Construction de l’abbaye de saint André d’Avignon en 999.
Le Fort St André couronnant l'antique mont Andaon.
L’abbaye de St André d’Avignon fut établie vers l’an 999. Son origine ne nous est pas bien connue. On sait seulement qu’elle subsistait dans les siècles précédents sur le haut de la montagne appelée Andaon, situé vis à vis d’Avignon sur la rive occidental du Rhône. Et ayant été détruite par les Sarrasins, elle demeura ensevelie sous ses ruines jusqu'à l’épiscopat de Warnérius évêque d’Avignon, sous lequel elle fut rebâtie vers l’an 980. On y voyait alors trois églises, l’une sous l’invocation de St André, la seconde de St Michel, et la troisième de St Martin.
Celle-ci de même que la première subsiste encore et n’en forme qu’une, ou plutôt deux nefs parallèles qui communiquent par une arcade. Le pape Grégoire V confirme au mois de janvier 999, Martin abbé de saint André, et ses successeurs dans la possession de ces trois églises, et du domaine de la montagne d’Andaon sur laquelle elles étaient situées.
Comme nous savons d’ailleurs que Raymond de St Gilles et Alphonse son fils comte de Toulouse confirment à cette abbaye la possession de cette montagne, ainsi que leurs prédécesseurs l’avaient donnée c’est une preuve que les comtes de Toulouse furent les restaurateurs de l’abbaye de St André et qu’ils dominèrent par conséquent le long du Rhône dans la partie orientale du Languedoc qui avait fait partie du royaume de Provence longtemps avant qu’ils fussent en possession du marquisat de ce nom. Il est marqué en effet dans l’ancienne nécrologie de ce monastère que les comtes de Toulouse en sont les fondateurs.
L’abbaye de saint André devint bientôt considérable après son rétablissement par les diverses donations qu’on y fit. Hildebert Evêque d’Avignon, ses chanoines, et quelques seigneurs du pays lui donnèrent entre autres, l’an 1006, l’église de St Pierre de Liron situé dans la partie du comté d’Avignon qui est en deçà du Rhône. La chartre est souscrite par un comte nommé Pons.
C’est le même sans doute que Pons fils de Guillaume Taillefer comte de Toulouse, et d’Emme de Provence sa seconde femme, qui pouvait avoir alors huit à dix ans. Mais peut-être ne souscrivit-il à cette charte que longtemps après pour la confirmer, de quoi nous avons divers exemples. Il avait droit du comté d’Avignon au nom d’Emme sa mère , qui posséda des biens dans cette ville du vivant de Rotbol son père et de Guillaume son frère dont elle ou ses fils hériteront entièrement après leur mort.
Nos rois après avoir réuni le Languedoc à la couronne, acquirent une partie des domaines de la montagne d’Andaon, par le paréage dont les abbés de St André convinrent avec eux. Ces princes ceignirent alors de murs le haut de la montagne et y construisirent Une forteresse à cause de l’importance de ce poste situé sur les limites de leurs états.
L’abbaye a donné l’origine à la petite ville de Villeneuve qui est au bas. L’une et l’autre quoique du diocèse d’Avignon, et en quelque manière dans les faubourgs de cette ville, dépendent cependant du Languedoc et du diocèse d’Uzès pour le temporel, parce qu’elles sont en deçà du Rhône qui sépare les deux provinces.
Dom Vaissette, 1730
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