II Le Grand Séminaire de Nîmes extrait du "Bulletin de l'Association St Joseph", 1961 - Collection Philippe Ritter Chantier Séminaire rue Salomon-Reinach, 1925 Création du premier Séminaire à Nîmes à côté de l'église St Charles en 1567 La XXIIIe session du Concile de Trente fut peut-être sa plus féconde, à cause du décret sur l'institution des Séminaires qui la termina, et qui, à lui tout seul, disait-on, aurait valu tous les labeurs du Concile. C'était le 15 juillet 1563. Mais les décisions d'un Concile n'entrent en application que très lentement. Ce n'est qu'au milieu du XVIIe siècle que se lança vraiment en France le mouvement qui allait doter chaque diocèse d'une institution où se formeraient les futurs prêtres. Cent ans après la clôture du Concile, Nîmes n'avait pas encore de Séminaire. En 1633 arrivait à Nîmes Monseigneur Anthime Denis COHON. Ce prélat était précédé d'une réputation de science et d'éloquence qu'avaient appréciées Louis XIII et Richelieu ; grande était aussi sa piété : n'avait-il pas inspiré au Roi de France de consacrer son royaume à Notre-Dame ? Il se révéla animé d'un remarquable zèle pastoral, dans la ligne réformatrice du Concile de Trente. Durant son séjour à Paris comme confesseur du Roi, il avait fréquenté les fameuses Conférences du Mardi, où, autour de Saint-Vincent de Paul, des Prêtres de haute valeur s'efforçaient de promouvoir en France la réforme de l'Église par un Clergé qui aurait retrouvé la ferveur des premiers âges. À cet Évêque, Nîmes doit son premier Séminaire. Le 7 novembre 1567, Monseigneur Cohon publie une ordonnance où il annonce la fondation d'un Séminaire dans sa ville épiscopale. La lettre est intéressante, toute inspirée des idées réformatrices des fondateurs des Séminaires français : Bérulle, Condren, S. Vincent de Paul, J. J. Olier, Saint Jean Eudes. Le Séminaire est établi à côté de l'église St-Charles, à l'emplacement où se trouve aujourd'hui le bureau de Poste du boulevard Gambetta. Il était confié aux Pères de la Doctrine chrétienne, fixés à Nîmes depuis 1652 avec mission d'instruire les pauvres. Le personnel du nouvel établissement comprenait un supérieur, deux professeurs de théologie, deux Curés ou Vicaires chargés de la paroisse St-Charles, et un missionnaire. On notera le caractère pastoral de ce Séminaire uni à une paroisse : l'idée était riche. Mais on remarquera aussi la faiblesse de la formation intellectuelle assurée seulement par deux professeurs. Des lettres patentes signées par Louis XIV approuvèrent l'institution le 3 novembre 1679. Ce jour-là mourait Monseigneur Cohon. Ce Séminaire ne put avoir un grand rayonnement : les bâtiments ne comportaient d'ailleurs qu'une vingtaine de chambres. Il devint, plutôt qu'une maison de formation sacerdotale, une maison de retraite où les aspirants aux saints ordres, après avoir suivi les cours dans une Université, venaient se préparer pendant quelques semaines aux ordinations. Monseigneur Séguier, évêque de Nîmes de 1671 à 1689, aurait voulu que son Séminaire assurât une formation complète au Sacerdoce. Il s'adressa au Supérieur Général de St-Sulpice, M. Tronson, pour lui demander des maîtres. Le 20 février 1681, M. Tronson écrivait à Monseigneur l'Évêque de Nîmes : Monseigneur, « Si j'avais entre les mains de quoi répondre à vos désirs, comme j'en ai la disposition sincère dans le cœur, vous auriez bientôt dans votre diocèse, des ouvriers tels que vous les demandez. Je sais qu'ils ne pourraient y travailler qu'avec bénédiction, y travaillant sous vos ordres, et ce nous serait un honneur aussi bien qu'une consolation très sensible d'avoir quelque part aux bonnes œuvres que Notre Seigneur vous fait entreprendre pour sa gloire. Mais les différents établissements que nous avons été obligés de faire depuis peu nous mettent hors d'état de vous pouvoir rendre ce service et de suivre en cela notre inclination... » C'est joliment bien dit, mais le refus est net. Le Séminaire continua petitement : peu de professeurs, peu d'élèves. De 1784 à 1801, Monseigneur de Balore gouverna le diocèse de Nîmes. Il entreprit la restauration de son Séminaire au point de vue spirituel et intellectuel. Le résultat ne se fit pas attendre : les élèves affluèrent, tant il est vrai que l'on peut toujours miser sur la générosité des jeunes. On envisagea un agrandissement des locaux : le plan projeté permettrait de loger 90 séminaristes. Hélas ! la Révolution emporta le Séminaire de Nîmes, comme elle ruina celui d'Alès fondé en 1694 et celui d'Uzès construit en 1718. Monseigneur Petit-Benoit de Chaffoy Création du Séminaire de la rue des Chassaintes en 1822 (cette rue ne sera dénommée Chassaintes qu'en 1824) Le diocèse de Nîmes ne fut rétabli qu'en 1821. Monseigneur Petit-Benoit de Chaffoy est nommé Évêque du nouveau diocèse et fait son entrée dans sa ville épiscopale le 19 décembre 1821. Dès le 25 août 1822 il pose la première pierre du Grand Séminaire. Le prélat regarda longuement ce bloc en murmurant : « C'est la pierre fondamentale de l'Église de Nîmes ». Et le 5 septembre il recommande à ses fidèles l'œuvre commencée : « Dieu veut que son Sacerdoce se perpétue parmi vous ; mais sa bonté lui fait vouloir qu'il se multiplie par vous ». C'est dans la rue des Chassaintes, près de la Fontaine, que s'élève le nouvel immeuble, sur l'emplacement d'une maison provenant de l'héritage du Chanoine Chassaing, qui avait fondé là en 1747 un centre d'apprentissage. Les travaux de construction avancent rapidement et bientôt le diocèse possède un Séminaire « l'un des plus vastes et des plus commodes du royaume », dit un témoin avec une exagération toute méridionale. L'Évêque en consacre la chapelle : « L'église du Séminaire, écrit-il à cette occasion, et celle de notre Cathédrale ne sont pas des églises particulières, comme les églises paroissiales ordinaires, ce sont celles de tout le diocèse ». Monseigneur Petit-Benoit de Chaffoy charge l'abbé Pignal de la direction provisoire de la maison et envoie à Besançon M. Boucarut afin qu'il s'imprègne des solides traditions franc-comtoises pour la conduite des Séminaires et la formation des prêtres. À son retour M. Soucarut est nommé Supérieur. Il inaugure ses fonctions le 1er octobre 1823 ; il est secondé dans sa charge par M. Cuénot, directeur au Séminaire de Besançon. M. Boucarut gouverna la communauté jusqu'en 1853; à cette date, il est remplacé par M. Gareizo. M. Boucarut et M. Gareizo sont, avec leurs divers collaborateurs, les deux chefs de file du clergé nîmois. C'est sous le supériorat de M. Boucarut que le Père Jean Léonard se prépara au Sacerdoce, qu'il reçut le 11 décembre 1839. En 1875, succédant à Monseigneur Plantier, monte sur le siège épiscopal de Nîmes Monseigneur Besson. Préoccupé du recrutement du Sacerdoce et de la prospérité de son Séminaire, se rendant compte qu'il y a quelque chose à renouveler et à adapter dans son diocèse, il mûrit le projet de confier à une Congrégation la formation de ses séminaristes. Il prie, il réfléchit, il consulte, et, en 1879, il demande á la Compagnie de St-Sulpice d'assumer le gouvernement du Séminaire diocésain. Le Supérieur général de St-Sulpice, M. Icard, reconnaissant que le diocèse de Nîmes et son Séminaire s'avèrent tout à fait dignes d'intérêt, fait bon accueil à la requête du prélat et dès le mois d'août 1880 notifie son acceptation. Monseigneur Besson, dans une lettre à ses prêtres (15 août 1880) annonce l'arrivée des Prêtres de St-Sulpice qui désormais assureront la formation du Clergé diocésain. Le 14 octobre c'est la rentrée du Séminaire. Monseigneur l'Évêque présente lui-même à la communauté le nouveau Supérieur, M. Renault, les trois nouveaux directeurs sulpiciens, les deux directeurs de l'ancienne équipe qui faciliteront la transition. Le 21 novembre suivant, en la Présentation de Notre-Dame, est célébrée pour la première fois la fête de la rénovation des promesses cléricales : prêtres et clercs redisent entre les mains de leur Évêque le Dominus pars. Ce même jour mourait le Père d'Alzon. Jusqu'en 1905 le Séminaire continua à former des prêtres dans les locaux construits par Monseigneur de Chaffoy. Un jour de mars 1901 le P. Charles de Foucault vint y occuper une cellule et se préparer au Diaconat qu'il reçut en la Cathédrale le 20 mars 1901, samedi de la Passion. Des Évêques sont sortis de cette maison : Mgr Gilly, Mgr Fuset, Mgr Germain, Mgr du Curel, Mgr Fabre, etc. Et voici la tornade de la Séparation. En 1905 le Séminaire est expulsé de la rue des Chassaintes. Monseigneur de Chaffoy reste seul dans la chapelle où il a voulu être inhumé. La communauté se réfugie au Couvent des Récollets, rue d'Aquitaine, où, dans une installation bien précaire se poursuivront, jusqu'en 1926, les exercices de la préparation aux Ordres. Création du Grand Séminaire rue Salomon Réinach en 1923. Et courageusement le diocèse va rebâtir un Séminaire. Le 15 octobre 1923, cent ans après Mgr de Chaffoy, Monseigneur Marty bénit la première pierre de la nouvelle construction qui va s'élever sur l'ancienne route d'Arles, tout près de l'Orphelinat Barnouin, dont la chapelle deviendra la chapelle du Séminaire. C'est un haut lieu de prière : depuis les premiers siècles chrétiens et jusqu'au XVIe siècle s'est dressée là une chapelle, la rectorie de Ste-Perpétue. Entrée rue Salomon Reinach Monseigneur Girbeau, en arrivant dans le diocèse, janvier 1925, prend en charge le nouveau chantier. En octobre 1926 s'effectue dans les nouveaux locaux la première rentrée. Au cours des années suivantes, de précieux aménagements sont apportés à la maison par Monseigneur Girbeau : eau courante et chauffage central. L'histoire du Séminaire se poursuit. Mais il ne faut pas oublier qu'un Séminaire n'est pas seulement un local, mais surtout une communauté de « ministres de Dieu », comme le dit magnifiquement le Concile de Trente. La chapelle du Grand Séminaire, rue Salomon Reinach en 1930
Le même Concile « veut que l'on choisisse de préférence des enfants pauvres » pour peupler les Séminaires. Il n'exclut pas les riches à condition qu'ils manifestent le dessein de servir Dieu et l'Église et qu'ils soient élevés à leurs frais. Mais, en principe, les enfants accueillis dans les Séminaires sont des enfants pauvres. « Que l'on choisisse de préférence des enfants pauvres ». L'Église de Jésus-!Christ est l'Église des pauvres, affirme S.S. Jean XXIII. -oOo- La Mosaïque des Chassaintes
extrait de "Mosaïque de Nîmes", 1522-1824 de Auguste Pelet, 1876. Au mois d'octobre 1824, en plantant un arbre dans le jardin du séminaire à Nîmes, on découvrit deux pavés mosaïques contigus, dont l'un, par sa disposition, indiquait parfaitement qu'il avait appartenu à un triclinium.(*) (*) Ensemble de trois lits, placés à angle droit autour d’une table, sur lesquels on s’allongeait pour manger. La place des trois lits autour de la table n'avait pour pavé qu'un simple glacis de 1m,64 de largeur ; le reste de la salle était une mosaïque d'un goût et d'une exécution admirable que la description écrite ne pourrait qu'affaiblir. La partie du pavé où se trouvait la table avait une longueur de 3m,30 sur une largeur de 2m,075 ; la mosaïque s'élargissait ensuite à. droite et à gauche de 1m,64 ; ce qui donnait au pavé une largeur de 6m,58, en y comprenant la bordure noire de 0m,57. Cette partie, restée libre pour le service avait 2m,75 de hauteur. Nous n'avons pu savoir ce que portait le carré du milieu, qui était détruit lorsque nous l'avons copié. Cette dernière partie, du pavé formait un rectangle qui fut enlevé avec beaucoup de soin et replacé au pied de l'autel, dans la chapelle du Séminaire, où l'on peut la voir et se former encore une idée de l'effet que devait produire à l’œil l'ensemble de la mosaïque dans son état primitif. Dans une autre pièce contiguë, dont le sol était de 18 centimètres plus bas que celui du triclinium, se trouvait une autre mosaïque formée de carrés blancs avec de petites étoiles dans les angles ; on n'en découvrit qu'une petite partie joignant le cartouche central, qui a la forme d'un carré de 40 centimètres de côté entouré d'une bordure bizarre. Au centre de ce carré, était représenté, en petits cubes coloriés, un dauphin monté par un amour, au-dessous duquel se trouvait un poisson rouge. Ce petit tableau était encastré dans des cubes en marbre blanc d'une régularité parfaite; on en comptait seize sur chacun des côtés du cadre. Quelqu'un eut la malencontreuse idée de faire cadeau de ce cartouche à Mgr le duc d'Angoulême, alors dauphin de France ; - cette idée fut mise à exécution, et ce tableau n'est maintenant conservé que par un calque que nous en prîmes avant son enlèvement. En dessous du cartouche, il y avait, en mosaïque, un nom trop déformé pour pouvoir être lu. Ne pourrait-on pas voir, dans le petit tableau que nous venons de décrire, un acte de courtisanerie en faveur du fondateur de la colonie de Nîmes, une expression mystique de l'origine qu'on donnait à Auguste, comme fils de Vénus, déesse de la mer, suivant laquelle Horace dit : Clarus Anchisae Venerisque sanguis ; interprétation qui s'accorde avec le petit amour qui chevauche le dauphin, symbole que l'on retrouve au pied de la statue d'Auguste nouvellement découverte à Rome dans les fouilles que l'on exécute en ce moment dans la villa bâtie par Livie, et que Pline désigne sous le nom de villa Cœsarum (Hist. nat. XV, 40). Tout cela sans garantie du gouvernement ! -oOo- Le Grand-Séminaire
Le
Séminaire Diocésain était établi autrefois, dans le local de
l'ancienne maison Valz, boulevard Gambetta, aujourd'hui occupée en
partie par le Bureau succursale dès Postes et Télégraphes. Il
était dirigé par les Pères de la Doctrine Chrétienne.
Extrait de "Nîmes Autrefois Aujourd'hui" de Théodore Picard, 1901 L'ensemble des bâtiments du Séminaire actuel forme l'ilot circonscrit par les rues Saint-Laurent, Saint-Bernard, des Chassaintes et le boulevard de la République, soit une superficie de près de 7500 mètres. Ce Séminaire a été fondé en 1822, par Mgr de Chaffoy, dans l'ancienne Maison gratuite du travail, créée par le chanoine Chassaing (1747). Cette maison, reconstruite depuis, avait été constituée par lettres patentes du Roi, en août 1788, pour être affectée à un orphelinat de jeunes filles. L'établissement fut fermé en 1790. Des constructions considérables exécutées par les soins du nouvel évêque, au moyen des souscriptions des catholiques et du Diocèse, avec le secours du Gouvernement, permirent d'aménager les anciens bâtiments des Chassaintes. Les travaux, terminés en 1832, ont coûté au Diocèse ou à l'État, une somme qui dépasse 250000 francs. La première pierre fut posée le 25 août 1822, par Mgr de Chaffoy. Sa dépouille mortelle repose dans la chapelle, sous une simple pierre tombale, tout auprès de l'Autel qu'il appelait : « la pierre fondamentale de l'Église de Nîmes. » - Bien qu'il ne reçoive que 80 élèves environ, le Grand-Séminaire pourrait être agrandi, et en recevoir un plus grand nombre. Sa situation absolument isolée, dans un quartier très sain, convenablement aéré, le rend particulièrement propre à sa destination. II est dirigé aujourd'hui (1901) par les Prêtres de Saint-Sulpice. -oOo-
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