MESDAMES,
MESSIEURS,
Vous
ne serez point trop surpris si je viens vous rappeler, après bien
d'autres, que notre Compagnie a eu constamment, dès son origine, pour
but principal, sinon exclusif, la mise à jour, je dirai presque le
culte respectueux et l'amour de tout ce qui a trait à l'histoire de
Nîmes et des régions qui l'avoisinent.
A
ceux qui feraient semblant de l'oublier, il suffira, je pense, de
mentionner les derniers disparus d'entre nous, hier encore pleins de
vie et de force et dont les noms sont dans toutes les mémoires. Leurs
oeuvres sont là qui les. Recommandent à votre attention et justifient
mon dire.
J'ai
tenu à rester fidèle à cette tradition, et, puisque à titre de
Président de l'Académie, il m'est donné aujourd'hui de prendre la
parole dans cette enceinte, laissez-moi vous entretenir encore de notre
intéressante ville avec cette différence toutefois qu'au lieu de
reporter vos regards en arrière et de considérer, avec ceux qui m'ont
précédé, la grandeur de l'ancien Nîmes, je m'efforcerai d'envisager
avec vous, au point de vue esthétique, le présent et l'avenir de cette
cité.
Vous
vous êtes absentés quelques fois, n'est-ce pas, de Nîmes, sous
l'aiguillon des chaleurs estivales par exemple, et après de longs mois
d'un labeur soutenu ? ....
On
part toujours avec plaisir, avouons le, mais comme on revient avec plus
de plaisir encore ! …
La
jeunesse seule ne se lasse pas aussi facilement. Infatigable, elle
ferait le tour du monde à la poursuite de sites imprévus et de
perspectives nouvelles. Pour le plus grand nombre il vient un temps où
ce qu'on préfère de l'Odyssée ce sont les derniers chants, et alors on
répète avec le vieux poète Angevin :
Heureux
qui, comme Ulysse, a fait un long voyage,
Ou
comme celluy-la qui conquit la Toison,
Et
puis est revenu plein d'us et de raison,
Vivre
entre ses parents le reste de son âge ! ....
Joach.
Du Bellay. Sonnet.
Il
y a quelque temps, je revenais, pour ma part, d'une assez longue
tournée et j'eus pour Nîmes, en rentrant, des yeux de père. Cette
fastueuse Avenue Feuchères, qu'à ma descente de la Gare le soleil
couchant illuminait, la blancheur de la Fontaine monumentale éclatant
au bout de la verdure sombre, tout me parut splendide et, mieux encore,
délicieux.
Le
souvenir aidant des dernières villes de Provence et d'Italie, que je
venais de parcourir, je me pris à songer à l'impression d'un touriste
fin et délicat, débarquant tout-à-coup et sans être prévenu, en notre
ville, et je voulus en rêve parer Nîmes de toutes les séductions qu'on
aurait pu, qu'on aurait dû lui donner et que les circonstances, le
malheur des temps, peut-être la faute des hommes lui refusèrent jusqu'à
ce jour.
C'est
à cette promenade d'imagination que je vous convie. Si vous le voulez
bien, nous la referons ensemble. Nous parcourrons des rues et des
places que vous connaissez depuis longtemps, sur lesquelles, tout
enfants, vous avez joué sans doute, mais la folle du logis est une fée
habile à déguiser les aspects et si ce que nous allons voir n'est pas
la réalité concrète, n'est pas le Nîmes actuel, ce sera « le Nîmes de
demain », en tout cas ce qu'il devrait
ou pourrait être.
Tout,
n'est peut-être pas illusion pure dans ce que j'ai à vous exposer ici.
Cet artiste voyageur, dont je vous parlai tout à l’heure, cet
appréciateur exquis et passionné pour les merveilles que dore notre
grand soleil du Midi, je le connais. Il était dans nos murs pendant les
dernières vacances, et Dieu sait le charme qu'éprouvaient ses amis à
l'écouter, pendant les trop courtes journées qu'il a passées au milieu
de nous...
Je
veux vous raconter une de ses excursions en lui laissant le plus
souvent et bien volontiers la parole (1). Je le prends en quelque sorte au
débotté.
Le
voici qui descend les escaliers de la Gare. Le premier coup d’œil sur
la royale avenue, dont il a été question tout à l'heure, lui arrache un
cri d'admiration. Il s'arrête un moment, porte ses regards à droite et
à gauche et, comme il s'est aperçu en venje me pris à songer à l'impression d'un touriste
fin et délicat, débarquant tout-à-coup et sans être prévenu, en notre
villeant et tout le long de la voie
parcourue, que Nîmes est situé dans une vaste plaine, il ne s'explique
pas tout d'abord que le point d'arrivée occupe une éminence. Les deux
longues files d'arceaux qui, se détachant de la Gare centrale, vont
s'incurvant à l'ouest et à l'est, jusqu'à de lointains tournants, pour
constituer un viaduc élevé, sur un sol bas et plat, lui apparaissent
comme une bizarre anomalie.
Il
s'informe.
Le
promeneur à qui il s'adresse est un peu archéologue, comme tous les
Nîmois, et, de même qu'il serait peu embarrassé pour donner à son
questionneur les dernières hypothèses sur la destination de la
Tour-Magne, il l'est encore moins pour lui expliquer que ce viaduc,
parfaitement inutile d'ailleurs, fut élevé dans une intention
artistique, hélas !
Et
pour permettre aux Nîmois modernes, sinon de traiter d'égal à égal avec
les constructeurs du Pont du Gard, du moins de jouir d'une
Gare monumentale
qui, par ses deux étages d'arceaux, put donner aux étrangers un avant
goût des prochaines Arènes.
Il
est vrai, a-t-il soin d'ajouter, que le monument est d'une platitude,
d'une monotonie et d'une banalité parfaites, que le Viaduc a été hors
de prix et qu'avec l'argent dépensé à sa construction, on aurait pu non
seulement faire le chemin de fer en tranchée, mais tracer tout un jeu
de larges voies et de squares sur son emplacement, qu'il a d'ailleurs
eu pour résultat d'arrêter le développement de la ville vers la plaine,
seul endroit propice pour de vastes quartiers aérés et ombragés. II est
encore vrai que la Gare actuelle étant insuffisante, non moins
qu'incommode aux voyageurs pressés ou malades, on parle de la démolir
et avec elle l'architectural et onéreux Viaduc.
Sur
ces derniers mots, notre esthète, un peu déconcerté, se dérobe et
remontant l'Avenue il se dirige vers l'Esplanade
ensoleillée qui de loin lui fait signe.
En
débouchant sur la Grande Place qu'orne cette fontaine Pradier, si
subtilement symbolique.
« D'admirables corps de dieux et
de déesses, légitimés par un mince, très mince filet d'eau, toute l'âme
grecque du Midi, quoi. » je me pris à songer à l'impression d'un touriste
fin et délicat, débarquant tout-à-coup et sans être prévenu, en notre
ville.
Ce
qui surtout le frappe, c'est l'exacte harmonie des proportions de la
Place et de l'Avenue. Doublez l'une ou allongez l'autre, la proportion
disparaît et l'harmonie s'éteint. S'il avait continué à causer avec le
promeneur de tout à l'heure, notre touriste aurait pu apprendre de lui
qu'il est question, depuis longtemps, de reporter la gare des voyageurs
à 500 ou même 800 mètres dans la plaine. A mon tour j'imagine qu'il
aurait pu lui donner quelques bons conseils sur ce point.
Je
crois volontiers que cette reconstruction deviendra de plus en plus
nécessaire, la Gare est trop petite et le Viaduc trop barrière. Ce
serait pourtant dommage de détruire ce qui, à première vue, dénote dans
votre ville un goût sûr, je veux le dire encore, la proportion de
l'Esplanade avec le tour des Boulevards, de l'Avenue avec l'Esplanade...
Quoi
qu'il en soit, et si la voie ferrée doit être un jour, selon vous,
reportée à 500 ou 800 mètres, n'oubliez pas, pour être corrects
jusqu'au bout et aussi pour éviter la monotonie qu'engendre une avenue
longue et rigide, de tracer sur l'emplacement de l'actuelle Gare une
autre place, plus grande que celle de l'Esplanade, si possible, et
surtout d'aspect différent. Que ce soit, si vous voulez, un boulingrin
avec des massifs d'arbres, et que le centre, par exemple, n'en soit pas
occupé par une réplique de la fontaine Pradier. N'importe quoi, mais
autre chose...
Au-delà,
que l'avenue reprenne jusqu'à la Gare nouvelle, où pourraient également
aboutir deux autres larges allées, venant l'une du chemin d'Avignon,
l'autre du chemin de Montpellier. Ce sera le seul moyen que Nîmes ne
perde pas au change. Si son entrée n'a plus le charme intime et
harmonieux d'aujourd’hui, elle aura du moins l'aspect grandiose d'un
trivium Versaillais.
Ce
disant, notre touriste arpente l'Esplanade. Il aperçoit, à gauche, les
arceaux dorés des Arènes qu'il se réserve d'étudier à loisir. La
colonnade du Palais de Justice ne le sollicite guère; il en devine
d'avance et sans peine l'ordonnance et les détails.
Mais
ce qui le fascine en ce moment, c'est le clocher de Sainte-Perpétue.
Cette flèche aiguë, tout à fait anormale certes, dans un pays de
soleil, flanquée à ses angles d'autres petits clochetons à chapeaux
pointus, portés sur colonne unique, l'obsède et le tourmente. Devant la
façade son étonnement s'accroît à la vue de l'arc mauresque qui, sous
cette flèche pseudo gothique, se hausse au-dessus du portail. Il entre
les mêmes berceaux mauresques qui bordent la nef, non sans grâce, lui
ménagent de nouvelles surprises.
Il
passe sans mot dire devant la Saint-Sulpicerie des chapelles du chevet,
éclairées en trompe l’œil. En somme, pense-t-il, cette Eglise est
curieuse et, pour n'être pas d'un goût irréprochable, son architecte
n'en a pas moins fait louable effort personnel. Ses arcs de faux
Alhambra ne sont point déplaisants à l'œil et peut être nos grands
constructeurs devraient ils en effet appliquer à nos églises certains
éléments de l'art Persan…
Cela
vaut certainement mieux qu'un pastiche gothique ou une copie romane,
même exacts, dont on a tant abusé en ces derniers temps…
C'est
égal, ce clocher pointu me blesse. Encore s'il était seul, mais il m'a
semblé, de ma fenêtre de wagon, en apercevoir quelques autres émergeant
au-dessus de la ville. Comment expliquer pareil solécisme architectural
?
Où
les Nîmois ont-ils vu des églises méridionales surmontées d'éteignoirs
?
Leur
Cathédrale aurait-elle Narbonne, Montpellier, Avignon, Arles ?
Il
semble qu'avec l'arc mauresque, adopté pour Sainte
Perpétue,
on eût dû, pour la construction du clocher, se rapprocher du minaret
qui est carré...
Une
tour quadrangulaire s'harmoniserait à merveille avec les lignes planes
des constructions latérales.
Puis
continuant à marcher :
Ce
qui manque, par exemple, c'est là-bas, à ma gauche, un édifice de haute
envergure. Oh ! point une répétition du minaret d'en face !
Le
souci de la symétrie est le bourgeoisisme de l'art, mais l'équilibre
des masses est une des conditions du beau et cette fusée de pierre,
toute seule, me fait mal comme un cyprès solitaire dans un mazet.
Justement
il y a de ce côté de vagues bâtisses basses et trapues :
Est-ce
un couvent ?
Est-ce
une auberge ?
Je
ne le distingue pas bien encore, mais ce que je vois plus clairement,
c'est qu'à leur place une artistique façade à perron, une sorte de
loggia, ferait bien comme pendant à la grande muraille à jour des
Arènes. On m'a assuré qu'il a été un moment question d'élever ici un
Lycée modèle. Cet emplacement était admirable, surtout si on s'était
décidé à prendre les bâtiments de l'Hôtel Dieu, que vous auriez
louablement transportés à l'ouest, par exemple, sur les collines
rocheuses, balayées par le vent et bordant de ce côté votre ville.
C'est une belle occasion manquée.
Mais
pourquoi ne pas construire là votre Musée, faire oublier de la sorte un
véritable acte de vandalisme, ou bien
encore élever, à cette place, l'Hôtel des Postes, la Bourse, tout,
pourvu qu'il y ait clans ce renfoncement un édifice harmonieux et de
masse imposante ?
Mais
alors, me direz-vous, il en faudrait un troisième pour équilibrer le
tout ? …
Justement,
à cet angle que je vois près d'ici, en face de la grande envergure des
Arènes…
Allons-y
!
Cet
angle, vous l'avez reconnu, est occupé par une maison particulière
voisine de l'hôtel du Cheval Blanc et l'hôtel lui-même. Voilà donc
notre voyageur sur la place des Arènes. Il a derrière lui l'hôtel que
je viens de dire avec la fantaisiste auberge du Caveau, sa petite sœur
jumelle aux logis souterrains, à sa droite la façade occidentale du
Palais de Justice, à sa gauche les affenages à portes cintrées de
l'hôtel de l'Univers.
Mais,
tout d'abord, il n'a d'yeux que pour la courbe des Arènes. Ah! Cette
colossale façade, aux vieilles pierres dorées par dix-huit siècles de
soleil, avec quel étonnement ne la regarde-t-il pas, bariolée comme
elle est maintenant de pierres blanches, bien neuves, bien propres,
bien sages ?
Ici
un socle de colonne, là une clé de voûte, ailleurs un fragment de
frise. C'est comme ces belles pièces de velours jaune appliquées sur
les larges et noires brayes d'un charpentier.
Les
passants qui le contemplent, planté sur le sol, le front rembruni et
les lèvres frémissantes, doivent se demander à qui en veut ce pérégrin
et à quelle adresse ses yeux roulent fiévreusement dans leurs orbites ?
Je
ne voudrais pas pour beaucoup que celui qui eut avec l'assentiment du
Ministre des Beaux-Arts, l'idée de ces réparations, se trouvât en ce
moment à sa portée. J'entends d'ici notre voyageur, débordant
d'enthousiasme pour le beau, clamer avec une rare violence :
Je
ne sais qui me retient de vous dire votre fait carrément et sans
phrases...
Tenez,
Monsieur, allez-vous en et, à l'avenir, soyez plus réservé vis-à-vis de
cet Amphithéâtre. On peut vous permettre des blocs de soutènement, des
corsets cachés, des râteliers de gradins, mais si vous recommencez à
nouveau à pratiquer l'amputation des chapiteaux, la suture banale des
crevasses ou l'énucléation des corniches...
Gare
à vous ! ...
Son
juste ressentiment apaisé, notre artiste se tourne à présent vers le
Cheval Blanc et les maisons qui l'enserrent : Et ceci, ajoute-t-il,
quel emplacement admirable...
N'aurait-on
pas dû faire de ce plan des Arènes, si voisin de l'Esplanade, le joyau
de votre ville, en y réunissant un groupe de monuments ?
Il
faudra un jour acheter tout ce terrain, abattre ces maisons neuves et
vieilles et élever là, en face des Arènes...
Quoi
?
Votre
Hôtel-de-Ville parbleu !
Votre
Capitole. Peut-on trouver une meilleure place ?
Où
est-elle, d'ailleurs, votre Mairie ?
Je
jurerais qu'elle est perdue au sein de la vieille cité, emprisonnée
dans des ruelles sans issues et sans air et qu'elle-même n'est qu'une
lourde maison sans style, voire une agglomération de bicoques de toute
forme et de tout acabit. Et l'on parle encore de l'esprit municipal des
grandes villes gallo-romaines !
Mais
l'esprit municipal ne va pas sans palais municipal. Voyez les communes
de Flandre, de la Marche-rhénane et d'Italie. Chacune a son hôtel de
ville et son beffroi, son palazzo et sa tour. Allons, les villes du
Bas-Languedoc n'ont rien gardé de leur puissance médiévale, elles n'ont
rien de commun avec les cités flamandes ou italiennes leurs cadettes au
fond ! ...
L'influence
centralisatrice de la Capitale, décidément, a le pas sur le génie local
et il me serait facile de le démontrer sans réplique, en établissant
que, dans bien d'autres villes comme ici, la Préfecture est un immeuble
plus décoratif que l'Hôtel de ville.
Ainsi
parle notre voyageur...
A-t-il
surpris dans les yeux de ses compagnons quelques marques de scepticisme
vu ceux-ci lui ont ils posé, comme à un simple candidat, la question
classique :
D'où
viendra l'argent ? ...
Sa
voix devient grave et l'index en l'air :
Ceci
ne me regarde pas. Je dis seulement ce qu'il aurait fallu faire et non
comment s'y prendre pour le faire…
Comment
les bourgeois du Moyen âge sont-ils arrivés à bâtir leurs cathédrales
et leurs beffrois ? …
Je
vois, moi, un magnifique emplacement, je dis, il devrait y avoir un
monument là...
Maintenant
bâtissez-le !
D'autant,
cher indigène, que l'art est indépendant de la matière et que, à tout
prendre et si vous voulez réfléchir quelque peu, une cité ne meurt pas.
Ce que nos contemporains auront le mérite d'entreprendre sera continué
et achevé par leurs descendants. II s'agit, avant tout, de faire beau
et bien. Moi je viens de Perse, en passant par le Champ de Mars à
Paris, et je rêve des palais magiques en torchis recouvert de briques
émaillées, de faïences et mosaïques à larges cubes…
Quoi,
vous avez un soleil incandescent et vous ne lui faites rien flamber ! …
Equarrissez-moi
ce piètre Cheval
Blanc
et les maisons attenantes et bâtissez-moi quelque chose de grand, de
spacieux à lignes héroïques, avec un beffroi à l'angle de l'Esplanade,
une construction, si vous voulez, en pierres vulgaires et noyées dans
le mortier, mais que vous re» couvrirez de carrelages polychromes à
faire pépier tous les oiseaux du ciel…
Il
faut du nouveau, surtout en architecture…
En
fait, je voudrais que Nîmes fut une ville en mosaïque. Je voudrais voir
revivre, sur votre sol, les splendeurs de l'antique Persépolis, les
merveilles de cette fastueuse Corinthe, qu'il n'était pas donné à tout
le monde de visiter, la correction artistique des grandes villes
italiennes de la Renaissance...
Il
suffit de commencer, tout le monde ne bâtirait plus, désormais, qu'en
marbres éclatants, en faïences multicolores.
Si
vous aimiez les colonnades, pourquoi n'en avoir pas fait une
là ?
Et
le voyageur désignait la façade latérale du Palais de Justice. Au lieu
de cette plate muraille à larges baies, interrompue, je ne sais
pourquoi, par le promontoire de la Maison d’arrêt, et qui, dans son
ensemble, rappelle si sottement une magnanerie cossue, on pouvait, à la
hauteur du premier étage, jeter un long péristyle. Avec les Arènes, le
Musée et l'Hôtel de ville, il aurait achevé la décoration de cette
place.
Maintenant
c'était dans l'intérieur de la ville que s'enfonçait notre touriste. Il
suivait le capricieux chemin qui mène du boulevard des Arènes à la
Cathédrale, et à chaque tournant subit, à chaque méandre biscornu,
c'étaient de petits grognements de satisfaction qui lui donnaient envie
d'embrasser les passants pour habiter de si cocasses ruelles…
Plus
de ces horripilations comme il en avait eu devant le Cheval blanc, ni
de ces sourcils circonflexes comme en face du clocher de
Sainte-Perpétue. Mais un regret visible, à l'inspection des vieilles
maisons, que le pittoresque des façades ne fût pas à la hauteur de
l'étrangeté des circuits. Par-ci par-là il tombait en arrêt devant
quelque croisée, quelque porte à écusson, quelque gargouille
surplombante. Toutefois, ces menues découvertes, on le sentait, le
satisfaisaient mal, il aurait voulu des fragments moins épars, des
silhouettes plus riches…
Que
de jolies choses auraient pu être favorisées par ces recoins tordus,
ces amusantes rues en jambes de chien, comme nous disons ici ! …
Ne
faudrait-il pas, à chacun de ces détours, une perspective fuyante, une
tourelle en encorbellement, un pignon, une ligne de créneaux en
zig-zag ? …
Et
tout en marchant, notre voyageur se demandait pourquoi la fortune, qui
avait favorisé les cités italiennes, avait ainsi déshérité les
Languedociennes. C'est ici pourtant qu'avait tout d'abord fleuri la
Civilisation. Les Troubadours provençaux chantaient depuis des siècles
que les Poètes florentins n'avaient pas encore préludé. Les Cités de
notre Miejour ont eu, elles aussi, leur histoire locale, leurs
podestats, leurs Capulets et leur Montaigus, malheureusement il n'y a
eu aucun Bandello pour les narrer, et surtout aucun Shakespeare pour
les reprendre.
Il
était arrivé devant la Cathédrale,
avait longuement contemplé la façade, puis les places et les amusantes
ruelles voisines, toujours rebâtissant en rêve son Nîmes.
Maintenant,
il se résignait à l'absence des façades romanes et gothiques, mais il
aurait voulu un air plus médiéval aux échoppes, des vitraux dépolis, de
grandes enseignes barrant la rue d'un mur à l'autre, des velums
tamisant le jour, et il expliquait ses idées artistiques aux
boutiquiers sur le pas des portes. Pourquoi, leur disait-il,
n'arrangeriez-vous pas ainsi vos rues ?
Et
eux de répondre tranquillement :
Parce
que nous vendrions moins…
Les
Halles ne l'effarèrent pas, il admettait les nécessités hygiéniques, et
trouvaient que les démolitions de quelques sinuosités de plus étaient
compensées par la découverte des mosaïques trouvées dans le sol. Mais
les horribles casernes, en briques démocratiques, qui entourent la
place des Halles,
le jetèrent dans une fureur telle qu'il dut se replonger dans les
ruelles en serpent...
On
devrait fustiger, se disait-il, l'entrepreneur capable d'élever de
pareilles infamies ! Et ces atroces rues droites et banales, quelle
monotonie ! ....
Sans
le Soleil et le Mistral, tous les habitants auraient le spleen. Au lieu
d'ouvrir cette voie nauséeuse, on aurait mieux fait de repaver les
délicieux tire-bouchons que je viens de parcourir, et de remplacer par
une soève
couche d'asphalte ces prismatiques cailloux, dont s'offensent vraiment les délicates semelles de l'âge présent.
La
Maison-Carrée
alluma son enthousiasme, mais il regretta de ne pas tomber à
l'improviste sur elle par une de ces ruelles tournantes qui, dans les
vieilles villes, comme à Londres pour Saint-Paul, débouchent soudain
sous un porche de gigantesque cathédrale.
La
colonnade du théâtre, avec ses gros fûts bêtes, trouva grâce à ses
yeux. II y vit une délicate flatterie au bijou romain, dont ce
péristyle balourd faisait ressortir l'élégance svelte et aristocratique.
Par
contre, il passa discret devant Saint-Paul, qu'il estima néanmoins
excellente composition de rhétoricien d'architecture et dont il loua
sans difficulté la décoration intérieure, due au pinceau de Flandrin,
le chevet observé du Château
Fadaise
et la perspective d'ensemble prise de la rue torse de la Madeleine.
Mais
s'il fut sobre de réflexions devant Saint-Paul, il parla et de fort
méchante humeur de Saint-Baudile.
Les
sapajous ! grognait-il, mais ce n'est même pas du gothique Picard ou
Champenois, c'est de l'ogival Rhénan, une copie de copie, un décalque
du dôme de Koln qui n'est lui-même qu'une adaptation cristallifiée de
notre vivante merveille de Reims ! …
Et
quelle rage de clochers on a dans ce pays ! Ils
n'ont donc pas compris leur savoureuse Cathédrale !
S'ils
voulaient à toute force du gothique, ces bons bourgeois, que ne
l'ont-ils approprié à leur milieu, comme firent les Pisans quand ils
bâtirent, au bord de l'Arno, cette délicieuse chapelle française de Santa
Maria della Spina !
…
La
Promenade de la Fontaine l'attirait. Il s'y dirigea. En passant devant
le square Antonin, il avisa, à main droite de la statue, un emplacement
au nord du Boulevard de la Comédie, qu'il avait déjà noté du perron du
Théâtre comme propre à recevoir un édifice.
Pourquoi,
se disait-il tout en marchant, la ville n'élèverait-elle pas là un
Temple somptueux ?
Il
n'est vraiment pas digne de la plus nombreuse Communauté Réformée de
France, de n'avoir pour Oratoires que les deux anciennes Chapelles
qu'elle possède en ville.
Bientôt
il franchissait la grille du jardin, et respirait à l'aise. Enfin,
pensait-il, voici qui me plaira sans mélange !
Ses
petits grognements d'enthousiasme reprirent; il admira les zigzags des
balustres, le grand rocher couvert de vigne vierge, au bas duquel se
tient, assis sur son piédestal, le poète Reboul, le Nymphée, autrement
dire l'enivrant et mystérieux Temple de Diane. Dans les allées du
jardin, il regretta seulement que les Statues ne fussent pas plus
nombreuses. Il s'en ouvrit même au Gardien-chef, à qui il avait tout
d'abord accordé sa confiance pour le zèle avec lequel celui-ci
pourchassait les chiens intrus dans les bordures de buis. Vous avez,
m'a-t-on dit, un Musée, instable et ambulant, et dans ce Musée quelques
Statues de marbre. Pourquoi ne les placeriez-vous pas ici, sous les
arbres ? …
Est-ce
que la Poésie lyrique de Pradier ou le Réveil de Franceschi, ne
feraient pas mieux, fantômes blancs, dans la, verdure, que dans la
maussade salle où on les a claquemurés ?
Que
craint-on ? La
pluie ou le vagabondage des chiens ?
Le
gardien-chef se gratta le front et balbutia : Parce
que ces statues ne sont pas habillées.
En
s'approchant de la source, le voyageur remarqua, â droite, une série de
constructions neuves qui lui avaient tout d'abord échappé, un talus
adossé à un mur non crépi, une balustrade malencontreuse et au-dessous une
lourde cascade en rocaille.
Son humeur, qui s'était rassérénée, rebouillonna. Ce n'est pas beau,
fit-il. Oh, Monsieur, expliqua le garde, c'est au contraire admirable !
Figurez-vous
qu'à la place il y avait autrefois un rocher à pic, énorme, avec une
grande dépression herbeuse au bas, et dans cette dépression des choses
bizarres, comme une sorte de fossé avec des gradins en rocailles et des
arbres entremêlés. Les savants de notre Académie croient que c'étaient
les débris d'un cirque romain taillé dans la colline…
Ça
n'avait aucun intérêt. Alors on a proprement enfoui tous ces débris et
la dépression avec, et on a fait ce beau talus en pente douce, je me pris à songer à l'impression d'un touriste
fin et délicat, débarquant tout-à-coup et sans être prévenu, en notre
villecachant
même le sommet du Grand Rocher sur lequel on a mis cette jolie cascade.
Le
voyageur souffla d'un air féroce, mais le gardien-chef, ancien franc
tireur, supputant la somme probable du pourboire, affecta de ne pas
comprendre et ne quitta notre excursionniste qu'à l'extrême limite de
son district, c'est-à-dire aux abords du Rond Point du Grand
Cèdre.
Il
serait trop long de suivre notre ami dans ses nombreuses promenades à
travers la ville ou dans ses alentours. L'amphithéâtre des collines
rocheuses et embaumées qui se dresse de l'est à l'ouest, au nord de la
Cité, le tenait dans un véritable enchantement. C'est que l'ensemble du
paysage, avec ses dépressions et ses élevures, ses torrents desséchés
et sinueux, l'abondance relative de ses plants d'olivier et de figuier
et çà et là quelques bouquets de pin d'Alep et autres arbustes
résineux, lui rappelaient, à chaque détour de sentier, le souvenir des
campagnes de l'Asie Mineure où s'était écoulée sa première enfance.
Il
aimait à parer cette solitude de toutes les splendeurs qui lui
revenaient à flots pressés de l'Orient.
Un
jour elle lui apparaissait sous les traits d'une vigne gigantesque, à
terrasses superposées, pliant sous le faix de pampres énormes, comme
aux temps des raisins de Jéricho. Une autre fois, c'était une
succession de bois feuillus pareils à ceux de l'époque druidique et
avec eux une abondance d'eau à Font-Chapelle, à Calvas, à
Saint-Baudile, à la Fontaine de Nîmes, telle qu'on n'en a plus vu
depuis la Conquête Romaine.
La
pittoresque Carrière qui, derrière et au nord de la Tour-Magne,
surplombe la route d'Alais, en face des bois de Mitau et des Espesses,
lui semblait digne d'une meilleure destinée. Il la mariait, dans sa
pensée, avec les Villas qui la dominent, les rattachait toutes par un
mur crénelé à la Tour-Magne elle-même, englobant ainsi un antique
Oppidum adjacent, que nous avons le tort de méconnaître, le berceau,
suivant d'aucuns, de notre Cité, (2) et constituait ainsi une véritable
acropole, semblable
à l'Acropole d'Athènes, restaurée par le crayon de Marcel Lambert. (3)
D'autres
fois, des hauteurs du champ de tir, mesurant du regard la ligne bleue
de la Chaîne cévenole, depuis le Tanargue et le mont Lozère jusqu'aux
sommets surbaissés de la Serane de Gange et les contreforts du Larzac,
aux approches de Lodève, suivant, d'autre part, le cours du Rhône, et
considérant les nombreuses lignes ferrées qui aboutissent à Nîmes, il
se laissait aller à transformer celle-ci en importante place de guerre.
Encore un peu, il en aurait fait la clef de la Province du Languedoc
devant un ennemi venant de Lyon ou des Alpes.
Nous
ne nous lassions pas de le suivre. C'était tous les jours quelque idée
nouvelle, originale peut-être, mais le plus souvent d'une portée
sérieuse, sinon dans le présent du moins pour l'avenir de la Cité. Un
soir d'automne, je l'accompagnais, dans sa dernière tournée, à la
terrasse du Mas rouge, à l'orient de laquelle on posait en ce je me pris à songer à l'impression d'un touriste
fin et délicat, débarquant tout-à-coup et sans être prévenu, en notre
villemoment
une grille à jour, au lieu et place du vilain mur qui barrait la vue du
côté du levant. Cette
première ligne des Garrigues, dont nous foulions le flanc méridional,
l'intéressait sans cesse. A nos pieds se profilait, à droite et à
gauche, une portion restreinte de la ville et au milieu, bien en face,
ce magnifique Cours Neuf, un peu sec, un peu monotone, que je voudrais
bien voir appeler définitivement et irrévocablement Cours Mareschal, du
nom de l'ingénieur, trop oublié à cette heure, à qui nous devons le
Jardin et les abords de la Fontaine et le Peyrou de Montpellier. (4) Au
premier plan, à. gauche, à portée de la main en quelque sorte, se
dressaient raides et anguleux les murs tristes de la Maison-centrale,
au second plan, la masse vert sombre du Mont
Duplan.
Peu de villes, certainement, il faut bien l'avouer, disposent d'un
emplacement plus favorable au tracé d'un vaste boulevard extérieur et
supérieur, reliant entre elles les deux grandes promenades ombreuses de
la ville. Cette maussade Maison-centrale, disait notre ami, est
actuellement et véritablement mal placée, inutile au moins sinon
dangereuse. Rasez-moi toutes ces bâtisses et, à leur place, tracez
comme un jardin suspendu, une façon de Peyrou de Montpellier, une
magnifique terrasse avec des balustres, des fontaines et des statues,
descendant par une large avenue sur le Grand-Cours, dont elle n'est
distante que de 100 mètres et s'étageant en rampes successives et
ornementées jusqu'à la rencontre du Grand boulevard supérieur, entre le
Mont Duplan et la Tour-Magne. Là,
sur cette crête, non loin de la ligne des Moulins
à Vents,
qui ne manquent pas de pittoresque, on devrait bien construire un
sanatorium pour les enfants débiles. Il aurait sa raison d'être à
l'égal au moins des Ecoles et Institutions diverses que l'on voit dans
toute cette région. Il resterait ensuite à unir l'Oratoire
Saint-Baudile et le Mont-Duplan à l'aide d'une passerelle en fonte,
ouvrir un large débouché à celui-ci à travers les Casernes qu'on
rebâtirait ailleurs, et dans de meilleures conditions, et prolonger
directement au Nord jusque sur les hauteurs le boulevard des Calquières.
(actuellement Amiral Courbet) Que
vous en semble, Mesdames et Messieurs, et ne pensez-vous pas, avec
notre Guide et avec moi, que du coup notre ville de Nîmes se trouverait
ainsi parée d'une magnifique ceinture d'édifices splendides, de
promenades savamment aménagées et de grands boulevards dont l'ensemble
ferait envie à bien des Cités de très haute importance, mais que la
nature a moins heureusement dotées au point de vue topographique et
esthétique à la fois ?
Encore
un mot et je finis…
Je
ne sais si, parmi ceux qui m'écoutent, beaucoup assisteront à la
réalisation du rêve que je viens de vous conter. Des transformations
pareilles à celles dont je n'ai pu vous donner qu'une faible idée et en
hâte, demandent, il faut le dire courageusement, de la suite dans les
idées, un esprit de direction, dont nos révolutions imbéciles nous ont
fait perdre la trace, et avec ce sens pratique des choses,
indispensable lorsqu'on veut aboutir, beaucoup de temps et beaucoup
d'argent.
Ces
derniers et nécessaires éléments de succès ne sauraient faire défaut si
nous savons être sages et si notre pays est sagement administré. Il
s'agit de se mettre à l’œuvre hardiment et de marcher de l'avant, sans
se préoccuper outre mesure des premières difficultés de l'entreprise.
Aujourd'hui,
une couvre s'impose, couvre de premier ordre, couvre capitale et qui
doit nous préoccuper tous, sans distinction de parti, de culte ou de
classe, c'est l'assainissement de notre ville de Nîmes, il y va de son
avenir, de sa prospérité, du bien-être de tous ceux qui
l'habitent ! …
J'ai
traité cette grave question ailleurs, je ne saurai la reprendre ici, il
m'aura suffi de dire une fois encore que rien, dans les préoccupations
quotidiennes, ne doit primer la solution du grand problème soulevé à
cette heure, je dirai presque dans le monde entier.
L'Evangile,
auquel il faut revenir sans cesse lorsqu'on aborde les difficultés de
la vie sociale, a un mot heureux entre tous : Cherchez
d'abord le royaume des cieux, et le reste vous sera donné par surcroît.
Qu'est-ce
à dire, Messieurs, et ne vous semble-t-il pas qu'il est permis
d'interpréter ainsi ce passage :
Recherchez
d'abord, provoquez par tous les moyens l'amélioration constante,
progressive, soutenue, au physique et au moral du plus grand nombre, de
tout le nombre. Or, quelle plus complète amélioration de la famille
humaine que celle qui ressort de l'hygiène bien comprise et sagement
appliquée !
Celle-ci,
en ce qui concerne plus particulièrement la propreté et la salubrité
privée et publique, nous enseigne le respect de nous-mêmes et des
autres, augmente le bien-être d'un chacun, diminue les chances et la
gravité des maladies et prolonge d'autant la vie humaine. Ce
premier et inestimable bienfait obtenu, tout le reste, je veux dire le
côté décoratif et brillant de l'existence, ce que l'esthétique appelle
le beau et envisage comme l'idéal à poursuivre sans trêve, nous le
réaliserons, en partie du moins, tout naturellement, à son heure et
comme la juste récompense de nos communs efforts.
.
Docteur
E. Mazel.
Président
de l’Académie de Nîmes, 1894
(NOTA
1) Depuis quelques
années, aux vacances d'octobre, M. Henri Mazel a pris l'habitude de
faire les honneurs de sa ville natale aux amis qui viennent lui rendre
visite. J'ai rencontré là des hommes de tout état, de tout âge, de
toute nationalité et dont le nom n'est pas sans éclat en France et à
l'étranger.
C'est
un très incomplet résumé de leurs impressions que je reproduis ici,
d'après mes souvenirs et sur les notes crayonnées par le Directeur de
l'Ermitage.
(NOTA
2) Cet oppidum, dont
les traces apparentes subsistent encore et surplombent le Cadereau
d'Alois, près des Carrières Bourrillon, occupait le vaste périmètre ou
se dressent actuellement les villas ou mazet de MM. Durand, Bonijoly,
Auger, Vidal, Loubier, l'ancien tombeau du Colonel Blachier et le
tumulus qui a précédé la Tour-Magne.
II
a été signalé pour la première fois, si je ne me trompe, par un savant
autant que modeste archéologue, M. l'abbé Rouvier, ancien aumônier du
Lycée Rollin, reconnu par M. le docteur Dehours, le Russe Georges
Levenkoff et d'autres encore.
(NOTA
3) Voir Histoire des
Grecs, par M. V. Duruy, tomes III et IV. Acropole d'Athènes.
(NOTA
4) L'ingénieur
Mareschal, directeur des fortifications de la Province du Languedoc,
après La Blottière, mort vers 1740, n'a pas seulement dressé les plans
de la Fontaine de Nîmes et du quartier qui l'avoisine, comprenant les
canaux de la Fontaine, la Plate-Forme, le cours-Neuf et les rues
adjacentes.
A
Montpellier, l'hôpital Saint -Louis en 1758, le théâtre et la place de
la Comédie en 1757-1758, ont été édifiés sous sa direction, par Hilaire
Ricard, celui-là même qui venait de construire les bassins de notre
Fontaine. (Voir les Transformations de Montpellier, par le docteur Léon
Coste, 1893, p. 29,77, 79 et suiv.)
Rien
dans ces deux villes ne rappelle au souvenir des générations actuelles
ce grand constructeur.
Une autre fiction sur le devenir de Nîmes publiée en 1902 par Adolphe Pieyre > Nîmes en 1950
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