L'observatoire Météo de l'Aigoual
 
 
La séance du Conseil général du Gard du 20 avril 1882 fera l'objet d'un débat important, il fallait défendre le projet de construction d'un observatoire météorologique sur le sommet le plus élevé du département. L'Aigoual était en concurrence avec le Mont Lozère. Ce dernier, certes plus élevé (1699m), était loin d'offrir les avantages incontestables de l'Aigoual :
Le service serait "très bien fait" par les agents forestiers. L'on pourrait observer simultanément le bas pays de Valleraugue à Montpellier.
 
Le Colonel Perrier (il sera nommé Général en 1887), président du Conseil Général du Gard défendra le projet et apportera un précieux soutien à Georges Fabre, qui avait grandement besoin de cette structure, non seulement pour observer et analyser les incidences climatiques, mais aussi pour fournir un hébergement acceptable à des scientifiques ainsi qu'à des équipes de forestiers pendant les périodes les plus rudes.
  
Grâce à l'obstination de Georges Fabre appuyé par François Perrier, la construction est décidée, elle se fera au sommet de l'Aigoual, à l'emplacement du signal de l'Hort de Dieu, un sommet situé à 1567 mètres d'altitude appelé Tourette de Cassini, propriété de M. de Fenouillet qui cédera son terrain à l'État.
 
 
Cet emplacement réunit de bonnes conditions de construction. Les pierres nécessaires se trouvent à moins de 150 mètres, l'eau est à proximité, l'accès à ce sommet est facile, des chars à boeufs pourront aborder le sommet sans doubler les attelages.
 
Georges Fabre présentera son projet le 6 juin 1882, il le peaufinait depuis de nombreuses années. Il prévoyait la construction d'un immeuble comportant 14 pièces de logement ou de dépendances pour assurer l'habitation d'un garde avec sa famille, d'un observateur et d'un ouvrier avec une écurie pour les animaux de trait. Il y avait prévu 8 pièces pour les bureaux des agents et des chercheurs, ainsi que 9 pièces pour installer les instruments de météorologie et un puits pour installer un sismographe et diverses dépendances. Très attentif à l'évolution de l'économie cévenole, il avait prévu une pièce qui permettait l'hibernation des graines de ver à soie
Ce projet fut trouvé trop ambitieux par l'administration des Eaux et Forêts, aussi a t’il subit quelques modifications.
L'adjudication sera donnée en mai 1887, délais d'exécution : 1887, 1888, 1889, achèvement de l'entreprise 1 août 1889.
Ces délais ridicules prouveront par l'absurde, la nécessité d'un relevé précis des journées d'intempéries. Les travaux débuteront le 17 juin et seront interrompus après 81 jours à cause des intempéries, en 1888 le temps permettra seulement 52 jours de travail, en 1889 75 journées et 83 en 1890.
 
La construction est très en retard, l'entrepreneur n'a plus de crédit, il a englouti tout son argent personnel dans cette aventure.
Le travail sera donné en régie, en août 1891, à Mr Charles Adolphe Ritter, entrepreneur nîmois, qui emploiera son prédécesseur jusqu’à l’achèvement des travaux de l’Observatoire, en 1893. Pour éviter les problèmes d’intempéries de l’hiver, Mr Ritter déplaçait son personnel, sur le chantier de Vergèze, où son entreprise construisait le domaine des Bouillens, l’actuelle Source Perrier. Ses interventions sur l’Observatoire, et ses environs vont durer jusqu’en 1908, date à laquelle, on inaugure la table d’orientation, offerte par le Touring Club de France, au sommet de la tour.
 
 
La construction est très soignée, les murs de granit ont une épaisseur de 1m10 aux fondations et 0m90 dans les parties supérieures. L'inauguration aura lieu le 18 août 1894. C'est le 1er décembre 1894 que commencera la tenue des registres d'observations.
 
François Perrier
né à Valleraugue en 1834, mort à Montpellier en 1888. Polytechnicien, promu général en 1887, il devint chef du service géographique de l'armée, directeur du bureau des longitudes et membre de l'Académie des sciences. Il fut aussi président du Conseil Général du Gard.(1883-1888)
 
Georges Fabre
né le 6 juin 1844 à Orléans, mort à Nîmes le 21 mai 1911, célèbre par son action dans la création de l'observatoire du mont Aigoual et le reboisement du massif.
Polytechnicien, il entre en 1866 à l'École nationale forestière de Nancy et sort major de sa promotion en 1868. Garde général des Eaux et Forêts, à Dijon, puis à Mende de 1868 à 1875, il est ensuite nommé sous-inspecteur, puis inspecteur à Alès. Directeur du service des reboisements du Gard jusqu'en 1900, il consacrera la plus grande part de sa carrière au développement de la forêt du massif de l'Aigoual et à la création de l'observatoire météorologique au sommet même. Nommé conservateur des Eaux et Forêts à Nîmes en 1900, il assurera cette fonction jusqu'en 1909.
 
L'observatoire construit par les Eaux et Forêts (actuellement ONF) fut inauguré en 1894. Il sert depuis toujours à faire des relevés météorologiques sur le sommet de l'Aigoual.
C'est actuellement la seule station de montagne, dépendant de Météo France, habitée en permanence.
Le personnel de la station comprend 8 personnes, météorologues et ouvriers d'État. Par rotation, deux personnes assurent la permanence, 24 sur 24 h. Le travail consiste à faire des observations visuelles transmises à Toulouse toutes les trois heures. D'autres relevés horaires sont effectués et transmis toutes les heures par des systèmes automatisés.
 
La présence dans la station en hiver peut paraître longue. La rotation se fait du lundi au vendredi et du vendredi au lundi, elle laisse seulement deux personnes isolées dans cette immense bâtisse, mais l'activité soutenue et le décor très changeant de cette nature extraordinaire ne lassent pas. Pour preuve le départ à la retraite est pour tous une déchirure.
 
 
Depuis quelques années un musée a été aménagé. Une partie nous explique le fonctionnement de Météo France avec des images satellitaires en direct, la suite du musée nous présente des accessoires datant pour certains du siècle dernier.
Pour terminer une boutique accès sur les produits dérivés de la météo et de l'Aigoual permet aux visiteurs d'acheter des produits qu'ils ne trouveront pas ailleurs. La visite étant gratuite, les ventes assurent, en partie la pérennité du fonctionnement du musée. Il est ouvert du 1 mai au 30 septembre et a accueilli 80000 visiteurs en 2006.
 
Edition NEMAUSENSIS.COM
Article Philippe Ritter et Georges Mathon, septembre 2007.
 
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LIENS
> Nécrologie de Georges Fabre signée par Charles Flahault
> Historique de la Station météo du Mt Aigoual
Biographie du Général François Perrier, natif de Valleraugue
> Le film de Marc Khanne, Aigoual, la forêt retrouvée
> Un village de l'Aigoual : CAMPRIEU
> La Transhumance à l'Aigoual