Quant aux distances à parcourir sur les points indiqués pour déposer et répandre les déblais elle pourrant varier sur une longueur moyenne de soixante mètres.

 

L’entrepreneur sera libre de s’entendre avec tel propriétaire qu’il jugera convenable et à ses frais pour les déposer sur leur terrain ou d’acheter des terrains pour y former ses dépôts à des points plus rapprochés lesquels dans ces parages ne sont pas d’une grande valeur.

 

Le tracé de l’aqueduc qui est en ligne droite est représenté par la feuille du dessin N°1 laquelle est jointe au dossier.

 

Uzès le 23 octobre 1867

Bègue Aimé, architecte.

 

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