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NÎMES, enceinte Augustéenne
Gendarmerie
de la Porte Auguste
Extrait de Nîmes au
XIXe siècle (Histoire de la Porte Auguste de la Révolution jusqu'à nos jours)
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La gendarmerie de la Porte Auguste, dessin
d'Auguste Dauzats (1804-1868)
Sous le point de vue historique, ce monument devait être
considéré comme le plus important de notre ville, car son inscription, devenue
le premier jalon certain de notre histoire locale, indique que les portes et
les murailles de Nîmes antique ont été terminées pendant la VIIIe, année de la
puissance tribunitienne d'Auguste, l'an 739 de Rome, 15 ans avant J.-C.
L'étude des itinéraires romains se rattache aussi à cet
édifice par le milliaire zéro, d'où l'on commençait à compter tous les autres
et dont la façade est encore décorée.
Pris et détruit par les
religionnaires, le Château royal en ruines fut, en 1635, donné aux Dominicains
qui l'englobèrent dans leur couvent, devenu depuis la Révolution, la
Gendarmerie départementale.
Gravure collection
Musée du Vieux Nîmes
En 1828, des
travaux de restauration furent entrepris à la gendarmerie située au niveau de
la Porte Auguste, c'est l'entrepreneur Louis Estève qui fut chargé des
réparations.
Vu l'importance
considérable de travaux à réaliser, il fut un moment question de la changer de
place, un projet de déplacement dans l'immeuble de l'hôtel du Louvre situé à la
Couronne fut envisagé mais il n'aboutira pas.
Extrait du cadastre de 1829
.
Tableau collection évêché de Nîmes.
En 1839, u n ensemble d'échoppes
situées entre la gendarmerie (sur la porte Auguste) et le Grand Temple,
sera démoli pour laisser place à un immeuble ayant au rez-de-chaussée dix
portiques.
Le Grand Temple sera
restauré en 1843, c'était au XVIIIe siècle l'église du couvent des frères
Prêcheurs.
Située sur le Boulevard , entourée de belles constructions
modernes, la porte Auguste servait encore en 1844 d'entrée aux écuries et au
grenier à foin de la gendarmerie royale.
Lors de fouilles réalisés
en 1848, on s'aperçu que le tuyau de gaz installé en 1838, traversait les
fouilles de la porte Auguste sur toute sa longueur. Le directeur de l'usine à
gaz est prié de déplacer sont tuyau dans le plus bref délai.
Nous avons déjà vu que
l'administration préfectorale et le Conseil municipal avaient décidé de
déblayer complètement ce monument antique qui, en 1848, était à moitié enfoncé
dans le sol. Auguste Pelet, mis à la tête de ces travaux, les conduisit assez
heureusement pour restituer à l'archéologie et à la science des données
jusque-là hypothétiques.
C'est M. Questel, architecte du Gouvernement, qui a dirigé
les fouilles de la Porte d'Auguste, et qui a eu l'idée d'y rassembler les
fragments et les pierres qui portaient des inscriptions éparses, soit à
l'ancienne maison Séguier, soit sur divers points de la ville. Depuis, M.
Auguste Pelet a émis le vœu d'y réunir principalement toutes les pierres
milliaires, sur lesquelles il a fait un travail spécial plein d'intérêt. Il
pense que cette petite colonne ionique qui nous a paru si bizarre, considérée
comme une simple décoration, était le milliare
passum primum de Nîmes, c'est-à-dire la pierre d'où l'on partait pour
compter les milles, qui s'appelait aussi Lapis
milliare et qui, dans ce cas, était le milliaire zéro et sans numéro. Cette
opinion est, du reste, justifiée par l'énumération des pierres retrouvées et
par celles dont on a pu constater l'existence. En 1849, un premier lot des pierres du cabinet de Séguier fut
acquis par la ville et disposé, par Pelet, dans la cour intérieure de la Porte
d'Arles (porte d'Auguste). Ces pierres y restèrent jusqu'en 1879.
Un rapport
du Préfet daté de 1849, nous fait quelques commentaires sur les travaux initiés
par Auguste Pelet et indique la suite à donner pour que la gendarmerie puisse
conserver un grenier à fourrage de taille suffisante : « Toujours animé du même
désir de contribuer à l'embellissement de la ville, par l'isolement de ses antiques
édifices romains , mon prédécesseur a obtenu de l'État des fonds pour déblayer la
Porte-d'Auguste et rétablir le sol antique. Ces travaux, désirés depuis longtemps
par les savants, se trouvent aujourd'hui fort avancés, et le résultat répond à l'attente
publique. Mais les dépendances de la caserne de gendarmerie ont eu à souffrir des
changements apportés à l'ancien état des lieux. Le grenier à fourrage, déjà
insuffisant, a été réduit à des proportions encore plus restreintes, à tel point,
qu'il est impossible de prolonger cette situation sans dommage notable pour le
service de la gendarmerie.
J'ai dû, en conséquence, inscrire, dans mes propositions
de budget, une allocation pour l'exhaussement du grenier à fourrage, de manière
à ce qu'il gagne, en hauteur, ce qu'il a perdu en surface. »
En 1855, on construisit l'Hôtel de
la Préfecture sur la nouvelle avenue (Feuchères) et au Sud la
Gendarmerie. La préfecture se trouvait dans la grand'rue, hôtel Rivet (actuellement
école des beaux arts), et la gendarmerie à la Porte d'Auguste. Gendarmerie & Préfecture après 1855 - Plan de Nîmes 1901, collection archives municipales
Feuchère est l'architecte
de la Préfecture, à ne pas confondre avec le baron de Feuchères qui a donné son
nom à l'avenue, il réalisa aussi l'église Ste Perpétue, l'hôtel du Luxembourg
et la restauration de la Manutention.
C'est seulement en
1855 que la gendarmerie déménagera pour s'installer à l'Ouest de la Préfecture. Dessin Porte Auguste, année 1862 - Extrait du Dictionnaire d'architecture, tome 4. Ernest Bosc, 1880. Collection Philippe Ritter
La porte Auguste et sa grille,
à droite aperçu de l'Isle-de-l'Orange. Collection MVN
En 1866, les
vieilles maisons de l'Isle-de-l'Orange, situées devant les Casernes, furent
démolies pour faire place à la nouvelle église Saint Baudile.
Ce projet avait fait
l'objet d'un concours en 1860, l'architecte nîmois Henry Espérandieu dont on
doit Notre Dame de la Garde à Marseille, sera écarté, « nul n'est
prophète en son pays », au profit de Mondet architecte de Bordeaux.
Aujourd'hui déblayée, (1868)
la Porte d’Arles a repris son nom véritable et le jour n'est pas éloigné où la
rue de l'Agau, continuée jusqu'au boulevard, viendra débarrasser ce monument
d'une partie des constructions qui l'enferment. Notre municipalité a, dit-on,
l'intention d'y créer un musée lapidaire, et nous croyons qu'il serait
difficile de lui donner une destination plus utile et plus opportune que
celle-là. Aussi applaudissons-nous de toutes nos forces à ce projet et en
désirons-nous le prompt accomplissement, dans l'intérêt de nos richesses
archéologiques.
Tout le côté nord de cet
immeuble sera amputé à l'ouverture de la rue Nationale en 1875. Un passage
commercial sera créé à cette occasion, par son propriétaire M. Guérin.
1872, le 30 décembre, le reste des bâtiments
qui constituaient la caserne de gendarmerie de la porte Auguste sera vendu à
Samuel Guérin, il restaurera ce bâtiment et construira le fameux passage qui
porte son nom.
Suite à la vente aux enchères publiques, de l'ancienne caserne de
gendarmerie et des magasins municipaux y attenant, une rue de huit mètres de
largeur, prolongement de la rue de l'Agau, allait s'ouvrir entre la place du
Château et la place des Carmes, isolant ainsi en partie les ruines de la
Porte-Auguste et l'amorce de la voie Domitienne.
La Porte Auguste avant l'ouverture de la rue de
l'Agau en 1875, collection Gérard Taillefer
M. Samuel Guérin qui au
prix de 155,639 francs (1) s'étant rendu acquéreur de cet emplacement, éleva un
fort bel immeuble traversé par un passage qui porte son nom. Ce quartier allait
par suite de cette heureuse transformation revêtir une physionomie nouvelle.
(1) Les terrains et
bâtiments aliénés occupent une superficie de 4,060 mètres et sont compris entre
le boulevard des Calquières (aujourd'hui Amiral Courbet), la place du Château,
le Grand Temple, la maison Vier et la nouvelle rue de l'Agau.
Ce personnage avait acquis en 1865 un
bâtiment prestigieux, le Château-Fadèse. M. Samuel Guérin possédait une
importante usine de lacets dans la rue St Mathieu.
Le Bazar
du passage Guérin, la rue de l'Agau (Nationale), la Porte Auguste
En
1889 la rue de l'Agau devient rue Nationale par décision du Conseil
Municipal, séance du 28 novembre 1889.
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LA STATUE DE L'EMPEREUR AUGUSTE
Toute une histoire !
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La statue d'Auguste, collection
Gérard Taillefer
AUGUSTE - Caius Julius Caesar Octavianus
Augustus, 27 av. J.-C. - 14 ap. J.-C.
NÎMES -
Origine de la statue de l'Empereur Auguste installée derrière la porte du
même nom.
Le 14
juillet 1933, M. le Commandant Émile Espérandieu (1857-1939) faisait parvenir
au Maire de Nîmes une lettre qui sera lue lors de la séance du Conseil
Municipal du 17 octobre 1933 :
« Il n’est pas de Nîmois cultivé qui ne sache
que Nîmes soit une colonie d’Auguste. Les armoiries ne sont qu’une allusion aux
victoires qui lui donnèrent le pouvoir. Il serait souhaitable que la ville
possédât une statue de ce souverain, qui rappellerait à ses habitants et aux
visiteurs son antique origine. En ce moment surtout, il semble bien que la
municipalité ne puisse la demander à un artiste de notre époque. Elle coûterait
fort cher et, sans doute pas bien loin de 100 000 francs. Mais une occasion
inespérée de présente, dont serait, peut-être possible de profiter. Il existe à
Rome, au Musée du Vatican, une statue authentique d’Auguste, qui est
universellement connue et qui passe pour un chef-d’œuvre de l’art sculptural.
Une fonderie de Naples, la Société LAGANA est autorisée à la reproduire et
possède, dans ce but un moulage de l’original qu’elle a fait exécuter pour la
décoration de la ville de Rome.
Elle consent à se servir gratuitement de ce
moulage pour la statue que la ville de Nîmes pourrait lui commander. Aucune
autorisation du gouvernement italien ne parait nécessaire. Il s’agit d’une
œuvre antique qui se trouve dans la Cité du Vatican. La fonderie s’engagerait à
nous la fournir avec tous les permis d’exportation, pour le prix de 11 350
livres, soit environ 17 500 francs. La statue aurait 2,04m de haut et serait de
bronze patiné, comme savent le faire les Italiens. Elle pèserait de 500 à 550
kilogs. La même statue, agrandie à 2,82m, coûterait 30 000 francs, mais il
ne semble pas utile de dépasser l’original de 2,04m.
Si le principe de cette statue était admis,
les Musées Archéologiques pourraient contribuer à la dépense, sur leur budget
annuel, pour une somme de 3000 frs environ. Au besoin, les droits d’entrée dans
les monuments fourniraient le surplus.
Il ne resterait alors à fixer l’emplacement
de la statue. Je suggèrerais à défaut de mieux, l’espace compris entre la Porte
d’Auguste et l’habitation du côté de la Ville. La statue aurait comme fond, les
cyprès qu’on a planté, il y a deux ans, contre cette habitation. Elle ne
causerait aucune gêne et serait parfaitement à sa place puisque la Porte est
une œuvre d’Auguste datée de l’an 16-15 avant notre ère… »
...la statue aurait comme fond, les
cyprès qu’on a planté il y a deux ans, contre cette habitation...
Après
lecture la Commission des Finances a estimé qu’il s’agissait d’une occasion
qu’il convenait de ne pas laisser échapper. M. Desmonteix, Conseiller Municipal
suggère de tapisser le mur de fond derrière la porte Auguste par un rideau de
lierre et M. Le Colonel Blanchard, ayant régulièrement son avis à donner dans les
discutions du Conseil, exprime sa différence avec cette phrase : « Je ne pense pas que la statue soit très bien
à sa place dans le trou de la Porte d’Auguste ! »
M. Le Maire
arrête cette discussion par ces mots, « l’emplacement sera établi ultérieurement. » Personne n’étant opposé
à ce projet le Conseil décide d’adopter l’achat de la statue. La ville Nîmes
passera commande de cette copie d'antique le 20 mai 1934 à Fiorence Pagliano,
administrateur de la société LAGANA à Naples, pour le prix de 17.500 francs.
Dans
la matinée du 11 novembre 1939, la Municipalité de Nîmes procèdera à l’érection
de la statue d’Auguste, fondateur de la « Colonia Nemausensis. »
À l’issu de cette cérémonie, M . Hubert Rouger, maire de Nîmes
remettra à chacune des personnalités qui y participaient, un « As »
de Nîmes, enclos dans un écrin aux couleurs de la Ville. Cet « As »
est la médaille qui fut frappée en l’honneur d’Auguste par la colonie nîmoise (Colonia
Nemausensis), trente-trois ans avant l’ère chrétienne, médaille qui devint bientôt
monnaie courante.
La statue de l'empereur Auguste d'après une
œuvre conservée au Musée du Vatican, sera posée sur un socle constitué de blocs
de pierre récupérés d'une des tours de la porte romaine.
Buste d'Emile Espérandieu réalisé en pierre de son
vivant en 1937 par le sculpteur André Méric.
Exposé dans le jardin du musée archéologique de
Nîmes.
Décédé le 14 mars 1939, le
commandant Émile Espérandieu n’assistera pas cette érection. N’en déplaise au
Colonel Blanchard, cette dernière sera installée à l’arrière de la Porte
Auguste juste devant les cyprès plantés en 1931, emplacement désigné par Émile
Espérandieu dans sa lettre datée du 14 juillet 1933. (voir biographie d’Émile Espérandieu)
Suite à un ordre de
réquisition, la statue doit être fondue. La population se mobilise.
Le 2 décembre 1941, la
statue fut frappée par l'ordre de réquisition des métaux non-ferreux et
démontée en février 1942. Suite à de fortes pressions de la population et de
nombreuses personnalités, le bronze ne prendra pas le chemin des fonderies, il
sera conservé en lieu sûr. Le 1er septembre 1942, un Comité
supérieur siégeant au Secrétariat Général des Beaux Arts dans une séance tenue
à la Préfecture décide, que la statue d’Auguste échappera à toute récupération.
Cet avis transmis par le Préfet au maire de Nîmes le 29 janvier 1943, mettra
fin à plusieurs mois d’incertitudes sur le devenir de la statue.
A ce jour, nous ne savons pas à quelle date la statue a été remise en place. Les recherches continuent !
Photocopie de l'avis préfectoral décidant de la
conservation de la statue.
> Version PDF imprimable
. | Images et histoire de la Place des Carmes.
> I - Le
Château de Nîmes, Léon Ménard, 1760
> II - La Porte Auguste, Adolphe Pieyre, 1886
> III - La Porte Auguste, Germer-Durand, 1874
> IV - La Porte Auguste, Albin Michel, 1876
> V - La Porte Auguste, Simon Durand, Henri Durand et
Eugène Laval
> VI - La Porte Auguste, Adolphe Pieyre, 1887
> VII - L'église des Carmes en 1856, Adolphe Pieyre,
1887
> VIII - Saint Baudile en 1877, Adolphe Pieyre,
1887 > IX - Construction de la Caserne Montcalm 1695-1700 > X - Histoire de la Porte Auguste de la Révolution jusqu'à nos jours
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