LES CAHIERS D'HISTOIRE DE NÎMES
de 1914 à 1920
par Georges Mathon  
 
 
 
- Lors de la réunion du Conseil du 2 août 1914, le Maire indique que la plupart des chefs de famille ayant été mobilisés, leurs proches se trouvent sans moyens d'existence. Il y a lieu de prévoir dans quelles mesures l'administration municipale pourra leur venir en aide. Il pense que le Conseil devrait voter un crédit de 100 000 fr affecté à l'organisation de soupes populaires.
Le Conseil adresse aussi un appel aux Bourgeois aisés afin de récolter des dons en argent qui viendraient s'ajouter au crédit voté.
Une commission municipale composée de MM le docteur Lafon de Trinquelage, Cabiac et des citoyens Astier, Bourelly, Gignoux, adjoints ; Roustit, Couty, Larguier, Cazalis et Castan Maire, est chargée de l'organisation de ces soupes populaires.
Le 9 octobre un rapport sur le fonctionnement des Soupes populaire est fait au Conseil. En voici le Tableau : "Certains jours du mois d'août, on a préparé jusqu'à 11000 rations de soupe ; 5500 le matin et autant le soir ; il a fallu pour cela mobiliser toute une batterie de marmites et porter à l'ébullition 5 hectolitres d'eau ou l'on faisait cuire 275 kg de légumes.
À l'oeuvre des soupes populaires est venue se greffer en septembre celle des réfugies. Ces derniers logés dans l'établissement de l'Assomption, situé avenue Feuchères, et mis à disposition par la préfecture, avec un internat et une cuisine collective correspondant exactement aux besoins, permettront de servir 7700 repas, composés d'une soupe, d'un ragoût et souvent d'un dessert, le tout gracieusement accompagné d'un vin du Midi."
Pour satisfaire aux besoins des réfugiés fuyant les territoires envahis par les Allemands, la municipalité a voté une subvention de 3000 fr. Ils pourront ainsi bénéficier d'une gratuité de nourriture pendant trois mois.
Les hospitalisés de l'Artillerie et du 19e sont transférés dans des locaux de l'Assomption pour dégager l'hôpital Ruffi.
En février 1915, un constat est fait lors de la réunion du Conseil Municipal. La visite hebdomadaire des filles soumises ne pouvant s'effectuer à l'hôpital, par manque de place, cette visite se fera désormais dans un local de la mairie. Les filles soumises étant disséminées un peu partout dans la ville, on ne peut pas exiger d'elles qu'elles se rendent à la Mairie en voiture, il faudra veiller à ce que la décence soit observée dans les rues et surtout que les filles publiques ne profitent pas de la circonstance pour se livrer à des racolages.
En août 1915, l'administration décidera de loger au dépôt des réfugiés de L'Assomption, vingt militaires en congés, originaire des régions occupées par l'ennemi. En conclusion de cette décision, une déclaration solennelle sera faite :
"Rien ne sera négligé pour assurer à nos hôtes de passage la possibilité d'un repos bien gagné. Nos braves soldats y trouveront, avec le gîte et le couvert, dans un milieu bien préparé à les recevoir, toute l'affection reconnaissante dont nos populations méridionales sont animées à leur égard."
De plus, une indemnité journalière de 50 centimes leur sera allouée individuellement, comme frais de séjour, pendant toute la durée de leur congé, et une somme de dix francs leur sera également remise au moment du départ.
 
 
- 1914, au début de la guerre, Guillaume Apollinaire fait une demande d'engagement restée sans suite. Apollinaire rencontre Louise de Coligny-Chatillon (celle qui sera Lou dans son oeuvre "Calligrammes"). Elle le rejette. Il tente de nouveau une démarche pour s'engager. Fructueuse cette fois, le 5 décembre 1914 il rejoint les casernements du 38e d'artillerie de campagne situés route d'Uzès à Nîmes ; il y demeura jusqu'à Pâques 1915.
Deux jours après son incorporation Louise arrivera à Nîmes, impatient il fera le mur pour la rejoindre, ils deviennent amant dans une chambre de l'hôtel du Midi, situé au square de la Couronne.
La guerre lui inspire de nombreux poèmes, certains devinrent célèbres. Ces lettres, parmi les plus belles jamais publiées sur l’amour fou, seront écrites à Nîmes.
 
Le Tour Magne tournait sur sa colline laurée
et dansait lentement lentement s'obombrait
et j'aime de t'y aimer cette Nîmes la Romaine
où les soldats français remplacent l'armée prétorienne

Certaines seront écrites au coin d'une table, dans sa chambre, à la buvette du camp de Massillan, au réfectoire de la caserne, au grand café situé alors sur l'Esplanade, en début d'année 1915 c'est au café Tortoni (actuellement Monoprix) qu'il se complaira à écrire.
 
Le Tortoni d'ici fait à Paris la nique
Il est très bien je l'aime et c'est assez je crois
Au nom du Canudo le signe de la croix
Est fait par les garçons comme par la patronne...
 
Ce café situé en face de l'hôtel du Midi lui permettait d'apercevoir la fenêtre de la chambre qui avait abrité leur amour.
Rapidement, Louise s'éloigne, peut-être lassée par cet amoureux trop lyrique et bavard, plus cérébral que fougueux. Elle partira pour Nice le 15 décembre. Désespéré Apollinaire lui écrira un poème.
 
Je pense à toi mon Lou ton coeur et ma caserne
Mes sens sont tes chevaux, ton souvenir est ma luzerne...
Quand je suis à cheval tu trottes près de moi
Nos 75 sont gracieux comme ton corps...
 
En permission à Nice pour 48 heures, Guillaume s'aperçoit que Lou s'est détachée de lui, il la soupçonne infidèle. Dans le train, de retour vers Nîmes, il fait une rencontre,Madeleine Pagès, après une longue correspondance amoureuse, ils se fianceront l'été suivant.
Envoyé sur le front, le 4 avril 1915, il sera affecté en novembre au 96e régiment d'infanterie avec le grade de sous-lieutenant. En 1916, blessé à la tempe par un éclat d'obus, il doit subir une trépanation. En janvier 1918, il est atteint de congestion pulmonaire ; ensuite il contractera la grippe espagnole qui sévit en Europe. Affaibli par sa blessure et ses récentes maladies, il meurt le 9 novembre 1918, deux jours avant l'armistice. Sa tombe se trouve au cimetière du Père-Lachaise.
À l'occasion du 80e anniversaire de sa mort, la ville de Nîmes rendra hommage au poète. Une plaque sera apposée, en souvenir, sur la façade de l'ancien Grand hôtel du Midi et de la poste situé au square de la Couronne, elle sera dévoilée le 14 novembre 1998, par le Député Maire Alain Clary.
Guillaume, Albert, Vladimir, Apollinaire de Kostrowitzky, plus connu sous son pseudonyme, Guillaume Apollinaire était né à Rome le 26 août 1880, d'une mère issue de la noblesse polonaise et de père inconnu. Considéré, comme apatride son engagement lui permettra d'acquérir la nationalité française.
 
 
1915 - Lors de la séance du 19 février, la Municipalité approuve un projet de réalisation de gaines d'obus, modèle 1887, suite à une commande de l'État. C'est avec l'appui de M. Doumergue (d'Aigues Vives) alors Ministre des colonies que ce projet put aboutir.
Ce travail serait donné à un groupement de mécaniciens-constructeurs nîmois, formé à cette occasion et à l'école pratique d'Industrie et de Commerce (place de la Calade, actuellement Théâtre Municipal). Il permettait d'éviter un projet concurrent qui aurait privé Nîmes d'une activité industrielle. Les ateliers d'Alais et d'Arles, portaient un projet consistant à réquisitionner les tours existant dans Nîmes, y compris ceux de l'école pratique.
Un des éléments qui rentrait en faveur du projet nîmois, les élèves de l'école pratique impliqués, participaient à l'effort de défense nationale et leur éducation professionnelle s'en trouverait fortifiée.
- Après 4 ans de conflit, l'industrie nîmoise de la chaussure manquant cruellement de main-d'oeuvre qualifiée, la municipalité décide, en juin 1918, de créer un nouvel atelier destiné à former des élèves à la conception et la réparation de machines-outils pour l'industrie de la chaussure. Cet atelier serait installé dans une salle du rez-de-chaussée de l'école pratique.
 
- Le 3 juin 1915, le conseiller Maisonneuve expose au Conseil, un projet d'acquisition d'un terrain supplémentaire pour entreposer les ordures ménagères. Suite à l'arrêt de la vente des fumiers (compost) consécutif à l'état de guerre, les deux terrains destinés aux entrepôts d'immondices, situés sur les chemins de Générac et de Beaucaire vont devenir insuffisants.
Il est décidé l'achat d'un troisième terrain de 21 391m2 et d'une valeur de 9700 fr situé en bordure de la route de Beaucaire appartenant à M. Joseph Clément, ancien boucher.
 
 
- Lettre de M. le Préfet (Louis Hudelo), transmise à M. le Maire (Elie Castan), datée 12 août 1915 : "En prévision d'une hausse possible et de difficultés éventuelles de transport au début de l'hiver prochain, il y aurait intérêt à se préoccuper dès à présent des approvisionnements de charbon nécessaires aux services publics ...Il conviendrait de prendre dès cet été des mesures de réduction de l'éclairage des voies urbaines."
Suite à ce courrier, la municipalité s'engage à prendre les mesures suivantes :
- Décision de passer du 1er au 20 novembre ou plus tard si le temps le permet le chauffage des bureaux de l'Hôtel de Ville et des divers services communaux.
- Arrêter les chauffages le 13 du mois de mars au lieu du 31. Il est décidé en outre de regrouper les employés non mobilisés dans un nombre restreint de bureaux. Suppression du charbon accordé à titre de faveur à divers employés.
- En ce qui concerne l'éclairage public au gaz, (*) il est décidé :
- De ne laisser fonctionner qu'un seul bec des 233 lanternes à bi-becs.
- Déposer les 64 lanternes multiples en les remplaçant par des lanternes simples.
- Supprimer tous les candélabres qui sont sur les boulevards, en ne laissant brûler que ceux qui sont aux divers carrefours des rues adjacentes.
- Supprimer les 30 lanternes du Jardin de la Fontaine et ne laisser brûler que les 4 qui permettent d'aller du portail du garde (entrée Est) à celui du restaurant (situé entre la source et le temple).
- Réduire le nombre de becs d'éclairage des places de la Comédie et de St Paul et réduire les heures d'éclairage en fonction de la saison.
(*) L'usine à production de gaz, fonctionnait au charbon. C'est cette usine, située sur le triangle de la gare qui en a pollué le sol.
 
Les effets de la Grande Guerre sur le commerce à Nîmes
 
Lors du recensement de 1911, la ville de Nîmes compte 80 437 habitants. La guerre de 1914 et l’épidémie de grippe espagnole de 1918 ont décimé la population nîmoise, qui ne compte, au recensement de 1918, plus que 70 056 habitants. En l’absence des hommes, la natalité est en régression, et les femmes remplacent leurs maris ou leurs fils dans les activités commerciales. Aux halles de Nîmes, plus de la moitié des étals sont tenus par des femmes. Dans l’industrie aussi, les ateliers du cuir et du textile emploient plus de 90% de femmes. Par ailleurs, les aliments de base augmentent considérablement, 28% de plus pour les œufs, 150% pour le beurre, 75% pour le sucre. Une douzaine d’œufs coûtait 1,10 franc en 1914, contre 7,20 francs en 1918. On distribue des cartes d’alimentation de février 1918 jusqu’en 1920 pour gérer les pénuries. Cette idée sera reprise pendant la seconde guerre, avec les tickets de rationnement. Il fallut attendre 1921 pour retrouver une situation normale. (Texte Philippe Ritter)
 
- Trois mois après la signature de l'Armistice, les nîmois désirent retrouver rapidement le confort de la Belle Époque, le 2 février 1919, un citoyen, M. Poulhon, se plaint de la parcimonie avec laquelle le gaz est distribué dans les maisons, de la mauvaise qualité et de l'état défectueux de l'éclairage public (qui fonctionne au gaz de charbon). Il demande à la Municipalité s'il ne serait pas possible d'améliorer cette situation.
Le président de la Commission de l'éclairage, M. Rivière répond : "que le charbon manque à l'usine par la suite de la pénurie de transport. La commission décide d'ouvrir un registre de réclamations relatives à l'éclairage tant public que privé, de façon à permettre de présenter ses observations avec plus de force. Il précise en outre que la pression du gaz a été prise aux différentes heures de la journée et que, si elle n'est pas conforme aux indications du cahier des charges c'est moins à la mauvaise volonté de la Compagnie qu'à l'insuffisance des quantités de charbon dont elle dispose ou à leur qualité défectueuse que la cause en est due."
Il est précisé que la Compagnie espère pouvoir bientôt s'alimenter en charbon anglais, plus riche en gaz et de bien meilleure qualité.
 
 
- Au cours de la séance du 2 février 1919, M. Coste demande pour quelles raisons toutes restrictions de courant électrique ayant été supprimées, la Compagnie des Tramways n'a pas encore repris l'horaire des marches des Tramways. Il se plaint que, notamment au boulevard de la République (Jean-Jaurès), il faille attendre quelquefois une grosse demi-heure le passage d'une voiture. M. Maisonneuve adjoint, répond que la plainte de M. Coste sera transmise à qui de droit et que des explications seront provoquées sur le retard apporté à la mise en pratique de l'ancien horaire.
En septembre 1919 le service s'est amélioré avec passage d'une voiture toutes les 15 mn. Les voitures étant bondées aux heures de pointe, la Compagnie des Tramways envisage d'affecter une quatrième voiture au service de la ligne B (de la Gare de la Camargue, emplacement de l'actuel Lycée, au Pont de Justice) pour améliorer la fréquence (12mn). En raison de la pénurie de matériel cette solution est retardée, il est envisagé, d'augmenter la vitesse commerciale, sans modifier la vitesse réelle des voitures, en en réduisant le nombre d'arrêts.
Un avis favorable est donné à cette proposition, mais il est précisé que l'arrêt fixe du dépôt des charbons doit-être maintenu.
 
 
- En mai 1919, le préposé en chef de l'Octroi s'adresse au Maire :
"Depuis 1914, la foire de la Saint-Michel est supprimée - Un arrêté de M. le Préfet du Gard avait interdit aux débuts de la guerre, l'installation de baraques foraines.
Maintenant que la clôture des hostilités est heureusement intervenue, beaucoup de villes ont rétabli leurs foires, estimant que les forains, ainsi que les autres français, avaient le droit d'exercer leurs métiers ou leurs industries d'avant-guerre.
L'Ouest de la France, le Centre et le Sud-Ouest ont depuis quelque temps déjà autorisé la reprise des fêtes foraines. Dans l'Est, Besançon, Belfort et même Mulhouse, viennent d'en faire autant. Enfin dans la région, Marseille a décidé de rétablir la foire de Saint-Lazare qui se tient sur la Plaine Saint-Michel, du 15 août au 15 septembre ; Béziers a rétabli sa foire de décembre, et il y a lieu de penser que Montpellier rétablira celle de novembre.
Il serait donc indispensable que le Conseil Municipal prenne une décision, afin, qu'informés par leurs divers journaux, les forains puissent, dès maintenant, prendre leurs dispositions pour organiser leurs tournées."
Le Conseil adopte la proposition de rétablir la foire de la St-Michel, une commission est chargée d'étudier les nouveaux tarifs des places.
 
- Au cours la séance du 27 juin 1919, le Préposé en chef de l'Octroi, propose de transporter au parc à fourrage route d'Avignon, le pont-bascule qui se trouve dans un local place des arènes. Après sa fermeture effectuée en août 1914, il ne produit aucune recette.
Ce pont était installé autrefois sur cet emplacement parce qu'il s'y trouvait le marché aux fourrages et le marché au bois. Il précise aussi que ce local devenu libre pourra être loué.
M. Fernand Serret, exploitant un salon de coiffure pour un loyer mensuel de 125 frs au premier étage de ce local, désire résilier son contrat. M.M. Grill et Camroux propriétaire du local mitoyen se portent candidats pour la location de l'ensemble des locaux. Un bail de 9 ans, résiliable au grès de chacune des parties avec préavis de 6 mois à l'expiration de chaque période triennale (3, 6 et 9 ans) sera conclu pour un loyer mensuel de 400 frs.
"Ce local démoli pour faire place au futur projet de l'îlot Grill, était situé à l'angle de la rue Alexandre-Ducros. Il servait, dans un passé récent, de guichet de vente de billets pour les spectacles des Arènes."
 
- Au cours d'une séance du Conseil Municipal d'été 1919, une révision de l'arrêté préfectoral fixant le tarif du transport des chiens sur les voitures du réseau de tramways est proposée :
"D'après cet arrêté, le prix du transport des chiens est identique au prix payé par le propriétaire dudit chien. Il s'ensuit que ces animaux paient différent tarifs ou même rien du tout, selon la personne qui les accompagne ; plein tarif si c'est un voyageur ordinaire, tarif réduit si c'est un militaire ou un enfant âgé de moins de 7 ans et rien du tout si le voyageur est muni d'un libre parcours.
Il est certain qu'il y a là une anomalie qu'il est bon de faire disparaître. MM. les Ingénieurs du Contrôle des Tramways sont de cet avis.
Proposition est faite, de modifier cette tarification, les chiens seront admis sans supplément, à condition qu'ils restent sur la plateforme avant des voitures quand le nombre des places disponibles le permettra."
 
 
Le 9 mai 1919, la municipalité décidera d'emménager à Nîmes un centre d'aviation Postale en remplacement du terrain de Pujaut, on choisira pour cela le terrain de Courbessac servant de manœuvre à l'artillerie depuis 1874.
" En ce qui concerne le terrain de Pujaut son organisation temporaire est la conséquence de la liaison postale organisée par le Ministre des Postes et Télégraphes entre Nice et Avignon, (seul arrêt régional des trains rapides Paris Marseille) il s’agit donc d’une installation provisoire et non celle d’un aéroport important. Ce terrain est considéré au point de vue du réseau général comme point d’atterrissage de force majeure. "
L’artillerie cédera à l’aéronautique le champ de manœuvre de Courbessac d’une superficie de 45 hectares, le nouveau champ de manœuvre choisi pour l’artillerie d'une surface de 67 hectares n'appartient seulement qu'à 3 propriétaires, M. Maroger, propriétaire du Mas de la Rouvière, Mme Vve Bonnes, propriétaire du Mas de Calvas et de M. Gros Marchand de vin. Le coût estimé de ces acquisitions serait d'environ 54 000 fr.
Lors de la séance du Conseil du 30 août, coup de tonnerre, le Maire lit un courrier du Président du syndicat d'initiative du Gard: "Le Syndicat d'Initiative très intéressé par l'essai de transport de courriers par avions qui eut lieu pendant ces mois passés de Nîmes à Nice avec une régularité remarquable, regrette vivement d'apprendre que ce service a été interrompu depuis le 31 juillet sur l'ordre du Ministère des Travaux publics. Le prétexte invoqué étant le peu de gain de temps réalisé par l'avion sur le chemin de fer... Dans le but d'obtenir dans le plus bref délai le rétablissement du service postal aérien Nîmes-Nice, une commission est chargée de faire valoir auprès des autorités les avantages du courrier aérien sur le rail. Il apparaît en effet que l'avion arrivait à Nice régulièrement à 9h du matin, alors que le train postal n'arrive qu'à 14h30. Ce gain de temps de 5h30 tant à l'aller qu'au retour, permettait ainsi d'obtenir une réponse le même jour... "
Cette mauvaise nouvelle n'interrompra pas la construction de l'aérogare, cette dernière sera mise à la disposition de la navigation aérienne le 19 septembre.
Les 25 et 26 décembre 1920, un premier meeting aérien aura lieu sur le terrain d'aviation de Courbessac, l'aviateur Gibert exécutera sur un monoplan Blériot ses premiers exercices.
Lors du Conseil municipal du 1er juin 1922 le projet départemental d'allongement des pistes fait l'objet d'une discussion : "Cet agrandissement se ferait par une emprise du terrain situé au sud de la route d'Avignon (cette dernière joignait alors l'ancienne route d'Avignon jusqu'au rond point actuel de la sortie de l'autoroute), il fallait pour cela dévier la route nationale plus au Nord, déplacer des canalisations, des lignes électriques et téléphoniques. Le montant des dépenses prévues étant de 642 000 frs, la municipalité n'étant pas en mesure de financer un tel projet, elle décide de laisser au Conseil Général le soin de faire l'effort financier nécessaire."
Au fil des années deux écoles se développeront, elles formeront des pilotes et des mécaniciens. En 1926, elle deviendra l’école auxiliaire de pilotage N° 19.
Dès la fin de 1942, la Base est occupée par l’armée allemande avec un Ergänzungsgruppe, (regroupement de personnel) en 1943 le général Allemand Student dirige un groupe d’entraînement de parachutistes, la base devient alors une école de pilotage ainsi qu’une école de parachutistes. De 1954 à 1964 Courbessac deviendra la base école 726, destinée à la formation initiale des sous-officiers de l’Armée de l’Air.
Par la suite, le 1er avril 1965 est créé sur la base de Nîmes, une unité à vocation particulière pour revaloriser la fonction du fusilier de l'Air en formant les cadres d'active et les militaires du rang de tous les Escadrons de Protection des bases FAS.
Fermeture, en 1996, du centre formation.
Après deux ans de fermeture de la Base de Nîmes Courbessac, création d'une École nationale de Police suite à un arrêté du ministère de l'Intérieur en date du 16 juillet 1998, cette école n'occupera que la partie située au nord de la route d'Avignon.
 
 
- Le 26 août 1919, M. le Directeur des travaux publics, M. Gignoux, adresse le rapport ci-après :
"Depuis de nombreuses années la presse et le public demandent périodiquement la disparition de l'îlot des cygnes qui fut construit il y a vingt ans environ, au centre du premier bassin du canal de la Fontaine....
Cette construction, présentant des défauts de construction, endommagée par des inondations successives, offre à la vue du public un aspect délabré.
Le 23 juillet dernier suite à une demande du syndicat d'initiative de Nîmes et du Gard, désirant la disparition de cet îlot, un devis de la dépense qu'entraînerait cette démolition à été établis, elle s'élève à 4100 francs."
Après examen de la question, le Conseil décide que l'îlot aux cygnes doit disparaître.
 
 
- Lors de la réunion du Conseil Municipal du 4 novembre 1919, un état du Sporting Club de Nîmes (crée en 1901) est fait par son Président Henri Monnier.
"En pleine prospérité en 1914 et possédant un terrain de sports à la route d'Arles, nous avons dû tout abandonner pour répondre à l'appel de la mobilisation.
Devant ce cas de force majeure, le propriétaire de notre terrain a dû en reprendre possession ; quant à la clôture en planches qui entourait notre parc des sports, elle a été, pendant les années de la guerre, complètement saccagée et détruite en totalité.
Malgré nos réclamations réitérées auprès des autorités civiles et militaires, nous n'avons pu obtenir aucune indemnité pour le préjudice causé.
Démobilisés depuis mars dernier (1919) mes amis et avons entrepris la réorganisation de notre société de sports, et nous venons, à cet effet, de louer un terrain situé 11, rue Jeu-de-Mail. (rue Jean Bouin depuis 1934)
Ce terrain clos de murs se prête admirablement à l'installation d'un parc des sports et notre programme comprend l'aménagement d'un terrain de football, cours de tennis, piste de course à pied, emplacement de sauts, etc., avec pavillons pour vestiaires et lavabos.
Pour cela, nous allons avoir des frais importants... nous venons donc, Monsieur le Maire, vous demander de nous aider... une allocation de 3000 frs permettrait de parfaire le chiffre de nos dépenses..."
Le Conseil tranchera, en votant une subvention de 2000 frs inscrite au budget 1920.
Par la suite, un projet d'amélioration datant de 1929 sera concrétisé par l'inauguration du 18 octobre 1931 en présence de Gaston Doumergue, ancien Président de la République. Suite à des difficultés financières, le Club sera liquidé en novembre 1935.
 
 
- 1919 suite . Lors de la séance du Conseil Municipal du 4 novembre 1919, l'architecte de la ville, M. Gignoux directeur des Travaux Publics, présente un devis de travaux de peinture pour les trois grilles d'entrée du jardin de la Fontaine.
Ce devis prévoit en plus des travaux de peinture proprement dits, la dorure sur feuille en or véritable, des lances, rosettes, rinceaux et ornements divers.
Il précise que c'est toujours de cette façon que les travaux de peinture de ces grilles artistiques en fer forgé ont été faits, aussi il estime que malgré la dépense que cela entraînerait, la ville ne peut les exécuter autrement, en substituant par exemple de l'or faux à l'or véritable, ou en ne rechampissant d'or qu'une seule face des ornements de ces grilles.
Le montant estimatif s'élèverait à la somme de quatre mille six cent quatre-vingts francs.
Vu la délicatesse des ouvrages à faire, il conviendrait, pour garantir la qualité du travail et les intérêts de la ville, d'autoriser la mise en concurrence de divers entrepreneurs de peinture sélectionnés pour leur compétence, afin de traiter l'affaire.
Cette proposition est approuvée, le Conseil décide de voter la somme nécessaire de 4680 frs, laquelle sera inscrite au budget 1920.
Toujours au sujet du jardin de la Fontaine, M. Thibaut rapporteur de la commission des objets divers, expose que M. Bosc, avocat à la Cour d'Appel a offert de vendre à la ville une petite propriété limitrophe du jardin de la Fontaine sise à l'ouest du Mas Rouge.
Une partie des membres de la Commission s'étant transportée sur place pour juger à la fois de la valeur intrinsèque de la propriété dont le prix est de 5000 frs et de l'intérêt que s'attache la ville à cette acquisition.
La commission approuve cet achat, et précise que cette propriété permettrait d'offrir, aux promeneurs, une très belle vue sur les garrigues ainsi que sur le chemin d'Alès.
Un petit rappel sur l'évolution de la promenade du jardin de la Fontaine, agrandie une première fois à partir de 1841, suite à l'acquisition de plusieurs terrains en 1829, la démolition de quelques masures et l'achat du Mas Rouge en 1839. Bien connu des Nîmois, cette maison sera jusqu'à une époque récente l'habitation du gardien de la Tourmagne. Autres agrandissements, en 1865 et 1867, suite aux acquisitions des enclos Méjean, Ménard et Féminie.
 
 
En 1920, mise en service deux lignes de bus à traction électrique, desservant toutes les deux le Pont du Gard, la ligne A (22,200 km) passant par Marguerittes, St Gervasy, Bezouce, St Bonnet et Lafoux et la ligne B (33,750 km)  par Manduel, Redessan, Jonquières, Comps, Montfrin et Lafoux.
Dix autobus desservaient ces lignes, ils offraient 27 places assises, la vitesse moyenne commerciale était de 30 km à l'heure. Deux moteurs de 20cv alimentés par du courant continu de 500/600 volts fournissaient la force motrice. Les roues étaient munies de bandages (160mmm de large et 1030 de diamètre), les roues motrices arrières étant jumelées. Trois systèmes de freinage assuraient la sécurité, un mécanique, un électrique et un pneumatique Westinghouse. Des remorques de marchandises avec 4 tonnes de charge utile pouvaient être attelées à la demande. Peu rentable et lent, ce système ne fonctionnera que quelques années, il sera remplacé par des bus en 1927.
 
 
- La Société « Félibrenco dé Nemausa » organise, pour la première fois, au mois d'Avril 1920 une fête populaire de caractère local « La Fête printanière de l'Amandier 
». Cette fête ayant lieu, dans le jardin de la Fontaine, de nombreux éléments poétiques, littéraires, artistiques et musicaux en constitueront le programme.
(une carte postale ancienne datant d'avril 1920, représente la fête de l'amandier à la fontaine de Nîmes. On peut apercevoir des personnages en tenue traditionnelle tout autour d'un amandier planté à côté de la statue de Jean Reboul, un public nombreux occupe tout l'espace libre)
L'amandier et la font de Nîmes sont étroitement liés à travers la chanson SE CANTO « A la font de Nîmes I a un ametlier », (à la fontaine de Nîmes il y a un amandier). Ce chant nîmois n'est en fait que l'une des versions d'un ancien chant du Sud de la France.
Certains historiens le font remonter à Gaston Phébus qui l'aurait dédié à son épouse pour se faire pardonner son comportement volage.
Au début des années 2000, l'un des membres du Docte Collège des Consuls de Nîmes, s'aperçoit, après une visite au jardin de la Fontaine, qu'il n'y a plus d'amandier !!!
Après une intervention auprès de l'administration compétente, les Consuls se mobilisent. L'un des membres Bernard Pical pépiniériste faisant parti de la confrérie, offre un plan d'amandier et solennellement le 9 février 2002, un amandier sera planté à la font de Nîmes.
Voici les premières strophes de Se Canto :
 
A la font de Nimes - I a un ametlièr - Que fa de flors blancas - Coma lo papièr
Se canta, que cante - Canta pas per ièu - Canta per ma mia - Qu’es al luènh de ieu
 
- Un courrier daté du 25 février 1920, de M. E. Reinaud, secrétaire perpétuel de l'Académie de Nîmes, signale au Conseil Municipal qu'elle désire occuper l'immeuble qu'elle vient d'acquérir au 16 de la rue Dorée. Elle rend donc à la ville les trois plus belles pièces qu'elle occupait au Palais des Beaux Arts (ancien Évêché, actuellement Musée du Vieux Nîmes).
Historique : En 1912, la Municipalité consciente que l'Académie logée dans un local étroit et d'accès difficile au 2eme étage de la rue Dorée, avait mis à sa disposition, le somptueux salon de l'ancien Évêché pour ses séances et deux grandes pièces pour ses bibliothèques.
Après la guerre de 14-18, le chanoine Bonnefoi supérieur de St Stanislas et ancien Président de l'Académie s'est attaché à recueillir auprès des membres de la Compagnie les fonds fonds nécessaires pour l'achat d'un local. C'est un hôtel particulier (au XVIIe siècle, ancien Hôtel Guiran) situé au 16 de la rue, appartenant à Mademoiselle Adrienne Michel (fille d'Albin Michel, historien de Nîmes). L'acte de vente sera passé le 29 novembre 1919.
C'est le 7 juin de l'année 1920 que l'Académie sera officiellement installée lors de l'inauguration présidée par le Pasteur Trial, Président. Ce bâtiment est encore à ce jour l'Hôtel de l'Académie.
 
 
 
- Reprise des corridas interrompues par la guerre de 14-18, le dimanche 23 mai 1920, à l'occasion des fêtes de la Pentecôte.
(dernière corrida en 1914, le 24 mai, avec 6 taureaux et toréés par Vincente Martinez, Cocherito et Celita ; une autre le 28 juin, 6 taureaux toréés par Pablo Roméro, F. Martin Vasquez et Paco Madrid.)
Lecture est faite le 30 août 1919 d'une proposition adressée au Conseil Municipal de Nîmes par l'intermédiaire de M. Paul Morel, représentant de l'« Union des Criadores de toros de lidia » :
« ... de la part de son excellence le Duc de Veragua, au nom de l'Union des Eleveurs de toros de combat dont il est le Président, que cette Société a, dans une de ses dernières réunions générales, sur la proposition de Don Manuel Garcia-Aléas, de Colmenar-Viejo, décidé d'accorder ce qui suit :
Les ganaderos de toros bravos d'Espagne, auraient honneur et plaisir d'offrir aux fins d'une corrida de bienfaisance aux mutilés aveugles et autres, de la Grande Guerre, 6 toros limpios, tirés au sort parmi les sociétaires, qui seraient toréés dans les Arènes de Nîmes, comme étant cette ville le berceau de l'aficion française et possédant le plus vaste cirque où il pourrait se faire la plus énorme recette dans ce charitable but.
Les toros seront mis à la disposition de la Municipalité nîmoise en 1920 dès le mois de mai, si cette proposition est agréée par le Conseil Municipal, qui se chargerait de l'organisation de cette corrida avec le concours des Sociétés taurines de la ville, afin de donner plus de développement à la fête. »
Cette proposition sera acceptée à l'unanimité par le Conseil Municipal.
Cette initiative marquera la reprise des grands spectacles taurins dans les Arènes de Nîmes. C'était très certainement le but recherché par l'U.C.T.L. (Union de Criadores de Toros de Lidia) qui regroupait tous les élevages d'Espagne et du Portugal.
C'est à cette époque que sera créée l'Union Taurine Nîmoise, toujours présente, de nos jours, avec l'actuel président, (2007) Eric Pujante.
L'année précédente des spectacles taurins avaient eu lieu, dix capéas, avec des taureaux de Viret, Saurel, Reynaud, Granon, Lescot et Julien Abel.
C'est le 23 mai 1920 que se déroulera dans les Arènes de Nîmes, la première corrida d'après-guerre.
Sept bêtes de 6 élevages différents seront estoquées. Un toro de Manuel Garcia-Aleas par Augustin Garcia ; un toro de Anastasio Moréno Santamaria par Punteret ; un toro de Antonio Lopez Plata par Luis Freg ; un toro de Manuel Lozano par José Garate ; un toro de Alipio Perez Tabernero Sanchon par Saleri II ; un toro du marquis de Villamarta par Ernesto Pastor ; et enfin, un novillo sera travaillé par le jeune Mariano Montes.
Il y aura cinq Capéa, au cours de cette même année et une corrida le 26 septembre.
L'année suivante, 1921, une corrida sera organisée le 15 mai au bénéfice du futur monument aux Morts de la guerre de 14-18.
La corrida du 19 juin 1921, sera organisée au bénéfice des habitants des régions sinistrées par la guerre et le 31 juillet au bénéfice des veuves de guerre, les Arènes seront combles, mais le spectacle sera tellement décevant que la direction sera obligée d'offrir un taureau supplémentaire que Belmonte consentira à toréer.
C'est seulement après cette dernière corrida que les autorités se manifestèrent en dressant des procès-verbaux à l'encontre des matadors, des organisateurs et du président de la course, Gaston Audry.
L'audience du tribunal sera fixée pour le 17 novembre 1921. Une manifestation monstre sera organisée le jour de l'audience. A sa tête, le Maire, Josias Paut, son adjoint Henri Bauquier, s'associeront aussi à la manifestation, la « Nacioun Gardiano » avec une centaine de cavaliers menés par le marquis de Baroncelli-Javon (*) et l'avocat Bernard de Montaut-Manse, prieur de la confrérie des gardians.
Arrivé devant le tribunal ce dernier prendra la parole sur son cheval :
« Méridionaux, voici l'heure du Midi ! Notre terre nous appelle, dressons-nous et courons au secours de son Droit, car elle est notre Mère adorée et bénie. Exaltons nos tridents et nos coeurs ! Pour la Provence et pour le Languedoc, en avant, mes amis gardians, mes frères du Midi ! Maudits soient ceux qui renient notre Patrie méridionale ! Vive notre langue ! Vivent nos courses de taureaux ! Pour nos libertés, en avant ! »
Après cela il revêtira sa robe pour aller plaider contre la SPA, parti plaignant, qui sera déboutée et condamnée aux dépens.
(*) Le marquis Folco de Baroncelli-Javon (1869-1943) fondateur de la Nacioun Gardiano en 1904, était le dernier descendant de Christophe de Baroncelli-Javon, Grand Prieur de St Gilles (Ordre de Malte) en 1699
 
 
- En 1920, la Compagnie Aérienne Française, se propose de constituer un Album de Photographies Aériennes des villes les plus pittoresques de la contrée.
Chaque vue seraient au format de 50x60, à titre de référence cette société indique qu'elle a déjà exécuté des travaux de ce genre pour les villes de Trouville, Deauville, Le Hâvre, Versailles et Paris. Des vues dont quelques-unes ont été reproduites par le Journal l'Illustration, constituant ainsi un moyen des plus frappant pour faire connaître les beautés d'une ville.
Il sera édité sous le patronage de l'Aéro-Club du Gard et du Syndicat d'Initiative du Gard à Nîmes et comprendra 24 reproductions de vues prises en Avion. La Municipalité trouvant ce projet intéressant, la vente dans les Musées de ces photographies constituant un excellent moyen de propagande touristique. Elle propose de voter la somme de 1000 fr, les recettes des ventes permettant de récupérer cette dépense.
 
L'ECOLE ANTIQUE DE NÎMES
 
- Le 31 août 1920, Max Raphel, le célèbre architecte nîmois (1863-1943) fait une requête à M. le Maire de Nîmes, Josias Paut :
« J'ai l'honneur de vous demander de vouloir bien présenter à votre Conseil Municipal, une requête tendant à obtenir une subvention de 500 frs, destinée à l'école Antique de Nîmes... ce concours donné par la ville permettrait d'obtenir d'autres subventions du Département et de l'Etat..... cela permettrait d'étendre le champ d'action pour le plus grand avantage intellectuel pour la Ville au profit de qui travaillent uniquement les organisateurs de l'École Antique. »
Après quelques explications complémentaires sur le but poursuivi par ladite École et sur les services qu'elle est appelée à rendre, le Conseil décide de lui allouer une subvention annuelle de 1000 frs, pour lui fournir les moyens d'éditer des brochures, comptes-rendus de travaux... qui seraient envoyés aux Facultés, Universités et autres.
 
Historique
 
Dès 1917, M. Gustave Domjean, adjoint à l'instruction publique et aux Beaux Arts, projeta la création d'une École Antique et chargea M. Félix Mazauric, conservateur des Musées d'Archéologiques, d'arrêter les grandes lignes de cette création que la guerre fit retarder.
L'arrivée simultanée de M. Émile Espérendieu, membre de l'Institut, à la conservation des Musées archéologiques et de M. Loye, ancien membre de l'École Française de Rome, à la Bibliothèque, la nomination de M. Bauquier comme adjoint au Maire à l'Instruction Publique, engagèrent en 1920 M. Domjean à mettre à exécution son projet.
Après M. Max Raphel, architecte du département, M. Domjean accepta la présidence de l'École Antique, il formalisera son fonctionnement. Après son décès MM. Esperandieu et M. Bondurand assurèrent la succession.
 
Programme
 
L'École Antique, malgré son titre, n'exclura pas de son programme l'étude du moyen-âge. Les conférences qu'elle donnera, les visites et les excursions qu'elle organisera se rapporteront nécessairement aux monuments romains de Nîmes : Maison-Carrée, Arènes, Tour Magne, Temple de Diane, Porte Auguste, Porte de France, Pont du Gard. Elles concerneront aussi, la montagne de Cordes, avec ses allées couvertes, Montlaurès, Ensérune, où la civilisation hellénique a laissé de nombreuses traces ; pour le moyen-âge : Aigues-Mortes et son enceinte, les églises de Saint-Gilles, de Saint-Trophime d'Arles, de Sénanque ; Avignon et son Palais des Papes ; la Chartreuse de Villeneuve ; les Baux ; les Saintes-Maries de la Mer, etc...
Cette société savante est, toujours, active et dynamique. Les travaux de certains de ses membres, le Capitaine Louis, Émile Espérandieu... permettent en outre de documenter le site internet « nemausensis.com ».
 
 
- Le 3 septembre 1920, une demande de dérogation est faite par l'architecte parisien, Adda, chargé de la construction du futur immeuble Bloch. Cet immeuble situé à l'angle de la rue de la couronne et du boulevard Amiral Courbet, avec sa façade donnant sur l'Esplanade, doit prendre la place d'un ancien immeuble voué à la démolition.
Cette demande concerne des problèmes de hauteur et d'alignement, la ville prévoyant une hauteur maximale de 11 mètres et l'architecte demandant une hauteur comprise entre 22 et 25 mètres. En compensation M; Bloch propose de reculer de façon bénévole sa nouvelle construction, au niveau de la rue de la couronne, de 1,65m de façon à porter cette rue à 6,50m.
Après délibération, suite au rapport de l'architecte de la ville, le Conseil autorise la construction de cet immeuble.
 
Historique du lieu.
 
Le bâtiment est construit sur la ligne des anciens remparts romains, repris à ce niveau par les remparts du moyen âge.
Le 9 Décembre 1776, on constate que la tour et la pièce occupant le dessus du péristyle entre les deux portes de la Couronne sont en telle vétusté qu'elles menacent une ruine très prochaine. « L'on a été forcé de faire démolir le pourtour des murs construits en carreaux de pierre de taille de six pouces d'épaisseur sur une hauteur de dix pieds jusques à l'arasement de la maçonnerie au-dessous, laquelle à deux pieds d'épaisseur et qui parait d'une assez bonne construction pour pouvoir rester dans l'état sans courir risque d'aucun fâcheux accident. »
Au début du XIXe siècle, un premier bâtiment sera construit sur cet emplacement, il abritera le très célèbre café-restaurant Peloux. II existait encore une partie de l'un des piliers de la porte de la Couronne dans cet immeuble.
Le 1er novembre 1838, les boulevards, les rues, Régale, Trésorerie, des Marchands, de la Couronne, des Fourbisseurs, Saint Antoine, de l'Aspic, de la Madeleine, des Lombards, Saint Castor, de la Curaterie, les places de l'Hôtel de Ville, de la Salamandre et du Marché allaient être éclairées au gaz. On accourait pour voir les cafés Peloux, Sant et Seguin qui les premiers avaient aussi adopté ce mode d'éclairage. Il venait en remplacement des lampes à huile qui continuaient à éclairer le reste de la ville, en attendant leurs changements prochains.
« Tout à côté en juin 1896 la première séance de cinématographe Edison fut réalisée à Nîmes dans une salle du premier étage du café le Tortini, son entrée était située place de la Salamandre. C'est actuellement l'entrée du Monoprix. »
Par la suite le café Peloux deviendra le restaurant Durand.
En 1923, sur ce même emplacement, un magasin de nouveautés sera construit par M. Edgar Bloch, sur les plans de Charles Adda architecte parisien, le permis de construire est accordé le 8 avril 1922.
Le bâtiment sera par la suite exploité par les Galeries Barbès, les meubles Renvier, et actuellement le restaurant Quick.
A l’origine du bâtiment Bloch, les bureaux se trouvaient dans les étages, au sous-sol sont installés, une grosse pompe qui permet de remplir un réservoir caché dans la coupole supérieure, alimentant le système de sécurité incendie, ainsi qu’un groupe électrogène de secours doté d’un énorme moteur diesel monocylindre. (texte Gérard Taillefer)
 
 
 
1920 suite - Lors de la réunion du Conseil Municipal du 22 décembre 1920, la question de l'achat de l'ancien établissement de l'Assomption situé avenue Feuchères est évoquée.
M. le Maire, Josias Paut, rappelle qu'il n'a trouvé en ville, malgré ses recherches actives aucun emplacement autre que l'ancienne Assomption pour y transférer le Lycée de jeunes filles.
L'actuel Lycée de jeunes filles situé dans l'ancien Hôtel Rivet, à la Grand'Rue (actuellement École des Beaux-Arts) s'avère trop petit. La direction étant amenée à refuser des élèves, il devient urgent de déplacer avenue Feuchères, dans les locaux immédiatement disponibles, les 4 ou 5 classes où les jeunes filles sont littéralement entassée.
L'Etat ayant désigné, un architecte, M. Augière, qui sera chargé d'évaluer l'immeuble et présenter un rapport. La ville de son côté a désigné un architecte et M. Max Raphel architecte indépendant, est désigné comme expert.
M. Augière évalue l'immeuble à 543575 frs ; M. l'architecte de la ville arrive au chiffre de 470000 frs, enfin M. Raphel, le tiers expert, fixe son évaluation à 501691 frs.
M. le Maire accepte le chiffre de M. Raphel, qui paraît très raisonnable, il désire que le Conseil décide de l'achat.
Au cours du débat, plusieurs Conseillers déclarent qu'ils voteront l'achat de l'immeuble avec réserves, et demandent qu'on y installe une école Primaire. M. Bauquier fait observer que dans ce cas, il ne faudrait pas compter sur la participation de l'État.
M. Dugas, s'oppose fermement au projet, il avance pour argument, la loi de 1901 « qui ferait obstacle à l'acquisition projetée, et que même sans cela, il reste opposé à ce projet, guidé par des considérations d'ordre moral, ce bien représentant le patrimoine de toute une communauté spoliée par une loi injuste. »
À ce moment de la discussion, un vif incident se produit entre MM. Dugas et Berthézenne.
Le calme revenu, la décision est mise au vote.
Ont voté pour : MM. Alibert, Berthézenne, Pintard, Thibaut, Aubert, Ménard, Boudin, Coste, Sabliet, Fabrègue, Bourrier, Rousset, Bauquier, Lauron, Gignoux, Paut.
Ont voté avec réserve quant à l'affectation à donner à l'immeuble de l'Assomption : MM. Horiot, Roussel, Montcocol.
Ont voté contre : MM. Le Docteur Lafon, Héral, de Trinquelague, de Bernis, Dugas, Desmonteix. S'est abstenu : Bernodoy.
La proposition est adoptée. La décision finale d'acquisition par voie d'expropriation, au prix fixé, sera votée lors de la séance de Conseil Municipal du 2 mai 1921.
Cette décision mettra un point final à toutes les tentatives de récupérations des lieux par la communauté de l'Assomption.
Le Lycée de Jeunes Filles de la Grand'Rue sera transféré avenue Feuchères.
C'est actuellement le Collège Feuchères.
 
Historique du collège de l'Assomption
 
En 1843, le père Emmanuel Joseph-Marie Maurice d'Alzon (1810-1880) prenait en main un établissement fondé en 1839 et géré par le curé de la paroisse Sainte-Perpétue, l'Abbé Goubier.
Il commença par recruter les professeurs, MM. Monnier et Germer-Durand et établit un règlement scolaire.
En 1848, après avoir fait le siège des ministères, il finira par obtenir deux ans avant le vote de la loi Falloux (1850) le plein exercice de la Maison de l'Assomption.
Le 29 mars 1880, des décrets de Jules Ferry obligeaient les Congrégations religieuses, non autorisées par la loi, à cesser leur mission d'éducation. Les frères Augustins de l'Assomption seront expulsés le 7 décembre, quelques jours après le décès du Père d'Alzon survenu le 21 novembre. Des tractations avec l'évêché de Nîmes permirent au Collège de poursuivre son existence sous direction diocésaine. Quatre religieux fictivement sécularisés pouvaient rester à leur poste.
Louis Allemand, succédera au père d'Alzon de 1880 à 1881, ensuite le Père Charles Laurent (1881-1882), le Père Alexis Dumazer (1882-1894), le Père Joseph Maubon (1894-1899) et pour terminer, le Père Stéphane Chaboud jusqu'à la fermeture de l'établissement religieux, en 1909.
La façade actuelle sera inaugurée en 1893, à l'occasion du cinquantenaire de l'établissement.
 
Le 14 décembre 1920, le Maire de Nîmes Josias Paut décide d'interdire toutes représentations dans la ville de Nîmes de la pièce, « Les Maris Complaisants » dont les dialogues sont jugés, par lui, contraires aux bonnes moeurs. Cet acte s'appuie sur la loi du 5 avril 1884.
Ce Maire radical, professeur de Lycée, ne badine pas avec la morale. Par cette décision il veut mettre fin aux tentatives faites par les propriétaires « des cabarets bourgeois », qui désirent tirer profit de la frénésie des citoyens marqués par les horreurs de la guerre.
Maire de Nîmes depuis le 10 décembre 1919, Josias Paut, avait succédé à Elie Castan, « l'ouvrier Galochier » qui a géré la ville pendant 6 années, durée exceptionnelle. Il était en place depuis le 27 mai 1914, à cause des hostilités.
 
 
Georges Mathon, mars 2008
 
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> NIMES AU XIXe - Les cahiers d'histoire, 1800-1899  (texte et photo)
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EN SAVOIR PLUS
> Liste des Maires de Nîmes de 1790 à nos jours.
> Liste des évêques de Nîmes.
> Liste des Préfets du Gard de 1800 à 1938
 
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