BOULEVARD GAMBETTA

BOULEVARD DU GRAND-COURS
Allant du boulevard du Petit-Cours à la place de la Bouquerie.
Extrait de "Nîmes et ses rues" de Albin Michel, 1876.



"Les Boulevards du Grand-Cours et Petit-Cours seront réunis sous un seul nom et baptisés Boulevard Gambetta, en 1883."

En 1688, par suite de la construction de la citadelle, tout ce quartier de la ville se trouva modifié. On abattit alors les deux anciennes portes de la Bouquerie et des Prêcheurs, de même que la partie des remparts allant de l'une à l'autre. On construisit en même temps de nouvelles murailles qui, se joignant avec le fort, renfermèrent dans leur enceinte tout le faubourg des Prêcheurs. Trois nouvelles portes furent ouvertes, l'une appelée d'Alais, la seconde, assez voisine de l'ancien château, prit dans la suite le nom des Casernes, la troisième tout pré du fort.

Alors aussi, sur l'idée qu'en donna l'architecte Gabriel Dardalhion, l'on fit des terres du terre-plein de la vieille enceinte, un cours assez étendu qu'on plaça précisément sur la même ligne que celle des murailles qu'on avait abattues et qui se terminait dans ses extrémités, du côté de l'orient, à une des nouvelles portes, et, du côté de l'occident, à l'avenue du fort. - Le devis de ces ouvrages avait été dressé par l'ingénieur des ouvrages du Roi à Nîmes, nommé Du Plessis, et l'entreprise adjugée par l'intendant à un architecte nommé Lyon, pour la somme de 2 150 livres. Le 2 janvier 1689, le conseil de ville vota l'emprunt de cette somme et chargea en même temps les consuls de faire observer à l'ingénieur les endroits du cours qui se trouvaient défectueux, soit à cause des murailles bâties par les entrepreneurs et dont les fondements n'étaient pas bien faits, soit par un trop grand transport de terres qu'ils avaient faits dans le chemin qui se trouvait plus élevé que le sol des maisons voisines, ce qui pouvait occasionner des ravages dans le temps des pluies. Il fut aussi décidé qu'on planterait tout le long du cours trois rangées d'ormes.

Ces divers travaux étaient en pleine voie d'exécution, lorsqu'on s'aperçut que la nouvelle porte qu'on avait construite prés du fort, du côté de l'occident, était extrêmement incommode, soit parce qu'elle était trop éloignée des maisons des habitants, soit parce qu'elle se trouvait trop voisine de l'entrée du fort, ce qui faisait que les étrangers qui apportaient des marchandises n'osaient point entrer par cette porte de crainte d'être insultés par les soldats de la garnison. Il fut donc jugé beaucoup plus avantageux, plus convenable même à l'embellissement de faire faire une autre porte plus bas, vis-à-vis du cours, qui ferait face, et répondrait à celle qu'on avait faite à l'autre extrémité, prés de l'ancien château.

En conséquence, le conseil de ville extraordinairement assemblé le jeudi 26 juin 1689, auquel présida Pierre Chazel, lieutenant principal, délibéra de présenter requête à l'intendant pour avoir la permission de faire faire cette nouvelle porte et fermer celle qui était à côté du fort, pour n'être ouverte qu'en cas de nécessité, ce qui fut permis et exécuté. Ce fut la porte qui s'appela de la Bouquerie.

De plus, on remédia au dommage que causait journellement ana jeunes ormes du Cours le passage des carrosses et des voitures, en établissant des balustrades de bois aux avenues du Cours.

C'est le long de ce boulevard que se trouvent l'hôtel des Postes, l'église saint-Charles et l'école d'artillerie.

BOULEVARD DU PETIT-COURS
Allant du boulevard des Casernes au boulevard du Grand-Cours.

La construction du boulevard du Petit-Cours remonte, comme celle du Grand-Cours, á l'année 1689 et est due à l'architecte Gabriel Dardalhion ; seulement il y avait entre les deux une différence de niveau très-considérable, le Petit Cours était de beaucoup en contre-bas et ne terminait par une porte dite des Casernes A laquelle on arrivait par une série d'escaliers. C'était là que passait la nouvelle enceinte fortifiée dite de Rohan. Près de cette porte se trouvait un puits romain dont on s'est souvent servi lors des grandes sècheresses, mais il parait qu'on en a perdu la trace, car il a été impossible de le retrouver lorsqu'il y a quelques années on a voulu l'utiliser.

Au coin de la rue du Château sur l'emplacement occupé aujourd'hui par la maison Rouvier, on voyait l'ancienne salle de spectacle qui fut brûlée en 1799.

Il n'existait avant 1788 qu'une petite salle de spectacle sur la place des Arènes, appartenant à M. Lecointe et gérée par un sieur Boissier, mais cette salle très-petite et mal installée était insuffisante pour la population qui à cette époque était déjà trés-nombreuse.

C'est à ce moment que se présenta une Compagnie qui proposa à la ville de construire une nouvelle salle de spectacle, et je ne crois pas pouvoir mieux résumer la procédure qui fut alors suivie, qu'en reproduisant le texte de la délibération du conseil de ville telle qu'on la lit dans les archives municipales à la date du 28 mars 1788.

M. Martin, Ier consul-maire, a dit que l'assemblée est instruite des différentes propositions qui ont été faites à l'administration touchant la construction d'une salle de spectacle décente et commode ; que parmi ces propositions se trouve celle faite par la sieur Boyer au nom d'une compagnie avantageusement connue, laquelle offre de faire construire dans trois mois une salle provisoire dans le nouveau genre, faite intérieurement sur le modèle du théâtre de la Nation et extérieurement en briques et plâtre ; - mais cette compagnie désirerait que la ville lui accordât pour cette salle un privilège exclusif pour cinq ans et qu'elle donnât pour autant du temps qu'elle subsisterait le terrain sur lequel elle serait établie.
Le mémoire contenant la proposition porte qu'on la construirait dans l'angle que forme extérieurement le rempart à la porte de la caserne, du côté du midi et pour cela la compagnie demande la permission de déblayer la partie terrassée du rempart qui va depuis le Cours jusqu'au fossé, et de prendre les matériaux qui proviendraient de ce déblai ainsi que quelques autres, s'ils lui étaient nécessaires, pour faire les fondements et les quatre angles de la salle qui seraient totalement en pierres.
Que ce placet ayant été également mis sous les yeux de Monseigneur l'intendant par le sieur Boyer, ce magistrat, toujours occupé des embellissements de cette ville et de tout ce qui peut lui être avantageux, l'avait apostillé le dix-neuf mars 1788 d'un "soit communiqué aux officiers municipaux pour donner leur avis et rapporter le plan du sieur Raymond, afin de vérifier si la construction de la salle provisoire ne contrarie pas les dispositions de ce plan, et, pour cet effet, il sera nommé un député pour traiter avec moi cette affaire."
Que dans l'intervalle, M. Lecointe, avocat, propriétaire de la salle actuelle, instruit de la demande formée par Ch. Boyer et Compagnie avait présenté à l'administration un mémoire dont les conclusions se bornaient á demander qu'il ne fut accordé aucun privilège exclusif comme contraire à la liberté et à la propriété de son immeuble ;
Que MM. les administrateurs toujours impartiaux avaient prévenu les désirs de M. Lecointe à cet égard, puisqu'ils avaient d'avance exigé du sieur Boyer qu'il retraçât verbalement la demande du privilège exclusif pendant cinq années ;
Qu'en exécution des intentions de Mgr l'intendant il avait été assemblé le 22 de ce mois une commission extraordinaire et renforcée pour examiner tant le mémoire du sieur Lecointe que celui du sieur Boyer ;
Qu'au moment où la commission commençait ses opérations, le sieur Chambaud, entrepreneur du bâtiments, avait remis une soumission par lui signée, par laquelle il offrait de construire une salle en pierres sous des conditions onéreuses à la communauté et pour lesquelles on se réfère au mémoire.
Que la commission avait cru avant de prendre aucune détermination, devoir entendre tant le sieur Boissier , cessionnaire du privilège des spectacles de cette ville, que le sieur Boyer agissant pour la Compagnie qui propose de bâtir la salle provisoire ;
Que la commission s'étant convaincue que la salle de M. Lecointe ne pouvait pas fournir un nombre suffisant de premières places pour tous les abonnés, ni contenir en totalité un nombre suffisant de spectateurs, et que par conséquent elle ne pouvait pas procurer de recettes capables de faire faire à la dépense d'une troupe de comédie bien montée, telle que le sieur Boissier l'a offerte et que le public la désire depuis longtemps ;
Que ces considérations l'avaient déterminée à accueillir la demande du sieur Boyer, mais sous des modifications, et en retranchant comme il a été dit toute concession de privilège exclusif ; elle exigea même du sieur Boyer agissant pour sa Compagnie, des soumissions par écrit qui seront mises sous les yeux de L'assemblée ainsi que l'avis de la commission ;
Que conformément aux intentions de Mgr l'intendant , la commission nomma deux députés pour aller rendre compte à ce magistrat des déterminations prises par les commissaires en lui présentant le plan du sieur Raymond ainsi que le portait l'apostille , et, en conséquence, lui , premier consul et M. le baron de Marguerittes, s'étant rendue à Montpellier et ayant conféré tant avec Mgr l'intendant qu'avec M. le comte de Périgord, le premier avait regardé la proposition du sieur Boyer comme avantageuse pour le public et propre à augmenter ses amusements, et le second avait pensé que le spectacle serait plus décent et plus tranquille dans une salle commode et spacieuse.
Que Mgr l'intendant avait pourtant décidé que la communauté ne pouvait pas prêter pour le terme de cinq années au sieur Boyer et Compagnie les matériaux qui proviendraient de la partie terrassée des remparts, et qu'il fallait absolument les faire estimer à l'amiable et que la valeur en fût payée à la communauté, en ayant cependant égard aux frais de la démolition.
Que cette proposition se réduit donc à adopter l'avis de la commission, approuvé par Mgr l'intendant, relativement à la salle provisoire que le sieur Boyer et sa Compagnie offrent de construire, avec la réserve du paiement des matériaux sus-énoncés; l'assemblée est en conséquence priée de délibérer.
Sur quoi, lecture faite du mémoire du sieur Boyer, de l'apostille de Mgr l'intendant, de la soumission particulière dudit sieur Boyer, du mémoire de M. Lecointe et de celui du sieur Chamhaud, ensemble de l'avis de la commission présenté à Mgr l'intendant, l'assemblée pénétrée de reconnaissance pour les bontés dont ce magistrat ne cesse de donner des preuves à cette ville, et pour, tous les soins qu'il veut bien prendre pour son embellissement et sa prospérité, a unanimement approuvé la proposition et l'avis de la commission, et en conséquence et sous le bon plaisir de Mgr l'intendant elle a permis et permet au sieur Boyer et à sa Compagnie de faire construire la salle provisoire énoncée dans son mémoire et dans l'endroit désigné en la proposition, et pour cet effet de faire démolir la partie terrassée adossée au rempart, d'employer à la construction dont il s'agit les matériaux qui parviendront de cette démolition, à la charge néanmoins par le sieur Boyer et sa Compagnie d'en payer la valeur à la communauté sur l'estimation qui en sera faite à l'amiable, à la charge encore par le sieur Boyer et Compagnie de remplir les engagements consignés tant dans leur mémoire, que dans les soumissions particulières dudit sieur Boyer, le tout demeurant annexé à la présente délibération qui ne sortira à effet qu'après qu'elle aura été autorisée par Mgr l'intendant ; à l'effet de quoi MM. les consuls sont instamment priés de lui présenter requête.

Cette salle, nous dit Baragnon, t. 4, p. 143, fut construite sur les plans de M. Adam, machiniste à Feydan; mais en 1799, un incendie, résultat de l'imprudence d'un machiniste, la détruisit complètement. - En attendant qu'on en reconstruisît une autre, on éleva des tréteaux à l'ancien Jeu-de-Paume qui était tout ce qu'on avait conservé de l'ancienne salle de spectacle, située place des Arènes.

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LA PLACE SAINT-CHARLES

- En octobre 1903, couverture avec une charpente métallique et des tôles ondulées du marché de gros  St Charles (fruits et légumes). La structure longeait le Boulevard Gambetta. Le marché était ouvert tous les matins jusqu'à midi, à 7h de novembre à mars ; à 6h en avril, septembre et octobre ; à 5h de mai à août.
Avant sa couverture, la place paraissant trop petite, une étude est réalisée, les commerçants ayant une préférence marquée à mettre leurs marchandises du côté du Boulevard Gambetta en laissant libre le côté Nord de la place. Un placier sera désigné pour distribuer les emplacements.
Au début des années 1960, le marché de gros sera déplacé au nouveau marché-gare, route de Montpellier. La structure métallique sera revendue à un particulier et démontée en 1964. 
De 1884 à 1960, le marché Saint-Charles avaient alimenté en fruits, légumes et primeurs, les halles centrales ainsi que les épiceries de la ville et des villages environnants.
Cette place portera plusieurs noms, place St Jean au XVIIIe siècle, ensuite place de l'allée au début du XIXe siècle.
L'allée étant composée à l'époque du Grand Cours et du Petit Cours, qui deviendront  le Boulevard Gambetta en 1883, sous l'administration du maire Républicain Ali Margarot.
La place avait reçu la première fontaine publique en 1824, cette dernière étant alimentée par le Nymphée du Jardin de la Fontaine. L’eau non potable, était réservée aux animaux, aux ménages et à la toilette.

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BOULEVARD GAMBETTA
Collection de Cartes Postales anciennes
de J.P. Descout - G. Taillefer - G. Mathon






38, boulevard Gambetta
Propriétaire au moment de la construction Ernest AussetJ.B. Laurent, architecte.
Les 2 cariatides sont du sculpteur nîmois Auguste Bosc. (1827-1879)




36, boulevard Gambetta


34, boulevard Gambetta



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