La Place des Carmes 1/9

Construction du Château des Carmes en 1391

Par Léon Ménard,

  extrait de l'Histoire de la ville de Nîmes, 1760. 



Enluminure de Ferdinand Pertus, 1883-1948, collection Ville de Nîmes
.

 

Le roi Charles VI ordonne la construction d'un château à Nîmes.

 

Cependant les gens du conseil du roi préposés au gouvernement de Languedoc ne cessaient de s'occuper de leurs fonctions. De toutes les opérations que ces commissaires firent dans cette province, pour remédier aux entreprises des ennemis de l'état, il n'en est point de plus intéressante pour la ville de Nîmes que la construction d'un château qu'ils y entreprirent. Ce fut sur un ordre exprès du roi Charles VI qui, en passant à Nîmes l'année d'auparavant, avait jugé par lui-même que cette ville méritait par sa situation d'être soigneusement mise en défense.

 

Ce prince en donna la commission particulière à Pierre de Chevreuse. Celui-ci, après en avoir conféré avec le maréchal de Sancerre. Charles de Hengest, sénéchal de Beaucaire, et autres gens du conseil du roi, ordonna, étant à Carcassonne le 20 de juillet de cette année 1391 que ce château serait bâti près de la porte des Carmes, en certain lieu de cette ville, disent les lettres que ce commissaire donna sur ce sujet, appelé le sonal des Carmes, auquel sont deux grosses tours, accouplées de gros murs.

 

On commença donc à bâtir le château de Nîmes peu de temps après la date de ces lettres. On y travaillait du moins dès le milieu de l'année suivante, il fut construit en forme carrée et flanqué de quatre fortes tours, dont deux faisaient face à la ville et les autres deux à la campagne. Au milieu de l'édifice était une grande cour, avec un beau puits très-profond et solidement bâti, qui subsiste encore.

 

Il paraît que les oncles du roi Charles VI eurent quelque part à la construction de ce château, soit par l'autorité qu'ils avaient dans le conseil de ce prince, soit par l'attention qu'ils apportèrent peut-être à faire exécuter le projet de cette construction. Il nous en reste une preuve par les armoiries qui paraissent encore au-dessus de l'ancienne porte, placée entre les deux tours qui tournent vers la campagne. On y voit cinq écussons rangés sur une même ligne, dont le premier contient les armoiries du duc d'Anjou, le second celles du duc de Berri, le troisième qui est au milieu des cinq et qui est plus grand que les autres contient les armes de France, le quatrième celles du duc de Bourgogne, et le dernier celles du duc de Bourbon. On sait que ces quatre princes étaient oncles du roi Charles VI, les trois premiers par son père et le dernier par sa mère.

 

Observons au reste que le château de Nîmes fut construit sur les ruines d'un ancien monument des Romains, comme en font foi plusieurs quartiers de pierre qu'on a trouvés dans la suite parmi les démolitions de cet édifice, tous de la beauté et de la grosseur de ceux qu'on voit employés aux autres bâtiments qui restent à Nîmes de ces anciens peuples. Il parait encore que dans des temps plus récents on avait aussi bâti un château, presqu’au même endroit.

 

Qu'on se rappelle ici la bulle dont j'ai déjà eu occasion de donner le détail, qui fut accordée par le pape Adrien IV en 1156, en faveur d'Aldebert, évêque de Nîmes. Par cette bulle, le pape confirme à ce prélat et à ses successeurs le château appelé la porte d'Arles, castrum quod dicitur porta Arelatensis.

 

Or, comme c'était à peu près en cet endroit-là même, que fut autrefois placée la porte d'Arles, ainsi appelée parce qu'elle conduisait au chemin d'Arles on peut croire que le château de ce nom fut bâti en l'endroit qu'avait indiqué Pierre de Chevreuse pour y en construire un nouveau. Ses lettres le disent d'une manière qui ne parait pas équivoque, puisqu'elles en marquent l'emplacement là où étaient encore deux grosses tours accouplées de gros murs, ce qui ne pouvait convenir qu'à des restes d'un ancien château.

 

 Léon Ménard, 1760

 

Images et histoire de la Place des Carmes.

> I - Le Château de Nîmes, Léon Ménard, 1760

> II - La Porte Auguste, Adolphe Pieyre, 1886

> III - La Porte Auguste, Germer-Durand, 1874

> IV - La Porte Auguste, Albin Michel, 1876

> V - La Porte Auguste, Simon Durand, Henri Durand et Eugène Laval

> VI - La Porte Auguste, Adolphe Pieyre, 1887

> VII - L'église des Carmes en 1856, Adolphe Pieyre, 1887

> VIII - Saint Baudile en 1877, Adolphe Pieyre, 1887

> IX - Construction de la Caserne Montcalm 1695-1700

> X - Histoire de la Porte Auguste de la Révolution jusqu'à nos jours

 

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