Les Théâtres à Nîmes de 1783 à 1830 par José Ferba, 1937
Le théâtre a toujours plu aux français car il amuse. Il oblige rarement à réfléchir et lorsque parfois il y invite c'est d'une manière rapide. Il contient beaucoup plus de mots et de traits d'esprit que de pensées profondes, il apparaît néanmoins comme une conversation supérieure. C'est un moyen de se distraire sans effort, l'auditeur étant plus passif encore que le lecteur. Enfin il offre souvent au public de quai satisfaire ses opinions et calmer ses haines, une sorte de revanche sur la vie, ou au contraire de quoi réveiller ses passions.
Le goût du théâtre a toujours été si vivace chez les français que, dans les périodes les plus troublées, pendant la Terreur par exemple, les théâtres de Paris étaient pleins tous les soirs. Et si le cinéma plait aujourd'hui à la masse, c'est dans la mesure où il reste théâtre, on le préfère même à ce dernier parce que les acteurs sont toujours bons, les scènes toujours parfaites, il leur suffit de l'être une fois.
L'emplacement du Théatre des arènes. Dessin GM, d'après une carte du XVIIIe d'Igolin
Le Théâtre place des Arènes. Ce n'est qu'en 1739, qu'une salle de spectacle (1) est construite à Nimes, par Lecointe sieur du Fesq. Elle est du reste peu digne de ce nom. Les loges ne sont pourvues que de banquettes, il n'y a point d'éclairage, seules les herses et la rampe sont munies de chandelles qu'un employé vient moucher l'entr’acte et les spectateurs désireux de lire pendant l'entr'acte sont tenus d'apporter leurs chandelles.
(1) Au XVIIe siècle il n'existait aucune salle de spectacle proprement dite à Nimes. Les troupes d'acteurs se contentaient de salles de manche et d'installations provisoires et volantes.
Plus tard on se sert d'un lustre garni de quinquets à l'huile, hissé au centre de la voûte au moyen d'une corde. Les places au dessous de ce lustre restent vides à cause du suintement de ces quinquets. C'est à ces places que le directeur logeait la claque, de là, le nom donné aux claqueurs de : « Chevaliers du lustre ».
Cette salle occupait un emplacement en face les Arènes, à peu près au centre de la place actuelle entre le monument et l'hôtel du Cheval blanc, emplacement qui appartenait à la famille Lecointe. On n'avait pas encore démoli les constructions parasites qui encombraient les Arènes au dedans et au dehors. La salle n'était pas adossée aux parements extérieurs de l'amphithéâtre, une ruelle l'en séparait, la ruelle de la Comédie.
Par délibération du Conseil ordinaire de la ville de Nimes, le 11 mars 1785, le privilège des spectacles de cette ville est octroyé à Fabre d'Eglantine pour la saison 1785-1786.
Fabre d'Eglantine (2) acteur en même temps que directeur donne toutes satisfactions aux nîmois. Un journal qui le juge comme acteur écrit ceci : « II met dans ses rôles une intelligence très fine, avec lui jamais un contre sens, jamais un faux vers (sic). Il se costume avec une précision qui prouve son goût et beaucoup de connaissance. Il coupe et fait lui-même ses habits de caractère et sa garde-robe est magnifique ».
(2) FABRE Philippe François Nazaire, dit : Fabre d'Eglantine, est né à Carcassonne en 1750 et mort à Paris sur l'échafaud en 1794. Homme politique, acteur, poète, il a écrit plusieurs comédies dont la plus célèbre est : « Le Philinte de Molière, ou la Suite du Mésanthrope », jouée à Paris en 1790. L'Académie des Jeux Floraux de Toulouse lui décerna l'Eglantine d'or, d'où l'appellation de Fabre d'Eglantine. Il est l'auteur de la chanson si connue : « II pleut, il pleut bergère ». La légende veut qu'il ait fredonné cette chansonnette pendant que le président du tribunal révolutionnaire interrogeait ses coaccusés : Danton, Camille, Desmoulin, etc... Il est aussi l'auteur du calendrier républicain.
Fabre d'Eglantine était alors le protégé du Lieutenant du roi, M. Ducaylar ; c'est grâce à la recommandation de ce dernier qu'il avait obtenu le privilège des spectacles. La saison terminée il partait pour Paris où il allait rencontrer Danton, Camille Desmoulin et, en leur compagnie, l'échafaud.
Il est certainement, le plus illustre des directeurs du théâtre de Nimes.
Dès ce moment, le choix des oeuvres représentées sur la scène de Nimes, témoigne d'une attention à plaire aux spectateurs ainsi que d'un goût qui ne persistera pas jusqu'à nos jours. Serait ce que le public était plus averti ? Nous ne le pensons pas. La majorité est toujours passive surtout en art, et toujours elle est entraînée par une minorité turbulente, mélange de connaisseurs et de snobs. Car, si le mot « snob » a fait son apparition un peu plus tard, sous la Restauration, je crois, l'état d'esprit qu'il caractérise existe depuis longtemps,
Avec les tragédies de Racine, de Corneille, de Voltaire, les comédies de Molière, de Beaumarchais, de Regnard, etc... avec les opéras de Gluck, de Pergolèse, de J.-J. Rousseau (dont le Devin du Village, tiendra l'affiche encore quelques années), étaient aussi donnés la plupart des opéras des compositeurs contemporains : Richard cœur de Lion, de Gretry joué pour la première fois à Paris en 1784, est donné à Nîmes deux ans après, Nina ou la Folle par amour, opéra de Dalayrac, l'un des plus grands succès de l'époque représenté à Paris pour la première fois en 1786, l’est à Nimes en 1787. Cette même année a lieu la première de l'Ecole des pères, comédie du nîmois Pieyre l'aîné (3.). Les chroniqueurs du temps disaient de cette comédie que toutes les autres pièces devraient lui ressembler pour que le théâtre soit véritablement l'école des bonnes mœurs.
(1) PIEYRE Pierre Alexandre, littérateur, né à Nîmes en 1752, mort a Paris en 1830. Le succès de sa comédie en vers « l'Ecole des pères » l’amena à Paris en 1787 où il écrivit « Les amis à l’épreuve, l’intrigue Anglaise et La Veuve Mère ». Il fut précepteur du duc de Chartres.
Citons encore Le droit du seigneur, opéra de Martini dont le nom est venu jusqu'à nous grâce à l'exquise romance « Plaisir d'amour ».
Emplacement du Théâtre des Casernes inauguré le 15 mai 1789. . Le Théâtre des Casernes. (1788-1797) En 1788 le sieur Boyer est autorisé à faire construire une autre salle plus spacieuse sur un emplacement qu'on peut situer aujourd'hui à l'angle nord-est de la rue du Château, à peu près dans l'axe de la rue Enclos-Rey.
La décoration en est confiée au peintre marseillais Jean-Marie Audibert qui s'engage à peindre neuf décors. De ces décors rien ne subsiste aujourd'hui. L'année suivante le théâtre est prêt et l'inauguration a lieu le Vendredi 15 Mai 1789, avec la pièce du nîmois Pieyre L'Ecole des pères. Le 19 juin on donne une première représentation du Comte d'Albert, opéra de Grétry. Nous sommes à trois semaines de la prise de la Bastille. Le jeudi 23 juillet on joue à Nîmes la tragédie de Voltaire Mérope, les journaux de l'époque indiquent que durant la représentation, après et pendant la nuit, se produisirent des manifestations qui prouvaient l'enthousiasme provoqué en province par les premiers événements de la Révolution.
Cette même année, le 3 septembre, le compositeur Dalayrac vient à Nimes pour assister à la première de l'une de ses œuvres : Les deux petits Savoyards, opéra-comique, en un acte.
Que devient le théâtre pendant la Révolution ? Nous n'avons pas trouvé les documents nous permettant de répondre à cette question. Nous savons seulement que dans la nuit du 29 au 30 décembre 1797 (9 au 10 nivôse an VI, le 30 décembre 1797) la salle des spectacles est la proie des flammes. L'incendie éclate après la sortie des spectateurs. Ce sinistre n'entraîna la mort de personne, mais la cause n'en est pas connue.
Pendant les premières années de la Révolution le théâtre jouissait de beaucoup de libertés ; les acteurs étaient en majorité royalistes, même en province on les accusait d'être un foyer d'aristocratie. Au Théâtre Français à Paris, en juillet 1790, ils avaient refusé de jouer Charles IX, pièce de Marie-Joseph Chénier, et cela malgré l’intervention de Mirabeau auquel ils avaient répondu que « Charles IX » serait joué si le public l'exigeait, ce qu'il ne manqua pas de faire. Les troubles provoqués par cette représentation se prolongèrent hors du théâtre, Talma qui était républicain fut expulsé de la troupe, il fallut l'intervention de Bailly, maire de Paris, pour que Talma fût réintégré.
Ce n'est qu'en 1793 que la Convention prit le 2 août, un décret relatif à la représentation des pièces de théâtre : « Tout théâtre sur lequel seront représentées des pièces tendant à dépraver l'esprit et à réveiller la honteuse superstition de la royauté sera fermé, et les directeurs arrêtés et punis selon la rigueur des lois ».
Il est probable que, dans cette période, beaucoup de théâtres ont été fermés, même en province, car, c'est surtout au théâtre que se donnaient rendez-vous les passions politiques, ce qui provoquait des troubles.
D'autre part, la musique prend un caractère social ; on compose à l'usage du peuple des hymnes ; l'Hymne à l'égalité de Catel, le Chant du départ de Méhul, la Marseillaise, de Rouget de l'isle ; les compositeurs rêvent de chœurs formidables, et la musique n'y perd pas tout, elle gagne en puissance, par cette recherche de l’emploi des masses, ce qu'elle perd en finesse.
Le Grand Théâtre, face à la Maison Carrée. (1800-1952) Après l'incendie de la salle du théâtre au mois de décembre 1797, l'administration municipale, par un arrêté du 6 janvier 1798, accueille favorablement une demande d'emplacement à prendre sur les terrains des anciens Récollets pour la construction d'un nouveau théâtre, le théâtre actuel. L'emplacement devait comprendre 620 toises carrées (20 toises de largeur, 31 toises de longueur), il était recommandé de soigner sa façade à cause de son redoutable voisinage, ce nouvel édifice devant former un heureux pendant à la Maison Carrée.
Le 12 janvier 1798 (23 nivôse an VI) l'administration municipale procède à la répartition du produit d'une collecte qui a été faite en ville chez les citoyens amateurs de spectacles, au profit des artistes dépourvus de ressources. Le montant s'élève à 2583 livres, 19 sous, 6 deniers. Douze cents livres sont retenues pour la construction du nouveau théâtre, le solde est réparti entre les artistes par part égale sans distinction d'emploi et de traitement. Mais c'est seulement par un acte du 22 septembre 1798 (1er vendémiaire an VII) qu'il est demandé au sieur Meunier, architecte, de remettre sans délai un plan général du théâtre.
L'ouverture eut lieu le 3 février 1800 (14 pluviôse, an VIII). On y joua une pièce écrite par un nîmois M. Gaillard Novis. La salle n'étant pas encore terminée, la municipalité publia un arrêté le 2 février, informant le public qu'elle avait pris la précaution de faire constater la solidité de cette salle.
Les travaux durèrent six ans. Les peintures furent confiées à J.C. Protain (1) qui toucha 22.984 frs.
(5) PROTAIN Jean Constantin 1769-1837 peintre, architecte, membre de l'Institut du Caire, reçut la direction de l'atelier de décoration au Grand Opéra. Il fut blessé lors de l'assassinat de Kléber en voulant retenir le meurtrier.
D'après un inventaire du mobilier, fait le 10 novembre 1799, le théâtre ne possédait à cette date que : 4 fauteuils, 1 canapé, 2 tabourets, 2 armoires, 6 chaises de salon, 12 chaises de paille.
Les premiers décors peints par Protain étaient : un « palais », un « temple », et un « enfer ».
En 1803, le théâtre devait s'enrichir de deux nouveaux décors, un « désert », et un « fond d'orage ».
Le 24 février 1800 l'administration municipale avait publié un règlement de police et d'ordre public, où l'on va voir que la morale ne voulait pas perdre ses droits et que les spectateurs n'étaient pas aussi ordonnés et aussi respectueux qu^ils ne le sont aujourd'hui.
Il est dit dans ce règlement, entre autres choses : « que la représentation d'aucune pièce ne doit être permise si elle n'est avouée par la liberté et les mœurs, et que seules, doivent être applaudies avec transport, les pièces qui expriment des sentiments généreux, l'amour de la patrie, le respect pour les lois, et qui rendent le vice odieux ou qui tendent à corriger les ridicules ».
L'article 7 de ce règlement est ainsi conçu : « Dès que la toile sera levée, les citoyens demeureront découverts ; ils seront assis dans le parquet ou sur le devant des loges ; ils ne tourneront point le dos au public ni au théâtre (je suppose qu'il s'agit des citoyens occupant les loges, car je ne vois pas comment les autres pourraient regarder la scène sans tourner le dos au public). Il est fait défense à tous de porter dans la salle des enfants à la mamelle, de s'y servir de chaufferettes, d'y faire des ordures, de placer des clous dans le fond des loges ou ailleurs, de crier ou d'interrompre le spectacle d'aucune manière ».
L'article 8. ajoute : « II est défendu aux citoyens de jeter quoi que ce soit sur la scène, d'adresser la parole aux acteurs, d'exiger de ces derniers ou des musiciens qu'il soit chanté ou joué d'autres airs que ceux qui font partie de la pièce représentée, etc..»
Cette exigence nous paraîtrait aujourd'hui excessive.
Notons que les spectateurs du parterre étaient debout, ce qui facilitait les désordres.
Le spectacle commençait à 6 heures précises.
Une lettre du 15 mai 1805, adressée par le maire de Nîmes au préfet du Gard, donne les raisons pour lesquelles le théâtre n'est pas encore achevé D'après cette lettre le devis approximatif des frais de construction de la salle des spectacles portait la dépense de 170.000 frs, mais, la somme dépensée était déjà de 382.815 francs, indépendamment des 300.000 francs qu'il en avait coûté aux actionnaires pour entretenir la troupe. Pour parer aux dépenses prévues, il avait été décidé de former quarante actions de 5.000 frs chacune, ce qui devait produire une somme de 200.000 frs : or, sur quarante actions vingt-quatre seulement furent payées. De plus, les actionnaires avaient fait l'avance de 6.000 frs à un nommé Dugay pour lever une troupe, mais Dugay ne leva que le pied et disparut avec l'argent.
« Sans prétendre excuser les actionnaires, ajoute le maire, on peut dire qu'ils ont fait déjà beaucoup. La position dans laquelle se trouvent la moitié d'entre eux par les pertes qu'ils ont éprouvées dans leur commerce, les met dans l'impossibilité de faire la moindre dépense, et cette considération a forcé les autres actionnaires de laisser pour le moment le bâtiment incomplet, nonobstant leur intention de le terminer le plus tôt possible et l'intérêt qu'ils y auraient. Il est de toute utilité pour la ville que cet édifice ne reste pas éternellement inachevé mais, exiger des actionnaires qu'ils l'achèvent, serait, en ce moment, exiger une chose au dessus de leurs forces et de leurs moyens. S'il était possible de concilier F'intérêt général avec l'intérêt particulier par un juste tempérament, je pense que l'autorité devrait s'y prêter et qu'une conférence avec les actionnaires pourrait amener un résultat satisfaisant pour tout le monde ».
Les actionnaires n'étaient pas seuls dans les difficultés, une autre lettre du 4 Juin 1805, signale que les directeurs ne paient pas les artistes : « Les artistes travaillent depuis un mois et demi sans avoir rien touché de leur traitement. La direction ne peut, par l'insuffisance des recettes, payer seulement le quart des appointements du premier mois ».
Et l'insuffisance des recettes s'aggravait du fait que les artistes n'accordaient pas une importance exagérée à leur parole n; à leur contrat (peut-être parce qu'ils étaient mal payés).
Voici une autre lettre assez curieuse pour être citée, elle est adressée par :
Le Magistrat de sûreté, substitut du procureur général impérial près la Cour de justice criminelle des Bouches du Rhône, à Monsieur d'Alphonse, préfet du Gard :
Monsieur le Préfet, Les actionnaires du théâtre français de Marseille, m'ont porté une plainte contre la dame Kubly et contre Mademoiselle Le Monnier, actrices, qui, au mépris de l'engagement qu'elles ont contracté d'être rendues, au 1er vendémiaire courant, pour remplir leurs rôles, au théâtre français à Marseille restent à Nimes et trompent ainsi les diverses personnes qui n'ont pris des abonnements que sur la foi des sus dits engagements. Je considère la conduite de ces deux actrices comme une véritable escroquerie faite au public de Marseille, et un abus de confiance punissable commis envers les actionnaires et le directeur du théâtre de Marseille pour lequel elles se sont engagées. Il me serait infiniment agréable d'apprendre que ces deux actrices se sont rendues à leur poste et qu'il n'y a plus aucune poursuite à diriger contre elles ; tout comme il me sera très pénible d'entretenir le gouvernement d'une affaire pareille s'il n'y a pas possibilité de les amener à leur devoir.
D'autre part, les théâtres de Nimes et de Montpellier étaient sous la même direction, et les directeurs favorisaient quelquefois (sans doute pour des raisons pécuniaires) l'une ou l'autre de ces deux villes, ainsi que cela ressort d'une lettre adressée par le préfet du Gard au maire de la ville de Nimes :
Citoyen Maire, Plusieurs plaintes m'ont été portées sur l'inexactitude du directeur des spectacles à remplir ses engagements envers le, public, et ces plaintes sont fondées. Il y a déjà longtemps que l'opéra et le ballet doivent être à Nimes et il ne parait pas que le directeur se dispose à effectuer ce changement. L'arrivée du citoyen Vestrix et de Mademoiselle Chameroy à Montpellier est un motif qui peut autoriser le séjour que le ballet fait dans cette ville, mais qui ne doit pas empêcher l'opéra de venir à Nimes. Je vous invite citoyen Maire à exiger du directeur qu'il satisfasse à cet égard aux vœux du public. C'est une justice qui lui est due. Je vous salue.
Vers la fin de l'année 1805, le sieur Meunier, architecte, re-mettait entre les mains du maire de Nimes, les devis de tous les travaux restant à faire pour l'achèvement de la nouvelle salle de spectacles ; soit : la façade principale ornée de son péristyle et du pavillon parallèle à celui du café ; l’aile des bâtiments au nord. depuis le pavillon jusqu'à l'angle du couchant, et distribués en logement d'habitation ; l'aile du midi de la salle, distribuée elle aussi en logements, deux bâtiments à droite et à gauche du magasin de décoration, et la partie en surhaussement au dessus du café.
D'après les documents de cette époque, cet architecte fut au dessous de sa tâche, du moins en ce qui concerne la construction de ce théâtre. Des erreurs commises par lui avaient donné lieu à des démolitions et reconstructions. Le préfet du Gard, dans un rapport du 10 janvier 1806, le jugeait sévèrement et estimait que les actionnaires étaient des victimes de l'ignorance et de l'impéritie de ce dessinateur.
Cependant un document de 1807 le réhabilite. II est vrai que le sieur Meunier venait de mourir à Nimes, le 9 novembre de cette année. « Né à Paris en 1765, dit ce document, fils d'une honnête famille, élève de M. de Vailly, il fit les plans de plusieurs monuments de Paris, fut chargé de la conservation des monuments du Midi. Architecte de la ville de Nimes ou il eut des ennemis qui lui firent perdre sa place, Antoine Meunier a laissé dans tous les genres des modèles à suivre, et comme dessinateur des dessins peut-être inimitables ».
Une lettre du Préfet, du 16 juin 1806, indique que le di recteur doit donner chaque année pendant le carnaval huit bals masqués. Cette même lettre nous renseigne sur d'autres points, ainsi nous apprenons que le nombre des spectateurs était à cette époque de deux cents par jour, en moyenne, sans compter les abonnés ; que la troupe lyrique se composait de trente à trente six pensionnaires, figurants compris, et la troupe dramatique de vingt acteurs : que les appointements des musiciens variaient entre 600 frs et 1200 frs par an ; que le régisseur touchait de 800 frs à 2.000 frs ; enfin, que cinq directeurs et les actionnaires eux mêmes avaient tour à tour régi diverses troupes et que tous, un seul excepté, avaient manqué leur but par de fausses combinaisons et s'étaient retirés avec pertes. La lettre se termine ainsi : « Les spectacles ont un besoin pressant d'une organisation nouvelle ; presque partout la scène est profane, les chefs-d'œuvre en sont bannis et on leur a substitué des mélodrames ou des bouffonneries qui perdent le goût, dégradent le talent et déshonorent le siècle ».
Évidemment, cette fin est un peu pessimiste. Il est vrai qu'on jouait alors beaucoup dé drames et de bouffonneries à la mode, cela au détriment des pièces classiques du répertoires mais le dix-neuvième siècle ne devait pas en être déshonoré ; le temps a tout passé au tamis et les chefs-d’oeuvre qui sont restés ne sont pas près d'être oubliés.
En ce qui concerne les appointements, d'autres pièces complètent nos renseignements, nous savons par un registre manuscrit (1) que les artistes de l'opéra touchaient entre 600 et 7.600 frs par saison depuis le moindre choriste jusqu'au premier ténor.
(1) Donné par M. Henry Nègre au Musée du Vieux Nimes.
Le prix de l'abonnement à l'année, pour deux cent seize représentations, était de 120 frs pour les hommes, de 60 frs pour les dames et de 30 frs pour les enfants au dessous de dix ans. Droit des pauvres en sus. Pour un abonnement d'un an, un général payait 24 frs, un colonel 15 frs, un chef de bataillon 12 frs, un capitaine 8 frs, un lieutenant 7 frs, un sous-lieutenant 6 frs.
On peut se faire une idée des recettes par celle du 22 avril 1804 : 22 premières 66 frs, 54 secondes 108 frs, 181 troisièmes 181 frs, 164 quatrièmes 82 frs, 267 parterres 200 frs, 3 militaires 1 fr. 10, 21 suppléments au parterre 4 fr. 10, soit : 643 frs pour 691 spectateurs.
La moyenne des spectateurs étant, comme nous l'avons vu, de deux cents, les recettes devaient varier entre deux cents et deux cent cinquante francs.
La saison théâtrale de 1807-1808 est sous la direction de M Saint Aubin. Une première représentation importante est à retenir, celle de Joseph, opéra en 3 actes de Méhul, le 3 mars 1808 (donné à Paris l'année précédente). L'affluence fut telle qu'à 5 heures 30 on se vit obligé de fermer les bureaux et que plus de trois cents personnes ne purent trouver de place. On peut citer encore : la première de Les maris garçons, opéra de Berton ; celle de Léonore ou l'Amour conjugal, opéra de Gaveaux, et celle de Picaros et Diegos, opéra de Dalayrac.
Le « Journal du Gard » signale l'entrée dans l’orchestre du « basset-horn ». « Instrument nouveau et curieux, dit-il qui a des basses d’orgue et imite la voix humaine d'une manière étonnante ». (1)
(1) D'après Riemann, auteur d'un excellent dictionnaire de musique, le « basset-horn » est une clarinette-alto en fa. Imaginé vers la fin du XVIIIe siècle par Théodor Lotz, luthier célèbre, cet instrument aurait été, toujours d'après Riemann, abandonné dès la première moitié du XIXe siècle.
Ce même journal nous apprend, d'autre part, qu'un violoniste du théâtre de Nimes, M. Paris, habite rue des Chassaintes N° 24, donne des leçons, et se transporte chez les demoiselles qui jouent du piano, pour les accompagner (sic).
Dans la saison dé 1808-1809 on reprend Joseph de Méhul. Cet opéra semble, plaire au public nîmois, ainsi qu'en témoigne une lettre de Mademoiselle Duval, qui s'adresse à ce public par l'entremise du « Journal du Gard ». « Accueillie constamment par l'indulgence d’un public éclairé, flattée souvent par des applaudissements que je ne dois qu'à mon zèle à lui plaire, oserai-je prier aujourd'hui ce même public de mettre le comble de sa bonté en assistant à une représentation pour la quelle je n^ai rien négligé afin de la rendre digne de lui. Il verra Joseph, ce chef-d'œuvre qu'il parait avoir adopté, et une pièce nouvelle La famille des Innocents qui a eu le plus grand succès à Paris. Enfin, il entendra une symphonie concertante du sieur Ozi (1) originaire de Nimes et membre du conservatoire, etc... »
(1) OZI Etienne, né à Nimes en 1754 mort à Paris en 1813 est surtout connu par son talent sur le basson. Il a composé plusieurs concertos et symphonies concertantes pour basson et orchestre.
Les rapports entre le public et les artistes n'étaient pas toujours aussi courtois, quelques mois plus tard une cabale est montée contre une chanteuse Mademoiselle Legrand qui, si l'on en croit certains critiques, avait un grand talent et par surcroît était jeune et jolie. Les raisons de cette cabale ne sont pas connues. Un spectateur qui signe « Philodicée » dans le « Journal du Gard » s'indigne de cet état de chose. Voyageur de passage à Nîmes, étant allé au théâtre, il trouva le parterre en effervescence ; comme il en demandait la cause, un spectateur lui répondit : « Nous attendons la chanteuse pour la siffler, je pense que vous serez des nôtres », et sortant plusieurs sifflets de sa poche, il en tendit un à son interlocuteur en lui disant : « Voici votre affaire ». Il fut impossible ce soir là d'entendre une note de la jolie chanteuse et la direction se vit obligée de la remplacer par Madame Courtois qui chantait moins bien était âgée et fort laide, et recueillit, sans doute pour toutes ces raisons, les applaudissements du parterre.
Un admirateur de Mademoiselle Legrand envoya aussitôt au « Journal du Gard » cette pièce en vers :
C'était peu galant pour Madame Courtois, mais il faut pardonner beaucoup aux amoureux, et « laisser siffler l’incivil parterre ». Reconnaissons aussi que, depuis ce temps là, le parterre s'est civilisé.
Le public nîmois justifiait déjà sa réputation de public difficile. En 1811, le mardi 12 mars, la présence de M. et Mme Fay, chanteurs réputés, dont la fille Léontine Fay devait être surnommée dix ans plus tard « la petite merveille », avaient attire au théâtre un public nombreux. Par suite d'une indisposition de Mme Fay, le programme dut être modifié. Cette dernière se fit excuser et fit annoncer qu'elle chanterait seulement dans la deuxième pièce. Malheureusement, quelques personnes avaient aperçu le jour de la représentation Mme Fay qui se promenait sur le boulevard. Lorsque le rideau se leva pou la deuxième pièce, alors que l'actrice allait chanter, on demanda bruyamment le directeur. Celui-ci n'était pas dans une tenue assez décente pour paraître devant le public, il envoya à sa place un acteur auquel il fut impossible de se faire entendre. On appelait toujours le directeur ; enfin le directeur parait il s'excuse sur sa mise, on exige qu'il aille changer d'habit, il y va, il reparaît, on lui demande pourquoi Mme Fay n'a pas joué dans la première partie de la représentation, il fournir une attestation du médecin, et le spectacle continue.
Lorsque le public était satisfait, il jetait des couronnes aux chanteuses, parfois même aux chanteurs. La scène se trouvait alors jonchée de couronnes, ce qui laisse supposer qu'en prévision d'un tel déchaînement, des vendeurs devaient être installés dans le théâtre même.
Cette habitude n'était pas nouvelle ; dans le compte rendu de représentations données au théâtre de Nimes, où une dame Bocquet avait chanté dans Didon en février 1789, le chroniqueur s'exprime ainsi : « Lundi dernier, à la fin de Didon, on jeta à la dame Bocquet une couronne de laurier ; la demoiselle Rosalie qui remplissait le rôle d'Elise, la lui porta sur la tête ; la dame Bocquet la reçut avec modestie. Faut-il dire tout ! Nous aurions désiré qu'elle la refusât, et, ce qui paraîtra peut-être paradoxal, nous aurions désiré qu'elle la refusât précisément parce qu'elle la méritait ; car, comme l'a fort bien remarqué un auteur de nos jours, ces couronnes ont été tellement prodiguées qu'elles ont cessé d'être une marque flatteuse et distinctive ».
C'est vers la fin du mois d'avril 1808 que l'on commença à démolir les maisons placées devant les Arènes, à côté du Palais de Justice.
Le 17 octobre 1809 on donne une première de Roméo et Juliette, opéra de Steibelt composé en 1793. La musique en est trouvée savante et harmonieuse par les connaisseurs. C'était le deuxième compositeur que tentait le drame de Shakespeare Dalayrac en .avait tiré un opéra en 1792. Zingarelli devait composer un Roméo et Juliette en 1796, puis en 1830 Berlioz la même année Bellini, en 1865 Marchetti, en 1867 Gounod.
Le 5 août 1810, c'est un grand bal qui est donné dans la salle du théâtre par les sous-officiers et les gardes d'honneur. Environ 3.500 billets d'invitation sont distribués et, environ 3.000 personnes des deux sexes remplissent la salle. Un plancher à la hauteur de la scène cachait le parterre, ce qui se fait encore aujourd'hui pour les bals masqués donnés par la presse. La salle était magnifiquement décorée, illuminée et ornée des emblèmes et devises à la gloire de Napoléon et Marie Louise. Le bal dura jusqu'à 4 heures du matin.
L'année suivante, et nous croyons pour la première fois, on fait jouer des pièces pour enfants.
Les années se suivent, les directeurs changent, mais le répertoire conserve encore les meilleurs ouvrages et s'enrichit des plus intéressantes nouveautés. On sacrifie à la mode, ce qui n'est pas toujours un mal, d'ailleurs la mode vient de Paris, la province, suit, et Nîmes de très près, ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer.
Les directeurs, tout en s'efforçant de plaire au public par l'insertion au répertoire des pièces les plus cotées, réservent un accueil favorable à des ouvrages d'inconnus. En 1812, c'est Les deux philosophes, opéra de Bourié âgé de dix-sept ans. Ce jeune prodige, né à Nîmes en 1795, avait eu pour maître son père. Dès l’âge de huit ans il était engagé comme basson à l'orchestre du théâtre. A dix ans il était premier basson. Il jouait aussi parait-il, et d'une manière extraordinaire du galoubet. Il composa pour cet instrument des morceaux que seul il était capable d'exécuter. Il avait acquis une certaine célébrité, au point que des musiciens éminents ayant eu l'occasion de passer par Nîmes eurent la curiosité de l'entendre. C'est à l'âge de quinze ans que Bourié composa son opéra Les deux philosophes avec lequel il remporta à Nîmes un succès formidable. Il a composé en outre des concertos, des quatuors pour instruments à vent, des mélodies et une foule d'autres pièces dont la plupart ont été jouées à Nîmes, entre autres une cantate dédiée à Sigalon ; les paroles en sont de Jean Reboul.
On cite à son sujet l'anecdote suivante : le compositeur Berton, auteur de plusieurs opéras estimés, parmi lesquels Aline, se trouvait à Nimes en 1828, il eut le désir d'aller visiter le Pont du Gard : au moment ou il arrivait devant ce monument, il vit un pâtre appuyé contre l'une des arches et fut très agréablement surpris de l'entendre exécuter, sur le galoubet, une fantaisie composée des plus charmants motifs de son opéra Aline, Ce pâtre, c'était Bourié.
L'année précédente avait été marquée par la première de Rien de trop, opéra de Boïeldieu. L'année de 1812 le fut par la première de La Vestale de Spontini. Cette œuvre célèbre avait été donnée pour la première fois à Paris en 1807. Uns autre première : celle de Jean de Paris, de Boïeldieu a lieu la même année à Paris et à Nîmes. E En 1813, on reprend Le Philinte de Molière, de Fabre d'Eglantine, et le lendemain, en l'honneur de la mort de Grétry, on joue deux pièces de ce compositeur : Silvain et Zemire et Azor. Entre ces deux ouvrages on couronne le buste de l'auteur placé sur un piédestal au milieu de la scène ; les acteurs et les artistes en habit de deuil, entourent le buste et tiennent à la main un rameau de laurier.
En 1814, Son Altesse Royale, frère du roi Louis XVIII, de passage à Nîmes, assista dans une loge qui lui avait été préparée, à Oedipe à Colonne de Sacchini.
Le bilan de la saison accuse 25.589 francs de frais, 6.854 francs de recettes, soit : 18.735 frs de perte. L'entreprise théâtrale, comme on le voit, reste une mauvaise affaire.
Les œuvres qui ont fait de grosses recettes pendant cette saison sont : Le mariage de Figaro, 409 francs ; Richard cœur de Lion, 407 francs.
Nous ne voudrions pas omettre une première représentation qui a lieu le 4 octobre 1815. Il s'agit d'une pièce que l'auteur présente ainsi : Rodéric ou Cunégonde, ou l'Ermite de Montmartre, ou Le revenant de la Galerie de l'ouest, ou La Forteresse de Moulinos, galimatia burlesco-mélopatho-dramatique, en quatre actes sans entr'acte, sans changement de costume, soutenu par quatre décors, lardé de combats et d'enlèvements, enjolivé de caverne et de voleurs, égayé d'un fantôme et réchauffé par un incendie. Un journaliste du temps, dans le compte-rendu de cette représentation, finit par ces mots : « Cette extravagance est de M. de Martinville ». Peut-être y a-t-il dans cet ouvrage la matière d'un beau film policier.
Nous avons parlé du jeune Bourié. Quelques autres compositeurs sont originaires de Nîmes. Certains ont eu une célébrité qui est arrivée jusqu'à Paris. Parmi ces derniers nous citerons Jean Pierre Soulier dit Solié. Né à Nîmes en 1755, mort à Paris en 1813, il était le fils d'un violoncelliste et commença par jouer de la basse dans l'orchestre du théâtre. Puis il se fit chanteur et obtint un certain succès à Avignon où il avait remplacé au pied levé un chanteur subitement malade. Il faisait alors partie de l'orchestre d'Avignon, on avait affiché La Rosière de Salency, opéra de Grétry, l'acteur qui devait remplir le rôle du meunier, pris d'une indisposition subite allait faire manquer la représentation, lorsque Solié s'offre de jouer à sa place, sa proposition est acceptée et Solié obtient un succès éclatant. Ce fait devait se reproduire à Paris où il débuta dans La Fausse Paysanne en 1787. Il avait dû apprendre son rôle en quelques heures, le soir il le chanta mais fut tout de même obligé de lire le poème ; ce qui ne l'empêcha pas de recueillir de vifs applaudissements. Il passait pour le meilleur lecteur de musique de son temps. Il a composé un grand nombre d'opéras dont la plupart ont été joues à Paris soit à la salle Favart, soit rue Feydeau. Nous nous contenterons de citer Mademoiselle de Guise ou l'Île d'Amour qui venait d'être représenté à Nîmes, pour la première fois le jeudi 22 février 1816.
En 1817, un célèbre acteur de cette époque, Joanny, qui devait succéder à Talma, vient jouer à Nîmes Othello, le 6 janvier, et, quelque temps plus tard, en avril, Macbeth. Peu après, Martin de l'Opéra Comique chante dans Gulistan de Dalayrac et dans l'Irato de Méhul. Nous supposons qu'il s'agit du fameux baryton qui joignait aux notes graves de la basse les notes élevées du ténor, et dont le nom est resté pour designer les barytons qui ont chanté ses rôles. Cependant, lors d'un passage du vrai Martin à Nîmes en 1825, « le Journal du Gard » affirme que cet artiste chante pour la première fois dans notre ville.
Cette même année, 1817, le directeur privilégié des spectacles, est autorisé à faire donner des courses de taureaux tous les dimanches, à partir du 3 août. Le prix d'entrée est de cinquante centimes.
Les courses de taureaux avaient été interdites à la fin de l'ancien régime et sous la révolution. Mais en 1811, le gouvernement impérial, sur l'initiative du préfet Rolland, les autorisa. L'ouverture des arènes eut lieu en 1813 le dimanche 23 mai. Et le il juillet les nîmois virent pour la première fois combattre les taureaux à la manière espagnole. « Le sieur Antonelli Jordani, espagnol, exerça ses talents en face des taureaux, avec un drapeau rouge, et en leur jetant des flèches et des lances ». (1).
(1) MAURIN. — Journal d'un bourgeois de Nimes sous l'Empire.
Dans la salle du théâtre on faisait encore usage des quinquets pour l'éclairage. Le « Journal du Gard » du 15 février 1817 se plaint de la faiblesse de cet éclairage qui ne permet point de se distinguer à dix pas, une heure après que les quinquets ont été allumés. Il termine son article en demandant l'installation du gaz hydrogène. Cette installation venait d'être réalisée à F Athénée de Bordeaux.
L'orchestre du théâtre avait déjà un défaut qu'il n'a peut-être jamais perdu, celui de jouer trop fort. Dans ce même Journal du Gard, un abonné s'en plaint; le 1er Novembre 1817, il supplie les musiciens de jouer piano, et même pianissimo, lorsqu'ils exécutent des parties d'accompagnement ; en retour, il les laisse libres de s'en donner à cœur joie lorsque l'orchestre joue seul.
En 1818, plusieurs ballets sont dansés par les premiers sujets du théâtre de Marseille: Les jeux de Paris, Les meuniers, et La fille mal gardée. Ce dernier se donnait encore vers 1900 dans beaucoup de théâtres.
Mais le grand événement pour les contemporains, est la venue à Nîmes de l'illustre tragédien Talma. Il était accompagné d'artistes du Théâtre Français. Il joue le rôle d'Oreste dans Andromaque de Racine, puis celui de Néron dans Britannicus. Il joue ensuite dans Œdipe de Voltaire, dans Cinna, Coriolan, Hamlet, Othello. Les étrangers affluent pour assister à ces représentations.
Un an plus tard, en juin 1819, Talma venant de Bordeaux, fut contraint par une indisposition de son fils, de s'arrêter à Nîmes ; une délégation alla trouver à l'hôtel le tragédien et lui demanda de jouer, Talma accepta moyennant la somme, exorbitante pour l'époque, de douze cents flancs.
Un autre événement de l'année 1818, beaucoup plus important pour nous, est la première représentation à Nîmes (et en France avec la nouvelle version de Castil Blaze), des Noces de Figaro de Mozart (10).
(10) À propos de cette première représentation à Nîmes, le Journal du Gard, affirme, par erreur, que c'est aussi la première en France.
Les Noces de Figaro avaient été données à Paris en 1793 avec la version de Notaris, puis au Théâtre Italien en 1807. Ce n'est qu'en 1858 que cet opéra fut joué avec la version de Barbier et Carré. Un chroniqueur rendant compte de la représentation à Nimes, dit que le nombre des spectateurs n'était pas considérable; « aussi, ajoute-t-il, la pièce a été bien écoutée. La musique a excité à plusieurs endroits, les applaudissements. On a remarqué surtout le final du premier acte et celui du deuxième acte, et dans le troisième acte le nocturne chanté par Suzanne ainsi que le chœur. Le nom de Mozart était dans toutes les bouches. L'admiration se peignait dans le regard de plus d'un amateur. Cette date du 31 Décembre 1818 comptera parmi les plus grandes dans les annales de notre première scène. »
Citons encore deux autres premières : Le droit du seigneur, de Martini et La pie voleuse de Rossini.
Par une ordonnance royale du 10 Février 1819, le maire de la ville de Nîmes est autorisé à acquérir au nom de cette ville, des propriétaires actuels et moyennant la somme de 205.000 francs, la salle de spectacles. Le théâtre devient municipal. (1)
(1) Mademoiselle George, tragédienne célèbre, joue à Nimes quelques jours auparavant, dans Phèdre, Médée, Macbeth, Mérope.
Le directeur. M. Singier, devait payer à la ville un loyer de quatre mille francs. Il avait la jouissance des Arènes avec faculté d'y donner des courses de taureaux, avantage qu'il pouvait rétrocéder pour une somme fixe de 5.000 francs.
Par délibération du 11 Septembre 1820, le Conseil municipal accorde à M. Singier le dégrèvement des quatre mille francs, soit la gratuité de la salle, à condition qu'il s'engage à maintenir la saison théâtrale pendant dix mois de l'année (Suspension en juillet et août).
La ville devait faire définitivement abandon du loyer à la direction de 1824-1825 et passer bientôt au régime des subventions.
Le spectacle, à cette époque, commençait à 7 heures du 1er avril au 30 septembre, et à 6 heures et demie, du 1er octobre au 31 mars, et il devait être terminé au plus tard à 10 heures et demie.
Il était défendu de faire garder des places soit par les domestiques, soit en y mettant des chapeaux ou d'autres objets.
Le bâtiment, élevé sur les plans de l'architecte Meunier, était encore inachevé; il restait à construire la façade monumentale, les bâtiments en surélévation de l'aile du midi au dessus du café, et toute l'aile nord. Ces travaux complémentaires comprenant le péristyle avec la colonnade et l'aile droite faisant pendant au café, devaient être décidés par délibération du Conseil municipal des 23 Juin et 12 Novembre 1822 et adjugés peu après sur devis estimatif de 211.596 francs à l’exécution duquel la commune affecta le produit d'un emprunt de 120.000 francs.
Nous avons vu que des soirées dansantes et des bals parés et masqués se donnèrent dans la salle du théâtre; on y donnait aussi des spectacles divers: concerts de musique de chambre, pantomimes, séances de prestidigitateurs, de clowns., de comiques, d'acrobates, etc... En 1821, un certain Godeau, acrobate, fait, en marchant sur la tête, l'ascension du théâtre jusqu'aux troisièmes loges et redescend jusqu'au parterre dans la même position. Il fait aussi le saut périlleux en jouant d'un instrument de musique.
En 1822, un artiste qui avait déjà chanté à Nîmes en 1804, qui était devenu pensionnaire du roi et qu'on surnommait le Talma de l'Opéra comique, Gavaudan Jean-Baptiste Sauveur, revient à Nîmes, et chante dans plusieurs opéras de Berton et dans Zoraïme et Zulnare, drame lyrique de Boieldieu.
Durant cette saison, a lieu une première très importante, celle de l'opéra de Rossini, le Barbier de Séville. On sait que c'est par hasard que Rossini fut appela à écrire ce chef-d'œuvre. L'impresario du théâtre Argentina à Rome se voyait refusa par la police tous les libretti sous prétexte d'allusions. « Quand un peuple est spirituel et mécontent, dit Stendhal, tout devient allusion.» Dans un moment d'humeur cet impresario proposa au gouverneur de Rome, le Barbier de Séville, délicieux libretto, mis jadis en musique par Paisiello; ce jour-là, le gouverneur ennuyé lui-même de ses refus continuels, accepta. La première représentation eut lieu à Rome, le 26 Décembre 1816. Les Romains, dit Stendhal, (1) trouvèrent le commencement de l'opéra ennuyeux et bien inférieur à Paisiello. Ils cherchaient en vain cette grâce naïve, inimitable, et ce style le miracle de la simplicité. L'air de Rosine « sono docile » parut hors de caractère, on dit que le jeune maestro avait fait une virago d'une ingénue. La pièce se releva au duetto entre Rosine et Figaro, qui est d'une légèreté admirable et le triomphe du style de Rossini. L'air de la « calunnia » fut jugé magnifique et original; les romains ne comprenaient pas Mozart en 1816. Après le grand air de Bazile, on regretta sans cesse davantage la grâce naïve et quelquefois expressive de Paisiello. Enfin, ennuyés des choses communes qui commencent le second acte, choqués du manque total d'expression, les spectateurs firent baisser la toile. En cela, le public de Rome, si fier de ses connaissances musicales, fit un acte de hauteur qui se trouva aussi, comme il arrive souvent, un acte de sottise. Le lendemain, la pièce alla aux nues...»
(1) STENDHAL. — Vie de Rossini. — Edition du Divan.
A Paris, le 26 Octobre 1819, Salle de Louvois, le sort de cet opéra fut le même, au point que les dilettantis parisiens demandèrent le « Barbiere » de Paisiello ; Paer, directeur de la musique au Théâtre Italien, accéda au désir des parisiens, mais la comparaison entre les deux ouvrages tourna à l'avantage de Rossini qui obtint bientôt, comme à Rome, un succès complet.
A Nimes, le 16 Octobre 1822, la critique fut plutôt élogieuse. Voici ce qu'en dit le Journal du Gard : « L'ouverture est originale et savante. Le duo du barbier et du comte est beaucoup trop long, on s'impatiente à entendre l'amoureux et bouillant Almaviva demander pendant un grand quart d'heure à Figaro, le nom de sa rue et le numéro de sa boutique (1). L'air qui ouvre le second acte est un chef-d'œuvre de sentiment et de mélodie. Le duo de Rosine et de Figaro est d'autant plus agréable qu'on voudrait partager son attention et multiplier, ses oreilles pour entendre même chaque partie de l'orchestre. L'air de Bartholo est si beau et d'une facture si ingénieuse qu'il est impossible que Facteur ne finisse pas par se mettre réellement en colère. Le final du deuxième acte est tout ce qu'on peut imaginer de plus parfait en beauté» musicales, l'attention est tellement captivée que l'on écoute encore lorsqu'il est terminé. L'air de la calomnie est d'une très belle facture et il y a des richesses d'accompagnement qui produisent le plus bel effet. Le final du troisième acte est très joli mais il arrive trop tard, celui du deuxième acte épuisé l'admiration.»
(1) II faut reconnaître que dans les vieux opéras on abuse de ces situations invraisemblables. Mais, il faut reconnaître aussi que de nos jours, et sur ce point, le cinéma ne le cède en rien aux vieux opéras.
La distribution était la suivante : Rosine — Mlle Servetta. Marceline — Mme Rivière. Almaviva — M. Louis. Figaro — M. Bultel. Bartholo — M. Fusier. Basile — M. Henri.
Une autre première celle du Maître de Chapelle de Paer, passe inaperçue. Ce petit chef d'œuvre n'obtint certainement aucun succès car le Journal du Gard n'en parle pas.
En 1822, Léontine Fay reparaît en compagnie de son père sa mère et sa sœur. Cette famille, dit un chroniqueur, forme une troupe complète. Léontine Fay joue dans les Petits Savoyards de Dalayrac. Raoul Barbe Bleue de Gretry, le Devin du village de J.-J. Rousseau, Paul et Virginie de Kreutzer, capte comme d'habitude toute la faveur des spectateurs.
Malgré le passage de cette famille et de quelques acrobate célèbres, malgré toutes ces premières représentations qui n'avalent peut-être pas pourrie public de l'époque, l’importance que nous leur accordons, les directeurs continuent dans la voie des mauvaises affaires. Il y a là une sorte de fatalité. Même plus tard, alors que les directeurs toucheront de fortes subventions, ils auront de la difficulté à équilibrer les recettes et les dépenses. Cela ne se comprend guère dans une ville où le théâtre a toujours été passionnément aimé par le public.
M. Deleveau qui dirigeait le théâtre cette année de 1823, et qui avait donné une première fois sa démission en 1821 et avait été renommé pour trois ans à la suite de la démission de ses successeurs, M. Deleveau estimant que les pertes successivement éprouvées par lui étaient suffisantes, ayant compris qu'une pareille entreprise ne pouvait lui convenir, en fait part au préfet dans une lettre du 10 Septembre et donne une deuxième fois sa démission. Quatre artistes de Nimes sont agréés, l’un d'eux, M. Fontaine Lescot choisi par ses camarades comme administrateur est seul reconnu par le ministre de l'Intérieur, une seule personne pouvant être nommée.
C'est alors que le préfet du Gard, dans une lettre adressée au ministre de l'Intérieur, manifeste le désir, on ne sait pourquoi, que le théâtre soit de nouveau réuni à la direction de celui de Montpellier. Mais le préfet de l'Hérault exprime ses craintes : « Si l'on renouvelait, écrit-il au ministre, l’intention de réunir le théâtre de Nimes à celui de Montpellier, la peur qu'on a d'une telle réunion, la jalousie qu'elle exciterait, le mal qu'elle ferait dans une ville remplie comme celle-ci de troupes et d'étudiants, me fait assurer à Votre Excellence que cette mesure n'est pas souhaitable. » Ce projet n'eut pas de suite.
Mademoiselle MARS, la célèbre actrice, passe à Nîmes en Juin 1823. Elle joue dans le Misanthrope, Les fausses confidences, Les jeux de l'Amour et du Hasard, etc... Le prodigieux talent de cette artiste attire à Nîmes un très grand nombre de spectateurs. Le Journal du Gard nous dit qu'elle possède tous les dons de la nature et toutes les ressources de l'art, et, « qu'en la voyant jouer, trois mots venaient à l'esprit : beau, sublime, admirable; ces trois mots que Voltaire invitait à mettre au bas de chaque page des œuvres de Racine. »
Les 9 et 20 Mai 1823, S. A. R. la Duchesse d'Angoulême, fille de Louis XVI, nièce de Louis XVIII, assiste au théâtre à deux représentations données en son honneur, la première fois, on joue La partie de chasse de Henri IV de Collé, la deuxième fois, Aline Reine de Golconde de Berton.
Les spectacles en l'honneur de grands personnages sont ainsi qu'on a déjà pu le remarquer, assez fréquents. Le 19 Octobre de la même année, le buste de S. A. R. le duc d'Angoulême occupe le milieu du théâtre, il est couronné de branches de laurier et de branches d'olivier, et tous les artistes exécutent une cantate à grand orchestre. Mais la salle tendra de plus en plus à devenir uniquement une salle de théâtre.
Une représentation qui témoigne de la bonne volonté des directeurs, est celle donnée au profit d'un artiste aveugle, pauvre et octogénaire, M. Berty, qui d'ailleurs avait présenté une demande à cet effet. On joue La femme et les deux maris, pièce dans laquelle M. Berty remplit le rôle du personnage Vernes, vieux et aveugle comme lui. Le journal du Gard donne, de cette représentation, un compte rendu tout à fait dans le style de l'époque : « A peine M. Berty se présente sur la scène que de longs applaudissements saluent le malheur. Les cheveux blancs qui n'ont point été empruntés au costumier, cette démarche mal assurée, ce dos voûté par l'âge, tout inspire l'intérêt et provoque l'attendrissement. »
En 1824, c'est la première d'Othello de Rossini, celle de La Neige, opéra comique d'Auber, et celle de La chercheuse d'esprit; cette dernière, pièce provoque quelques protestations de la part des spectateurs : « Des mœurs avant tout », s'écrie l'un d'eux. Nous pensons qu'il s'agit du vaudeville de Favart; représenté pour la première fois en 1741, le 20 Février au Théâtre de la Foire Saint-Germain. Dans ce vaudeville, un des principaux personnages, une jeune fille, est invitée par sa mère à « chercher de l'esprit », c'est-à-dire à perdre son innocence, ce qu'elle fait entre les bras d'un jeune homme qui deviendra ensuite son mari. Cette pièce avait déjà, à son apparition, scandalisé quelques prudes, mais celles-ci n'avaient pu entraîner dans leur indignation le lieutenant de police du temps qui était certainement un homme d'esprit.
Nous sommes déjà dans la période romantique. Le public aime les jeunes prodiges comme il aime les prestidigitateurs, les pantomimes, les funambules, les physiciens du roi, etc...
Après Bourié, le compositeur de 15 ans, après Léontine Fay qui a treize ans, lorsqu'elle joue à Nîmes, voici une jeune actrice de huit ans Elisa Weiss. Le jeune prodige est bien passé de mode aujourd'hui. Le cinéma n'a pas peu contribué à nous blaser, car il est moins exigeant que le théâtre, il ne demande à un artiste que d'être bon une fois, une fois sur dix, une fois sur cent, l'interprétation la meilleure étant la seule conservée à l'écran. Sur la scène théâtrale, le prodige doit le rester à chaque représentation. Elisa Weiss joue dans Le vieux garçon et la jeune fille. Le Journal assure qu'elle n'a pas été écrasée par le souvenir de sa rivale.
M. Fontaine Lescot, directeur du théâtre, aussi malchanceux que ses prédécesseurs, subit des pertes considérables, il écrit au maire de Nîmes, M. Cavalier, le 24 Mars, pour lui demander la jouissance gratuite de la salle et le payement par la ville du droit des pauvres ; ce qui ne l'empêche pas de donner bientôt sa démission. C'est un thème auquel il faut s'habituer dans l'histoire du théâtre de Nîmes,
En 1825, nous lisons dans le « Journal du Gard » : « Le genre tragique n'est pas celui qui est le plus goûté à Nîmes on y préfère généralement un air de Rossini aux fureurs d'Oreste, le comique au sérieux, le genre léger des Variétés au larmoyant de la Porte Saint Martin ». Sur ce point le public nîmois, je crois, n'a pas changé. Nous lisons encore dans le même journal, le 21 décembre 1825 : «Les nouveautés se réduisent à Robin des Bois et au Maçon comme opéras, et à la jolie comédie Le Mari et l'Amant. Nous faudra-t-il attendre une année entière (c'est nous qui soulignons), pour payer notre tribut d'admiration à La Dame Blanche dont notre célèbre Boieldieu vient d'enrichir l'Opéra Comique. Les plaintes exprimées par le « Journal du Gard » ne furent point vaines, un an après, en 1826, La Dame Blanche était jouée pour la première fois à Nîmes.
Liszt avait donné en mars deux récitals de piano, l'un au grand théâtre, l'autre à l'Hôtel de ville. « Le Journal du Gard » parle du triomphal succès obtenu par le musicien.
Cette même année, commence le régime des subventions. La première subvention est de 5.000 frs. Le directeur conserve la remise du loyer de la salle et la jouissance des Arènes.
Première de Sémiramis aux Arènes en 1904
L'année suivante sont données dans les Arènes, pour la première fois, des pièces à grand spectacle, et en 1828, pour la première fois, un corps de ballet est constitué ; il est compose de seize danseurs dont huit hommes et huit femmes.
La subvention est portée à 6.000 frs, au commencement de la saison, avec promesse d'une deuxième subvention de 6.000 frs à la fin de la saison si le directeur donne satisfaction au public et à l'autorité.
Parmi les ouvrages joués en première représentation de 1827 à 1829 nous citerons : Fiorella, opéra d'Auber. Le paysan perverti de Restif de la Bretonne ; Don Juan de Mozart ; Trente ans ou La vie d'un joueur célèbre mélodrame de Ducange et Dinaux, et La Muette de Portici, opéra d'Auber. Ce dernier eut un tel succès que le directeur du théâtre fut obligé de paraître sur la scène pour être complimenté d'avoir monté un pareil spectacle et recueillir les remerciements du public.
Ici s'arrêtent ces courtes notes. (1).
(1) Ceux dont elles auraient amorcé la curiosité, peuvent se reporter pour la période suivante 1830-1880 au livre de Liotard: Le Culte de la Musique à Nîmes.
S'il nous est permis de tirer une conclusion, nous dirons que dans ce premier quart du dix neuvième siècle, les nîmois étaient grandement favorisa puisque tout ce qui se créait à Paris, passait peu de temps après, un an ou deux au plus, sauf exception, sur notre théâtre. Les choses changeront par la suite, et aujourd'hui on ne peut plus espérer voir représenter à Nimes, des œuvres musicales que même avant la guerre, c'est-à-dire à une époque où le théâtre avait encore une importance qu'il a perdue depuis, à cause du cinéma, aucun directeur n'a eu le courage de donner. L'évolution rapide de la musique vers la fin du dix-neuvième siècle explique en partie cet état de chose. Le public, on le sait. est routinier, à Nîmes comme ailleurs ; c'est à peinât s'il pourrait s'intéresser actuellement aux grandes œuvres wagnériennes, et la musique moderne lui est complètement fermée D'autre part, les directeurs de théâtre n'ont jamais été des éducateurs, mais seulement des commerçants ; et, si le public parisien, qui est aussi routinier que le public provincial, a pu suivre l'évolution théâtrale et musicale, c'est justement grâce au courage de quelques directeurs et de quelques chefs d’orchestre exceptionnels.
Extrait des Cahiers d’histoire, 1937, José Ferba - page 268-286
En savoir plus >Les Théâtres de Nîmes
de 1783 à 1830
|