Alphonse Daudet
Était-il antisémite ?
(quatrième partie)


Dans un texte de Daudet, son antisémitisme transparaît. Il dresse un portrait extrêmement caricatural d'un usurier juif.
Ci-dessous extrait du texte de Daudet, Salvette et Bernardou, conte de Noël 1873.

« Les juifs de la ville basse eux-mêmes sont en liesse. Voilà le vieil Augustus Cahn qui tourne en courant le coin de la Grappe bleue. Jamais ses yeux de furet n'ont relui comme ce soir. Jamais sa petite quouette en broussaille n'a frétillé si allègrement. Dans sa manche usée aux cordes des besaces est passé un honnête petit panier, plein jusqu'aux bords, couvert d'une serviette bise, avec le goulot d'une bouteille et une branche de houx qui dépassent.
Que diable le vieil usurier compte-t-il faire de tout cela ? Est-ce qu'il fêterait Noël, lui aussi ? Aurait-il réuni ses amis, sa famille, pour boire à la patrie allemande ?... Mais non. Tout le monde sait bien que le vieux Cahn n'a pas de patrie. Son Vaterland à lui, c'est son coffre-fort. Il n'a pas de famille non plus, pas d'amis ; rien que des créanciers. Ses fils, ses associés plutôt, sont partis depuis trois mois avec l'armée. Ils trafiquent là-bas derrière les fourgons de la landwehr, vendant de l'eau-de-vie, achetant des pendules, et, les soirs de bataille, s'en allant retourner les poches des morts, éventrer les sacs tombés aux fossés des routes. Trop vieux pour suivre ses enfants, le père Cahn est resté en Bavière, et il y fait des affaires magnifiques avec les prisonniers français. Toujours à rôder autour des baraquements, c'est lui qui rachète les montres, les aiguillettes, les médailles, les bons sur la poste. On le voit se glisser dans les hôpitaux, dans les ambulances. Il s'approche du lit des blessés, et leur demande tout bas en son hideux baragouin :
«Afez-fus quelque jôsse à fentre ?»
Et tenez ! en ce moment même, si vous le voyez trotter si vite avec son panier sous le bras, c'est que l'hôpital militaire ferme à cinq heures, et qu'il y a deux Français qui l'attendent là-haut dans cette grande maison noire aux fenêtres grillées et étroites, où Noël n'a, pour éclairer sa veillée, que les pâles lumières qui gardent le chevet des mourants...  »

En 1886, il prête de l'argent à Édouard Drumont, futur fondateur de la Ligue antisémitique de France, pour permettre à ce dernier de publier à son compte un violent pamphlet : La France juive, en voici les trois premières pages :

« TAINE a écrit la Conquête jacobine. Je veux écrire la Conquête juive.
A l'heure actuelle, le Jacobin, tel que nous l'a décrit Taine, est un personnage du passé égaré au milieu de notre époque; il a cessé d'être dans le mouvement, comme on dit. Le temps n'est plus que nous ont dépeint les Goncourt, où « ce que l'architecture a de merveilles, ce que la terre a de magnificences, le palais et ses splendeurs, la terre et ses richesses, la forêt et ses ombres étaient les jetons de cette Académie de sang la Convention. »
Quand il veut se nantir lui-même, le Jacobin d'aujourd'hui échoue misérablement. Voyez Cazot, voyez Marius Poulet et Brutus Bouchot ; ces purs hirsutes et mal peignés n'ont pas eu la légèreté de touche qu'il fallait pour réussir. Figurez-vous un pick-pocket qui ferait des bleus à ceux qu'il fouillerait, marcherait sur la queue des chiens ou casserait des carreaux au moment d'opérer, tous les regards se porteraient sur lui et la foule le poursuivrait en criant « hou , hou ! »
La seule ressource du Jacobin, en dehors de ce qu'il nous extorque par le budget est de se mettre en condition chez Israël, d'entrer comme administrateur dans quelque compagnie juive où on lui fera sa part.
Le seul auquel la Révolution ait profité est le Juif. Tout vient du Juif; tout revient au Juif. Il y a là une véritable conquête, une mise à la glèbe de toute une nation par une minorité infime, mais cohésive, comparable à la mise a la glèbe des Saxons par les soixante mille Normands de Guillaume le Conquérant.
Les procédés sont différents, le résultat est le, même. On retrouve ce qui caractérise la conquête tout un peuple travaillant pour un autre qui s'approprie, par un vaste système d'exploitation financière, le bénéfice du travail d'autrui. Les immenses fortunes juives, les châteaux, les hôtels juifs ne sont le fruit d'aucun labeur effectif, d'aucune production, ils sont la proélibation d'une race dominante sur une race asservie.
Il est certain, par exemple, que la famille de Rothschild, qui possède ostensiblement trois milliards rien que pour la branche française, ne les avait pas quand elle est arrivée en France; elle n'a fait aucune invention, elle n'a, découvert aucune mine, elle n'a défriché aucune terre ; elle a donc prélevé ces trois milliards sur les Français sans leur rien donner en échange.
Cette fortune énorme s'accroît par une progression en quelque sorte fatale.
Le Dr Ratzinger l'a dit très justement « L'expropriation de la société par le capital mobile s'effectue avec autant de régularité que si c'était là une loi de la nature. Si on ne fait rien pour l'arrêter, dans l'espace de 50 ans, ou, tout au plus, d'un siècle, toute la société européenne sera livrée, pieds et poings liés, à quelques centaines de banquiers juifs.
Toutes les fortunes juives se sont constituées de la même façon par un prélévation sur le travail d'autrui...»

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