Affectation à donner à l'ancien Évêché
et à l'ancien Grand Séminaire de Nîmes.
Conseil Général du Gard


Le Musée du Vieux Nîmes, ancien évêché (Palais Episcopal).

Le 18 février 1908, rapport du Préfet, Maitrot de Varenne.

Dans votre séance du. 2 octobre 1907 vous avez décidé de nommer une commission de cinq membres pour étudier les diverses questions que soulève l'utilisation ou l'affectation à donner à l'Évêché et au Grand Séminaire de Nîmes.
Cette commission, composée de MM. Cazelles, Maruéjol, Paut, Gaussorgues et Gachon, s'est réunie à plusieurs reprises et m'a chargé de vous faire part du résultat de ses délibérations.
La Commission a tout d'abord décidé de s'occuper de l'Évêché, et en raison des considérations énoncées dans le rapport que M. Gazelles vous a présenté à la session précédente relatives à la difficulté d'utiliser cet immeuble, elle a décidé de vous proposer d'en essayer la vente avec un minimum de prix fixé à l'avance.
La valeur de cet immeuble était évaluée au tableau général des propriétés de l'État au prix de 575.000 fr. Depuis cette époque, il est probable que la valeur des immeubles a dû varier quelque peu. Aussi dans le cas où le Conseil Général croirait devoir en ordonner la vente, je vous prierai, Messieurs, de vouloir bien en fixer la mise à prix.
Dans le cas ou cette tentative de vente demeurerait sans résultat, votre commission a pensé qu'on pourrait utiliser l'immeuble en y installant certains services qui sont actuellement trop à l'étroit dans des bâtiments de départementaux ou qui occupent des locaux dont le loyer figure à notre budget.
Il y a en premier lieu les Archives. Départementales que des dépôts incessants encombrent de plus en plus tandis que l'accroissement des services de la Préfecture oblige mes bureaux à empiéter sur le local qui leur était primitivement réservé. Je devrai dans un avenir prochain envisager la nécessité inéluctable de les déplacer pour leur assurer une installation suffisante. Si ce service était logé à l'Évêché, il trouverait au premier étage et dans une partie du rez-de-chaussée un emplacement capable de contenir tous les dépôts pendant un certain nombre d'années et le deuxième étage pourrait servir de réserves pour l'avenir.
Les bureaux de l'Inspection Académique du Gard, dont le loyer s'élève à 1 200 fr pourraient trouver place aisément dans la partie du rez-de-chaussée laissée disponible par les archives. De même, les bâtiments accessoires pourraient recevoir peut-être et sans grands frais le service de la répression des fraudes et la Station œnologique du Gard, dont les loyers sont également à la charge du département.
Bien que, j'ai fait établir les dossiers relatifs à ces installations, j'estime qu'il y a lieu de surseoir à toute décision définitive sur ce point : les locaux actuellement loués sont encore à notre disposition pour deux ans (service des fraudes) et 3 ans (station œnologique). D'autres appropriations et plus utiles peuvent d'ailleurs se recommander à l'Administration.
D'autre part, à la date du 24 octobre 1907, M. le Sous-secrétaire d'État des Beaux-Arts m'a chargé de vous transmettre des propositions tendant à l'isolement de la Cathédrale de Nîmes des locaux de l'ancien Évêché. Ce projet consisterait à réserver autour de l'Église un passage de quatre mètres en moyenne de largeur et à clore les cours de l'ancien Évêché au moyen d'une grille sur bahut.
J'ai saisi votre Commission des propositions de M. le Sous-Secrétaire d'État. Celle-ci après examen de cette communication et des plans et croquis qui y étaient joints, a fait observer que le projet comprenait non seulement la création d'un passage à travers cours, mais aussi la démolition d'une partie de l'aile droite de l'Évêché et l'incorporation à la Cathédrale de la chapelle de l'Évêché. Elle a pensé néanmoins que le projet d'isolement de la Cathédrale méritait d'être pris en considération. Elle m'a chargé de rechercher s'il ne serait pas possible d'échanger les parties de l'Évêché nécessaires au dégagement de la Cathédrale avec la partie du Grand Séminaire. qui appartient à l'État.
La Commission a jugé en conséquence qu'il n'y avait pas lieu de se préoccuper des moyens d'utiliser le grand Séminaire tant qu'il n'aurait pas été statué sur la question de l'échange projet.
Pour répondre au vœu de MM. les Membres de ladite Commission, j'ai adressé à M. le Sous-Secrétaire d'État la lettre suivante à laquelle il n'a pas encore été répondu :

Nîmes le 18 février 1908.
Le Préfet du Gard à Monsieur le Sous Secrétaire d'État des Beaux-Arts.

Par votre dépêche du 24 octobre dernier, vous avez bien voulu me faire connaître les mesures que le Comité Consultatif des inspecteur Généraux des Monuments historiques, a jugées propres à compléter l'isolement de la Cathédrale de Nîmes du côté de l'ancien évêché, propriété départementale. Vous m'avez en même temps chargé de soumettre ce projet au Conseil Général du Gard et de vous renseigner sur l'accueil que cette assemblée lui aurait fait.
J'ai l'honneur de vous faire connaître que le Conseil Général du Gard a chargé une commission de ses membres d'étudier l'utilisation de l'ancien Évêché de Nîmes. J'ai en conséquence, saisi la première réunion de cette commission pour lui soumettre le projet que vous avez bien voulu me communiquer.

Cette Commission a remarqué que projet en question, détache de l'Évêché, la Chapelle, qui, bien qu'attenante à la Cathédrale n'en fait pas moins partie intégrante de l'immeuble départemental auquel d'ailleurs elle tient également par le premier étage de l'aile droite de ce bâtiment. L'exécution de ce projet, n'aurait donc pas seulement pour effet de prendre dans l'Évêché une certaine surface des cours et passages, mais encore d'en distraire une partie assez importante de bâtiments et de nécessiter la démolition d'un morceau de l'aile droite.
En sorte que la question soulevée par votre communication du 24 octobre est double ; elle comprend, en effet :
1° l'ouverture d'un passage destiné à isoler la Cathédrale de l'Évêché :
2° l'acquisition par l'État de la Chapelle de l'Évêché et son incorporation à la Cathédrale de Nîmes.

La Commission n'est pas hostile en principe au projet d'isolement de la Cathédrale, mais elle ne paraît pas disposée à se dessaisir gratuitement de la Chapelle, qui n'est pas sans valeur artistique et matérielle. Cependant, elle a pensé que cette question pourrait être résolue, à peu de frais, au moyen d'un échange d'immeubles.
L'État est, en effet, propriétaire d'une partie de l'ancien Grand Séminaire de Nîmes (1/4 environ) tandis que le département du Gard possède tout le reste de l'immeuble. La Commission a donc eu l'idée de proposer l'échange de la Chapelle et de la partie de l'Évêché nécessaire au dégagement de la Cathédrale, contre la partie du, Grand Séminaire désaffecté qui appartient à l'État.
Toutefois, avant d'engager les pourparlers nécessaires pour l'échange précité. Je vous serais reconnaissant, Monsieur le Sous-Secrétaire d'État, de vouloir bien faire examiner parle Comité Consultatif des Inspecteurs généraux des monuments historiques qui a préconisé le dégagement de la Cathédrale, l'intérêt qu'il pourrait y avoir, pour l'État, à devenir propriétaire de la Chapelle de l'Évêché.

Ce n'est, en effet, que lorsque vous aurez bien voulu me faire savoir que vous adhérez en principe aux propositions de la Commission du Conseil Général du Gard, que, fort de votre appui, je pourrai entreprendre auprès de la Direction des Cultes et de l'Administration des Domaines, les démarches nécessaires en vue de réaliser l'échange projeté afin d'arriver au dégagement de la Cathédrale de Nîmes.

Le Préfet du Gard, MAITROT DE VARENNE.

Enfin, pour me conformer au désir exprimé par votre commission, j'ai fait déterminer par M. l'Architecte départemental le montant de la dépense qu'entraînerait l'utilisation de l'Évêché conformément aux vues de ladite commission.
II sera nécessaire tout d'abord de créer des ressources pour pourvoir à l'entretien de l'immeuble. Le crédit annuel demandé à et effet par M. l'Architecte départemental s'élève la somme de 500 fr.
De plus, l'installation des archives départementales dans le nouveau local nécessite, à mon avis, une augmentation du personnel. Ce personnel se compose actuellement de M. l'Archiviste départemental et d'un employé unique préposé au classement des documents et à la surveillance des pièces communiquées au public.
L'étendue des nouveaux locaux exigera qu'un employé soit spécialement chargé de la surveillance du public, tandis qu'un autre procédera tant à la recherche des documents demandés qu'au classement habituel des archives départementales.
D'autre part, l'entretien et la propreté des locaux rendent indispensable la création d'un emploi de garçon de bureau.
Le fonctionnement des archives nécessitera donc une dépense supplémentaire annuelle qui peut être évaluée ainsi :

Entretien de l'immeuble        500 fr                    
Traitement d'un employé      1 000 fr                    
Traitement d'un garçon de bureau        800 fr                    
Traitement du concierge actuel        750 fr                    
Total      3 050 fr                    

Il convient d'ailleurs de remarquer, comme je l'ai dit plus haut, que le déplacement des archives dans un local plus vaste que celui qu'elles occupent s'impose dans un avenir assez rapproché, et aura comme conséquence la même augmentation de personnel.
J'ai également demandé à M. l'Architecte départemental d'établir le devis des dépenses de déménagement et d'aménagement des Archives et de l'Inspection Académique, que la Commission propose d'installer dans l'ancien Évêché. Je vous communique ci-joint son rapport qui conclut à une dépense de 6304,70 fr une fois faite. Il est bien entendu que cette somme ne comprend pas les frais d'aménagement des autres services, qui, ainsi que je l'ai dit plus haut, pourraient être installés dans l'Évêché, mais dont le déménagement de y meure réservé.

Je vous prie, Messieurs, de vouloir bien délibérer sur le point de savoir s'il y a lieu :

1° De mettre en vente l'ancien Évêché, et dans l'affirmative, d'en fixer la mise à prix.
2° De voter en principe les crédits nécessaires à l'utilisation de cet immeuble, conformément aux propositions de votre Commission, en cas d'insuccès de la vente précitée, c'est-à dire :
1° Une somme annuel!e de 3050 fr.
2° Une somme de 6304,70 fr pour frais d'aménagement et de transport.


-oOo-

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