Edmond Dantès, Cordonnier nîmois ?
 

En 1843 Alexandre Dumas traite avec un éditeur pour une série de volumes. L'avant projet ne donnait pas satisfaction à ce dernier, il désirait autre chose, en effet Dumas s'était lancé dans l'écriture d'une série, narrant une promenade historique et archéologique dans Paris.

 

S'étant donc mis à la recherche d'une intrigue, il se souvint d'avoir fait une corne dans les Mémoires de J. Peuchet, tirées des archives de la police de Paris depuis Louis XIV jusqu'à nos jours. (1)

 

Jacques Peuchet, signataire de ce recueil, était archiviste de la police. Les narrations (dont l’affaire Picaud qui nous intéresse) ont très probablement été écrites par le baron de Lamotte-Longon  ou  par le Journaliste Emile Bouchery.

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- En feuilletant ce document assez conséquent, Dumas en aurait remarqué une anecdote, « Le diamant et la vengeance » et en avait pressenti « au fond de cette huître une perle. »

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- C’est plus vraisemblablement Auguste Maquet, à l’époque son principal collaborateur et rat de bibliothèque, qui a incité Dumas a récupérer et incorporer l’affaire Picaud dans son œuvre.

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- Maquet et Dumas travaillent ensemble, et en trois semaines à Trouville en août 1844, l’affaire François Picaud, ouvrier cordonnier d’origine nîmoise, devient l’histoire du Comte de Monte-Cristo.

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- Empreint de troublantes analogies, voici un extrait du texte original de Jacques Peuchet :

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 - L’affaire débute en 1807. Un ouvrier cordonnier de Paris, François Picaud, d’origine nîmoise, sur le point d’épouser une jolie fille dont il était amoureux, alla voir un de ces amis, cabaretier, du nom de Mathieu Loupian et Nîmois comme lui. Il le trouva en compagnie de trois voisins, tous gens du Gard. Loupian, nature jalouse, ulcéré par la joie avec laquelle le jeune homme leur avait annoncé ses projets, fit le pari, aussitôt seul avec ses trois compagnons, que la noce serait retardée.

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- Le commissaire va venir, leur dit-il, je feindrai de soupçonner en Picaud un agent de l’Angleterre. Interrogé, il prendra peur, ce sera au moins un recul de huit jours…

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- Le rapport du commissaire alla au duc de Rovigo, l’affaire parut se rattacher à l’effervescence vendéenne, et la police enleva secrètement ce pauvre garçon dénoncé, qui devait passer sept années en prison. Lorsqu’il en sortit vieilli par la douleur, sous le nom de Joseph Lucher, il se loua comme domestique chez un ecclésiastique milanais qui avait été prisonnier lui aussi pour raisons politiques.

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- Celui-ci vint à le traiter en véritable fils, le désigna pour son unique héritier. Noble, possesseur d’une grosse fortune, il lui laissa à sa mort, non seulement plusieurs millions, mais le secret d’un trésor de diamants et de pièces de monnaie de tous les pays. Voilà l’ancien pauvre riche à onze ou douze millions or. En outre, le bon ecclésiastique n’avait pas manqué de le former et de l’instruire.

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Lucher alla à Rome, ensuite en Hollande et en Angleterre, afin de recueillir sa fortune. Arrivé à Paris, il explora le quartier de son dénonciateur, quartier de la place Sainte Opportune et rassembla une information.

 

Apprenant qu’un des compères du cabaretier habitait Nîmes, il s’y rendit, se déguisa en abbé  (abbé Baldini) et par l’offre d’un diamant fit avouer à l’homme, Antoine Allut, le nom de ceux qui avaient fait le malheur du cordonnier Picaud.

Peu après, la série des exécutions commençait :

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Chaubard poignardé sur le pont des Arts, le poignard portant écrit sur son manche « numéro un. »

 

Loupian ruiné et tué à son tour, obligé de donner sa fille en mariage à un galérien.

 

Mais une fois le troisième complice liquidé, Allut trahit le justicier, s’empara de lui, le séquestra, l’affama, lui fit acheter de sa fortune du pain et de l’eau, finit par l’assassiner…

 

(1) - carré d'art adulte, Nîmes ref. 30266/1-2-3-4 - Les Mémoires de J. Peuchet, tirés des archives de la police de Paris - Edition, A. Levavasseur et Cie, 1838.

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> Le Comte de Monte-Cristo Cordonnier nîmois   (Un article Midi Libre de Marc Caillaud )

 

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