Le Martyre de St Baudile.

Par le Chanoine Benoît Mathon, 1837

 

PREFACE

à M. Benoît Mathon.

 

Monsieur le Chanoine.

 

C’est bien à l’évêque de Nîmes, qu’il appartient de vous offrir les sentiments de gratitude que vous vous êtes acquis, dans le cœur de tous les bons fidèles du diocèse, particulièrement des habitants de la ville épiscopale, pour tous les soins que vous vous êtes donnés, et les recherches historiques auxquelles vous vous êtes livré, afin d’étendre un peu les connaissances si intéressantes, et néanmoins si bornées, que nous avions sur la personne de St Baudile, martyr de Nîmes.

 

C’est là un bel hommage que vous rendez à ce saint patron, pour les marques incontestables de protection que vous avez reçues de lui, pendant que vous exerciez les fonctions pastorales dans la paroisse de notre ville qui porte son nom.

 

Les notices que vous nous en donnez accroîtront notre dévotion envers lui, et animeront de plus en plus notre confiance.

 

Déjà nous savions, que Nîmes était le pays vers lequel le zèle évangélique de saint Baudile l’avait primitivement dirigé, qu’il était le premier qui eût fait retentir nos murs et nos collines du nom de Jésus-Christ.

 

Nous ne pouvons cependant pas dater cette époque le commencement de notre ère chrétienne, saint Baudile ne fut pas l’apôtre de Jésus-Christ dans notre pays, mais il en fut le précurseur. Comme autrefois Jean-Baptiste aux Pharisiens, saint Baudile put dire aux prêtres idolâtres, à ces cruels et fanatiques Druides, devant qui il parlait :

 

« Je suis la voix de celui qui crie, préparez au Seigneur un chemin droit et uni, à celui qui doit venir après moi, que vous ne connaissez pas encore, quoiqu’il soit près de vous, et qui est si fort au-dessous de moi que je ne suis pas digne de dénouer les cordons de ses souliers. »

 

Saint Baudile ayant ainsi rempli sa mission qu’il avait reçue, Dieu lui accorda la couronne de martyre, sa bouche se ferma donc, mais ses veines s’ouvrirent, le sang qui en sortit suppléa à sa parole, il fut la semence de nouveaux apôtres de Dieu, tout en confirmant la vérité de ce qu’il venait d’annoncer.

 

Le moment de la miséricorde du ciel arriva ainsi sur nous, et notre pays eut enfin des missionnaires. Nous croyons, et non sans motif, qu’il sortait de la célèbre et apostolique école qui nous donna les Pothin, les Trénée et leurs nombreux compagnons. Les hommes de Dieu trouvèrent, dans notre pays, une terre bien préparée par St Baudile, aussi furent-ils accueillis avec transport, et Jésus-Christ fut mis en possession d’un pays qu’il avait déjà marqué du sceau de sa propriété, en la rendant dépositaire des restes mortels du saint-Martyr dons l’âme était avec lui au ciel.

 

Saint Baudile sera donc mis à juste titre dans les diptyques (Nota GM, tablettes doubles sur lesquelles écrivaient les anciens) de notre église, car s’il a fait jaillir Jésus Christ de la terre qu’il a arrosé de son sang, (Nota GM, légende des 3 fontaines) il lui en a préparé la possession pour un temps peu éloigné. Quel saint est plus digne d’être placé à la tête du calendrier du diocèse, que celui qui le premier la fécondé de son sang.

 

Vous avez rendu, Monsieur le Chanoine, un service bien précieux au diocèse, en creusant la terre qui renfermait les reliques de notre saint patron, si plein de mérite auprès de Dieu, et de charité pour nous.

 

Je suis avec beaucoup d’attachement, Monsieur le Chanoine, votre très humble serviteur.

 

C. F. M. Petit Benoît de Chaffoy

Evêque de Nîmes.

 

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