RUE DE LA MADELEINE

Allant de la place Saint-Paul à la place aux Herbes.
Extrait de Nîmes et ses rues de Albin Michel, 1876. Pages 122 à 127.



Entrée de la rue au niveau de la porte des remparts

L'une des portes de la ville dont du reste on voit encore les traces, a donné son nom à la rue qui va jusqu'à la place de la Cathédrale. Seulement, elle a eût porté différents noms dans tout son parcours. Savoir : de la porte de la Madeleine à l'arc Saint-Etienne, rue Na-Buade, plus tard colonne Buade, et enfin rue de la Fleur de Lys à cause d'une sculpture qui se trouvait sur la façade de la maison de M. de Caissargues, et qui, recouverte de plâtre, a été remise à jour en 1870 par M. de Mérignargues, propriétaire actuel de cet immeuble (1876) ; rue des Barquettes jusqu'à l'angle de la rue de l'Aspic, et rue Fruiterie de cet angle à la place aux Herbes.
Cette rue a toujours été une, des plus fréquentées de la ville, car elle la mettait en communication avec le faubourg de la Madeleine qui est aujourd'hui un des plus vastes. Le nom de Madeleine vient d'une chapelle qui existait encore hors des murs en 1789 et dont M. Josep Paulian était alors abbé.


Les 4 gonds de l'ancienne porte de la ville

Ainsi que nous l'avons dit plus haut, on remarque à l'angle du boulevard et contre la maison Fabrègue un montant en pierre de taille de l'ancienne porte de la ville avec trois énormes et solides gonds (1) qui portaient le vantail de droite de cette porte.


(1) En fait il y en avait 4, pourtant Albin Michel ne s'est pas trompé, ce n'est qu'au cours d'une restauration de la façade de l'ancienne pharmacie dans les années 1970, que l'entreprise Ritter découvrira le 4eme gond supérieur de la porte.



Quelques pas plus loin, se trouve une maison ayant un balcon en fer forgé (n° 35) portant au milieu un écusson représentant deux clefs en croix avec cette légende inscrite sa tour :
Securitas publica. La tradition dit que c'était là que demeurait le concierge de la porte de la Madeleine. (1)
Cette porte, la plus ancienne des remparts du Moyen-Age, s'appela d'abord la porte Neuve (1114) et donna son nom à un certain Petrus Rostagnus de Portâ-Novâ qui figure dans une charte du cartulaire inédit de Saint-Sauveur de la Fontaine, mais comme tout en face se trouvait l'église dédiée à Sainte-Marie Madeleine, elle en prit vite la dénomination, d'autant plus que cette église avait déjà groupé autour d'elle un certain nombre d'habitations, noyau d'un faubourg singulièrement développé depuis.
Le Pont-Levis de la barbacane fut remplacé au seizième siècle par un petit pont en pierre construit vers 1517, la porte fut murée de 1619 à 1626 et détruite en 1793.
On sait que les eaux de la Fontaine alimentant les fossés qui faisaient le tour des murailles, passaient devant cette porte en dehors de laquelle étaient construits plusieurs moulins. En 1357 l'un de ces moulins s'appelait le moulin Perilhos, en 1744, les consuls permirent au sieur Guillaume du Prix, de faire hausser de cinq pans la muraille traversant les fossés de la ville pour donner de l'eau à son moulin de Maillan, près de la porte de la Madeleine.

(1)  Promenade dans le vieux Nîmes, 1986, 
Jacqueline LE BRAY – Rue de la Madeleine : Pages 21 et 22, elle parle des maisons n°37, n°28 et n°21 ; pages 81 et 82, elle cite les maisons n°28, n°30 entrée du temple, puis les n°34, n°38 et n°35 avec son balcon au 2 clés. En note 1, en bas de page 82, elle précise que la devise « Sécuritas publica » est sur le blason de la corporation des serruriers (Bibliothèque Séguier) - Recherches et documentation Philippe Ritter.

Création du Consistoire
à Nîmes en 1561
au 25,  rue de la Madeleine,
d'après les recherches du Pasteur Raoul Lhermet


- Histoire Civile Ecclésiastique et Littéraire de la ville de Nîmes de Léon Ménard. Tome IV, pages 288 à 291, articles XII à XV : « Le dimanche 23 Mars 1560, (1561) se tient une assemblée dans la maison d’un particulier, nommé Jean MAURIN, serrurier ». Mr MENARD ne situe pas la maison et ne cite pas la rue.
Par contre, sur quatre pages, il donne moult détails sur la création du Consistoire, les personnes présentes à l’assemblée, la répartition de la ville en dix quartiers, les interventions de quelque intervenant, et les décisions prises.

- Nîmes citée protestante du  Pasteur Raoul LHERMET, 1959  – page 32 : « Le 23 Mars 1561, création du Consistoire, au 25 rue de la Madeleine, appartenant au serrurier Jean MAURIN ».
Lui aussi, dans son étude, donne les personnes présentes ce jour là, avec un résumé des décisions prises.

Recherches et documentation Philippe Ritter


Le four de la maison Villaret - Photo Michel Pradel 1973
A la fin du XVlle siècle, une partie de la rue de la Madeleine s'appelait la rue des Barquettes, car plusieurs boulangers, dont le fondateur de la dynastie des Villaret, y fabriquaient cette pâtisserie (sorte « d'échaudé » fait de pâte ébouillantée dont la fabrication s'est poursuivie jusqu'en 1914). À cette époque, la porte de la Madeleine (la plus vieille dans les remparts, du Moyen-Age - 1124) fait communiquer ce quartier très commerçant avec les faubourgs « hors des murs ». Un pont de pierre, construit en 1515, enjambe les fossés qui, alimentés par les eaux de la Fontaine, font le tour de la ville.
Au dehors de cette porte se trouvent les faubourgs de la madeleine, de la Fontaine, de Saint-Vincent et de Saint-Laurent, mais aussi « le bureau du poids de la farine » et plusieurs moulins construits sur les fossés (moulin Perilhos, moulin de Maillan, etc.) qui alimentent les boulangeries de la rue des Barquettes toute proche.
Jusqu'en 1768, cette rue fort étroite (1 toise 5 pieds, soit 3,60 m environ) est d'une largeur bien insuffisante pour une « rue majeure » où passent toutes les voitures et les marchandises d'importation du commerce des Cévennes ; aussi une multitude de requêtes, de procès, de saisies et de démolitions s'efforceront de l'élargir et d'améliorer son alignement.
En 1775, un génial et astucieux pâtissier de cette rue a, comme tous ses confrères, d'énormes difficultés pour rendre la monnaie sur l'achat d'un pain au lait qui coûte 6 liards, soit 1 sou et demi. L'ancêtre de la dynastie des VILLARET a alors l'idée géniale (et délicieuse) de réaliser un petit gâteau sec (croquant sous la dent) qui puisse remplacer la pièce de un demi-sou inexistante, quand un client lui donne 2 sous pour l'achat d'un pain au lait... le « croquant » était né !

                                                    Extrait du Pays de Nîmes, novembre 1982, n° 15 par Claude Marzeau.
Le bureau du poids de la farine (1) se trouvait en dehors de la porte de la Madeleine, et tout près il y avait une hôtellerie dite la Tourmagne et un cimetière protestant dont les catholiques s'emparèrent en 1688. Ménard cite, T. 7. P. 390 une inscription que l'on voyait dans la maison qui joint le bureau du poids de la farine et qui était ainsi conçue :

DIIS MANIB
L. CORNELIO
ATHENANEO.
ANTHVS PATER

Aux dieux manes
de Lucius Cornelus Athenaneus
Anthus son père.

(1) Voir Archives départementales. - Série G, n°190

En 1643 les consuls firent planter une allée d'ormeaux sur le chemin qui conduisait à la Fontaine. - Ce fut le 1er Consul Louis Trimond avocat qui fit voter la chose par le conseil de ville.


Ancienne porte du temple protestant de la Calade au n° 30.

Au coin de la rue de l’Étoile en allant du côté de la Cathédrale se trouvait la chapelle des
Quatre Chevaliers dont il ne reste plus aujourd'hui aucune trace, quelques pas plus loin et presque en face on voit encore aujourd'hui la porte principale du temple Protestant de la Calade construit en 1565 et démoli par les Catholiques en 1685 et dont il ai fait l'historique tome 1 pages 114 et suivantes des Rues de Nîmes. (1)


Plan extrait d'un document d'Anne Rulman, vers 1609

(1) RUE ET TEMPLE DE LA CALADE, Allant de la rue de la Madeleine à la place de la Calade. Extrait de "Nîmes et ses rues, de Albin Michel, 1876. Pages 114 à 117.
En 1564, et le 24 décembre, le roi Charles IX étant à Nîmes accorda aux habitants religionnaires l'autorisation de construire un temple et par lettre patente délivrée à Toulouse le 13 mars 1565, il confirma cette autorisation de le construire sur les terrains par eux choisis, savoir : une masure et jardin situés à la rue qui conduit de la porte de la Madeleine à la Maison-Carrée, que possédait un particulier nommé Roquerol et une maison et jardin appartenant à Tristan Chabaud, prés de celle de Bernard Barrière, procureur da roi au présidial, rue appelée la Calade, avec permission de lever sur eux-mêmes et de gré à gré les sommes nécessaires pour l'achat de ces maisons et jardins et pour la construction du temple qu'ils voulaient y bâtir.
On en jeta les fondements le 27 juin 1565 avec beaucoup de pompe et de cérémonie, et un très-grand concours de peuple. Les officiers du présidial y assistèrent. La première pierre fut posée par le président Calvière, la seconde par Denis de Brueis, seigneur de Saint-Chaptes, lieutenant-criminel, et ainsi des autres par chaque officier. - On travailla à cet édifice avec tant de diligence et de zèle et l'on y employa un si grand nombre d'ouvriers que, dès le 17 octobre de la même année, le grand arceau du milieu fut entièrement achevé, et que le 27 janvier 1566 l'inauguration put avoir lieu. Ce jour-là on y fit trois prêches. Ce fut le ministre Chambrun qui fit le premier et donna la Sainte-Cène; - le ministre Campagnan fit le second prêche, et le ministre la Source le troisième; - la chaire n'était pas en place, et ce ne fut que le dernier dimanche de mars 1566 que le ministre Mauger y prêcha pour la première fois.
On voit encore dans la rue de la Madeleine une des portes latérales , dont le fronton existe assez bien conservé sauf l'inscription contenue dans un cartouche au-dessus de la porte et dont les caractères ont été effacés et brisés. - Il y avait on second passage latéral dans la rue de la Colonne (partie actuelle de la rue de l'horloge, comprise entre la Maison-Carrée et la rue du Grand-Couvent) - ce couloir appartient encore à la ville et se trouve entre la maison Tur et la maison Fontaine.
Le 30 juillet 1685, l'édit de Nantes ayant été révoqué par Louis XIV, l'exercice de la religion protestante fut interdit en France, et les temples durent être démolis dans le délai de deux mois par les protestants eux-mêmes, mais aucun d'eux n'ayant voulu prêter la main à cette œuvre de destruction, le syndic du diocèse la fit exécuter à leurs frais et dépens ; ils durent, être considérables, puisque le marteau des démolisseurs travaillait encore le 7 mai 1686, jour où la cloche, qui pesait 19 quintaux, fut achetée par les consuls au prix de 150 livres pour être employée à l'usage de l'église Sainte-Eugénie.
En 1730, l'emplacement du temple de la Calade fut donné aux sœurs des écoles royales chargées de l'éducation des jeunes filles. - On fit examiner les réparations qu'il y avait à faire et l'on en dressa un Plan et devis qui, ayant été approuvé par l'intendant, de la province fut mis à exécution et terminé au commencement de 1733.
Aujourd'hui ce bâtiment est occupé par les écoles communales gratuites pour les garçons. - Écoles des frères. - École de fabrication. -- École de musique et Laboratoire de chimie. La ruelle de la Calade s'appelait autrefois rue Buade.

A cet endroit et dans le principe la rue était fort étroite aussi trouvons-nous dans les archives de l'Hôtel de Ville la délibération suivante qui fut prise au mois d'août 1781.

« M. de Merez premier consul-maire dit qu'en 1768 il fut fait un plan d'élargissement pour la rue de la Fleur de Lys ou de la Madeleine, lequel plan a été suivi jusques à aujourd'hui et exécuté par M. Palisse seigneur de Caissargues, M. Mazoyer bourgeois et récemment par le sieur Rey négociant en grains, que pour donner à ce côté de rue la direction et alignement porté par le susdit plan, le dit sieur Rey a été obligé de porter son mur de face en avant sur le sol de la rue, ce qui a nécessité un rétrécissement à la rue et l'a réduite à une largeur d'une toise cinq pieds entre le mur de face dudit sieur Rey et la chapelle des Quatre-Chevaliers dite la Capelette située au côté opposé ; que cette modique largeur étant insuffisante pour une rue majeure, la seule qui communique de front aux faux-bourgs de la Fontaine, de Saint-Laurent, de Saint-Vincent et de la Madeleine où se trouve ladite rue et en outre par laquelle dite porte passent toutes les voitures et marchandises d'importation du Commerce des Cevennes ; que ce rétrécissement devenu plus sensible et plus incommode par les irrégularités de l'alignement de ladite rue, et notamment par l'angle saillant des murs de face de la susdite chapelle, ce qui occasionne journellement des engorgements de voitures, des secousses aux maisons des particuliers et principalement à l'angle saillant de la dite chapelle dont la maçonnerie est en vétusté et excite depuis longtemps les justes plaintes du public etc... ».

En conséquence, le conseil délibère d'acquérir du chapelain de ladite chapelle les parties de la chapelle et de sa maison nécessaires pour l'alignement de la rue sur l'estimation qui en serait faite par M. Phéline subdélégué du département.
Les archives départementales, série G. n° 910 mentionnent la collation en 1693 de la chapellenie des Quatre-Chevaliers, en faveur de Philippe Robert, chanoine de la Cathédrale.
Ainsi que nous l'avons dit à propos de la rue Fresque (1) au point de jonction de cette rue avec la rue de la Madeleine, il existait an arceau appelé l'Arc Saint-Etienne qui a été démoli vers l'année 1780.

(1) Voir Nîmes et ses Rues, - Tome ler pages 297.

En entrant dans l'ancienne rue des Barquettes, les archéologues peuvent remarquer au n° 19 chez M. Bonnet confiseur un cype qui sert actuellement de porte à son four et sur lequel on lit on beaux caractères l'inscription suivante :

D. M.
PUSONIAE P. F.
PEDVLLAE
P. PVSONIVS
PEDO
ALVMNVS

Aux dieux manes de Pusoniæ Pedulla, P, Pusonius Pedo son nourrisson.
A côté se trouvent deux fragments de colonne d'ordre très-différent, l'un est Roman et l'autre du 13° siècle.
Dans la maison Meynier de Salinelles on remarque deux bas-reliefs qui proviennent évidemment d'un sarcophage chrétien car ils représentent des scènes de l'histoire des juifs l'un de ces bas-reliefs est dans la cour et l'autre sur une terrasse intérieure.
La dernière maison de la rue faisant l'angle de la place aux Herbes, se fait remarquer par des sculptures très-bien conservées qui malgré le mauvais goût du propriétaire qui vient de les faire badigeonner, sont dignes d'attirer l'attention des artistes. Elles proviennent dit-on de la démolition de la façade de la cathédrale.

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