La Tourmagne.

de Henri Gautier

L'histoire de la ville de Nismes, 1724.

Les anciens murs de la ville de Nismes étaient attenants à la Tourmagne. Cette tour est bâtie sur la plus haute de sept Montagnes :

1° Montagne de Jasiau ou des juifs.

2° Montagne de Pied Ferrié.

3° Montagne de Pied Créma.

4° Montagne de la Lampèze.

5° Montagne de la Tourmagne, Turremagna.

6° Montagne de Canteduc.

7° Montagne de Montauri, ou du Peyrel.

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Nîmes à l'époque antique, vue par H. Gautier, 1724

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- Il semble que du dessus de cette grande tour, on devait apercevoir toutes les autres qui étoient placées sur fait les anciens murs. - Cette tour semble avoir commandé à toutes les autres, soit pour servir de signal, soit pour découvrir de plus loin tout ce qui pouvait approcher Nismes et le surprendre. Cela me paraît assez vraisemblable.

Léon Baptiste Albert fait la description des tours qui ont à peu près la forme de celle de la Tourmagne. Il dit à l'égard de leurs usages, que l'on en construisait de semblables aux Villes Maritimes, pour servir de Phare et aux autres villes qui n'étaient pas proches de la mer, on les construisait pour faire des signaux, en y allumant des feux au-dessus, qui est l'usage que l'on peut donner à celle-ci, par rapport aux Bourgs ou Villes qui dépendaient de la Ville de Nismes. C'est ainsi, dit un auteur, que les Phocéens bâtissaient de même leurs tours en façon pyramidale.

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Reconstitution de la Tourmagne
Extrait Planche I, du livre de Henri Gautier, 1724.

On montait à la Tourmagne par deux rampes, dont la première était pavée à la Mosaïque : la seconde eampe était supportée par quatre arceaux; qui augmentaient leur grandeur, à mesure que la eampe s'élevait davantage.
La Tourmagne a sept faces par en bas, & par en haut elle en à huit; à ce compris celle qui faisait l'emplacement de l'escalier.

Pour le plan du bas, la circonférence est de quarante toises, cinq pieds. Depuis le plein-pied, ou son rez-de-chaussée, jusqu'à la premiere Gallerie, elle avait de hauteur cinq toises, deux pieds. Cette Gallerie régnait tout autour à la hauteur des murs de la ville. Elle avait deux toises, deux pieds de largeur, à la reserve du côté face du Levant, qui n'avait qu'une toise de large. Cette Gallerie servait de communication à l'escalier qui était à repos, pratiqué dans le massif de la Tour. Ce degré avait cent trente-deux marches, qui donnaient une hauteur de treize toises, trois pieds, lesquels joints à cinq toises, deux pieds de la base, font en tout dix-huits toises, cinq pieds que la Tour avait de hauteur, à ce non compris le gardefou de dessus la plateforme au sommet de la Tour, qui pouvait être de trois à quatre pieds ; ce qui fait en tout, dix-neuf toises, trois pieds.

La Tour audessus de la Gallerie avait dix-sept toises, cinq pieds de circonférence, & six toises de diamètre.
L'escalier était éclairé par neuf fenêtres, & au bas par la porte : il avait dix pieds de large, vingt-deux montés de six marches chacune, avec pallier.

Les ornements de cette Tour étaient d'ordre Dorique ; trois corniches la partageaint differemment, au-dessus desquelles l'ouvrage allait en diminuant de deux pieds de retraite vers son centre.

Dans le corps de la Tour, il y avait six vuides en forme de demi-cercle. Le plat joignait chaque face, qui avait un mur de trois pieds d'épais, qui montaient depuis environ le plus bas entablement : il y en avait encore deux autres vers le milieu. Tous ces vuides n'étaient fait que pour alléger cette grande masse, de la charge d'une naçonnerie inutile, qui l'aurait peut-être faite écrouler sou son propre fardeau. D'ailleurs, ce tant moins de maçonnerie était encore une épargne, & une moindre dépense, dont on voulait sans doute profiter.

Depuis environ le premier entablement du bas, il y a encore un autre grand vuide dans le milieu de la Tour qui va jusqu'aux fondements, pratiqués eux mêmes fins que ceux ci-dessus que je viens de rapporter, avec cette différence, que les petits au dessus étaient vuides, au lieu que celui-ci rempli de terre & formoit le noyau, ou le cintre, à l'ouvrage, à mesure que l'on lelevait ; car on voit qu'il suit à peu près la figure d'un pain de sucre tronqué, qui contenait environ mille toises cube de terre, suivant la réduction que j'en ai faite, contre lesquelles terres on plaquait la maçonnerie-moellonage ; & à mesure qu'on bâtissait, on apportait de la terre pour élever le noyau. (1)

(1) NDLR : Graves lacunes historiques de Gautier, la Tourmagne romaine avait été construite autour d'une Tour gauloise. En 1601, c'est Traucat, jardinier nîmois, qui dans l'espérance d'y trouver quelque trésor la vida complètement de son contenu. Il se ruina à cette tâche et ne trouva rien. La partie romaine restante laisse entrevoir à l'intérieur l'empreinte négative de l'ancienne Tour gauloise.

Tous les ornements, pour l'ordinaire, sont de pierres plus grandes, surtout ceux qui forment des plintes & les entablements, comme les corniches, qui sont toutes effacées par le temps, ou que l'on a voulu ruiner lors du passage de Charles Martel.

Il ne paraît plus de cette belle Tour, que les premiers pilastres façonnés en moellons de saillie, quatre à chaque face, qui faisaient le premier étage pour sa décoration. Le second qui était composé également de colommes Doriques, quatre aussi à chaque face, à ce compris une à chaque coin, est entièrement renversé, de même que l'escalier on y voit seulement son emplacement. Ainsi la Tour démolie en l'état qu'elle est aujourd'hui, est moins haute de cinq à six toises qu'elle n'était, lorsqu'elle était entière ; & son pied en dehors, est encore comblé de ses ruines, d'environ une à deux toises.

Cette Tour avait dix-neuf toises, trois pieds de haut, lorsqu'elle était dans son entier , & et la montagne sur laquelle elle était construite, étant la plus élevée de la ville de Nîmes, tout au moins de semblable hauteur, on peut compter que le sommet de la Tour était environ de quarante toises tout au moins plus élevé que toute la ville.  

Henri Gautier, 1724



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ARTICLES SUR LA TOURMAGNE DE NÎMES
> La Tourmagne H. Gautier, 1724
> La Tourmagne, par Alexandre de Mège, 1840
> La Tourmagne Germer-Durand, 1868
> La Tourmagne Albin Michel, 1876
> La Tourmagne Emile Espérandieu, 1927

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