EXTRAIT

HISTOIRE DE LA VILLE DE NÎMES

Par ADOLPHE PIEYRE, 1886

 

DÉCOUVERTE DE NEMAUSA

 

 

 

Laurent, astronome amateur nîmois, découvre la Planète Némausa dans la nuit du 24 au 25 janvier 1858, à partir de l’observatoire de Benjamin Valz, situé à Nîmes, 32, rue de l’Agau.

 

 

Benjamin Valz (1787-1867)

 

Dans la nuit du 24 au 25 janvier, un amateur d'astronomie de notre ville, M. Laurent, contrôleur au bureau de garantie, découvrait une petite planète. C'était la cinquante-unième. M. Benjamin Valz, notre compatriote, directeur de l'observatoire de Marseille, fut choisi pour parrain et proposa d'appeler le petit astre Némausa. Le nom lui est resté.

 

M. Valz, qui avait fait construire un observatoire rue de l'Agau (1), l'avait mis gracieusement a la disposition de M. Laurent pour ses observations astronomiques.

 

La découverte de Némausa donna à M. Babinet, de l'Institut, l'occasion d'écrire, sous une forme ironique et même blessante, un article qui visait nos deux compatriotes, MM. Valz et Laurent. Les lignes que M. Babinet consacrait à Némausa et là sa découverte excitèrent la plus vive curiosité dans le monde savant de Nîmes. La planète Némausa, écrivait l'illustre astronome, n'a pas tenu ce qu'elle promettait ou du moins tout ce que promettait en son nom, M. Valz, son parrain. L'orbite de M. Valz s'est trouvée ne plus ressembler à l'orbite réelle, qu'une flèche ne ressemble à un melon. On m'a prévenu après l'événement de ne pas être trop confiant, mais le vin était tiré, il fallait le boire, où plutôt, il était bu, il fallait le digérer malgré sa mauvaise qualité….

Donc désormais :

 

A M. Valz ainsi qu'à l'astre de Laurent

Je ne me firai plus qu'avec un bon garant.

 

 

Il parait, au reste, que ce garant, M. Babinet le découvrit car, dans une lettre postérieure, il faisait, avec la meilleure grâce du monde, amende honorable. La boutade du savant écrivain n’empêchait pas Némausa d'exister et de poursuivre sa route dans l'immensité. Les premiers calculs de l'orbite fournis par M. Valz, établis sur des observations peu nombreuses et distantes de quelques jours seulement, s'étaient, sans qu'on puisse s'en étonner, trouvés légèrement erronés. Ils ont été rectifiés par la suite et Némausa est classée et cataloguée au nombre des petits astres qui accomplissent leur évolution entre Mars et Jupiter.

 

(1) La calotte hémisphérique de cet observatoire existait encore en 1887.

 

Adolphe Pieyre

 

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Biographie de Jean Elie Benjamin Valz

 

Fiction de Rol. Rapin
 > Site de Roland Rapin

Jean-Elie Benjamin Valz, né à Nîmes le 27 Mai 1787 au 32 de l'ancienne rue de l'Agau, était un des petits fils du nîmois Pierre Baux médecin, météorologiste et collaborateur de Réaumur.

 

La famille de Valz était de religion protestante. Son père Jean Valz négociant à Nîmes, quoique républicain, fut accusé sous la Révolution de modérantisme, et condamné à monter sur l'échafaud dressé sur l'Esplanade le 19 Juillet 1794, ce fut une des dernières victimes de la Terreur, sa mère éplorée, plongée dans Ia douleur eut à se charger de son éducation, le milieu familial devait être plutôt austère, cela se conçoit sans peine, et propre à développer chez l'enfant les facultés d'observation, de raisonnement, de réflexion.

 

A l'âge de treize ans le jeune Valz est placé dans un pensionnat de Lyon où pendant deux années il fait de très bonnes études et remporte le premier prix de mathématiques.

 

De Lyon il retourne à Nîmes et entre à l'École Centrale qui vient de s'ouvrir. On sait qu'en 1795 la Convention avait décrété la création de ces Écoles Centrales pour remplacer les Collèges Royaux; l'enseignement dispensé correspondait assez à celui de certaines sections de notre enseignement secondaire, les sciences avaient le pas sur les lettres, la durée des études était de six ans.

 

Les Écoles Centrales eurent une longévité d'une dizaine d'années seulement, en 1805 elles étaient toutes remplacées par les Lycées créés sous l'Empire par la loi du 1er Mai 1802.

 

L'Écoles Centrale de Nîmes était réputée pour ses professeurs dont deux étaient hors pair à savoir l'érudit écrivain Alexandre Vincens et le savant mathématicien Gergonne.

 

Valz y fit des études brillantes notamment en mathématiques. A dix-huit ans, à la fin de la classe terminale, il quitta l' Écoles Centrale l'année même où celle-ci se fondit dans le Lycée en 1805.

 

Sa mère n'avait sans doute pas su reconnaître en lui sa vocation scientifique, puisqu'elle le plaça comme, commis dans une maison de commerce de Nîmes, en vue d'un apprentissage dans les affaires.

 

Benjamin Valz fut, il faut le croire, assez peu zélé dans son travail car au bout de quelques mois à peine on lui fit comprendre qu'il serait plus à son aise dans un emploi répondant mieux à ses goûts, à son Penchant naturel. Rien n'était plus vrai.

 

Le commerce délaissé il se livra alors jour et nuit à ses observations, à ses calculs, à ses recherches scientifiques. '

 

L'Astronomie l'attira tout particulièrement, presque exclusivement, bien que nous nous devons d'indiquer que pendant la première partie de sa carrière, Valz exerça quelque peu le métier d'ingénieur. Quatre ans durant il fit en effet exécuter une partie du canal d'Arles; il fut aussi le rapporteur de la Commission chargée de faire le jaugeage de la Source de la Fontaine dans son état de plus grand étiage, cela à la suite d'une grande sécheresse d'été quand les services com­pétents cherchaient à obtenir l'eau nécessaire à la population de Nîmes par une captation des eaux souterraines et un aménagement plus efficient de la source. Valz présenta également un projet remarquable de dérivation près du Pont de Ners des eaux du Gardon pour la ville de Nîmes, il avait prévu une percée de galerie de treize kilomètres; le Conseil Municipal enthousiaste lui accorda un prix pour son projet, toutefois après de nombreuses délibérations il recula finalement devant la dépense.

 


EN SAVOIR PLUS SUR BENJAMIN VALZ

> Etude sur l'aqueduc rétrograde le la Fontaine à Marguerittes, 1827
> Proposition d'amener l'eau à Nîmes par Benjamin Valz, 1832
> L'observatoire de Benjamin Valz, rue de l'Agau en 1835
> Découverte de la planète Némausa en 1858
> Benjamin Valz, par René Deloche, 1875

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