On remarquera sans doute que depuis
l'avènement aux affaires du parti républicain, il n'est aucun acte
administratif, qui, pour ainsi dire, ne soit entaché de politique. Rien ne se
fait au ministère, rien ne sort de la préfecture si l'estampille républicaine
et surtout antichrétienne n'y est apposée, jusqu'à cette année 1880, les
affaires municipales avaient été heureusement soustraites à semblable
influence néfaste. (commentaire Adolphe Pieyre, historien conservateur)
On se préoccupait peu de savoir dans le
cabinet de M. Blanchard si telle ou telle mesure, telle ou telle amélioration
contribuerait à l'accroissement ou à l'agrément d'un quartier républicain ou
conservateur, on agissait au mieux des intérêts de tous sans distinction
aucune, uniquement en vue de la prospérité de la cité. Il n'en fut plus malheureusement
ainsi lorsque l'arbitraire préfectoral eut remplacé les conservateurs par des
républicains.
Aussi devons-nous enregistrer la dernière des
créations opérées par la municipalité conservatrice et qui en fin année 1880
fut parachevée et livrée au public, je veux parler des tramways. Le Conseil
municipal s'était décidé à autoriser la compagnie des Tramways et, en 1880,
le 28 juillet, les lignes étaient livrées au public. Ces lignes qui n'ont pas
été modifiées depuis, comprenaient en premier lieu :
- L'avenue Feuchères et le pourtour des
boulevards en passant du côté ouest et du côté est de l'Esplanade, en second
lieu une ligne partant de l'octroi du chemin de Montpellier et aboutissant en
face du quartier d'artillerie.
La Compagnie crut devoir inaugurer avec une
certaine solennité son service et réunit dans un banquet, au Théâtre d'été,
l'administration municipale, la presse et quelques notabilités. M. Monteils-Nougarède,
maire intérimaire, présidait cette réunion et prononça un discours fort applaudi.
Après lui, MM. Ferdinand Boyer, Marcellin Clavel et Adolphe Pieyre en firent
autant. On ne peut contester que l'installation des Tramways à Nîmes ait
rendu de grands services à la population (1).
Je ne peux parler de voie ferrée, sans dire un
mot du triste accident qui, le 20 novembre, se produisit à la gare de
Courbessac. On sait que à ce point la voie d'Alais se détache de la voie
principale de Cette à Tarascon et que la rampe est très accentuée qui mène à
la station du Mas-de-Ponge.
Un train de marchandises, chargé de bestiaux,
engagé sur cette rampe la remontait péniblement, quand tout là coup une barre
d'attelage se rompit dans les derniers wagons et ceux-ci entraînés par leur
propre poids descendirent avec une rapidité vertigineuse les quelques
kilomètres qu'ils venaient de parcourir. Ils vinrent se broyer dans la gare
de Courbessac contre le talus qui sépare à cet endroit la ligne du chemin
de fer de la route d'Avignon.
II y eut malheureusement à déplorer la mort de
deux personnes. Les dégâts matériels étaient considérables. Le bruit se
répandit vite en ville de l'accident et toute la population se rendit sur le
lieu du sinistre.
(1) Depuis 1880, bien que la première compagnie créatrice ait
disparu, le service des Tramways n'a pas cessé un seul instant de
fonctionner, quoique dans une ville voisine, Montpellier, ils aient été
obligés d'abandonner l'exploitation.
Adolphe Pieyre, 1887
-oOo-
Jusqu’à la fin du XIX° siècle, les tramways seront à
traction à chevaux. Ils parcouraient 6 km 544, en 1898, la longueur totale sera
portée à 12 km 754 grâce à la traction électrique et à partir de 1910 elle
passera à 19 km 370.
La ligne A, avait son point de départ à la gare des voyageurs, elle passait
par le square de la Couronne, porte Auguste, (boulevard Gambetta) marché
Saint-Charles, place d'Assas, bd Victor Hugo, Arènes, préfecture et retour gare.
La ligne B, Camargue, Pont de Justice, en passant par bd
Jean-Jaurès, hôpital Ruffi (chambre de commerce), square de la
Couronne et hôtel des postes (correspondance ligne A), route
d'Avignon, cimetière, Pont de Justice.
Ligne C, Chalet, place d'Assas, Castanet, en passant par les Trois Ponts,
caserne d'artillerie, place des Carmes (correspondance ligne A), Grand
Temple, rue Curaterie, les halles, tour de l'horloge, square d'Assas, quai et
jardin de la Fontaine, cimetière protestant, (route de Sauve) trois piliers
et restaurant Castanet. Sur cette ligne était ajoutée le dimanche une voiture
supplémentaire pour les mazetiers et les promeneurs qui allaient pique-niquer
dans les olivettes du Mas des Gardies.
La fréquentation de ces tramways était à cette époque très
importante. Ainsi pour l'année 1911 le nombre de voyageurs fut de 3.263.093.
-oOo-
Centrale électrique des Tramways, au 25 rue des Marronniers, rue Docteur-Calmette; 8
rue de Quatrefages.
Centrale électrique mise en service en 1899 par la
S.A. des tramways de Nîmes à Lyon absorbée vers 1910 par la Cie
générale des tramways électriques (S.A.) ; à partir de 1926 le site ne
sert plus que de dépôt des tramways et atelier d'entretien ; actuellement (1989),
une partie des bâtiments abrite un centre de loisirs d'électricité de France.
- Description : Bâtiment de la centrale conservé mais vide, murs en
moellons calcaires enduits, tuiles mécaniques et lanterneau en verre ; les
autres bâtiments sont de simples hangars sauf la conciergerie, la seule à
posséder une charpente en bois
-
- Extrait de base de données Mérimée - Ministère de la Culture et de la Communication -
direction de l'Architecture et du Patrimoine.
-
-oOo- .-
Electrobus
de la ligne B
- .
- En 1920 sera mis en service deux lignes de bus à
traction électrique, qui desservaient toutes les deux
le Pont du Gard, la ligne A (22,200 km) passait par Marguerittes,
St Gervasy, Bezouce,
St Bonnet et Lafoux et la ligne B (33,750 km)
par Manduel, Redessan, Jonquières,
Comps, Montfrin et Lafoux.
- Dix
autobus desservaient ces lignes, ils offraient
27 places assises, la vitesse moyenne commerciale
était de 30 km à l'heure, Deux moteurs de 20cv alimentés
par du courant continu de 500/600 volts fournissaient
la force motrice. Les roues étaient munies de bandages
(160mmm de large et 1030 de diamètre), les roues
motrices arrières étant jumelées. Trois systèmes
de freinage assuraient la sécurité, un mécanique,
un électrique et un pneumatique Westinghouse. Des
remorques de marchandises avec 4 tonnes de charge
utile pouvaient être attelées à la demande.
-
Extraits
de Nîmes au XIXe siècle
- En 1851, un
service de transport urbain est mis en place avec la création
des voitures de place. Un règlement en la matière fut adopté
le 1er mars, qui concéda à un entrepreneur douze numéros de
Citadines. Des emplacements de stations et les conditions
d'exploitations furent fixés pour une durée de neuf années.
-
-
- Premier
Tramways à traction hippomobile - Photo ancienne, Musée
du Vieux Nîmes.
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- - Le 28 juillet 1880, les premières lignes de
Tramways étaient livrées au public. Ces lignes comprenaient en premier lieu :
L'avenue Feuchères et le pourtour des boulevards en passant du côté ouest et du
côté est de l'Esplanade, en second lieu une ligne partant de l'octroi du chemin
de Montpellier et aboutissant en face du quartier d'artillerie. A traction hippomobile
à ses débuts, avec 6,544km de long, il atteint près de 12,754
km en 1899, les chevaux avaient alors cédé la place à l'électricité.
A partir de 1910 il passera à 19 km 370.
- Premier
Tramways à traction hippomobile - Photo ancienne, collection Gérard Taillefer.
En 1899, mise en service
de la centrale électrique des Tramways par la S.A. des tramways de Nîmes à Lyon absorbée vers
1910 par la Cie générale des tramways électriques ; à partir de
1926 le site ne sert plus que de dépôt des tramways et atelier
d'entretien. Elle était située, rue des Marronniers, rue
Docteur-Calmette et rue de Quatrefages. C'est en 1947 que le remplacement
des Tramways par des trolleybus ou autobus fut envisagé. En
final le choix se porta sur les autobus pour des raisons financières. Dès octobre 1949, cinq premiers
autobus furent mis en service sur la ligne " Fontaine-Justice
" dont des prolongements permettaient la desserte des hameaux
de St Césaire et de Courbessac. En octobre 1950 quatre autobus supplémentaires
permirent d'équiper la ligne du chalet et de créer un circuit
passant par la rue Bonfa qui remplaçait la ligne de la Croix
de fer. En juillet 1951, sept nouveaux autobus
faisaient disparaître les derniers Tramways existants.
-
- Le Tramways, place de la Comédie
avec PUB brandade Raymond - Carte
Postale Ancienne - Collection privée.
-
- -oOo-
-
- EXTRAIT
DU MONITEUR MUNICIPAL, 1959
- Régie
Municipale des Tramways de Nîmes
- Le
service de tansport en Commun
- Sa
modernisation – Ses conséquences.
-
-
- Au
lendemain de la Libération, la
situation des Transports en Commun de la Ville de Nîmes
ne répondait plus aux besoins d'une Cité dont la
vitalité, un moment étouffée ne demandait qu'à
se manifester avec un dynamisme accru.
-
Les
Trarmways, suivis de leurs remorques bringue-ballantes avaient rendu
de grands services pendant et immédiatement après la
guerre ; ils n'en étaient pas moins devenus indésirables
sur nos voies publiques. D'une part, leur encombrement au milieu de
la chaussée occasionnait, à chaque arrêt, un
bouchon pour la circulation. L'emplacement des rails rendait
difficile l'entretien des voies empruutées, des problèmes
insolubles se posaient. pour réaliser les travaux importants
de voirie rendus indispensables pour l'assainissement de la Ville.
D'autre
part, une question financière était soulevée par
le renouvellement des installations fixes, voies et lignes aériennes,
et des véhicules qui n'avaient put être entretenus
normalement. par suite du contingentement des matières
premières. Il en résultait un état de vétusté,
un état d'usure, qui rendait incompatible l'exploitation du
Réseau avec la sécurité nécessaire à
la bonne marche d'un Service Public. - .
Le Tramways de Nîmes en 1948. (cliquer sur l'image pour agrandir) - .
Le
remplacement des Tramways fut décidé en 1947 et après
une hésitation sur le choix du nouveau mode de transport à
adopter : trolleybus ou autobus, des raisons financières liée;
à un point de vue d'esthétique, firent. adopter les
autobus. Dès
Octobre 1949, cinq premiers autobus furent mis en service sur la
ligne « Fontaine-Justice » dont des prolongements
permettaient la desserte des hameaux de Saint-Césaire et de
Courbessac. En
Octobre 1950, quatre autobus supplémentaires permirent
d'équiper la ligne du Chalet et de créer un circuit
passant par la rue Bonfa qui remplaçait la ligne de la Croix
de Fer. En
Juillet 1951, sept nouveaux autobus faisaient disparaître les
derniers Tramways existants. Les fameuses lignes de chalet Castanet
et de l'antique Tour de Ville - coté droit et côté.
gauche - faisaient place aux lignes « Gare-Chalet »
et « Gare-Castanet ». Ainsi
les autobus, en desservant les Grands Boulevards où ils
apportent une vie nouvelle, mettaient la Gare à 18 minutes des
Terminus extrêmes. Puis
le quartier de la Route d'Arles était rattaché à
celui de Bonfa par une ligne circulaire. En
1952, la ligne du Chalet était prolongée jusqu'à
Calvas, la Route d'Alès se trouvait également
desservie. En
1956, un essai fut tenté pour desservir les nouveaux quartiers
de Beausoleil et de Capouchiné. L'utilisation de ce service
par le Public ayant été pratiquement nul et les
résultats financiers s'étant révélés
décevant, cet essai fut stoppé. Le quartier de
Capouchiné fut desservi par un détournement de la ligne
de Saint-Césaire. Le
prolongement de la ligne de Calvas-Gare s'effectue alternatiivement
vers le quartier de Beausoleil et vers le quartier de la Route de
Générac. Toutes
les lignes du Réseau de Transport se croisent ou aboutissent
devant la Gare et permettent par des correspondances judicieuses de
se rendre d'un point quelconque de la Ville à un autre avec un
maximum de rapidité. Pour
réaliser le service actuel, cinq autobus supplernenlaires
furent acquis en 1956. Le
renouvellement des cars achetés en 1949 et 1950 a nécessité
l'achat de cinq cars de remplacement en 1957 et de cinq autres cars
en 1959. La
Régie Municipale des Transports en Commun qui assure
l'exploitation du Réseau sous le Contrôle d'un Conseil
d'exploitation avec le concours des assemblées municipales.
dispose d'un parc de 24 véhicules dont 9 ont plus de huit ans
d'âge et effectué chacun plus, de 350000
kilomètres. Tous
les jours. 16 véhicules parcourent un total de 2500 km à
la moyenne de 16 km à !'heure dans les rues encombrées
de notre ville. Chaque équipe de chauffeur et de receveur
effectue un trajet journalier de 120 km en s'arrêtant tous les
trois cent mètres environ, Chaque fois : arrêt.
démarrage, fonctionnement des frein, des embrayages, des
portes. Le matériel doit être robuste et bien entretenu
pour permettre la régularité du Service Public à
assurer. Le Personnel doit être attentif au milieu d'une
circulation tous les jours difficile.
A
l'époque des Tramways la longueur des lignes desservies
était de 17 kilomètres. aujourd'hui cette longueur a
été portée à 43 km.
L'examen
des modifications successives apportées au tracé des
lignes de Transport. montre le travail progressif d'adaptation
continuelle auquel le Service de Transport doit faire face. Ce
service, continuellement à la disposition du Public,
doit suivre attentivement l'évolution de la Ville qu'il
dessert. Nimes,
autrefois resserrée par la ceinture verdoyante du boulevard du
Tour de Ville, a pratiquement éclaté à la
recherche d'air et de lumière. De nouveaux points d'attraction
rendent nécessaires les déplacements des habitants vers
les centres administratifs, les écoles, le centre,
hospitalier. Des quartiers nouveaux périphériques ont
vu le jour qui demandent des moyens de transport vers le Centre
commerçant. Demain
de nouveaux centres se créeront, appelés par les
industries nouvelles qui s'implantent dans notre région
nîmoise. - Le
Service de transport en Commun devra toujours
répondre a l'appel des habitants, sans défaillance et
avec régularité. Ce
Service est aussi nécessaire à la vie moderne de ta
Cité que le Gaz, l'Electricité, l'Eau. Utilisé
toujours par davantage de personnes, il contribue à faciliter
une circulation qui va en s'intensifiant. Ses clients sont
transportés en toute sécurité a une vitesse
égale à celle des voitures de tourisme. Avec 16
Véhicules, plus de 10.000 personnes sont transportées
par jour ce qui équivaudrait à une circulation moyenne
de 5.000 voitures particulières. Quel embouteillage dans les
rues si le Service de Transport en Commun n'existait pas.
- Son
utilité. en est donc incontestable et il est également
compréhensible que s'adressant à la majorité
d'une population laborieuse. les tarifs de transport en vigueur ne
lui permettent pas de réaliser l'équilibre financier
désirable.
Aux
heures de pointe, c'est à dire à la rentrée ou à
la sortie des classes, des bureaux, des magasins, des usines, les
cars débordent de voyageurs et leur capacité parait
insuffisante. Les jours de pluie, il faudrait mettre en service
plusieurs cars ensemble. Aux heures creuses de la journée, par
contre. ]es mêmes cars paraissent circuler a vide bien que leur
fréquence de passage soit diminuée. Il
serait souhaitable qu'à l'instar ce certaines villes, un
décalage d'horaire soit établi entre les diverses
activités des habitants de la ville de Nîmes. afin de
permettre une répartition plus particulière des
voyageurs se rendant ou revenant de leur travail. Il en résulterait
un meilleur coefficient d'exploitation du Réseau
de Transport, une réduction des dépenses improductives
et, en définitive, une diminution des charges de la Ville. H.
BOUTROIS. Directeur de la Régie Municipale des Tramways, 1959.
-
- La place des Carmes au début du XXe siècle.
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