LE TEMPLE DE DIANE
de la Fontaine de Nîmes
Extrait de "Nîmes" par J. Igolin, 1938. Pages 62
à 64.
.
Temple de Diane - fouilles fontaine 1745.
.
Le Temple de
Diane n'est plus qu'une ruine entourée d'une épaisse et agréable frondaison qui
prolonge et termine harmonieusement les massifs boisés de la colline de la Tour
Magne. Cette ruine ajoute un charme mystérieux à ce coin de Nîmes antique, car
elle n'a jamais pu faire connaître exactement ce que fut le monument auquel
elle a appartenu.
Comme la
Tour Magne, le Temple de Diane garde un secret. Peut-être fut-il le temple de
Némausus, celui de la divinité de la Source Sacrée, sur les bords mêmes de
laquelle il fut édifié.
« Temple datant du temps d'Auguste, a écrit le
commandant E. Espérandieu, de style grec comme la Maison Carrée, ayant
appartenu à un ensemble de constructions voisines de la Fontaine, dont le.:
substructions furent découvertes en 1745, à l'occasion de travaux entrepris
pour la création du jardin de la Fontaine.
Une ouverture de plein cintre, sans aucune
feuillure indicative d'une fermeture, a écrit d'autre part le chanoine F.
Durand, l'absence de tout scellement... fout indique une entrée monumentale et
nous fait conclure, des détails relevés sur ce qui reste du monument, que
celui-ci a été le somptueux et richissime vestibule d'une Maison de grand luxe.
L'air y circulait en toute liberté avec ouverture sans feuillure, et une
tribune en haut, au fond ».
Ainsi, les
avis sont partagés et, comme nous le disions plus haut, on ne sait rien de
précis sur ce monument.
Du monument
qui fut autrefois le Temple de Diane, temple sacré quelconque ou Maison de
grand luxe, il ne nous reste guère que l'entrée principale donnant accès à une
« cella », un couloir latéral, des
substructions diverses, véritable labyrinthe couvert par la végétation et
quelques débris d'architecture parsemés dans la cella.
Le Temple de
Diane était précédé autrefois d'un grand porche formé de trois portiques, deux
latéraux demi-circulaires sur leur plan el celui du milieu, de forme carrée,
servant d'entrée au temple. L'entrée actuelle est à plein cintre et les pierres
qui la composent ont souffert de l'incendie en 1576.
Cette entrée
donne accès à une salle rectangulaire, la cella, de 14m80 de longueur sur 9m55
de largeur, au fond de laquelle se trouve une grande niche carrée, pour statue,
placée dans l'axe du temple et accompagnée de deux niches latérales.
Le mur de
droite, en entrant, est orné de cinq niches pour statues, et il en était de
même pour le mur de gauche, démoli. Celui de l'entrée, de deux niches, une de
chaque côté de la porte. Toutes ces niches étaient accompagnées de pilastres
d'ordre corinthien en marbre blanc, ornés d'arabesques. Elles portaient en
outre, une corniche et un fronton, alternativement triangulaires seulement en
regard l'un de l'autre, chose assez bizarre.
La grande niche du fond du temple était décorée de quatre pilastres,
couronnés d'un entablement particulier, soutenant deux plafonds superbes, l'un
placé au-dessus des pilastres et l'autre au-dessus du renforcement de la grande
niche
.
Gravure Temple de Diane - Poldo
d'Albenas 1560
.
La cella
était recouverte d'une voûte en pierres de taille, à plein cintre et formée par
cinq arcs doubleaux correspondant au milieu d'une des colonnes de la cella.
Seize colonnes
détachées, d'ordre composite, à chapiteaux simples et à entablement
lenticulaire, élevées sur des bases formant saillie sur le stylobate général,
ornaient la cella. Il y en avait une entre chaque niche et une dans les quatre
bases de la salle.
De chaque
côté de la cella se trouvait une galerie latérale de 2m50 de large et dont
l'entrée était dans les angles au fond du temple. Celle de droite seule existe
encore ; on y reconnaît les traces de marches et de plans inclinés qui
servaient à monter aux étages supérieurs.
Le Temple de
Diane était entièrement construit en pierres de taille, posées à sec et sur
leur lit de carrière. Il était recouvert par une couverture à trois divisions
distinctes et bien séparées pour faciliter l'écoulement des eaux pluviales dans
des canaux ou rigoles en pierre de taille d'une grande dimension, dont
certaines existent encore sur place. Toutes ces eaux se rendaient dans deux
petits aqueducs réunis ensuite en un seul, qui évacuait celles-ci à l'extérieur
du monument.
Indiquons
enfin que la cella est remplie de fragments divers de sculptures ayant
appartenu à l'édifice, tels que débris de hases colonnes, de chapiteaux,
d'entablements, etc...
Du Xe siècle
à 1562, le Temple de Diane fut occupé par des religieuses de Saint-Benoît et
servit de chapelle à leur couvent, établi aux abords mêmes de la Fontaine.
En 1576,
alors que le Temple était rempli de fagots, un incendie se déclara parmi
ceux-ci et détériora le monument, particulièrement les pierres du cintre de la
porte d'entrée. L'année d'après, on le démolit en partie, afin qu'il ne puisse
être transformé en forteresse.
En 1622, on
le démolit encore un peu plus pour en employer les pierres au revêtement des
bastions des fortifications de Rohan, élevées tout autour des remparts de la
Ville.
En 1750, au
cours de l'aménagement du jardin de la Fontaine, le pavé du Temple fut dégagé
et un mur au midi consolida la partie sud de la façade. De nouvelles
réparations, faites au commencement du XIXe siècle, assureront à jamais la
conservation de ce qui nous reste de cet édifice imprécis, et qu'on a appelé,
on ne sait pourquoi : le Temple de Diane.
.J. Igolin
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