- Le
Muséum d'Histoire
Naturelle de Nîmes
- par
Paul Marcelin, 1926
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- Entrée
côté Grand'rue
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- La
civilisation romaine a laissé des traces si nombreuses et
si brillantes, et son souvenir est encore si vivant dans la région
nimoise, et dans Nîmes surtout, que, dans la vie
intellectuelle de cette cité, les préoccupations
archéologiques et historiques tiennent tout naturellement la
plus grande place.
- Cependant,
le goût des sciences naturelles y est depuis longtemps
très vif. A toutes les époques, de petits groupes de
naturalistes : botanistes, géologues, zoologistes, se
sont spontanément formés, et, dès que le temps
ou les circonstances avaient usé un de ces groupes, un autre
se reformait, autour de quelque animateur, avec autant
d'enthousiasme et d'amour de la Nature.
- Il
faut en voir sans doute la raison dans Î'intérêt
tout particulier que présente notre région au point de
vue de la variété des paysages. De la mer à la
montagne, une série de terrains des plus récents aux
plus anciens, et des climats de plus en plus rigoureux, donnent des
zones de végétation allant de la flore des dunes et des
marais à celle des hauts pâturages, au-dessus des
hêtraies. Dans chacune de ces zones, vivent des milliers
d'espèces végétales, et plus encore
d'espèces animales, adaptées à des milieus
différents.
- Riche
était la moisson qui s'offrait aux chercheurs, et bien capable
de susciter des vocations de naturalistes.
- Quoi
qu'il en soit, depuis l'époque à laquelle Jean
François Séguier (1703-1784), botaniste et géologue,
autant qu'archéologue, amassait d'étonnantes
collections, bien des naturalistes ont parcouru notre pays et fait
une abondante récolte d'animaux, de plantes et de roches.
- Que
sont devenus ces roches et ces fossiles, ces herbiers, ces
collections d'oiseaux, d'insectes, de mollusques ? Les uns sont
ailleurs, dans d'autres villes, parfois bien loin, et c'est
regrettable. Mais combien d'autres ont disparu à tout jamais,
abîmés, gâchés, perdus ! Toute une vie,
parfois, de labeur patient et de recherches, ainsi devenue inféconde
! Pourquoi les chercheurs ne comprennent-ils pas, même
aujourd'ui, qu'ils doivent assurer de leur vivant le sort de leurs
collections, et que c'est seulement en les destinant à des
Musées ou à des Facultés qu'ils assureront
l'avenir de leur oeuvre ?
- Sans
doute, parce qu'ils ne sont pas, pas même encore, sufisamment
unis et organisés.
- Ainsi,
la création, en novembre 1871. de la Société
d'Etude des Sciences Naturelles de Nimes, par de tout jeunes gens,
réunissant et organisant les naturalistes du Gard, devait
préparer le sauvetage des collections éparses.
- C'est,
en effet, appuyé par les membres de cette Société,
et comptant sur leur collaboration qui ne faillit jamais, que, en
1880, leur président honoraire, Stanlislas Clément,
prit l'initiative de demander à la municipalité, ayant
alors pour maire M. Ali Margarot, la création, d'un Museum
d'Histoire Naturelle (1).
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- (1)
Jules Gal et Glien Mingaud. «Stanislas Clément... son
oeuvre scientifique. Le Muséum d'Histoire Naturelle de Nîmes.»
(Bull. Soc. Etude Sciences Naturelles Nimes 1902)
- Voir
anssi : Galien Mingaud. «Le Muséum d'Histoire Naturelle
de Nimes.» Extrait de Nimes et le Gard. Nimes 1912.
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- De
la maison du garde de la Fontaine, où se trouvait depuis 1870
le Cabinet zoologique de Crespon, et de bien des endroits étranges,
il exhuma ce qui restait encore des collections de Séguier,
des minéralogistes Villiers de Terrage et Philippe
Mingaud, des botanistes Amoreux, de Roche, Granier, de
l'entomologiste Ecoffet, des concbyliologues Faïsse et Fontayne,
etc..... II y joignit tout ce que lui apportaient ses jeunes
collaborateurs de la Société d'Etude.
- Il
réunit, lui-même, une collection d'oiseaux, de
mollusques et de poissons du Gard. Puis,
- « tour
à tour classificateur et préparateur, peintre ou
modeleur, menuisier ou serrurier, appelant la science et l'art à
son aide, il parvint à sauver de la ruine et à rétablir
la presque totalité de nombreux sujets de tous genres ; en
outre, par ses dons personnels, il doubla l'importance des
richesses retrouvées. »
- Le
Museum d'Histoire Naturelle de Nimes était créé.
En 1892, eut lieu l'ouverture du premier étage, et, en
1895, celle du deuxième et du troisième étages,
et l'inauguration officielle.
- Il
s'est bien enrichi, depuis lors, et les successeurs de Stanislas
Clément, décédé en 1902, les
conservateurs Galien Mingaud et Gustave Cabanès, ont beaucoup
travaillé, eux aussi, mais l'impulsion donnée par
Stanislas Clément persiste encore, et c'est elle qui a fait de
notre Muséum l'établissenent que nous sommes fiers
de faire visiter aux étrangers.
- On
pourrait souhaiter mieux encore. On pourrait désirer un local
moins modeste et plus digne, vraiment, des richesses qu'il renferme.
On pourrait espérer une salle qui manque, ou seraient réunies
les collections d'archéologie préhistorique et les
séries comparatives d'ethnographie. On pourrait... Mais enfin
le Museum d'Histoire Naturelle de Nimes est bien, sans conteste, le «
Grand Musée », dont parle le professeur Roulle, du
Muséum de Paris, dans son enquête officielle.
- On
a reproché quelquefois, à ces Musées de
province, de n'être pas régionaux. Il ne serait pas
juste d'adresser un reproche pareil à celui de Nimes. Les
collections d'oiseaux, de poissons, de mollusques, de Stanislas
Clément, d'insectes de G. Cabanès, de géologie
de E. Dumas, les herbiers Anthouard, Feminier, Cabanès, le
groupe des mammifères du Gard, et les castors de G. Mingaud,
mettent bien en évidence les caractéristiques du sol,
de la faune et de la flore de notre pays.
- Et
puis, ce serait vraiment une conception bien étroite du
rôle du Museum que de le limiter strictement à la
région, et de ne pas posséder d'ailleurs ce qui est
nécessaire au plaisir des visiteurs et aux nécessités
de l'enseignement.
- Bien
avant les discussions actuelles sur le rôle des Musées
et la naissance de cette science nouvelle qu'est la Muséologie.
Stanislas Clément avait compris que l'on pouvait, à
la fois, offrir aux, spécialistes des séries
régionales très complètes, au visiteur un
plaisir agréable, et aux jeunes gens de quoi compléter
l'enseignement, forcément un peu livresque, qu'ils reçoivent
dans les écoles.
- Faut-il
démontrer l'utilité de nos Musées ? Mais il
suffit de voir l'agrément que prend à cette visite le
nonibreux public du dimanche et du jeudi (18.000 personnes
environ). Il suffit de voir la joie des enfants qui y viennent en
groupe, et y reviennent souvent pour admirer les animaux de leurs
récits préférés de voyages et
d'aventures. Il suffit de penser à l'enseignement que reçoit,
sans qu'il s'en doute, ce public populaire et juvénile, qui ne
peut pas ne pas être frappé de la multiplicité et
de la variété des formes animales, qui est mis en
présence des choses de la nature, confrontation si
nécessaire pour les citadins, qui retrouvent là
l'animal dont il était question dans tel livre ou dans telle
conversation.
- Mais
il faut savoir aussi que, sous l'impulsion plus particulière
des conservateurs G. Mingaud et G. Cabanès, le Museum est
devenu autre chose qu'un conservatoire de dépouilles ,animales
ou végétales.
- Il
faut savoir que les spécialistes, mène de loin, y
viennent chercher les éléments de comparaison qui leur
manquent, que le botaniste vient fouiller dans les herbiers,
l'entomologiste y déterminer ses insectes, le géologue
y travailler à reconnaître et à classer ses
fossiles ; que le Museum est ainsi un centre d'attraction pour les
naturalistes qui n'ont jamais manqué à Nimes. Il faut
savoir que tous viennent consulter sa bibliothèque
déjà riche et lire les revues spéciales
qu'on y reçoit.
- Il
faut savoir que les chasseurs viennent y demander des détails
sur les oiseaux qu'ils ne connaissent pas, que l'agriculteur ou
l'ingénieur vient y connaître la nature géologique
de la région sur laquelle il travaille.
- Il
faut savoir, surtout, que le Muséum est déjà, et
deviendra plus encore, le complément de l'Ecole, que déjà
les visites scolaires y sont fréquentes, que de petites
collections y sont formées et distribuées aux maîtres
qui les demandent, que certains élèves, étudiant
plus spécialement les sciences naturelles, y sont reçus
régulièrement, certains jours, pour des démonstrations,
et des travaux pratiques.
- Ainsi,
utile et agréable, notre Museum est aussi bien vivant.
- Gratuit,
comme il dot l'être, puisqu'il est, au total, un établissement
d'enseignement public, le Museum d'Histoire Naturelle de Nimes est
ouvert au public le jeudi et le dimanche, dans l'après-midi.
- Il
est très largement ouvert aux étrangers, aux écoles,
aux étudiants, aux spécialistes et à toutes les
personnes qui ont besoin de renseignements quelconques, tous les
jours de 9 heures à midi et de 2 heures à 6 heures.
- Installé
dans les bâtiments d'un ancien Lycée (Grand'Rue, 17),
ainsi les Musées épigraphique et archéologique,
il occupe 3 étages.
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- Le
premier étage a deux galeries. La première contient les
portraits des donateurs fondateurs, les collections d'anatomie
et d'ostéologie (série de crânes),
d'embrydlogie et de pathologie, une série de crânes
humains de la région, actuels et préhistoriques,
et parmi ceux-ci, quelques cas de trépanation, enfin, des
collections d'ethnographic : vètements, parures,
mobiliers, fétiches, etc...
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- La
deuxième galerie est réservée aux mamifères
et aux oiseaux. La faune du Gard y est au complet. Il Convient de
citer : un loup tué en 1841 aux environs de St-Gilles,
une série de castors du Rhône, un taureau espagnol
estoqué dans les arènes de Nimes, les principaux
mamifères du Gard heureusement rassemblés sur un rocher
par G. Mingaud, des sangliers du Gard et, parmi les animaux exotiques
: des Ours, la Panthère des neiges, un grand Elan et
surtout un bœuf musqué et son veau.
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- Les oiseaux indigènes
et exotiques sont nombreux, avec quelques albinos intéressants.
Le dessus des vitrines est orné d'une importante collection
de crânes de ruminants, de cornes et de bois, et les colonnes
portent des têtes de chevaux et de taureaux de race camargue.
- Le
deuxième étage a aussi deux galeries. La première
contient la collection des Oiseaux du Gard, formée par
Stanislas Clément et qui est particulièrement
riche, étant donnéc la proximité de la Camargue,
terre de refuge pour tant d'espèces ; aussi trouvet-on
dans Cette collection des flamants, des ibis, des outardes, des
gangas, etc... une vitrine contient une collection de nids et
d'oeufs.
- La
collection d'oiseaux se continue dans la deuxième galerie,
puis viennent les reptiles, les lézards, les tortues, avec les
énormes couleuvres de la région et les tortues marines
pêchées au Grau-du-Roi. Puis, une collection de poissons
d'eau douce, et de poissons marins du golfe d'Aigues-Mortes, non en
bocaux, mais soigneusement montés. Puis, des crustacés,
des échinodernus, des polypiers, etc...
- Au
milieu de la salle, dans des vitrines, sont diverses collections
réunies en une seule de conchyliologie générale,
une collection spéciale de mollusques marins du Grau du Roi,
due à Clément, une. collection de mollusques
terrestres, en formation, due, surtout aux recherches de MM. Margier
et Cabanès, une collection Paul Berenguier des mollusques
terrestres et fluviatiles de Provence.
- Le
deuxième étage, du côté gauche, est occupé
par les laboratoires, la bibliothèque, etc. et surtout par la
Galerie Emilien-Dumas, don précieux qui ne contient pas moins
de 20 000 échantillons géologiques, avec un squelette
d'Ours des Cavernes et une collection de Préhistoire.
- Moins
visité sans doute est le 3e étage qui ne manque
pourtant pas d'intérêt.
- Contre
les murs sont des collections d'entomologie un peu vieillie. Mais, au milieu de la première galerie, sont de très
importantes séries régionales de coleoptères, orthoptères, lépidoptères,
etc... recueillies et classées en grande partie par G.
Cabanès, et, installées par ses soins.
- Dans
la deuxième galerie, contre les murs, sont des tableaux,
représentant les types des familles végétales du
Gard, présentation peut fréquente et cependant fort
intéressante, des collections de graines, de bois, un droguier
et l'important herbier Cabanès.
- Dans
la troisième galerie sont la Minéralogie, la
Géologie, la Paléontologie, avec de belles séries
de gemmes, venant de la collection Séguier et les célèbres
poissons fossiles du Mont Bolca.
- Mais
ces collections ne donnent qu'une idée imparfaite de la
richesse géologique du Gard. Une collection régionale
est en voie de formation qui utilisera ce fonds, et surtout les
collections Jeanjean, Torcapel, Melvil-Roux et Picard, actuellement
conservées au laboratoire.
- C'est
au 3e étage qu'est aussi, mais non mise en valeur et à
l'étroit, la collection d'archéologie préhistorique.
Résultat des fouilles de Mazauric, Dr Marignan, Groupe
spéléologique d'Uzes, Ulysse Dumas, Hugues, Ravel,
Lombard-Dumas, elle contient des pièces de choix, comme les
vases de la Baume St-Vérédème, la statuette de
la grotte Nicolas, la stèle de Bragassargues et des
séries néolithiques ou du bronze très
complètes.
- Tel
est le Museum d'Histoire Naturelle de Nimes, sommairement esquissé.
Quelle ombre à ce tableau ? Ce n'est pas l'appui des
municipalités. Il n'a jamais manqué. Ce n'est pas
l'estime des naturalistes ; elle lui est acquise largement ; ce n'est
certes pas la faveur du public nimois ni celle des visiteurs de la
région. Mais c'est plutôt que ce Museum est peu
connu au dehors et n'est pas estimé à sa juste valeur.
Sans doute, comme. nous le disions au début, la civilisation
romaine a laissé de telles traces dans Nimes que ce sont elles
surtout que l'on vient y admirer. Cependant, le visiteur étranger
ne perdra par son temps, en consacrant quelques heures à la
visite de notre Museum. II le trouvera vivant, riche, varié et
bien entretenu.
- Il
y trouvera comme collection générale ce qui est
indispensable, mais il y verra surtout des animaux de la région,
qu'il n'aura pas vus ailleurs et qui lui feront mieux connaitre le
pays qu'il visite.
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- Paul
Marcelin
- conservateur
du musée d'histoire naturelle de Nîmes.
-
- Devenu conservateur d’un
musée modeste, il en accrût l’importance.
- Par la création
d’une section de préhistoire qui s’imposait dans une
région riche en vestiges.
- Par l’organisation d’un
Laboratoire d’Etudes avec la présence d’un assistant
compétant. Par de fréquentes excursions d’initiation
et de recherche avec des scolaires, des étudiants et des
membres de la Société des Sciences Naturelles dont il
était l’animateur reconnu.
- Ses recherches
personnelles, reflet d’un grand amour pour la nature (toute sa vie,
il se qualifia de naturaliste) l’ont poussé vers ml
géologie, le science des sols (périglaciaire), la
préhistoire et l’ethnographie des hommes qui ont vécu
en Garrigue et Cévennes.
- « Observer,
a-t-il dit, lire, réfléchir, voilà comment
s’enrichit et se grandir »
Il fut reconnu
par le Centre National de la Recherche Scientifique en 1945.
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- > Les origines du Muséum d'histoire Naturelle et Stanislas Clément, 1903
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