par Georges Rivals, 1937

 

PSALMODI ou PSALMODY, comme l'historien Georges Rivals qui a effectué des recherches sur cette prestigieuse Abbaye, nous avons opté pour PSALMODI.

Ce dernier avec sérieux ayant étudié avec rigueur et méthode son étymologie.

En nous donnant ses sources, il appui de façon formelle et irréfutable son argumentation.

Le Webmaster.

 

CHAPITRE PREMIER

 

L'Aurore de Psalmodi

Du Ve Siècle à l'an 1404

 

« Tout atteste au Ve siècle la décadence des écoles civiles. Les beaux esprits contemporains la déplorent à chaque page, disant que les jeunes gens n'étudient plus, que les professeurs n'ont plus d'élèves, que la science languit et se perd... »

 

Les classes supérieures sont en pleine dissolution. Les écoles tombent avec elles ; les institutions païennes subsistent encore mais vides : l'âme a quitté le corps. Ainsi s'exprime Guizot.

 

L’aspect de la société chrétienne est bien différent. La Gaule était au Ve siècle sous l'influence de trois chefs spirituels dont aucun ne l'habitait : saint Jérôme à Bethléem, saint Augustin à Hippone et saint Paulin à Noie.. Ce dernier seul était gaulois d'origine. Ils gouvernaient véritablement la chrétienté par leurs idées, par leurs solutions, par leurs conseils.

 

C'est de la première moitié du Ve siècle que date la fondation de la plupart des grands monastères des provinces méridionales. Mais il y a une grande différence de caractère entre le monachisme gaulois et le monachisme oriental en Palestine ou en Egypte, le but des moines est l'isolement et la contemplation. Ils veulent se livrer seuls aux élans de leur foi et aux rigueurs de leur conscience. Ils aboutissent dans cette voie à l’outrance de Siméon-le-Stylite. Plus tard, il est vrai, d'anachorètes (solitaires) ils deviendront cénobites (vivant en commun).

 

En Occident, et malgré l'invitation de l'Orient, les monastères ont commencé par la vie commune, avec le besoin non de s'isoler mais de se réunie. La société civile en proie à de multiples désordres se dissolvait de toutes parts ; les barbares portaient en croupe de leurs chevaux fumants la « barbarie ».

 

Quiconque voulut discuter, méditer et travailler à un ouvrage de l'esprit suivi et solide n'eut d'autre possibilité que d'embrasser l'état monastique.

 

Les abbayes du Midi devinrent autant d'écoles philosophiques et théologiques où l'on agita, sous la forme du Libre arbitre, de la prédestination et de la grâce, des problèmes profonds encore actuels au XXe siècle et même des idées nouvelles, des hardiesses, d'éternelles hérésies.

 

Mieux donc que par les pieux et illustres fondateurs, dont Mgr Duchesne a entrepris la savante biographie critique, les monastère de S. Victor, de Marseille, de Psalmodi, de Saint-Gilles, de Franquevaux ont été voulus par le sens social, l'inquiétude de la pensée et la poursuite de Dieu.

 

Comme toute histoire de débuts légendaires, celle de Psalmodi renferme des éléments de vérité. Il semble, par exemple, qu'on peut admettre sans excès de témérité, et à en juger par le développement général de la région, que l’abbaye dut être fondée au début du Ve siècle. Un homme éminent, canonisé depuis par l'Eglise, Castor, évêque d'Apt, établissait à Nîmes en 419, le monastère de Saint-Faustin, qui ne devait avoir qu'une existence éphémère. Vraisemblablement, s’il n'y présida pas lui même, il encouragea au milieu des étangs solitaires, où plus tard s'élèverait Aigues-Mortes, l'érection de modestes cabanes de chaume.

 

L'esprit et la règle de cette fruste abbaye furent ceux de Johannès Cassianus (350-432), méridional et globe-trotter du monachisme, fondateur de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille. Car nous pensons, en dépit de l'opinion du savant Ménard, qu'il a dû exister un monastère de Psalmodi avant la période bénédictine. Rien ne sort de rien et l'on ne réforme que ce qui existait déjà. Or le péril d'anarchie spirituelle est dénoncé avec force par les conciles d’Agde (506) et d'Arles (558) et c'est sous l'influence du grand saint Benoît (480-543) ce riche fils du duché de Spolète qui fonda le monastère du Mont^Cassin, que la première Abbaye de Psalmodi se rangea. Mais la Réforme ou le passage du Cassianisme au Bénédictisme ne devint définitive qu'après le passage des Missi Dominici de Charlemagne, parmi lesquels se trouvait St Benoît d'Aniane (751-821). Ce Witiza, fils d'un comte de Maguelonne, ex-page, échanson et homme de guerre à la cour de Pépin-le-Bref, s'était brusquement converti en 774 et avait fondé au bord d'un petit ruisseau de Septimanie un groupe de trois cents frères, vivant de la règle du Mont-Cassin. Centre de rayonnement monastique, les religieux en sortent souvent pour prêcher et arrivent ainsi jusqu'à Psalmodi, au lendemain du pillage et de la destruction des cellules de chaume par les Sarrasins (720-725) et approximativement au moment de la donation de Jean, évêque de Sisteron (780) (1).

 

(1) Les deux premiers dons qui justifient, par documents, l'existence de l'abbaye sont :

a) la donation de l'Eglise de Ste-Marie de Baulis « cum baptisterio antiono » en 780. (Archives du Gard, H. 138)

b) le legs du prêtre Elderède, en 789, de l'Eglise Ste-Marie de Dassargues « adacianicis ». (Archives du Gard, H, 106, 147)

 

D'où vient le nom de Psalmodi ?

 

« On sçait seulement, dit Ménard, qu'elle existoit depuis quelques tems et qu'elle avoit été fondée sous l'invocation de l'apôtre Pierre. Il paroit qu'on lui donna le nom de PSALMODI parce que les moines y chantaient jour et nuit les louanges du Seigneur en se succédant les uns aux autres ; de sorte que cette psalmodie n'y cesssoit jamais. Cette manière de prier me fait soupçonner que le monastère fut habité par des religieux acœmètes qui pratiquaient cette psalmodie ».

 

Ce passage contient plusieurs inexactitudes.

 

D'abord, en 720 il y avait déjà non « quelques tems » mais près de deux siècles que le monastère existait.

 

Ensuite, il n'est pas démontré qu'il ait été placé, dès les débuts, sous le patronage de St Pierre. Le diplôme de Charles le Simple (909), qui fait a grands traits son histoire, dit : « ubi sunt ecclesiae, id est sanctae Mariae et sancti Pétri vel aliorum sanctorum. ». Cela se ressent davantage du culte des Saintes Femmes de l'Évangile, immémorial en Provence que de celui du fondateur de la Papauté. En tout cas, en 961, le testament de Raimon 1er, comte de Rouergue s'exprime de la sorte : « Sancti Juliani Psalmodio ». On est seulement en droit de penser que le patronage du Prince des Apôtres, exclusivement adopté et prépondérant dès le XIe siècle, était un moyen quasi-canonique de s'attirer les faveurs du Saint-Siège. Du moins, c'est ce qui parait des nombreuses bulles papales de l'abbaye, comme la suite de l'histoire le montrera.

Nous proposerions donc un processus triple : pour les Ve et VIle siècles, un groupe de rustiques cellules sur un îlot marécageux mises sous le vocable de Sancta Maria Psalmodiensis: pour les VIlle et IXe siècles, un Sanctus Julianus Psalmodio; et seulement à partir du Xe siècle un Sanctus Petrus Psalmodiensis.

 

Que penser de l'étymologie du nom de Psalmodi ? En premier lieu, que les modernes ont tort d'écrire : Psalmody. Cet i grec n'existe dans aucun document ancien et son intrusion n'est explicable que par une fausse lecture du génitif cartulaire (monasterii sancti Pétri insulae PSALMODIJ). Bulle de Paschal II à Foulque, abbé en 1115 (Arch. Gard H. 109). Du groupe i et j on a lu y.

 

Mais que dire du nom lui-même ?

 

Se fondant sur de vieilles traditions verbales. Mistral écrit : Saumodi. Le placet de demande de sécularisation de François Ier au pape Paul III (1537) dit : « Saint Maudi » et l'on pourra trouver que le notaire royal de « Laffare-sur-Oyze » était peu informé du contenu des listes hagiographiques. De pareilles erreurs sur des documents officiels font douter et c'est presque sans conviction que, refermant les dictionnaires et glossaires de dialectes bas languedociens, nous nous rallions à l'étymologie de Ménard. Les raisons tirées de la Laus perennis d'Alexandre de Syrie, fondateur des Acoemetes au VIlle siècle et du psalterium perpetuum de Grégoire de Tours ne nous convainquent pas tout à fait.

 

Il ne saurait être question, en tout cas, d'attribuer un instant aux moines de Psalmodi l'invention de la psalmodie, puisque Mgr. Duchesne, la fait venir d'Antioche, vers 350, et qu'elle était elle-même la fille de mélopées païennes.

 

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Quelle était la vie religieuse des moines de Sainte Marie et de St Julien de Psalmodi ?

 

Que d'anachronismes on peu: commettre en la matière !

 

Si le dogme était encore bien instable en de nombreux points définis de fide aujourd'hui, l'unification liturgique était loin d'être faite. Dans notre incompétence nous nous garderons de rien préciser. Ce qui reste assez clair c'est que la soif des souffrances, vestige humanisé du Baptême de Sang des martyrs, devait faire le fond de cette existence en commun. Il fallait expier ses péchés et ceux d'autrui. D'où la confession publique et les pénitences très rigoureuses allant jusqu'à la flagellation, au jeûne forcé, à la réclusion cellulaire…

 

L'alimentation (à propos de laquelle nous donnerons d'amples détails au cours de ce travail) devait être simple et plutôt végétarienne et fructivore. La boisson consistait sans doute en cette espèce de vin, moûts ou piquettes sucrés qui furent le lot des gens de l'Ancien Régime, comme nous l'explique le vicomte d'Avenel (1), avant les progrès de l'œnologie.

 

(1) G. d'Avenel, Les enseignements de l'Histoire des Prix, Payot, 1925 - page 141.

 

Les vêtements étaient fort simples, la tunique blanche, qui deviendra noire par la suite, était recouverte d'un scapulaire noir, habit ordinaire des serfs et des paysans ; au chœur, les moines portaient la « coule » (cucullus) ample capuchon que les mondains eux-mêmes adoptèrent jusqu'au XVe siècle. La nuit, les religieux couchaient vêtus et chaussés, non seulement par application de l’év. de St-Luc XII, 35, mais aussi par protestation contre la coutume courante dans le haut Moyen-Age de dormir sans vêtement.

 

Où habitaient-ils ?

Théodulfe (cité par Baunard (1) ), nous dit que Charlemagne, trouvant mauvais qu'une communauté si florissante fut logée sous du chaume, autorisa pour elle et pour d'autres l'emploi des ruines romaines de la région nîmoise. Geste archéologiquement malheureux mais combien symbolique.

 

(1) BAUNARD, Théodulfe, évêque d'Orléans (+ 821), p. 9. Abbé, puis évêque, a laissé des compositions entrées dans la liturgie catholique.

 

Le faux Diplôme de 791

 

L'empereur aurait fait davantage encore ; sur les conseils de Nimbridius archevêque de Narbonne, il aurait confié aux moines un de ses neveux, Théodomir, et en présents il aurait donné le monastère de S. Saturnin de Nozdels et la Tour Matafère.

 

Malheureusement le document sur lequel on appuie ces prérogatives, et qui porte la date de 791 est un faux fabriqué par les moines de Psalmodi à la fin du XIe ou au commencement du XIle siècle.

 

Le début et la terminaison ne résistent pas à l'examen au point de vue de la diplomatique. Nous possédons, en effet, un acte authentique de Charlemagne (1). Il est adressé au comte Trutmann :

« In nomine sanctae et individuae trinitatis. Amen. Karolus, divina ordinante clementia rex. »

 

(1) Et. Baluze, Capitularia regum Francorum, Paris, 1677, in-folio, I, col. 249-250.

 

Et voici la fin :

« Signum Karoli invictissimi, Hildebaldus archiepiscupus Coloniensis et Sacri Palatii capellanus recognovi. Data IV Kal. Octobris anno dominicae Incarnationis DCCLXXXIX. Indictione XII anno autem regni Domini Karoli XXI Actum in villa Trutmanni féliciter. Amen ».

 

Nous avons aussi un diplôme de Charles III le Simple adressé à l'abbé Regembaldus, abbé de Psalmodi en 909, pour lui confirmer des droits. Les termes introductifs et finaux évoquent tout à fait ceux de l'adresse au comte Trutmann.

 

Le faux diplôme, au contraire, qualifie Charlemagne (Carolus et non plus Karolus) de « rex Prancorum, imperater et patricius romanorum ». Ce document transcrit exactement dans le cartulaire de l'abbaye fut copié à la fin du XVII° siècle par Noël Loys (Arch. du Gard, H 106). Il a été pour la première fois révoqué en doute par Mabillon (De re diplomatica, 1681, liber VI, p. 615 N° 203).

 

Néanmoins le faux des moines de Psalmodi contient des éléments de la vérité : on peut accepter le nom du premier abbé CORBILIANUS (dont on a fait Corbilian ou Corbilien) homme adroit, restaurateur du monastère. Revenons aussi à la formule « in insula Psalmodi ». Les traditions les plus reculées font du couvent une « île ». Non seulement le pseudo diplôme de 791 (insulae Psalmodii) mais la donation du prêtre Elderède en 789. Or si le grammairien Festus fait parfois signifier au mot « insula », groupe isolé d'habitations, le terme garde jusque dans la basse latinité le sens général d'« île ». Tous les arguments des modernes doivent être soupesés en la double considération :

 

1° que les statuts de l’Abbaye de 1409, donnent au Père Aumônier la fonction de « transporter les visiteurs dans sa barque » (art. 33)

 

2° qu'aujourd'hui on accède à ce qui fut Psalmodi en toutes saisons à pied sec.

 

Nous n'entrerons pas dans le conflit qui a opposé sur ce point Jules Pagézy et Charles Lenthéric (1) encore que nous pensions qu'il y a six siècles des nappes d'eau pouvaient à la mauvaise saison rendre les bâtiments principaux, notamment la Porte d'entrée, inabordables. En se plaçant d'ailleurs à un autre point de vue, c'est bien parce que l'îlot de Psalmodi était isolé qu'il avait été choisi par des religieux soucieux de fuir le monde et ses appas aussi bien que de se prémunir contre des actes alors fréquents de brigandage.

 

(1) Jules PAGÉZY, Mémoire sur le Port d'Aigues-Mortes, Paris, Hachette, 1886, in-8°.

Ch. LENTHÉRIC, les villes mortes du Golfe du Lion, Paris, Plon, 5e édition, 1889, pages 351-363.

 

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Théodomir, fondateur de Psalmodi ?

 

Présenté comme neveu de Charlemagne

il pourrait bien être l’un de ses huit enfants naturels

 

Le faux diplôme de 791 fait allusion encore à un prétendu neveu de Charlemagne, le jeune Théodomir, sur l'existence duquel Em. di Pietro, le premier, a élevé quelques doutes ; c'est même ce qui l'a poussé à nier l'authenticité du document. Nous possédons des actes signés de ce Théodomir devenu abbé et datés de 821 et de 823 ; avons-nous aussi le droit de les déclarer falsifiés ? Nous accepterions, quant à nous, l'existence de ce personnage après lui avoir rendu toutefois sa véritable identité.

 

« Ce neveu » (nepotem nostrum), que cherchait à cacher le roi des Francs, pourrait bien être un des huit enfants naturels que les chroniqueurs lui reconnaissent (1). Cela rendrait raison de l'abondance des faveurs impériales sur l'abbaye et justifierait la dédicace des Commentant sur divers livres de la Bible que lui aurait fait l'espagnol Claude, évêque de Turin en 815, 821 et 823. Bien plus; une polémique bruyante à-propos du culte des images, entre ce Théodomir et ce Claude, est venue jusqu'à nous sous forme de fragment parmi les œuvres de Jonas évêque d'Orléans (2). A l’iconoclastie radicale de l'espagnol, très imbu de l'Ancien Testament, Théodomir, du parti de Jonas, condamnait baisements, génuflexions, encensements relatifs aux images et aux reliques, mais gardait à la place d'honneur le culte du crucifix.

 

Tout cela suffit bien à ne pas faire douter de l'existence d'un homme.

 

1) On objectera peut être que les enfants naturels étaient exclus de la cléricature par .suite d'irrégularité canonique, mais au IXe siècle le rigorisme du Concile de Trente ne jouait pas et l'Etat était intimement uni à l'Eglise.

Un argument meilleur pourrait être que le diplôme de Louis le Débonnaire (nov. 815) ne contient aucune allusion à la consanguinité impériale de Théodomir.

(2) JONAS Aurel liber primus contra claudium, tome XIV. Bibl. Patrist. Lyon, 1677, in Jaeger, Tome IV, p. 427 ss.

 

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A l'époque Carolingienne, effectivement, les dons affluent en faveur de notre abbaye.

 

C'est d'abord le prieuré de S. Jean de Nozet, au bord du Vidourle en face Galazanègues (le grand Gallargues) : le 24 mai 812 Dadila laisse à son épouse Ermengarde sa servante Prima, à ses fils quelques serfs et dans un geste chrétien il affranchit tous ses serviteurs « tanquam de ingenuis parentibus nati » et donne à Psalmodi les sanctuaires de S. Jean de Nozet et de S. Julien de Salinelles « Salignanello », plus, des terres au lieu de Parignargues « Petroniaco » (diocèse d'Uzès). Ces legs ne reçurent pleine exécution que quatre ans plus tard et Charlemagne était déjà mort (26 sept. 815) (1).

 

(1) Arch. du Gard; H, 112, 113, 115.

 

Diplome de Louis Le Pieux de 821 - Archives Départementales du Gard.

(cliquer sur l'image pour agrandir)

Soucieux de l'indépendance du couvent, Théodomir écrit à Louis le Débonnaire en 816 (778-840 - fils de Charlemagne, appelé aussi Louis Le Pieux), pour lui demander sa protection et reconnaissance du droit d'élection du père Abbé par les moines. Malgré l'évêque de Nimes, le 2 janvier satisfaction lui est donnée en 821 et il voit deux dons nouveaux enrichir la communauté : Magnaric offre l'église S. Thomas de Beauvoisin « de villa Tobana » et Pierre, assisté de sa femme Taugarde, celle de S. Jean de Corny (Hérault) (1).

 

(1) Arch. du Gard; H. 106.

 

A l'Assemblée d'Aix-la-Chapelle (juillet 818) (1) l'abbaye est classée parmi celles qui ne doivent fournir ni présents ni soldats (Hoec sunt qui née dona née militiam dare debent, sed solas orationes pro salute imperatoris vêt filiorum eius et stabilitate imperii).

 

(1) Cf MÉNARD, Histoire de la Ville de Nismes, I, Preuves, col. 2 (Archives du chapitre de Saint-Gilles).

 

Il ne suffisait pas d'acquérir il fallait encore conserver. Bernard, duc de Septimanie et comte de Barcelone, qui devait finir lâchement assassiné de la main même de Charles le Chauve durant une parodie de réconciliation dans l'abbaye de S. Sermin de Toulouse (844), s'empare d'une partie des terres. Plainte est aussitôt portée à l'empereur, par l'abbé Théobaldus et de Compiègne le 2e jour des calendes de juillet 851 viendra, un peu plus de six ans après, reconnaissance des possessions et privilèges dans les comtés de Nimes et de Maguelonne. Des droits de pêche et de pâturages y sont ajoutés.

 

Plus d'un demi-siècle de répit et de calme prospérité pour Psalmodi, seulement une catastrophe est imminente.

 

Vers 919 (1) Abdérame III, le fondateur de l'école de médecine de Cordoue, fonce sur le midi de la France. Raimon II, comte de Toulouse lui donne la chasse. Les Sarrasins tombent sur les cent quarante religieux du monastère qui fuient à Cornillac. Ce qui laisse supposer que l'envahisseur venait par le littoral ou par la mer. Depuis la première irruption musulmane (720-725), les moines avaient entretenu et desservi plusieurs prieurés et chapellenies dans cette portion de territoire située entre Marsillargues et Lunel, qui leur servaient occasionnellement de lieu de refuge : S. Julien de Cornillac en particulier était en forme de forteresse à la façon de la Tour Carbonière. Il ne semble pas, d'autre part, que les propagandistes de l'Islam aient anéanti les murailles, comme nous ignorons aussi s'il y eût indésirable visite des Hongres de Scythie et de leur chef, Saler, venus ravager la Septimanie vers 925.

 

(1) GERMAIN (Histoire de l'Eglise de Nismes, I, p. 118) donne pour date l'année 908.

 

Mais le ciel se rasséréna et ces mauvais souvenirs ne furent bientôt plus qu'occasion de pluies bienfaisantes sur l'abbaye.

 

Le 29 août 993, Guillaume III, futur comte de Toulouse et son épouse, Adalaiz, donnent l'église de S. Corne et de S. Damien de Candillargues. Le 4 décembre suivant, Reynoard lègue l'église de S. Bonnet (sancti Boniti) et celle « du lieu de Nempte, sauf une maison » (1).

 

(1) En 997, vente par le comte de Toulouse Guillaume III du quart de tènement de St Julien et du droit de justice en la dite ville (Arch. du Gard, H, 142).

 

En 1004, Amic et Belletrude apportent l'église de Valjouine (de valle amata dioc. d'Aix). Dans la même année l'abbé Warnerius (Garnier ?) est chargé par une assemblée épiscopale (Frothaire 1er, de Nîmes; Aribaldus, d'Uzès) de rétablir, reconstruire et réformer Psalmodi. Guillaume III, Adélaïde, comtesse de Provence et leur fils Pons apportent leur appui moral et leurs dons (1).

 

(1) En 1003, un certain Flavard donne une maison et un champ situés à Cornillac (Arch. du Gard, II, 106).

 

 

En 1005, l'abbaye reçoit d'Ariman et de sa femme Folcoare le prieuré de S. Asiscle de Mudaisons (de Mutationibus) au diocèse de Maguelonne,

 

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Ici s'achèvent les antécédents de Psalmodi ; désormais nous pourrons suivre avec plus de certitude la trame de son existence. Nous avons parlé d'une aurore, c'est bien d'une aurore qu'il s'agit. Des épaisses ténèbres de la décadence romaine surgissent, comme autant de lueurs, les pieuses hottes de solitaires, mais encore les lourdes nuées des brigandages sarrasins et des empiétements des grands féodaux flottent dans le matin frais de cette histoire. Midi viendra par le secours de plus en plus continué des rois francs et des papes. Avec midi ne se glissera-t-il pas aussi le démon de midi, dont parla S. Paul, ennemi intérieur plus redoutable que tous ceux du dehors ?

 

En attendant, remarquons que Psalmodi date des débuts du Ve siècle (donation de Jean, de Sisteron, 780 ; date de renouveau véritable) alors que Franquevaux ne sera fondé par le comte Pons-Guillaume qu'en 1143 et que l'abbaye de Saint-Gilles, dont la première charte est de 1096, ne remonte pas au delà de la fin du VIlle siècle.

 

Notre monastère est donc l'aîné avec mille quatre-vingt sept ans (450-1537) environ d'existence effective.

 

à suivre…

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> Chapitre Premier : L’Aurore de Psalmodi (du Ve Siècle à 1004)

            D’où vient le nom de psalmodi

            Le faux diplôme de 791

> Chapitre Second : L’Apogée de Psalmodi (de 1004 à 1472)

            Le territoire de Psalmodie

> Chapitre Second :(suite)

            La vie Monastique

            Les Abbés et l’indépendance de Psalmodi

            Liste des Abbés de Psalmodi de 791 à 1482

> Chapitre Troisième : Le crépuscule de Psalmodi

            La Commende (de 1482 à 1537)

            La sécularisation (de 1537 à 1782)

            Conclusion.

 

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