VI
St Louis | Philippe le Bel |
C'est
en 1229 que Raymond VII fit cession à la France de tous les domaines
du comté de Toulouse, situés sur la rive droite du Rhône.
Alors l'abbé de Saint André profita des circonstances pour
terminer la dispute. Il recourut à l'arbitrage de Pierre de
Alhies, sénéchal pour le roi de Beaucaire et de Nîmes.
Pierre
de Alhies, ayant examiné mûrement l'affaire, la termina par
sentence du 28 février 1238. Les limites des terres appartenant au
monastère furent reconnues et fixées définitivement, telles que
les religieux les avaient toujours réclamées. Quant au droit
de pêche, il fut statué d'une part, que les habitants du village
pourraient prendre du poisson dans la partie de leurs eaux possédées
par Saint-André, mais à la condition que les Bénédictins
jouiraient trois fois l'an, pendant le carême, de la levée entière
des filets, aux jours de leur choix, et à trois différentes
semaines. D'autre part, les moines furent autorisés à avoir
perpétuellement une barque et à pêcher dans tout l'étang de
Rochefort, et de plus, quand il se desséchait, à faire paître
leurs troupeaux dans leurs terres, jusqu'aux limites assignées à
l'abbaye.
Saint
Louis était devenu le seigneur du pays, à la place des comtes de
Toulouse ; dès lors, le village de Rochefort eut ses lieutenants et
ses notaires royaux. D'un autre côté, l'histoire nous montre le
saint roi, pendant tout son règne dans le Midi, appliqué à
pacifier l'Église, à éteindre les restes de l'hérésie, à
réparer les désastres causés par elle, et à faire refleurir
partout la religion et ses saintes pratiques. Il donna
personnellement à nos populations les plus beaux exemples de
piété, lorsqu'il descendit pour les deux croisades dont il
prit la direction. De plus, par la création du port d'Aigues-Mortes,
il attira des milliers de pieux croisés venus du nord et de l'est de
la France.
Ce
port d'Aigues-Mortes, Philippe le Bel, petit-fils de saint Louis,
voulut l'agrandir. Or, la baronnie de Lunel s'étendait jusqu'à la
mer, et touchait aux murailles d'Aigues-Mortes. Le roi de France
proposa donc au baron de Lunel de lui céder ses possessions, offrant
d'autres terres en échange. La proposition fut acceptée, et le
seigneur de Lunel reçut en compensation la baronnie de
Rochefort, créée à cette occasion, avec plusieurs villages et
châteaux en dépendant. Le contrat fut passé, en 1295, par
l'intermédiaire du sénéchal de Beaucaire.
Le
baron de Lunel, au nom de qui cet acte fut signé, était un jeune,
seigneur de vingt ans, non moins remarquable par sa sainteté
que par sa naissance. Ii convient de le présenter aux pèlerins
de Rochefort comme l'un de leurs plus illustres devanciers et de
leurs plus beaux modèles. C'est saint Gérard de Lunel.
-oOo-