RUE
NEUVE.
(Rue Emile-Jamais depuis 1893) Extrait de "Nîmes et ses rues - Albin Michel, 1876. Allant du boulevard de la Madeleine (Victor-Hugo) au Cours-Neuf (Jean-Jaurès). De création relativement récente et n'offrant rien de curieux au visiteur, si ce n'est l'Église Saint-Paul dont nous parlerons plus tard, cette rue a d'abord été créée sur l'emplacement d'anciens jardins, mais elle n'aboutissait pas au boulevard, barrée qu'elle était à la hauteur de la rue Porte de France par le jardin des Récollets. Avant que le vaste faubourg de la Madeleine eût été construit, il existait en dehors de la ville et probablement sur le terrain compris entre la rue Neuve et la rue Saint-Pierre, l'ancienne rectorerie de Saint-Vincent qui a complètement disparu. Nous savons qu'il est question de cette église en 991 dans une pièce du cartulaire de la cathédrale, qu'elle appartenait comme la rectorerie de Saint-Martin-des-Arènes au monastère de Saint-Baudile et plus tard à l'abbaye de La Chaise-Dieu. Elle revint à l'évêque de Nîmes par l'acte du 6 janvier 1150, Saint-Vincent eut des titulaires jusqu'à la révolution. En voici la liste telle que nous la donne l'abbé Goiffon dans sa statistique des paroisses de Nîmes : « Bernard Pellissier, 1446 - Thomas Reboul,1466 - Jacques Boissier, qui mourut en 1558 et eut pour successeur le 8 octobre Jean Alesti. Celui-ci s'étant démis, Pierre Alesti lui succéda le 31 juillet 1560 - Vincent Cavalézy 5 octobre 1567 - N. Clavel 1605 après lequel Philippe de Fabrique jouit de la rectorerie jusqu'en 1635. Sur la démission de ce dernier, Pons Bouchard du diocèse d'Arles en prit possession le 9 mai 1636. Il se démit bientôt et fût remplacé le 22 janvier 1637 par Jean Bouchard qui mourut après dix ans de possession. Le 5 novembre 1647 la rectorerie de St-Vincent passa à Charles Magne qui en jouit jusqu'en 1709. Sur sa démission, elle fut donnée à Antoine Planchon. Celui-ci prit possession le 28 janvier 1709 et mourut en 1763. Son successeur fut, le 30 septembre 1763, Jacques Froment, du diocèse de Carpentras, qui la conserva jusqu'à la Révolution. Cette rectorerie était à la collation de l'évêque de Nîmes, elle valait, au milieu du XVIIIe siècle, cinquante livres de rentes, sans aucune charge.» Dans l'article sur la rue Château Fadèse du présent ouvrage (T1, page 166), il est dit que dans la maison Breton, située rues Neuve et du Château-Fadèse, on avait trouvé une plaque en marbre blanc, sur laquelle sont gravés deux canons avec deux pyramides de boulets, le tout surmonté d'un tonneau et de deux écussons fleurdelysés avec tes mots : Sauvegarde du Roy. - Selpêtriers de Sa Majesté. Les deux écussons qui figurent en première ligne représentent l'un l'écusson royal aux trois fleurs de lys, l'autre les armoiries d'un prince du sang, bâtard de Louis XIV, et qui doit avoir été gouverneur de Languedoc. Ce pourrait être Louis-Auguste de Bourbon, duc du Maine, fils de Louis XIV et de Madame de Montespan, né en 1670, qui fut colonel-général des Suisses et gouverneur de Languedoc en 1689 Voici, à propos de l'établissement d'une salpêtrière à Nîmes, les détails que nous donne Ménard, tome IV, chapitre LXI, livre XII : « En vue de mettre les principales villes de France en état de défense, le roi François I° y établit des salpêtrières. Celle de Nîmes fut de ce nombre. Ce fut par des lettres données à Lyon le 4 avril 1539 adressées s aux consuls et gouverneurs de cette ville. Elles donnaient permission aux habitants d'avoir jusqu'à huit milliers de salpêtre pendant deux années des deniers communs, dons, octrois et revenus annuels de la ville, et détenir deux hommes experts et entendus pour la composition et cuite des salpêtres. Ces lettres ajoutaient que les salpêtriers auraient pouvoir d'aller dans les maisons, caves, celliers, rochers et autres lieux pour y prendre de la terre et autres matières nécessaires à la composition du salpêtre, avec injonction aux propriétaires de leur en donner la libre entrée, de quelque état et condition qu'ils fassent; que les salpêtres seraient placés en un grenier, dont le fonds serait plancheté ou bâti avec de la pierre de liais et du plâtre, élevé de trois ou quatre pieds au-dessus de terre, afin qu'il pût se conserver et être garanti de l'humidité ; que lorsqu'on y prendrait du salpêtre, qui serait payé à un prix raisonnable par le trésorier des salpêtres du roi, les deniers que la ville en retirerait seraient aussitôt convertis à en acheter et à remplacer la même quantité, et qu'enfin les consuls de Nîmes enverraient tous les ans leur certificat est au maître et au contrôleur général de l'artillerie pour justifier de la qualité de salpêtre qu'ils auraient mis dans le grenier. Le roi envoya ces lettres au Sénéchal, de Nîmes, pour qu'il les présentât de sa part aux consuls et retirât d'eux cette reconnaissance qui établit qu'il les avait reçues et il le chargea d'envoyer une reconnaissance au chancelier dans trois semaines au plus tard. Elles furent accompagnées d'une lettre particulière, que le roi écrivit aux consuls de Nîmes, datée de la Baume, le 14 avril, pour leur enjoindre d'en exécuter ponctuellement le contenu » (1). (1) Voir Ménard Preuves, Titre LXXVII. Ménard nous dit encore qu'en 1825 il existait à Nîmes diverses fabriques de salpêtre et de poudre, et que pour favoriser ce genre d'industrie, le bureau de direction, sur la demande des maitres salpêtriers et poudriers, les exempta de toutes les charges extraordinaires et personnelles ainsi que du travail des fortifications, conformément aux ordonnances du duc de Rohan et aux délibérations de la ville pendant les mouvements arrivés en 1622 (2). C'est prés le jardin des Récollets que se trouvait autrefois le lavoir des Juifs. (1) Voir Ménard, Tome 5, page 447.
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