EPISCOPAT DU GARD
de l’ancien régime à la séparation de l'église et de Etat


Les grands hommes de la Constituante en 1790 - archives Philippe Ritter

  

Le dernier Evêque de Nîmes, sous l’ancien régime.

Mgr Pierre-Marie-Magdelaine Cortois de Balore (1784-1801), né à Dijon en 1734, fut promu à l’évêché d’Alès le 30 juin 1776, et à celui de Nîmes le 11 août 1784, il fit son entrée en ville le 3 juin 1785.
Il initia la création du Mont-de-Piété, qui sera installé rue des innocents, (rue Gergonne depuis 1884). Ce n’était pas la première création d’un tel établissement, l’évêque Jean-Jacques Séguier (1671-1689) en avait créé un, à la fin du XVIIe siècle, mais cette institution ne lui survivra pas.
En 1789, Mgr Balore est député aux Etats-généraux, il représente le clergé de la sénéchaussée de Nîmes, avec trois autres membres du clergé, l’évêque d’Uzès, Mgr Béthisy, ainsi que les curés de Pont St Esprit et Villefort, malheureusement l’histoire ne nous en a pas conservé leurs noms.

 
Le 12 juillet 1790, la constitution civile du clergé était promulguée et venait bouleverser l’antique organisation de l’Eglise de France.
 « La Constitution Civile du Clergé du 12 juillet 1790 - Article I et II : Chaque département formera un seul diocèse, et chaque diocèse aura la même étendue et les mêmes limites que le département. Les sièges des évêchés des 83 départements du royaume seront fixés... suivent les noms des villes où les évêchés seront établis. Tous les autres évêchés existant dans les 83 départements du royaume, et qui ne sont pas nommément compris au présent article, sont et demeurent supprimés. »

 Un seul diocèse dans le Gard, suppression de celui d’Alès et d’Uzès.

Un nouveau diocèse était créé, celui du Gard, dont le siège était fixé à Nîmes et qui comprenait à peu près les territoires des trois évêchés de Nîmes, Uzès et Alès.
Mgr de Bausset, évêque d’Alès et Mgr de Béthisy de Mézières évêque d'Uzès, voyaient leurs sièges supprimés, on n’eut donc à demander aucune prestation de serment à M. Bausset, qui n’avait plus de fonctions publiques à remplir ; au contraire M. de Béthisy était astreint à cette formalité comme membre de l’Assemblée Nationale : il refusa le serment, quand à M. Cortois de Balore, considérant cet acte comme schismatique il refusa de prêter serment et fut déclaré déchu de ses fonctions d’évêque en vertu des décrets de l’Assemblée Nationale.

 L’évêque Constitutionnel de Nîmes

La vacance du siège épiscopal de Nîmes étant déclarée quel était l’évêque constitutionnel qui allait en assumer la succession ?
L'assemblée constituante ayant décidé la Constitution civile du Clergé, un document abrogeant le concordat conclu en 1516 entre le roi François 1er et les représentants du pape sans en référer à ce dernier, les évêques et les curés doivent donc être désignés par les électeurs de leur paroisse ou de leur diocèse, que ces électeurs soient catholiques, athées, protestants, voltairiens...
Le 27 février 1791, un corps électoral se réunit dans la Cathédrale de Nîmes. Cette assemblée se trouvait réduite de plus de quarante pour cent, et ce fut une majorité de non catholiques qui procéda à l’élection.
Par 216 voix sur 317 votants et 586 inscrits, elle proclama évêque du Gard l’abbé Jean-Baptiste Dumouchel, recteur de l’Université de Paris, député à l’Assemblée Nationale, ce dernier avait prêté serment à la Constitution le 27 décembre 1790, inconnu à Nîmes jusqu’à ce jour, (il bénéficiait des recommandations de Jean-Paul Rabaut St Etienne, pasteur protestant nîmois et président de l'Assemblée constituante en 1790.)
Très mal accepté par le milieu catholique, il exercera son administration avec difficulté jusqu’à la fin de l’année 1793. (frimaire an II). Durant toute cette période il fut considéré comme schismatique par les évêques légitimes du Gard.  Ces derniers continueront à diriger de loin leurs diocèses.

 Le concordat de 1801. (23 fructidor an IX)

« Concordat - Signé le 15 juillet 1801 puis ratifié le 10 septembre 1801, entre le gouvernement français et Pie VII, le Concordat est toujours en vigueur même si certains des 17 articles ne sont plus applicables ou sont tombés en désuétude. Il établit, encore aujourd'hui, les conditions de reconnaissance de la religion catholique. De plus, selon le Concordat, le clergé devait prêter serment de fidélité au Gouvernement, recevant en retour un traitement. »
En 1801, le concordat, par une nouvelle convention exigeait la démission des anciens évêques et annonçait une répartition modifiée des sièges épiscopaux.
Après diverses propositions, il sera décidé de ne former qu’un diocèse avec les deux départements du Vaucluse et du Gard. La ville de Nîmes comportant un trop grand nombre de protestants le premier Consul (Bonaparte) exigea que le nouvel évêché fut fixé à Avignon. Cette modification fut acceptée par le St Siège par sa bulle « Qui Christi Domini ».
Des trois évêques du Gard, deux avaient obéi et donné leurs démissions, Mgr de Balore, dans une lettre datée de Palissy (Aube), renonçait à son siège de Nîmes, par contre l’évêque d’Uzès, Mgr Béthisy, déclara qu’il ne se croyait point le droit de renoncer au siège, passant outre le Pape Pie VII lui retira son autorité juridictionnelle et le déclara démissionnaire.
Bonaparte tenait à amener la fusion entre les clergés fidèle et constitutionnel, ce fut un évêque issu de ce dernier groupe qui fut désigné pour le "nouveau" grand diocèse d’Avignon, Jean-François Périer, évêque constitutionnel du Puy-de-Dôme.
Ce dernier, vu l’étendue de son vaste diocèse, institua à la tête de chaque arrondissement des doyens et sous doyens auxquels il accorda des pouvoirs étendus.
A Nîmes et pour le département du Gard il tentera de nommer un archidiacre, l’abbé de Rochemore, ancien vicaire général des deux derniers évêques de Nîmes MM. Becdelièvre et de Balore, il avait en secret et au nom du prélat en exil, gouverné le diocèse de Nîmes, mais le gouvernement refusa cette nomination, l’évêque dut se contenter de le nommer curé de la paroisse St Castor, mais il conserva tout de même les fonctions spirituelles d’un archidiacre.

 
L'ancien Palais épiscopal, actuellement musée du vieux Nîmes

 

La restauration - La bataille pour le choix du siège de l’évêché.

Dès que Louis XVIII fut remonté sur le trône, les revendications des catholiques du Gard se firent entendre de nouveau, les habitants d’Uzès arguant de l’antiquité du siège d’Uzès réclamèrent pour leur cité le rétablissement de l’évêché avec Mgr de Béthisy de Mézières, fidèle serviteur des Bourbons.
Le roi aurait bien voulu lui donner l’évêché de Nîmes qu’il comptait rétablir, mais aussi intransigeant en 1816, qu’il avait été au moment du Concordat de 1801, de Béthisy refusa et réclama son rétablissement sur le siège d’Uzès. Le roi fit une demande au Pape en ce sens, mais Pie VII se montra inflexible parce que l’ancien évêque avait désobéit au moment du Concordat en refusant de donner sa démission. Suite à la mort de Béthisy à Londres le 7 août 1817, il ne fut plus question de rétablir l’évêché à Uzès.
La ville d’Uzès étant écartée il restait deux sièges en concurrence pour l’évêché du Gard, Alès et Nîmes. Le Préfet de l’époque le Baron d’Haussez se déclarait en faveur d’Alès et son dernier évêque, Mgr de Bausset, insistait beaucoup pour le rétablissement de son ancien siège, devenu cardinal et membre de la Chambre des Pairs, son influence était considérable. Quand au maire de Nîmes, Charles de la Boissière, il s’en était remis à la « sagesse royale !!! » du roi de déterminer quelle ville du Gard convenait le mieux au siège de l’évêché.

 L’action décisive du Maire de Nîmes pour son évêché

Le 27 août 1819, Augustin Cavalier, nouveau maire de Nîmes s’investit dans ce dossier, il transmet au Préfet une demande permettant au Conseil municipal de revenir sur sa délibération précédente concernant le siège le l’évêché. Le 30 du même le Préfet refuse en précisant que le Conseil général s’était déjà prononcé.
Cette question "brûlante" resta en suspens pendant près d’un an et ce ne fut qu’en juillet 1820 que le gouvernement parut de nouveau s’en occuper. Dans l’intervalle, le 30 janvier 1820, le comte de Villers du Terrage avait remplacé le baron d’Haussez à la préfecture du Gard.
Le 17 juillet 1820, le Conseil d’arrondissement, réuni sous la présidence du marquis de Cabrières, prend partis pour une pétition en faveur de la candidature de Nîmes, le 5 août le conseil municipal adhérait également aux termes de la pétition, le 11 août sur la proposition de son président, le comte de Chazelles-Chusclan, le Conseil général se joignait aux deux autres assemblées locales.
Le 24 août 1820, l’abbé de Rochemore, provicaire général du Gard, mourrait et sa disparition, en supprimant toute administration ecclésiastique directe à Nîmes fit sentir de façon plus sensible la nécessité de la création d'un diocèse gardois.

 
 Mgr de Chaffoy évêque de Nîmes (1821-1837)

 « Claude-François-Marie-Petit-Benoît de Chaffoy naquit à Besançon le 7 février 1752 ; son père était Conseiller au Parlement de Franche-Comté. Le futur évêque fit ses études à Saint-Sulpices et Louis XVI, par un brevet de joyeux avènement, le pourvut d’un canonicat à la cathédrale de Besançon. Mgr de Durfort le nomma vicaire général et il suivit son archevêque en Suisse quand ce dernier dut s’y réfugier en 1791. Lorsque la mort de Mgr de Durfort rendit l’évêque de Lausanne, son suffrageant, administrateur apostolique de la métropole en l’absence de tous les autres évêques de la province ecclésiastique, ce prélat chargea l’abbé de Chaffoy de la direction du diocèse de Besançon ; le futur évêque de Nîmes conserva ces pouvoirs jusqu’au Concordat.
C’est le père D’Alzon qui assistera Mgr de Chaffoy à ses derniers moments, le 29 septembre 1837. Il prononcera, le 6 octobre, à la cathédrale l'oraison funèbre de son évêque. »

 La bulle Paternœ Charitatis restreint le diocèse d’Avignon au territoire du Vaucluse et élève le département du Gard en diocèse. Le 24 septembre 1821, M. de Chaffoy est préconisé par Pie VII et le 24 octobre suivant, il recevait dans l’église Saint-Sulpice la consécration épiscopale. Agé de 70 ans, le nouvel évêque fit son entrée solennelle à Nîmes le 19 décembre 1821.
Le soir même, il y avait un grand bal à la préfecture du Gard, un hôte inattendu se présenta à M. de Villiers du Terrage ; c’était Mgr de Chaffoy, le nouveau prélat passa sa première nuit dans l’ancien évêché, puis se rendit le lendemain à l’hôtel de Balincourt (29, rue des Lombards), alors propriété de la baronne de Listeroy, qui fut momentanément loué pour cet usage.
Le nouvel évêque s’empressa de constituer son chapitre en conformité des règles canoniques et des instructions du St Siège. Il fut organisé le 25 mars 1822 et l’abbé Sibour sera le nouveau chanoine.
Il restait à restaurer toute l’infrastructure de l’évêché de Nîmes, l’église de la paroisse de St Castor sera érigée en cathédrale.

 La Préfecture libère l’ancien évêché et déménage dans Hôtel Rivet

L’ancien évêché (actuellement Musée du vieux Nîmes) était alors occupé par la préfecture. Détruit pendant les guerres de religion, de 1567 à 1569, il avait été rebâti en 1685 par Mgr Séguier. Vendu comme bien national à la révolution, il avait été racheté par le département en l’an X et affecté au logement des différents services administratifs et à l’habitation du Préfet.
Dans sa cession ordinaire de 1822 le Conseil général décida, avec l’accord du Préfet, l’acquisition de la maison Rivet (Ecole des Beaux-Arts) avec ses meubles pour y installer la Préfecture, une ordonnance royale en date du 3 avril 1822 en autorisa l’achat. L’ancien évêché étant libéré il pourra héberger le nouvel évêque

 Création du Grand Séminaire dans l’ancien couvent des Chassaintes.

M. de Chaffoy, dès son arrivée dans le diocèse, nomme le chanoine Pignon comme supérieur du grand séminaire, là priorité était de trouver un local convenable pour l’accueillir.
Le choix se porta sur l’ancien couvent de Chassaintes, l’immeuble fut acquis par un acte du 3 juin 1822. L’affluence de séminaristes rend ce bâtiment rapidement insuffisant, un agrandissement est décidé, l’Etat prend en charge l’achat de 6 maisons qui joignaient le séminaire. C’est ainsi que fut construit en 1827 l’aile levant du grand séminaire.

 Création du Petit Séminaire à Beaucaire.

L’évêque pensa aussi à établir un petit séminaire, il demanda aux villes principales de son diocèse quels sacrifices elles consentiraient en faveur du nouvel établissement, la ville de Beaucaire ne voulant point laisser échapper cette occasion, proposa une somme de 84000 frs. Son offre fut acceptée et en 1824, le petit séminaire était installé dans l’antique château et dans le parc des Porcellets.
Le diocèse de Nîmes se trouvait ainsi pleinement constitué, avec son chapitre, son grand et son petit séminaire.
L’antique siège de St Félix, premier évêque de Nîmes de 374 à l'an 407,  retrouvait ainsi toute sa splendeur.

 Le 9 décembre 1905, loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat.

Elle prescrit :
« Les édifices qui ont été mis à la disposition de la Nation, et qui, en vertu de la loi du 18 germinal an X (8 avril 1802) servent à l’exercice public des cultes ou au logement de leurs ministres sont et demeurent propriété de l’Etat des départements et des communes. »
Dans le courant de 1907, Mgr Béguinot dut quitter l’ancien palais épiscopal et alla habiter la maison située au N°2, de la rue Robert, où fonctionnent depuis lors les services de l’évêché.
La chapelle épiscopale qui avait été construite au milieu du XVIIIe siècle sur les plans de l’architecte sur les plans et devis de l’architecte Dardalhion, et qui reliait l’aile orientale de l’évêché à la cathédrale, fut démolie.
Début juillet 1910, le département du Gard vend à la ville de Nîmes l’ancien Palais épiscopal, destiné à devenir, Palais des Beaux Arts et Musée du Vieux Nîmes.
 

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> Épiscopa du Gard
> Rapport du Préfet, 1908, affectation à donner à l'ancien Palais Episcopal
> Historique du Musée du Vieux Nîmes, ancien Palais Episcopal
> Le Petit Séminaire de Beaucaire
> Le Grand Séminaire de Nîmes

ARTICLES MIDI LIBRE
> Article Midi Libre du 30 octobre 2005
> Article Midi Libre du 6 novembre 2005
> Article Midi Libre du 13 novembre 2005

  

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