A l a u n e
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Le vrai
comte de Monte Cristo était un cordonnier nîmois ! (Midi
Libre)
Pour écrire son roman "Le comte de Monte Cristo", Alexandre
Dumas père s'est inspiré d'une histoire réelle dont des Nîmois étaient les
héros. C'est ce que rappelle Patrick Pesnot dans son dernier ouvrage, Inconnus
célèbres. Romancier, essayiste, animateur de l'émission Rendez-vous avec
Monsieur X, sur France Inter, cet exégète du fait divers, de l'espionnage et des
grandes énigmes policières et judiciaires, y raconte comment des destins
dramatiques ou étonnants, puisés dans la réalité, ont donné naissance à des
classiques de la littérature. Dumas s'est inspiré d'un fait divers rapporté par
les archives de la police de Paris. En 1807, à Paris, un ouvrier cordonnier,
François Picaud, d'origine nîmoise, est sur le point d'épouser la ravissante
Marguerite. Les parents de sa dulcinée sont fortunés. La dot sera conséquente.
Picaud se rend dans un café de la place Sainte-Opportune tenu par un autre
Nîmois, Gilles Loupian, et fréquenté par d'autres gens du "pays. Picaud,
rayonnant, offre la tournée, et les convie à son mariage. Puis il quitte le
bistrot, pour se rendre à la mairie. Loupian veut lui faire une farce, étant
dévoré de jalousie et secrètement amoureux de la belle Marguerite. Il va voir le
commissaire du quartier, lui dire qu'il soupçonne Picaud de s'être acoquiné avec
les Anglais. Quelques jours plus tard, la police enlève Picaud en secret. Le
commissaire, qui a pris très au sérieux la prétendue plaisanterie, a informé le
ministre de la police, le duc de Rovigo. Les royalistes, soutenus par les
Anglais, commencent à s'agiter en Vendée. On note des mouvements séditieux en
Languedoc. Et voilà le cordonnier brutalement expédié dans une prison d'Etat, la
forteresse de Fénestrelle. Il y restera enfermé sept ans, sans connaître les
raisons de son incarcération. Seule consolation : il a pour compagnon de cellule
un abbé milanais, opposant aux Bonaparte, héritier d'une immense fortune. Les
deux hommes se lient d'amitié. Avant de mourir, l'abbé rédige un testament en
faveur de Picaud. A sa libération en 1814, Picaud réussit à récupérer toute la
fortune que lui a léguée l'ecclésiastique. Puis il retourne à Paris, sous une
fausse identité, Joseph Lucher, avec une seule idée en tête : comprendre
pourquoi on l'a privé de sept ans de sa vie. Il découvre le pot aux roses et
décide de se venger. Il se fait embaucher comme garçon dans le café de Loupian.
C'est alors qu'il commence à exercer sa terrible vengeance. Mais Picaud ne
savourera pas la satisfaction de s'être fait justice et sera victime de sa
propre vengeance. Patrick Pesnot, "Inconnus célèbres", collection Bellemare,
Albin Michel. 313 p., 98 F. (Midi Libre, édition de Nîmes, 23.04.2001) |